Famille : Serranidae

Texte © Giuseppe Mazza

Traduction en français par Catherine Collin

Belle jeune fille aux yeux ornés, comme son nom d’espèce l’indique, Hypoplectrus puella est un petit mérou des Caraïbes, particulièrement mince, qui peut atteindre ses proies dans des crevasses inaccessibles aux autres mérous © www.carlosestape.photoshelter.com
Aux côtés de géants comme Epinephelus itajara, qui atteint 2,5 m de long et un poids incroyable de 455 kg, les Caraïbes abritent également des mini-mérous comme Cephalopholis fulva, mesurant généralement 25 cm de long, ou Hypoplectrus puella, Hamlet marbré, encore plus petit, qui n’atteint que 15,2 cm et qui est surtout plus mince.
Il peut ainsi se glisser dans les anfractuosités rocheuses, pour potentiellement se mettre à l’abri mais surtout pour chasser des petits poissons inaccessibles aux autres mérous.
Comme eux, il appartient à la classe Actinopterygii, les poissons à nageoires rayonnées, à l’ordre Perciformes et à la famille Serranidae.
Le nom de genre Hypoplectrus est composé du grec «ipo», dessous, et «plectrum», éperon, en référence probable aux dentelures sur le bord du préopercule angulaire et aux petites épines pointées vers l’avant sur le bord inférieur, tandis que l’épithète spécifique puella, jeune fille en latin, pourrait faire penser, en raison des lignes bleues, artistiquement placées près des yeux, à l’audacieux maquillage d’une jeune fille.
Zoogéographie
Hypoplectrus puella est présent dans l’Atlantique centre-ouest: des Bermudes et de l’est du golfe du Mexique jusqu’à l’ensemble des Caraïbes.
Écologie-Habitat
Il vit inféodé aux récifs coralliens et aux milieux rocheux, entre 3 et 23 m de profondeur, là où la température varie entre 25,3 et 28,2 °C.
Morphophysiologie
Le museau relativement court présente une mâchoire supérieure protractile. Il est doté de lèvres épaisses et de dents fixes, qui, nées dans une certaine position y restent toute la vie sans pouvoir être remplacées.
La nageoire dorsale possède 10 rayons épineux et 14 à 16 rayons mous; la nageoire anale possède 3 épines et 7 rayons inermes; les nageoires pelviennes, bien développées, dépassent l’anus sur la longueur et peuvent être jaunes, blanches ou bleues, tandis que les nageoires pectorales sont légèrement transparentes. La nageoire caudale est légèrement fourchue.

La livrée montre souvent des couleurs différentes selon le lieu mais on y voit toujours 6 bandes brunes verticales © www.carlosestape.photoshelter.com
La livrée de Hypoplectrus puella varie souvent selon le lieu. Le corps, blanc crème ou jaune pâle, présente 6 bandes brunes verticales. La première traverse l’œil, la deuxième se trouve sur la nuque, et la troisième, très large, se rétrécit en «V» vers le bas. Les autres, parallèles et régulièrement espacées, atteignent le pédoncule caudal.
Éthologie-Biologie Reproductive
Hypoplectrus puella vit principalement en solitaire, se nourrissant généralement de poissons et de crustacés vers le soir. Profitant de ses couleurs vives, il s’associe souvent aux poissons-perroquets très colorés, comme Sparisoma viride, qui sont herbivores. Les petits poissons qui circulent à proximité ne les craignent pas et laissent l’Hamlet marbré approcher, il en profite alors pour s’élancer à toute vitesse.

Hypoplectrus puella est un poisson ovipare hermaphrodite synchrone: les deux adultes possèdent en même temps les gonades mâles et femelles. L’accouplement a généralement lieu entre poissons de même couleur, et certains auteurs suggèrent qu’il pourrait s’agir d’espèces différentes © www.carlosestape.photoshelter.com
Hypoplectrus puella est un poisson ovipare hermaphrodite synchrone: les deux adultes possèdent en même temps des gonades mâles et femelles. Lors de la parade nuptiale, celui qui joue le rôle du mâle enlace la femelle et tous deux remontent dans la colonne d’eau pour libérer leurs gamètes. Une fois ceux-ci bien dispersés, ils peuvent alors inverser les rôles, certains ainsi d’éviter l’autofécondation.
Lors du choix d’un partenaire, ils montrent une nette préférence pour les individus appartenant à la même variante de couleur, et certains auteurs proposent donc aujourd’hui de les considérer comme des espèces différentes.
Mais les caractères qui les unissent sont bien plus nombreux que ceux qui les divisent, et certains suggèrent donc le nom Hypoplectrus unicolor, et notre mini-mérou, deviendrait alors Hypoplectrus unicolor var. puella.

Un juvénile. La résilience de l’espèce est médiocre et sa vulnérabilité à la pêche très faible. Ce n’est donc pas une espèce menacée © www.carlosestape.photoshelter.com
La résilience de l’espèce est médiocre, avec un temps minimum de doublement des populations de 1,4 à 4,4 ans.
L’indice de vulnérabilité à la pêche, très faible, n’atteint que 10 sur une échelle de 100.
De ce fait, depuis 2012, Hypoplectrus puella apparaît comme “LC, Least Concern”, c’est-à-dire “Préoccupation mineure”, sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN.
Synonymes
Plectropoma puella Cuvier, 1828; Plectropoma vitulinum Poey, 1852; Hypoplectrus vitulinus (Poey, 1852).
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