Famille : Cistaceae

Texte © Prof. Paolo Grossoni

Traduction en français par Michel Olivié

Cistus salviiflorus est un arbuste très ramifié au port prostré. Haut jusqu’à 90 à 100 cm il dépasse en fait rarement 60 cm © Giuseppe Mazza
Dans le milieu des pépiniéristes Cistus salviiflorus L. (1753), de la famille des Cistaceae Juss. (1789) et du genre Cistus L. (1753) a été inscrit à cause de ses fleurs blanches à l’onglet jaune dans la catégorie “White or Withish Pink Clade” (WWPC). En voulant souligner la ressemblance de ses feuilles avec celles de la sauge (Salvia officinalis L.) Linné l’a dénommé salviiflorus.
On l’appelle sous les noms de cisto femmina, cisto con foglie di salvia et brentina en italien, de sage-leaved rock rose en anglais, de ciste à feuilles de sauge et de ciste femelle en français, de jaguarzo morisco, tomillo,estepa negra et jara negra en espagnol, de sargoaço, cergoaço et saganho-mouro en portugais et de Salbeiblätterige Zistrose en allemand.
Ce ciste est un arbuste (NP) très ramifié et bien qu’il puisse atteindre 90 à 100 cm il a habituellement un port prostré et ne dépasse pas environ 60 cm. Il est sempervirent et faiblement aromatique. Ses branches sont minces, visqueuses au début et densément tomenteuses en raison de poils protecteurs fasciculés à étoilés. Ses feuilles sont simples, opposées, relativement petites (10 à 40 x 6 à 20 mm) et dotées d’un court pétiole de 2 à 4 mm. Le limbe est ovale ou elliptique et souvent arrondi à l’apex, uninervé (penninervé), vert-gris sur les deux côtés, le côté inférieur étant plus clair. Elles ont un aspect rugueux-réticulé et sont tomenteuses. Leur bord est entier, ondulé mais non révoluté et cilié.

Les fleurs, larges de 4 à 5 cm, sont blanches et ont des pétales à l’onglet jaune. Elles sont implantées sur une inflorescence uniflore ou avec parfois deux fleurs aplaties © Giuseppe Mazza
Dotée d’un pédoncule très long (jusqu’à une dizaine de centimètres) et densément tomenteuse du fait de poils étoilés la fleur est implantée sur une inflorescence uniflore ou, parfois, avec deux fleurs aplaties. Elle est moyennement grande (4 à 5 cm de diamètre), peu ou pas parfumée et possède cinq pétales largement obovés d’une couleur blanche immaculée mais aussi rose pâle et a un ongletjaune à sa base. La floraison a lieu entre avril et mai mais bien que les pétales soient très éphémères elle peut s’étendre jusqu’à la fin de l’été. Le calice est persistant et formé de trois sépales situés le plus à l’extérieur et plus grands (10 à 18 x 7 à 12 mm) et de deux plus à l’intérieur et plus petits. Tous tombent quand le fruit est mûr. L’ovaire est supère et tomenteux. La pollinisation est entomogame. Les étamines, au nombre d’environ une centaine, sont longues et jaunes alors que le style est presque inexistant (il est long au maximum de 0,5 mm).
Le fruit mûrit au début de l’été. C’est une capsule loculicide à cinq carpelles, noirâtre, sphérique et d’un diamètre de 5 à 7 mm. Il a des trichomes simples sporadiques à son extrémité et contient de nombreuses graines sphériques et petites (1 mm) qui, comme dans la totalité de ce genre, ont une dormance très longue du fait de la robustesse et de la résistance des téguments externes qui doivent être dégradés sous l’action du feu et de celle synergique des agents atmosphériques et des organismes du milieu pour permettre à l’eau et à l’air d’atteindre les tissus embryonnaires.

Les feuilles, longues de 10 à 40 mm, ont un aspect rugueux-réticulé et rappellent celles de la sauge, comme l’indique son nom vulgaire de Ciste à feuilles de sauge © Giuseppe Mazza
Le nombre de chromosomes de cette espèce est le même que celui de la totalité de son genre : 2 n =18.
Les plantes de Cistus salviiflorus peuvent supporter les conditions d’une longue sécheresse et bien qu’elles soient en général plutôt acidophiles elles peuvent s’adapter aussi à des sols issus de substrats calcaires. De plus elles tolèrent un certain niveau d’ombrage et des températures relativement basses de sorte qu’elles peuvent vivre jusqu’à des altitudes de 1200 à 1300 m et atteignent même 1800 m dans les zones les plus chaudes de leur aire de répartition.
On trouve ce ciste dans des formations végétales buissonneuses ou le long des bords des zones boisées, souvent avec des plantes hétérogènes de diverses espèces depuis celles du maquis sempervirent et leurs variantes tout comme des cénoses de feuillus thermophiles caducs, encore dans la bordure des zones boisées telles que les pinèdes, les cyprès, les arbres verts, les arbres tombés ou d’autres types d’associations.
Dans le bassin méditerranéen il existe en général des groupes subordonnés à des processus dégénératifs mais encore liés au type “maquis méditerranéen” tout comme les cénoses indiscutablement dégradées comme les garrigues.

Fleurs en bouton. Le calice, persistant, est formé de 3 sépales externes et de 2 internes, plus petits. Tous tombent quand le fruit est mûr © Giuseppe Mazza
Son aire de répartition naturelle s’étend à la majeure partie du bassin méditerranéen y compris les côtes anatoliennes de la mer Noire et les côtes atlantiques du Sud-Ouest de l’Europe. Cistus salviiflorus n’est absent que des archipels macaroniques et en Crimée. Son aire correspond pratiquement à celle du genre Cistus.
En raison de la couleur et des dimensions de ses fleurs Cistus salviiflorus est parfois confondu avec Cistus clusii Dunal, un ciste autochtone du Nord-Ouest de l’Afrique, de la péninsule ibérique et de l’Italie méridionale (Nord de la Sicile et promontoire du Gargano). On peut néanmoins les distinguer aisément parce que le second a des feuilles aghiformes semblables à celles du romarin et un calice formé de seulement trois sépales.
C’est une plante mellifère mais elle est aujourd’hui surtout utilisée pour réduire les processus érosifs dans les terrains découverts, consolider les dunes de sable ou comme coupe-vent.
Dans les jardins et les parterres de fleurs on s’en sert, en l’accolant à d’autres cistes (Cistus dardanifer L., Cistus albidus L., Cistus monspeliensis, etc.) ou à des taxons d’autres familles pour créer des taches de couleur. On le reproduit facilement grâce à ses graines ou par bouturage.

L’ovaire est supère et tomenteux. Les étamines, une centaine environ, sont jaunes et longues alors que le style atteint au maximum 0,5 mm © Giuseppe Mazza
Selon WFO World Flora Online on n’a recensé aucune sous-espèce à l’intérieur de cette espèce. Ce site fait état de 52 taxons autrefois classés dans différentes catégories, d’espèce à forme, mais auxquels on n’attribue plus maintenant d’échelon taxonomique propre mais qui sont encore employés uniquement dans le milieu des pépiniéristes.
Ces 52 taxons sont définis par WFO comme étant des synonymes de Cistus salviiflorus L. 10 en particulier étaient définis comme étant des “espèces” (Cistus), 6 autres étaient répertoriés comme”forme” et 7 comme “rejeton” (cet échelon taxonomique, désormais abandonné, avait une certaine valeur dans le milieu des pépiniéristes mais a souvent été supplanté par la catégorie actuelle dite “groupe-cultivar”), 17 étaient définis comme “variétés”, 11 appartenaient au genre Ledonia Spach qui n’est plus reconnu et enfin un dernier taxon était classé en tant que “variété” d’une espèce attribuée à Ledonia.
Parmi les variétés le plus souvent utilisées on peut citer ‘Avalanche‘, très vigoureuse, ‘Bonifacio‘ et ‘Prostratus‘ qui, de par leur port très prostré, tolèrent bien le vent, ‘Gold Star‘ pour les pétales à large clou blanc, ‘Grandifolius‘ pour la taille de ses feuilles (comme son nom l’indique), ‘May Snow‘ car elle est très florifère comme l’est le cv ‘Fontfroide’ de l’hybride Cistus × florentinus Lam.

Les pétales tombent à la fin de la journée. Les fleurs nourrissent donc généreusement les pollinisateurs comme cette abeille ouvrière pour être fécondées avant le soir © Giuseppe Mazza
Le ciste aux feuilles de saule s’hybride aussi aisément avec presque toutes les espèces de son genre et pas seulement avec celles de la catégorie “White ou Withish Pink Clade” (WWPC).
WFO World Flora Online (2024) a sélectionné les hybrides suivants: Cistus × dubius Pourr. (C. laurifolius × C. salviifolius), Cistus × florentinus Lam. (Cistus monspeliensis × Cistus salviifolius), Cistus × hybridus Pourr. (Cistus populifolius × Cistus salviifolius), Cistus × obtusifolius Sweet (Cistus salviifolius × Cistus inflatus), Cistus × pauranthus Demoly (Cistus parviflorus × Cistus salviifolius) e Cistus × verguinii Coste & Soulié (Cistus ladanifer × Cistus salviifolius).
Dans la liste indiquée ci-dessus on a aussi mentionné Cistus “Gordon Cooper“, un hybride triple, bien que ses origines ne soient pas du tout claires, entre Cistus salviiflorus et l’hybride “Ruby Cluster” qui, à son tour, a été obtenu par l’hybridation entre Cistus inflatus Pourr. ex J. P. Demoly et l’hybride Cistus × dansereaui “Decumbens”.
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