Plectropomus laevis

Famille : Serranidae

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Texte © Giuseppe Mazza

 

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Traduction en français par Catherine Collin

 

Plectropomus laevis est un mérou à deux livrées. Ici, il s'agit de la phase avec des selles noires sur fond blanchâtre, le pédoncule caudal et les nageoires jaunes.

Plectropomus laevis est un mérou à deux livrées. Ici, il s’agit de la phase avec des selles noires sur fond blanchâtre, le pédoncule caudal et les nageoires jaunes © uwkwaj (en haut) et © Karine Marangon

Comme de nombreux mérous, le Mérou sellé, Plectropomus laevis (Lacepède, 1801), présente une livrée très changeante par l’action des chromatophores et aussi parce que c’est une espèce hermaphrodite protogyne, les femelles se transformant en mâles au cours de leur croissance.

Traditionnellement inséré dans la famille Serranidae, il appartient à la classe Actinopterygii, les poissons à nageoires rayonnées, et à l’ordre Perciformes mais aujourd’hui, afin de souligner ses différences, certains chercheurs le placent dans le sous-ordre Serranoidei et dans la famille Epinephelidae, celle des mérous au sens strict.

Le nom de genre Plectropomus, créé par Oken en 1817, vient du grec «plektron», éperon, et «pomo», couvercle, en référence au bord ventral du préopercule qui présente trois grandes épines dirigées vers le bas, la plupart du temps invisibles car recouvertes par la peau. Le nom d’espèce laevis, lisse, poli en latin, fait probablement référence à la zone sans écailles située entre les yeux et à certaines zones operculaires.

L'autre est gris-rougeâtre, avec la tête foncée et de petites taches bleues au bord noir, tandis que les selles sont généralement décolorées ou absentes.

L’autre est gris-rougeâtre, avec la tête foncée et de petites taches bleues au bord noir, tandis que les selles sont généralement décolorées ou absentes © uwkwa (en haut) et © Claire Goiran

Zoogéographie

Plectropomus laevis couvre une aire très vaste dans l’Indo-Pacifique tropical, là où la température de l’eau est comprise entre 25,5 et 28,9 °C. On le rencontre du Kenya à la baie de Maputo au Mozambique, mais il est absent de la mer Rouge et du golfe Persique. Puis, vers le Levant, après l’Australie, il atteint la Polynésie française avec les Tuamotu et les îles Pitcairn, et au Nord les côtes du Japon.

Écologie-Habitat

Plectropomus laevis évolue entre 4 et 100 m de profondeur, préférant le côté externe des récifs coralliens. Les juvéniles grandissent dans des eaux peu profondes, au milieu de bancs de Canthigaster valentini, Canthigaster à selles noires, qu’ils imitent, non seulement par la couleur mais en gardant la nageoire caudale repliée afin de lui ressembler. C’est un petit poisson de seulement 10 cm de long mais dont la peau est imprégnée, comme celle de certains poissons-globes, d’un mucus très toxique, la tétrodotoxine, qui, malgré les précautions prises par les cuisiniers, a causé la mort de certains amateurs de fugu, plat traditionnel au Japon.

Plectropomus laevis vit dans l'Indo-Pacifique tropical, où il peut atteindre 125 cm et peser jusqu'à 24,2 kg et, sous l'action des chromatophores, il existe d'autres variations chromatiques fugaces.

Il vit dans l’Indo-Pacifique tropical où il peut atteindre 125 cm et peser jusqu’à 24,2 kg. Sous l’action des chromatophores, il existe d’autres variations chromatiques fugaces © John Thorogood

C’est un exemple classique du mimétisme batésien, utilisé par des animaux inoffensifs qui, pour se protéger des attaques, imitent l’apparence d’espèces dangereuses ou désagréables au goût pour les prédateurs.

Morphophysiologie

Le Mérou sellé, aussi appelé Mérou léopard, peut atteindre 125 cm, pour un poids maximal publié de 24,2 kg, mais sa longueur habituelle est d’environ 84 cm. Il présente deux livrées: l’une montre des selles noires sur fond blanchâtre, avec un pédoncule caudal et des nageoires jaunes ; l’autre est gris-rougeâtre, avec une tête foncée et de petites taches bleues au bord noir, les selles étant généralement décolorées ou absentes.

Plectropomus laevis chasse principalement des poissons, mais parfois aussi des crustacés. Sa chair est excellente, mais dans certaines régions, il est malheureusement exposé à un risque élevé de transmettre la ciguatera, une intoxication alimentaire très grave causée par l'ingestion de poissons contaminés par une toxine non bactérienne appelée ciguatoxine.

Il chasse principalement des poissons, mais parfois aussi des crustacés. Sa chair est excellente, mais dans certaines régions, il est malheureusement exposé à un risque élevé de transmettre la ciguatera, une intoxication alimentaire très grave causée par l’ingestion de poissons contaminés par une toxine non bactérienne appelée ciguatoxine © Jean-Paul Cassez

La nageoire dorsale possède 7 à 8 rayons épineux, plus courts que les 10 à 12 rayons mous ; la nageoire anale possède 3 épines et 8 rayons inermes. La partie épineuse de la nageoire dorsale a une base plus courte que la partie à rayons mous ; les nageoires pectorales comptent 16 à 18 rayons et la nageoire caudale est plus ou moins tronquée.

Les narines, antérieure et postérieure, s’insèrent dans un sillon peu profond qui part de l’œil. La large bouche possède deux grandes canines sur la mâchoire supérieure et une à quatre de chaque côté de la mâchoire inférieure.

Éthologie-Biologie Reproductive

Plectropomus laevis est un piscivore vorace qui se nourrit occasionnellement de crustacés. Sa chair est excellente, mais présente un risque important de transmettre la ciguatera, une grave intoxication alimentaire causée par l’ingestion de poissons contaminés par une toxine non bactérienne appelée ciguatoxine.

Voici la livrée nuptiale des mâles de Plectropomus laevis. Comme pour les autres mérous, des migrations peuvent avoir lieu, mais il s'agit généralement de modestes agrégations.

Voici la livrée nuptiale des mâles. Comme pour les autres mérous, des migrations peuvent avoir lieu, mais il s’agit généralement de modestes agrégations © Claire Goiran

Cette substance s’accumule année après année dans leurs tissus, d’autant plus que le mérou corail à selle noire chasse souvent d’autres mérous qui l’ont également accumulé.

Pour la reproduction, des agrégations de ponte se forment, parfois modestes, d’une trentaine d’individus, mais aussi de plus du double dans la partie nord de la Grande Barrière de corail, avec des migrations néanmoins limitées comparées aux spectaculaires migrations, au scénario similaire, de Cephalopholis argus. Ici aussi, les changements soudains de livrée envoient des signaux importants lors de la parade nuptiale : les mâles deviennent noirs et la partie centrale du corps devient blanche, contrastant fortement avec les lèvres et certaines zones frontales.

Les œufs planctoniques se dispersent en flottant juste sous la surface et les larves sont pélagiques. L’espérance de vie est d’environ 20 ans.

Les juvéniles de Plectropomus laevis grandissent mêlés à Canthigaster valentini, petit poisson des mêmes couleurs qu’ils imitent avec la nageoire caudale repliée. Comme les poissons-globes, ceux-ci sont protégés par un mucus très toxique, la tétrodotoxine, et sont donc respectés par les prédateurs qui les croient mortels. Un exemple de mimétisme batésien.

Les juvéniles grandissent mêlés à Canthigaster valentini, petit poisson des mêmes couleurs qu’ils imitent avec la nageoire caudale repliée. Comme les poissons-globes, ceux-ci sont protégés par un mucus très toxique, la tétrodotoxine, et sont donc respectés par les prédateurs qui les croient mortels. Un exemple de mimétisme batésien © uwkwaj

La résilience de l’espèce est médiocre, avec un temps minimum pour le doublement des populations de 1,4 et 4,4 ans, et la vulnérabilité à la pêche, élevée, marque 61 sur une échelle de 100.

On sait peu de choses sur l’évolution des populations, mais compte tenu de sa vaste aire de répartition, Plectropomus laevis figure depuis 2016 comme “LC, Least Concern”, c’est-à-dire “Préoccupation mineure”, sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN.

Synonymes

Labrus laevis Lacepède, 1801; Bodianus melanoleucus Lacepède, 1802; Paracanthistius melanoleucus (Lacepède, 1802); Plectropoma melanoleucum (Lacepède, 1802); Plectropomus maculatum melanoleucum (Lacepède, 1802); Plectropomus melanoleucus (Lacepède, 1802); Bodianus cyclostomus Lacepède, 1802.

 

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