Blighia sapida

Famille : Sapindaceae


Texte © Pietro Puccio

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Cette espèce est originaire de l’Afrique tropicale (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Nigeria, Sao Tomé-et-Principe, Sénégal, Sierra Leone et Togo) où elle pousse tant dans les forêts d’arbres sempervirents que dans celles d’arbres à feuilles semi-caduques.

Le genre est dédié au capitaine anglais William Bligh (1754-1817). Le nom de l’espèce est l’adjectif latin “sapidus, a, um” = goûteux, l’explication étant évidente.

Noms communs : ackee, akee, akee apple (anglais), akée, arbre à fricassée, fisanier, yeux-de-crabe (français), castanheiro-da-Africa (portugais), aki, árbol de seso, árbol del huevo, huevo vegetal, merey del diablo, palo de seso, pera roja, seso vegetal (espagnol), Akibaum (allemand).

La Blighia sapida K.D. Koenig (1806) est un arbre sempervirent, haut jusqu’à environ 15 m, à l’écorce lisse de couleur grisâtre ou marron clair et à la couronne épaisse. Les feuilles, portées sur un pétiole long de 0,5 à 2,5 cm, sont alternes, paripennées, longues jusqu’à environ 30 cm, composées de 3 à 5 paires de folioles oblongues à elliptiques, au bord entier ou légèrement ondulé et à l’apex pointu, longues de 6 à 18 cm et larges de 4 à 8 cm, de couleur vert brillant en partie supérieure et vert pâle en partie basse.

Les inflorescences sont des racèmes axillaires, pendants, longs de 5 à 18 cm, qui ont de minuscules fleurs parfumées, soit bisexuées soit mâles sur la même plante, une corolle blanche ou crème à 5 pétales ovés-lancéolés, longs de 0,4 cm et velus et 8 étamines longues de 0,5 cm.
Le fruit est une capsule charnue piriforme, déhiscente, plus ou moins trilobée, longue de 7 à 10 cm et large de 4 à 5 cm, d’une couleur jaune brillante teintée de rouge, qui à maturité s’ouvre longitudinalement en trois sections en découvrant trois arilles (des tissus qui entourent la graine totalement ou en partie) charnus, réniformes, de couleur crème, longs de 3 à 4,5 cm et larges d’environ 3 cm, et une à 3 graines sphériques, noires et brillantes.

L’arille est la partie comestible. Quand il n’est pas mûr il est particulièrement vénéneux. Son ingestion provoque une hypoglycèmie aiguë qui peut être fatale et qui est appelée communément ” vomissements de la Jamaïque” à cause du nombre élevé de cas, parfois mortels, qui ont été répertoriés dans cette île. Il doit donc être consommé quand il est complètement mûr. Les autres parties du fruit et en particulier les graines conservent leur forte toxicité même quand elles sont parfaitement mûres.

Le fruit de Blighia sapida, originaire d'Afrique tropicale, s'ouvre en cours de croissance et révèle 3 arilles comestibles uniquement à maturité. Crus ils peuvent être mortels, comme les graines. Le bois est dur et résiste aux insectes xylophages. Des parties de la plante sont utilisées dans la médecine traditionnelle © Giuseppe Mazza

Le fruit de Blighia sapida, originaire d’Afrique tropicale, s’ouvre en cours de croissance et révèle 3 arilles comestibles uniquement à maturité. Crus ils peuvent être mortels, comme les graines. Le bois est dur et résiste aux insectes xylophages. Des parties de la plante sont utilisées dans la médecine traditionnelle © Giuseppe Mazza

On reproduit cette plante en semant ses graines, dont la capacité à germer est de courte durée, dans un terreau sableux avec un délai de germination de 2 à 4 semaines, la première floraison survenant la troisième ou la quatrième année, et par bouturage, la première floraison survenant après un ou deux ans. Cette espèce est cultivée dans un but ornemental et comme arbre d’ombrage dans les pays aux climats tropical et subtropical où les plantes adultes peuvent supporter pendant une très courte période des baisses de température rares allant jusqu’à environ -2 °C mais le feuillage subit alors des dégâts.

Elle a besoin d’une exposition en plein soleil et n’est pas particulièrement exigeante en ce qui concerne le sol, à condition qu’il soit bien drainé, mais préfère ceux qui sont alcalins. Elle fleurit plusieurs fois dans l’année, en général après une longue période de pluie. Elle est cultivée pour son fruit presque exclusivement en Jamaïque où elle est le plat national et où son espèce est naturalisée depuis longtemps. Le fruit doit être récolté parfaitement mûr quand il est naturellement et complètement ouvert et sur le point de se détacher de l’arbre. L’arille, débarrassé de la graine, est consommé cru ou, plus fréquemment, cuit ou frit après avoir été bouilli dans de l’eau salée ou du lait.

Les substances toxiques contenues dans l’arille non encore mûr sont des hypoglycines (A et B) hydrosolubles qui sont en grande partie neutralisées quand l’arille est complètement mûr et par l’exposition à la lumière. La cuisson des arilles non encore mûrs n’élimine pas les substances toxiques alors que pour ceux qui sont mûrs elle contribue à en éliminer les traces. Dans les graines les substances toxiques sont contenues en plus grande quantité que dans les arilles et subsistent même quand elles sont complètement mûres. Il faut donc les éliminer soigneusement du fait de leur toxicité élevée.

Les fruits sont utilisés localement en remplacement du savon car ils contiennent des tensio-actifs (des saponines).
Le bois est dur et résiste aux insectes xylophages. Il est employé dans les constructions, pour la fabrication de meubles, de caisses, d’ustensiles et d’objets artisanaux, localement comme bois à brûler et pour la production de charbon de bois. Des parties de la plante sont utilisées dans la médecine traditionnelle.

Synonymes : Akeesia africana Tussac (1808); Akea solitaria Stokes (1812); Cupania akeesia Cambess. ex Spach (1834); Cupania sapida (K.D.Koenig) Oken (1841).

 

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