Aluterus schoepfii

Famille : Monacanthidae

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Texte © Giuseppe Mazza

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Native des eaux tropicales et subtropicales atlantiques, Aluterus schoepfii appartient au poissons lime, connus pour la rugosité de leur peau jadis utilisée pour polir les objets.

Natif des eaux tropicales et subtropicales atlantiques Aluterus schoepfii appartient aux poissons lime connus pour la rugosité de leur peau jadis utilisée pour polir les objets © Allison & Carlos Estape

Quand un poisson n’est pas bon à manger ou ne présente aucun intérêt pour le commerce lucratif des aquariums il est souvent traité avec un certain mépris, comme en Floride, de “poisson pour poubelle”.

C’est le cas par exemple de Aluterus schoepfii (Walbaum, 1792) qui, en plus de ne pas avoir la livrée multicolore de son congénère Aluterus scriptus qui fait la fierté des grands aquariums publics, a une chair très mauvaise et présente en outre un risque de ciguatera, une grave intoxication causée par le régime alimentaire de cette espèce.

Aluterus schoepfii peut atteindre 900 m mais on le rencontre même à 3 m parmi les coraux ou sur les fonds boueux ou sableux où il se nourrit d'algues et de feuilles de phanérogames.

Il peut atteindre 900 m mais on le rencontre même à 3 m parmi les coraux ou sur les fonds boueux ou sableux où il se nourrit d’algues et de feuilles de phanérogames © Allison & Carlos Estape

Connu communément sous le nom de Poisson lime orange Aluterus schoepfii appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées, à l’ordre des Tetraodontiformes et à la famille des Monacanthidae, la plus nombreuse de cet ordre avec un peu plus d’une centaine d’espèces, après celle des Tetraodontidae qui en compte plus de 200.

Johann Julius Walbaum (1724-1799), le médecin et ichtyologue allemand qui le découvrit, le plaça parmi les Balistidae, la famille des balistes, sous le nom de Balistes schoepfii. Aujourd’hui cette espèce a été classée parmi les poissons lime en raison de la rugosité de sa peau que l’on utilisait autrefois pour polir les objets manufacturés et qui est recouverte de plaquettes osseuses dont les spinules sont fines et espacées.

Aluterus schoepfii appartient aux Monacanthidae, une famille proche des Balistidae, et comme ces poissons il a une épine dorsale érectile qu'il peut bloquer à la verticale pour défense.

Il appartient aux Monacanthidae, une famille proche des Balistidae, et comme ces poissons il a une épine dorsale érectile qu’il peut bloquer à la verticale comme défense © Allison & Carlos Estape

Le nom du genre Aluterus est un terme latin qui veut dire cuir, bourse de cuir et fait référence à sa peau singulière alors que celui de l’espèce schoepfii rend hommage à Johann David Schöpf (1752-1800), médecin militaire et naturaliste allemand ami de Walbaum.

Zoogéographie

Aluterus schoepfii a une aire de distribution très vaste sur les deux rives de l’Atlantique, en Amérique du Canada au Brésil et en Afrique de la Mauritanie à l’Angola.

Aluterus schoepfii se place souvent la tête en bas afin de passer inaperçu et ici ses chromatophores ont en quelques secondes créé sur sa livrée terne des bandes mimétiques foncées.

Il se place souvent la tête en bas afin de passer inaperçu et ici ses chromatophores ont en quelques secondes créé sur sa livrée terne des bandes mimétiques foncées © Allison & Carlos Estape

Écologie-Habitat

C’est un poisson benthique qui est fréquent sur les fonds boueux ou sableux et est en général associé aux prairies sous-marines mais on le rencontre également dans les milieux madréporiques entre 3 et 900 m de profondeur.

Morphophysiologie                                                                                                                       

Aluterus schoepfii peut atteindre 61 cm mais il mesure généralement environ 40 cm.

En période de reproduction Aluterus schoepfii nage souvent en couple mais certaines mâles peuvent entraîner à leur suite jusqu'à 5 femelles.

En période de reproduction Aluterus schoepfii nage souvent en couple mais certaines mâles peuvent entraîner à leur suite jusqu’à 5 femelles © Allison & Carlos Estape

Son corps est très plat et allongé. Il a un museau pointu et une petite bouche concave aux lèvres foncées tournées vers le haut. La lèvre inférieure est saillante et on aperçoit des dents ressemblant à des incisives et servant à couper les algues : 6 au-dessus et 6 ou un peu moins en bas.

Comme chez les balistes (par exemple Pseudobalistes fuscus) la première nageoire dorsale du poisson lime orange est dotée d’un rayon épineux érectile long et mince qui peut être bloqué en position verticale par une seconde petite épine grâce à un mécanisme de verrouillage. S’il est redressé ce fin poignard demeure armé même quand le poisson meurt et sert à dissuader les prédateurs qui à l’avenir éviteront cette espèce en l’associant au souvenir de désagréables piqûres à l’estomac.

C'est le mâle qui choisit le lieu de ponte, un nid sur le fond où la femelle peut coller jusqu'à 300 œufs verts.

C’est le mâle qui choisit le lieu de ponte, un nid sur le fond où la femelle peut coller jusqu’à 300 œufs verts © Allison & Carlos Estape

D’autre part, quand Aluterus schoepfii est poursuivi par un prédateur, il peut se faufiler avec le rayon abaissé dans le premier trou qu’il trouve où il se coince en redressant le rayon et en forçant sur son ventre.

Celui-ci ne peut être dilaté comme c’est le cas par exemple dans la même famille pour Acreichthys tomentosus mais il existe quand même un os pelvien sur lequel il peut prendre appui et qui se prolonge à l’intérieur du corps.

La seconde nageoire dorsale et la nageoire anale qui est symétrique n’ont que des rayons mous : 32 à 39 pour la première et 35 à 41 pour la seconde.

Les nageoires pectorales comportent 11 à 14 rayons inermes. Il n’y a pas de nageoires pelviennes.

La nageoire caudale est robuste, longue, jaunâtre et arrondie et peut se terminer en éventail.

C’est en fait le seul moteur d’un poisson qui se déplace lentement, parfois la tête en bas.

La petite ouverture branchiale, oblique et peu visible, est souvent camouflée par les motifs de la livrée.

Si en effet sa couleur de fond est en général gris olive, jaunâtre ou blanche et pâle avec des points orange Aluterus schoepfii peut créer instantanément, en agissant sur les chromatophores, des bandes foncées voyantes mimétiques horizontales et obliques.

Éthologie-Biologie reproductive

Souvent caché parmi les feuillages ou les coraux la tête en bas afin d’échapper à la vue des prédateurs le Poisson lime orange se nourrit d’algues et de phanérogames marins.

Pendant la période de reproduction on peut le rencontrer en couple ou en petits groupes constitués de 2 à 5 femelles et d’un mâle. Celui-ci choisit un lieu sûr pour le nid, parfois une dépression dans le sable, où une femelle peut pondre jusqu’à 300 œufs collants d’une belle couleur verte et brillante.

Ensuite le couple monte la garde. Ce poisson timoré devient subitement agressif vis-à-vis des intrus et chasse jusqu’à l’éclosion des œufs quiconque nage dans les parages.

Les larves montent à la surface. Les juvéniles grandissent des mois durant à l’abri de débris flottants, en général des algues entraînées par les courants telles que les sargasses dont  les ramifications abritent les petits organismes dont ils se nourrissent.

Le couple monte la garde au nid jusqu'à l'éclosion. Les larves de Aluterus schoepfii montent à la surface. Les juvéniles grandissent à l'abri de débris ou d'algues flottantes comme les sargasses.

Le couple monte la garde au nid jusqu’à l’éclosion. Les larves montent à la surface. Les juvéniles grandissent à l’abri de débris ou d’algues flottantes comme les sargasses © Allison & Carlos Estape

La résilience de cette espèce est moyenne, vu que le doublement des populations nécessitent 1,4 à 4,4 ans. La vulnérabilité à la pêche est modérée et s’établit à 44 sur une échelle de 100. Aluterus schoepfii est cité dans la Liste Rouge de l’UICN des espèces en danger avec la mention “Least Concern”, c’est-à-dire “Préoccupation mineure”.

Synonymes

Balistes schoepfii Walbaum, 1792; Alutera schoepfii (Walbaum, 1792); Balistes aurantiacus Mitchill, 1815; Alutera aurantiacus (Mitchill, 1815); Balistes cuspicauda Mitchill, 1818; Aluteres cuspicauda (Mitchill, 1818); Alutera punctata Agassiz, 1831; Aluterus punctatus (Agassiz, 1831); Aluterus holbroocki Hollard, 1855; Aluterus cultrifrons Hollard, 1855.

 

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