Argynnis paphia

Famille : Nymphalidae

GIANFRANCO.gif
Texte © Dr. Gianfranco Colombo

 

serge.gif
Traduction en français par Serge Forestier

 

Un mâle Argynnis paphia aux rayures noirâtres caractéristiques © Giuseppe Mazza

Un mâle Argynnis paphia aux rayures noirâtres caractéristiques © Giuseppe Mazza

Le splendide Tabac d’Espagne (Argynnis paphia Linnaeus, 1758), appartient à l’ordre des Lepidoptera et à la famille des Nymphalidae. On inclut habituellement dans cette famille plus de 6000 espèces de papillons répartis dans le monde entier, de sorte qu’elle est considérée comme la plus grande de celles regroupant les lépidoptères diurnes.

Le vol rapide et élégant, la couleur dorée des ailes, les reflets argentés de la face inférieure, l’omniprésence de cette espèce, ont toujours relié ce papillon à la beauté d’Aphrodite (Vénus).

L’étymologie du nom scientifique Argynnis paphia a conservé cette caractéristique dans son binôme. Argynnis était une très belle femme aimée d’Agamemnon qui, en souvenir de sa mort, a érigé un temple en son honneur, un lieu qui devint plus tard une destination pour les pèlerins qui allaient adorer Aphrodite (Vénus). C’est ainsi que le nom d’Argynnis a été lié à la déesse de la beauté. “Paphia” est la version féminine de Paphos, une cité antique située sur la côte occidentale de l’île de Chypre, où on disait que Vénus était née en jaillissant des vagues de la mer. Cet endroit était l’un des centres les plus importants de vénération de la déesse de la beauté.

Enfin Fabricius, 1807, un auteur souvent très fantaisiste dans la relecture des noms scientifiques donnés par son maître Linné, semble avoir voulu faire dériver le terme “argynnis” du grec “arguros = argent”, en référence aux reflets nacrés que ce papillon montre au revers de l’aile postérieure.

Les noms vulgaires européens bien que quelque peu différents, donnent cependant tous une indication de l’élégance ce papillon magnifique et coloré : en anglais Silver-washed Fritillary, en français Tabac d’Espagne, en allemand Kaisermantel, en néerlandais Kaizersmantel, en italien Pafia ou Fritillaria argentata, en espagnol Nacarada et en russe Perlamutrovka.

La femelle présente en revanche de petites taches rondes noirâtres et bien définies © Giuseppe Mazza

La femelle présente en revanche de petites taches rondes noirâtres et bien définies © Giuseppe Mazza

Zoogéographie

Le tabac d’Espagne est l’un des papillons les plus courants d’Europe atteignant le 63 ° de latitude nord bien qu’absent du sud de l’Espagne et de l’île de Crète.

À l’est, il occupe toute la bande tempérée de l’Asie arrivant jusqu’au Japon.

On le trouve également en Afrique du Nord, limitant cependant sa présence le long de toute la côte de la Méditerranée.

Le tabac d’Espagne se nourrit du nectar de nombreuses espèces de fleurs et peut donc s’étendre à différents types d’habitats. Il est présent du niveau de la mer jusqu’à plus de 1000 mètres d’altitude, trouvant l’habitat idéal entre 300 et 800 m d’altitude où sa concentration est alors élevée.

Il préfère la lisière des bois, les collines herbeuses et les prairies ensoleillées dans les vallées fraîches et touffues.

Morphophysiologie

Argynnis paphia est un papillon à l’envergure considérable pouvant atteindre les 75 mm et il se révèle être le plus grand parmi tous les Argynnis. Sa couleur est orangée/doré brillant sur la face antérieure des ailes, avec des mouchetures et des rayures noirâtres espacées de taches noires parfaitement rondes et de lunettes de différentes dimensions entourant les bords des deux ailes.

Sur l’envers de l’aile antérieure on retrouve des dessins plus ou moins accentués de couleur noire, sur fond orangé de moindre intensité tandis que sur l’envers de l’aile inférieure les dessins disparaissent remplacés par des taches et des bandes argentées blanchâtres/verdâtres bien définies et brillantes qui couronnent également le bord de l’aile elle-même. De ces caractéristiques dérive le nom vulgaire italien de ‘’Fritillaria argentata’’.

Il existe un dimorphisme clair entre les deux sexes, dans la mesure où le mâle montre d’une façon extrêmement évidente, sur la face supérieure de l’aile antérieure, quelques bandes noirâtres parcourant presque toute la longueur de l’aile tandis qu’elles sont totalement absentes chez la femelle.

Ici, chez la forme valesina, la couleur de fond orangée est remplacée par un verdâtre nacré © Giuseppe Mazza

Ici, chez la forme valesina, la couleur de fond orangée est remplacée par un verdâtre nacré © Giuseppe Mazza

Ces marques sexuelles qui courent exactement sur les veinules sont très évidentes et forment des rayures épaisses et très proéminentes. La femelle, au contraire, a de petites taches noires, rondes et bien définies.

Dans certains endroits, se superposent deux formes différentes de femelles : la traditionnelle, telle que décrite et la forme valesina – Esp. chez qui la couleur orangée est complètement remplacée par un verdâtre nacré.

Les faces inférieures de cette forme sont totalement recouvertes d’écailles blanchâtres nacrées/verdâtres.

Il semble que le mâle préfère s’accoupler avec la forme traditionnelle lorsque les deux sont disponibles bien qu’il ne dédaigne en aucune façon la formef. valesina.
Les antennes sont bien développées et robustes, de couleur marron avec un vertex aplati et arrondi.

Il vole de juin à fin septembre. Parmi les fleurs, il préfère Buddleja, Aster, Zinnia, Rubus mais il n’y a pas de fleur qui ne voit pas sa présence. Où il est fréquent, on le trouve souvent regroupé en grand nombre sur les inflorescences Anethum et Phoeniculum.

Il a des mouvements rapides et un vol puissant qui s’interrompt brusquement dès qu’il remarque une fleur à son goût. Papillon très vif, mais également facile à approcher et à observer lorsqu’il se nourrit.

Biologie reproductive

L’espèce est univoltine. Étrangement, il ne dépose pas ses œufs directement sur les feuilles de la plante hôte mais dans un endroit voisin où les larves resteront jusqu’au printemps prochain.

Avec une envergure allant jusqu’à 75 mm, il vole de juin à fin septembre © Giuseppe Mazza

Avec une envergure allant jusqu’à 75 mm, il vole de juin à fin septembre © Giuseppe Mazza

Les chenilles naissent en septembre et hibernent, minuscules, souvent encore en partie enroulées dans la coquille de leurs œufs.

Lorsqu’elles sont bien développées, elles montrent une couleur très attrayante et voyante : sur le corps bleu noirâtre court une large bande jaune entrecoupée de fines lignes noires. Les flancs sont ponctués de taches jaunes et enfin le premier segment du corps est recouvert de longues épines jaune foncé. Une véritable palette de couleurs.

La croissance printanière est progressive et constante et, après environ quatre semaines, les larves se chrysalident, loin de la plante hôte, pour une métamorphose d’environ 15/20 jours.

Plante hôte Viola sp.

Synonymes

Argynnis immaculata Bellier, 1862; Papilio valesina Esper, 1798.

 

→ Pour des notions générales sur les Lepidoptera voir ici.

→ Pour apprécier la biodiversité des PAPILLONS cliquez ici.