Amadina fasciata

Famille : Estrildidae

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Texte © Dr. Gianfranco Colombo

 

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Traduction en français par Catherine Collin

 

Amadina fasciata

L’Amadine cou-coupé vit dans les steppes subsahariennes du Sénégal à l’Éthiopie et au Sud de la Corne de l’Afrique jusqu’à l’Est de l’Afrique du Sud. Elle est totalement absente des forêts et zones très arborées © Giuseppe Mazza

Jamais nom commun ne fut aussi bien choisi et approuvé par ceux qui observent cet oiseau pour la première fois !

Dès qu’on le voit on se dit… cet oiseau a le cou coupé, est-il blessé ?

Que la nature s’en donne à cœur joie en distribuant les couleurs des livrées des oiseaux de façon aussi extravagante et de prime abord sans aucun sens, peut parfois émerveiller, même si en approfondissant les motivations on trouve toujours une justification rationnelle et opportune.

Dans la plupart des cas la couleur de leur livrée est utile aux oiseaux, en particulier aux mâles, pour conquérir une partenaire ou pour se camoufler dans le milieu environnant mais pour cet oiseau elle ne sert sûrement pas pour le premier motif et peut être pas beaucoup pour le second. Nous laissons donc libre interprétation à tout observateur qui le voit.

L’Amadine cou-coupé (Amadina fasciata Gmelin, 1789) appartient à l’ordre Passeriformes et à la famille Estrildidae, un groupe spécial qui regroupe tous ces petits oiseaux multicolores tellement appréciés des éleveurs amateurs pour leur calme, leur capacité à se reproduire et la facilité avec laquelle ils peuvent vivre en captivité.

Il a une espérance de vie élevée et se montre très résistant en plus d’être peu bruyant par rapport au célèbre Bengali rouge (Amandava amandava).

Tous les élevages comportent ces gracieux oiseaux qui sont souvent utilisés pour la création de nouvelles variétés et de nouvelles mutations, avec des couleurs toujours plus incohérentes et des croisements toujours plus audacieux et complexes.

On peut déjà rencontrer sur le marché des individus albinos ou couleurs pastel, d’autres jaunes ou isabelle et d’autres encore bruns ou argentés, livrées fantaisistes et bien différentes de l’originale et obtenues dans un but purement ornemental et commercial.

La quasi-totalité des nom vulgaires européens rappellent la particularité de sa livrée. En anglais il est appelé Cut-throat, en allemand Bandamadine, en espagnol Estrilda Degollada, en italien Gola tagliata et en portugais Degolado.

Petit oiseau toujours en mouvement, au vol tellement rapide et agité qu'il est souvent difficile à suivre. Il ne dépasse pas 12 cm de long pour une envergure de 15 cm et un poids d'à peine 10 g © Giuseppe Mazza

Petit oiseau toujours en mouvement, au vol tellement rapide et agité qu’il est souvent difficile à suivre. Il ne dépasse pas 12 cm de long pour une envergure de 15 cm et un poids d’à peine 10 g © Giuseppe Mazza

L’étymologie du genre Amadina montre une origine provenant d’une forme diminutive erronée du genre Ammodramus du grec “ammos” = sable et “dromos” = coureur qui indique génériquement un moineau. Swainson en 1827 pensait que le genre Amadina était un maillon entre le genre Ammodramus et Estrilda.

Le nom d’espèce fasciata vient du latin et fait clairement référence à la bande rouge sang qu’elle montre sous la gorge.

 Zoogéographie

L’Amadine cou-coupé est un oiseau typiquement africain qui vit dans la steppe subsaharienne du Sénégal à l’Éthiopie et au Sud de la Corne de l’Afrique jusqu’à l’Est de l’Afrique du Sud. Elle est absente de tout l’Ouest du continent ainsi que de l’extrême sud.

Aimant particulièrement les zones arides et herbeuses elle est totalement absente des forêts équatoriales et de toute zones grandement arborées.

C’est un oiseau sédentaire et les quelques déplacements auxquels il est sujet de façon saisonnière, se réduisent à un erratisme post-reproduction vers des aires riches en aliments et lors de périodes pluvieuses.

C’est désormais une espèce détenue dans le monde entier par les éleveurs amateurs et les éventuels individus que nous pourrions rencontrer en liberté sont le résultat de fugues plus ou moins accidentelles de ces élevages.

Naturellement dans une aire aussi étendue comprenant des territoires placés à des latitudes diverses, on a remarqué un certain nombre de sous-espèces se distinguant par la couleur de la livrée mais aussi par une variation de la taille des individus.

On pourrait penser que le mâle Amadine cou-coupé a eu la gorge tranchée © Giuseppe Mazza

On pourrait penser que le mâle Amadine cou-coupé a eu la gorge tranchée © Giuseppe Mazza

Amadina fasciata fasciata qui est l’espèce nominale diffusée dans l’étroite bande subsaharienne qui court de l’Atlantique jusqu’à la Vallée du rift, Amadina fasciata alexanderi typique de la Corne de l’Afrique et, au Sud, jusqu’au lac Tanganyika, Amadina fasciata contigua de la Tanzanie jusqu’à l’extrême sud de l’aire de répartition et Amadina fasciata meridionalis présente en Angola et en Zambie.

La classification des autres sous-espèces est toujours sujette à des discussions.

Écologie-Habitat

L’Amadine cou-coupé habite les savanes et les prairies herbeuses avec peu de végétation, formée d’acacias isolés ou d’arbustes épineux.

Il n’aime pas les zones fortement arborées, les forêts et les milieux humides ou marécageux mais accepte les zones arbustives contiguës à des plans d’eau, élément qui lui est nécessaire, avec des sols qui peuvent être sableux ou latéritiques.

Cet oiseau n’a pas peur de l’homme et s’approche volontiers des villages et des zones cultivées où abonde la nourriture et où ils forment, pendant la période postnuptiale, des bandes comprenant parfois des milliers d’individus qui battent la campagne à la recherche de nourriture et d’eau.

Bien que très sociable en dehors de la période de nidification, ce petit oiseau devient très territorial et défend énergiquement son territoire dès qu’il a formé un couple.

Sa sociabilité est pourtant monospécifique et ce n’est qu’exceptionnellement qu’on le voit mêlé à des congénères comme l’Amadine à tête rouge (Amadina erythrocephala) même si leurs territoires se touchent aux marges, l’omniprésent Travailleur à bec rouge (Quelea quelea), le Capucin bec d’argent (Euodice cantans) ou d’autres passériformes.

Morpho-physiologie

La taille de ce petit oiseau est vraiment très réduite et son vol très rapide et nerveux le rend souvent difficile à suivre. Il ne dépasse pas 12 cm de long pour 15 cm d’envergure et un poids dépassant à peine 10 g.

La femelle, ici à gauche, est beaucoup plus marbrée et uniformément tachetée de noir. Un camouflage bienvenu pour passer inaperçue © Gianfranco Colombo

La femelle, ici à gauche, est beaucoup plus marbrée et uniformément tachetée de noir. Un camouflage bienvenu pour passer inaperçue © Gianfranco Colombo

C’est un petit oiseau très vif, sans cesse en mouvement, qu’il soit posé au sol à la recherche de nourriture et où il trottine et sautille continuellement, ou quand il est posé sur une branche et qu’il fait preuve d’une agitation frénétique qui ne reflète pourtant pas son caractère calme et doux. Il est en revanche calme et serein quand il se perche sur une petite branche avec sa partenaire et qu’ils commencent à faire leur toilette et à se lisser les plumes mutuellement, se câlinant l’un l’autre.

C’est une espèce sociable qui devient agressive et territoriale en période de reproduction © Gianfranco Colombo

C’est une espèce sociable qui devient agressive et territoriale en période de reproduction © G. Colombo

Les livrées du mâle et de la femelle sont très semblables mais seul le mâle porte cette bavette rouge sang qui va d’une oreille à l’autre en passant exactement sur la gorge comme s’il s’agissait d’une large blessure sanglante.

Le plumage de base est jaunâtre-noisette plus accentué sur les couvertures des ailes et plus pâle sur la poitrine et sur la partie inférieure du corps devenant plutôt châtain. Le ventre est souvent marqué d’une dense marbrure blanche et noire qui crée une nette coupure avec la partie supérieure de la poitrine. La tête et les épaules ont une dense ponctuation noire plus marquée sur la tête et plus rare sur les épaules et sur le croupion, jusqu’à disparaître totalement sur la queue qui est uniformément crème noisette.

Le bec est gris perle, fort, court et conique, les yeux sont noirs et les pattes couleur chair.

La femelle, en plus de ne pas avoir le « cou coupé » est beaucoup plus marbrée et uniformément tachetée de noirâtre.

Les juvéniles sont très semblables à la femelle même si les jeunes mâles présentent presqu’aussitôt après la naissance les premiers signes de la bande rouge sur la gorge.

La livrée n’est pas exactement la même chez tous les individus et montrent souvent une grande variation d’un individu à l’autre.

Éthologie-Biologie reproductive

Il n’y a pas de période précise pour la nidification même si habituellement elle se produit pendant la saison des pluies, plutôt vers la fin d’ailleurs, moment où toutes les graminées produisent leurs graines.

Le nid de l’Amadine cou-coupé est placé dans une fissure ou dans un trou dans un arbre. Elle profite souvent d’un abri précédemment utilisé par d’autres espèces, garni au hasard avec des matériaux végétaux moelleux pris au hasard jusqu’à former un globe informe avec une petite niche agencée à l’intérieur.

Habituellement, de 4 à 6 œufs y sont pondus et la couvaison est effectuée par les deux parents en alternant les jours mais réunis pour la nuit. Les œufs éclosent après environ 14 jours et les petits naissent aveugles et nus mais grandissent rapidement et après trois autres semaines de soins de la part des deux parents, ils sont prêts à prendre leur envol, ils restent pourtant à proximité de leurs parents pour quelque temps, formant ces volées dont on parlait plus haut. La maturité a lieu vers un an.

Le régime alimentaire d’Amadine cou-coupé est basé sur la consommation massive de graminées, de baies, de fruits et de pousses, mais aussi d'insectes pour un apport en protéines pour les oisillons © Gianfranco Colombo

Le régime alimentaireest basé sur la consommation massive de graminées, baies, fruits et pousses, mais aussi d’insectes pour un apport en protéines pour les oisillons © Gianfranco Colombo

Ils effectuent une ou plusieurs couvées par an selon la disponibilité en nourriture. Le régime d’Amadine cou-coupé est basé sur la consommation massive de graines mais aussi de baies, de fruits et de pousses, d’insectes, de larves et d’invertébrés, particulièrement durant la période de nidification puisque cet aliment est essentiel à la croissance des oisillons. L’Amadine cou-coupé n’est pas considéré comme espèce en danger.

 

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