Gymnothorax miliaris

Famille : Muraenidae

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Texte © Giuseppe Mazza

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Gymnothorax miliaris est une murène de taille moyenne présente sur les deux rives de l'Atlantique, surtout dans les Caraïbes et jusqu'au Sud-Est du Brésil.

Gymnothorax miliaris est une murène de taille moyenne présente sur les deux rives de l’Atlantique, surtout dans les Caraïbes et jusqu’au Sud-Est du Brésil © Rafi Amar

Il suffit de jeter un coup d’oeil aux synonymes de la Murène dorée, Gymnothorax miliaris (Kaup, 1856), aussi appelée à cause de son aspect gracieux Murène-porcelaine, pour deviner qu’elle a une livrée très variable.

Certains auteurs, en se basant sur sa couleur, lui ont donné le qualificatif de aurea, dorée, ou de flavopicta, peinte en jaune. D’autres font valoir qu’elle est irregolaris, variable. Il y en a qui emploient le terme de scriptus parce qu’elle comporte des motifs ou qu’elle est multiocellata car elle a de nombreux ocelles ou myrialeucostictus, aux milliers de taches blanches. Le nom de l’espèce qui a été retenu, miliaris, se rapproche de cette dernière appellation en laissant entendre que la succession de petits points de sa livrée rappelle les minuscules graines du millet.

De là, grâce à ses larves planctoniques portées par les courants, Gymnothorax miliaris a rejoint diverses îles au milieu de l'océan jusqu'aux îles du Cap Vert tout près de l'Afrique.

De là, grâce à ses larves planctoniques portées par les courants, elle a rejoint diverses îles au milieu de l’océan jusqu’aux îles du Cap Vert tout près de l’Afrique © Allison & Carlos Estape

Le nom du genre, Gymnothorax, qui a été donné à différentes murènes vient du grec “gymnos”, nu, et du latin “thorax”, poitrine, et indique, quant à lui, que ces poissons, à la différence des anguilles, ont un thorax nu dépourvu de nageoires pectorales.

Gymnothorax miliaris appartient donc à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnés, et à la famille des Muraenidae qui est incluse comme la famille des Anguillidae dans l’ordre des Anguilliformes.

Zoogéographie

Gymnothorax miliaris est appelée miliaris à cause de la série de petits points de sa livrée rappelant des graines de millet mais comme on peut le noter celle-ci peut être très variée.

Elle est appelée miliaris à cause de la série de petits points de sa livrée rappelant des graines de millet mais comme on peut le noter celle-ci peut être très variée © Allison & Carlos Estape

La Murène dorée est présente dans les eaux tropicales et subtropicales situées le long des côtes atlantiques de l’Amérique, des Bermudes et de la Floride aux Antilles et au Sud-Est du Brésil mais on la rencontre aussi, transportée par le courants, au milieu de l’Atlantique dans des îles telles que Sainte-Hélène et l’Ascension puis, en se rapprochant de l’Afrique, aux îles du Cap Vert. Il semblerait qu’on l’ait vue également aux Canaries.

Écologie-Habitat

Gymnothorax miliaris vit dans les crevasses des formations coralliennes. Elle ne descend pas en général au-delà de 35 m mais elle est également présente dans des eaux très profondes et peut atteindre 60 m.

Seul point de repère sûr : la partie interne de la bouche qui est toujours blanche.

Seul point de repère sûr : la partie interne de la bouche qui est toujours blanche © Pauline Walsh Jacobson

Morphophysiologie

La longueur maximale qui a été rapportée est de 70 cm mais sa taille habituelle est d’environ 40 cm.

Comme chez tous les Anguilliformes les nageoires pelviennes sont absentes. La nageoire dorsale, caudale et anale ont fusionné pour former une seule et longue crête cutanée dont ces poissons se servent pour pratiquer une nage ondulatoire.

Les orifices branchiaux sont réduits à deux simples trous placés au bout de la tête dans le prolongement de la bouche.

Autre caractéristique de Gymnothorax miliaris : la pointe de la queue qui est d'un jaune plus ou moins vif selon les nombreuses variantes de couleur.

Autre caractéristique : la pointe de la queue qui est d’un jaune plus ou moins vif selon les nombreuses variantes de couleur © Allison & Carlos Estape

L’eau qui oxygène les branchies n’y entrent pas mais en sortent car les murènes l’aspirent par la

bouche qu’elles ouvrent et ferment continuellement non pas donc pour menacer mais pour respirer.

On observe sur la tête deux narines tubulaires et, un peu au-dessus, deux autres qui sont moins apparentes. Ce sont en effet des poissons qui chassent principalement dans l’obscurité en se fiant surtout à leur odorat. L’oeil dont l’iris est doré est entouré d’un cercle bleu ardoise.

Le museau est court. La bouche contient de nombreuses rangées de petites dents fines et coniques qui existent aussi sur le palais et servent à retenir puis à avaler les proies.

La vue de Gymnothorax miliaris est médiocre mais son odorant excellent. On voit ici les 2 narines antérieures et les 2 postérieures à la hauteur des yeux.

Sa vue est médiocre mais son odorant excellent. On voit ici les 2 narines antérieures et les 2 postérieures à la hauteur des yeux © Allison & Carlos Estape

Comme chez toutes les murènes les écailles sont absentes et la peau est imprégnée d’un mucus qu’elle sécrète et qui les protège des bactéries et des parasites.

La couleur la plus fréquente est le marron foncé avec de petites taches jaunes qui sont réduites sur la tête et plus grandes vers la queue où souvent elles se touchent en formant de petits tirets. Il existe aussi le schéma inverse avec de petites taches foncées sur un fond clair et il y a aussi une version claire avec un maillage de motifs ou de grandes taches isolées.

Trois livrées de base donc qui justifient peut-être aussi le synonyme de Muraena trinitatis.

Comme chez toutes les murènes il n'y a pas de nageoires pectorales et les autres ont fusionné pour former une longue crête cutanée utilisée pour une nage ondulatoire.

Comme chez toutes les murènes il n’y a pas de nageoires pectorales et les autres ont fusionné pour former une longue crête cutanée utilisée pour une nage ondulatoire © Allison & Carlos Estape

Il existe enfin une variante essentiellement jaune avec de grandes taches, dite “murène banane”, mais par chance dans toutes les livrées l’intérieur de la bouche est toujours typiquement blanc , un élément précieux pour l’identification de cette espèce ainsi que la pointe de la queue qui, comme l’indique le nom vulgaire de l’espèce, est presque toujours dorée.

Éthologie-Biologie reproductive

Gymnothorax miliaris se nourrit principalement de petits crustacés et de petits mollusques.

Voici la livrée foncée la plus répandue de Gymnothorax miliaris. La couleur de fond va du gris au rougeâtre avec des points blancs ou grisâtres.

Voici la livrée foncée la plus répandue. La couleur de fond va du gris au rougeâtre avec des points blancs ou grisâtres © Allison & Carlos Estape

Elle n’est pas en général assez rapide pour les petits poissons mais quand elle réussit à les attraper ils constituent une variante agréable pour son menu.

Elle chasse surtout la nuit mais est active aussi pendant les heures de jour et chasse parfois, comme c’est souvent le cas pour les murènes, en compagnie de petits mérous avec lesquels elle partage le butin. La vue, l’odorat et la rapidité s’unissent ainsi dans un travail d’équipe.

Fidèle à sa cachette la Murène dorée ne s’éloigne pas en général de plus de 2 ou 3 m de son repaire et ne déménage qu’après plusieurs semaines si elle voit que le nombre de proies diminue.

Ici par contre on a la livrée inverse de Gymnothorax miliaris, claire avec des points foncés qui s'unissent parfois en formant des tirets.

Ici par contre on a la livrée inverse, claire avec des points foncés qui s’unissent parfois en formant des tirets © Allison & Carlos Estape

Quand les tirets de Gymnothorax miliaris épaississent on arrive à ce motif. Ce ne sont en aucune façon des changements instantanés liés aux chromatophores mais des variantes de l'espèce.

Quand les tirets épaississent on arrive à ce motif. Ce ne sont en aucune façon des changements instantanés liés aux chromatophores mais des variantes de l’espèce © Allison & Carlos Estape

Elle vit seule mais partage parfois son refuge avec d’autres murènes.

Sa reproduction est entourée de mystère. On sait seulement que c’est une espèce ovipare et que les larves sont leptocéphales comme chez tous les anguilliformes.

La résilience de cette espèce est médiocre, le temps minimal nécessaire au doublement de ses populations étant de 1,4 à 4,4 ans. Son indice de vulnérabilité à la pêche s’établit à 48 sur une échelle de 100. Gymnothorax miliaris figure depuis 2011 en tant que “Least Concern”, c’est-à-dire non menacée, dans l’évaluation de la Liste Rouge de l’UICN des espèces en danger.

Couple ou cohabitation ? On en sait peu sur sa reproduction de Gymnothorax miliaris sauf que ses oeufs sont flottants et que ses larves, dites leptocéphales, ont des pectorales comme les anguilles.

Couple ou cohabitation ? On en sait peu sur sa reproduction sauf que ses oeufs sont flottants et que ses larves, dites leptocéphales, ont des pectorales comme les anguilles © Allison & Carlos Estape

Synonymes

Thrysoidea miliaris Kaup, 1856; Lycodontis miliaris (Kaup, 1856); Muraena miliaris(Kaup, 1856); Murenophis miliaris (Kaup, 1856); Sidera miliaris (Kaup, 1856); Thyrsoidea flavopicta Kaup, 1856; Gymnothorax flavopictus (Kaup, 1856); Lycodontis flavopictus (Kaup, 1856); Muraena flavopicta (Kaup, 1856); Thyrsoidea irregularisKaup, 1856; Gymnothorax irregularis (Kaup, 1856); Lycodontis irregularis (Kaup, 1856); Muraena irregularis (Kaup, 1856); Muraena elaborata Poey, 1860; Gymnothorax elaboratus (Poey, 1860); Lycodontis elaboratus (Poey, 1860); Sidera elaborata (Poey, 1860); Muraena multiocellata Poey, 1860; Gymnothorax scriptus Poey, 1867; Muraena myrialeucostictus Fowler, 1912; Muraena trinitatis Miranda Ribeiro, 1919; Muraena aurea Mowbray, 1931.

 

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