Alouatta belzebul

Famille : Atelidae


Texte © Prof. Angelo Messina

 

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Traduction en français par Catherine Collin

 

Les mâles d’Alouatta belzebul délimitent le territoire du groupe par des cris ressemblant à des rugissements, audibles jusqu'à 5 km

Les mâles d’Alouatta belzebul délimitent le territoire du groupe par des cris ressemblant à des rugissements, audibles jusqu’à 5 km © Thiago Zanetti

Communément connue comme Hurleur aux mains rousses ou Ouarabi (Alouatta belzebul Linné, 1766), cette espèce, comptant parmi les plus grands singes du Nouveau Monde, est un primate plathyrhinien de la famille Atelidae qui doit son nom de hurleur, étendu à toutes les espèces congénères, à sa caractéristique particulière de communiquer avec ses semblables par l’intermédiaire de sons extraordinairement puissants.

Le nom scientifique qui définit le genre, Alouatta, tire son origine d’un dialecte des Caraïbes et signifie “voix puissante”, et en ce qui concerne le nom d’espèce, belzebul, il est sûrement à rapprocher de l’aspect vaguement diabolique qu’évoque sa fourrure noire à nuances rouges.

Zoogéographie 

Espèce arboricole de la forêt brésilienne, il doit son nom d'espèce, belzebul, à son manteau noir et rougeâtre, vaguement diabolique, allié à un air austère

Espèce arboricole de la forêt brésilienne, il doit son nom d’espèce, belzebul, à son manteau noir et rougeâtre, vaguement diabolique, allié à un air austère © Thiago Zanetti

Alouatta belzebul se rencontre dans les forêts pluviales et décidues du nord et de l’est du Brésil et dans quelques îles de l’estuaire du fleuve Amazone.

Son aire de répartition est souvent confondue avec celle d’Alouatta discolor, considéré par certain comme espèce et par d’autres comme sous-espèce.

Écologie-Habitat

Le Hurleur aux mains rousses est un animal diurne, d’habitudes arboricoles qui vit en groupes habituellement composés de 5 à 20 individus guidés par un mâle dominant, avec un nombre variable de femelles et, éventuellement, d’autres mâles subordonnés, étant entendu que le rapport entre les sexes doit toujours être en faveur des mâles.

Se déplaçant parmi les branches par une locomotion de type quadrupède, il se nourrit principalement de feuilles

Se déplaçant parmi les branches par une locomotion de type quadrupède, il se nourrit principalement de feuilles © Thiago Zanetti

Il se déplace agilement parmi les branches à la recherche de sa nourriture, constituée principalement de feuilles auxquelles il ajoute des fruits et des fleurs, par une locomotion de type quadrupède, ne s’aidant que rarement de sa robuste queue. Il passe la majeure partie de son temps inactif, à dormir avec les autres membres du groupe.

Morphophysiologie  

La particularité de ce singe est la présence d’un larynx singulièrement large, avec l’os hyoïde calcifié et formé de telle manière qu’il autorise l’animal à émettre des sons particuliers, comparables à des rugissements chez les mâles et à des grognements chez les femelles.

Ces sons ont surtout une fonction de délimitation et de revendication du territoire. Dans les faits, amplifiés par le large larynx en forme de sac, les rappels des singes hurleurs sont audibles jusqu’à plus de 5 km de distance.

En ce qui concerne la taille, les mâles de cette espèce sont habituellement légèrement plus grands que les femelles. Ils mesurent environ 60 à 90 cm.

Son pelage dense est composé de poils raides, généralement de couleur noire mais qui montrent une teinte variable chez certains individus, allant du rougeâtre intense au jaunâtre; ses mains, ses pieds et l’extrémité de sa queue sont le plus souvent rougeâtres.

Cette variation chromatique du pelage a souvent été source de difficultés et de confusion dans la classification taxonomique des populations.

La face est ornée d’une spectaculaire barbe, particulièrement fournie chez les mâles.

Le Hurleur aux mains rousses possède une queue préhensile légèrement plus longue que le corps, mesurant d’un peu moins de 60 cm jusqu’à pratiquement 1 m, avec la partie inférieure glabre et très sensible, qu’il utilise comme un cinquième membre lorsqu’il se déplace dans les arbres.

Autres importantes caractéristiques distinctives de l’espèce, et même de tout le genre: les profondes mâchoires et les deux premiers doigts qui sont opposables aux trois autres.

D’habitudes diurne, au contraire des autres plathyrhiniens, cette espèce, comme toutes les autres espèces d’Alouatta, a une vision en couleurs.

Éthologie-Biologie Reproductive

Femelle avec un petit. Celles-ci ne montrent pas la spectaculaire barbe des mâles et ne rugissent pas. Ici, ils montrent tous les deux un air maussade et interrogateur

Femelle avec un petit. Celles-ci ne montrent pas la spectaculaire barbe des mâles et ne rugissent pas. Ici, ils montrent tous les deux un air maussade et interrogateur © George Lin

La reproduction peut avoir lieu toute l’année et les femelles donnent en général naissance à un seul petit après une gestation d’environ 190 jours.

Celles-ci atteignent la maturité sexuelle à 4 ans, alors que les mâles sont en mesure de se reproduire à environ 5 ans. Ils ne se reproduisent qu’après avoir acquis une position dominante dans le groupe.

Il est à noter que dans un groupe, il est rare de rencontrer des individus adultes apparentés, parce que les jeunes, dès qu’ils atteignent l’âge adulte, tendent à quitter le groupe au sein duquel ils sont nés pour partir à la recherche d’une nouvelle communauté à laquelle se joindre.

Mais, dès qu’ils trouvent un camarade, ces diablotins jouent gaiement, comme tous les enfants du monde

Mais, dès qu’ils trouvent un camarade, ces diablotins jouent gaiement, comme tous les enfants du monde © Thiago Zanetti

Considérations taxonomiques:

Au sujet de son statut taxonomique, cette espèce, comme cela se produit assez fréquemment pour bon nombre de primates, est concernée par une importante confusion sur sa réelle identité et son éventuelle division en sous-espèces.

À ce propos, il faut dire qu’une bonne partie des caractères distinctifs utilisés à l’heure actuelle, tels que distribution géographique, couleur et motifs de la fourrure, forme du crane et de l’os hyoïde, nous apparaissent comme des éléments très incertains et subjectifs pour leur attribuer une valeur diagnostique significative.

À l’heure actuelle, de récentes études en révision du genre Alouatta semblent plaider en faveur d’une possible division en au moins une dizaine d’espèces distinctes.

Des doutes demeurent quant à savoir si Alouatta belzebul du nord du Brésil et Alouatta belzebul de l’est du Brésil doivent, ou non, être considérés comme une seule et même espèce.

Certains spécialistes penchent pour la première hypothèse, estimant que les populations considérées comme sous-espèces dans un passé plus ou moins récent, doivent désormais être élevées au rang d’espèces.

Parmi celles-ci citons :

Alouatta discolor Spix, 1823, connu comme Hurleur de Spix, distribué sur la rive occidentale du rio Xingu.

Alouatta ululata Elliot, 1912, connu comme Hurleur du Maranhão, forme reléguée le long des côtes du Maranhão.

Alouatta palliata Gray, 1849, Hurleur à manteau, au poil uniformément noir et répandu dans les milieux forestiers entre le sud du Mexique et l’ouest de l’Equateur.

Alouatta nigerrima (Lönnberg, 1941), dit Hurleur de Lönnberg, propre au) centre du Brésil.

Synonymes

Simia belzebul (Linneo, 1766).

 

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