Colchicum autumnale

Famille : Colchicaceae

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Texte © Eugenio Zanotti

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Les fleurs du colchique automnal éclosent à la fin de l'été bien que les fruits se forment au printemps © G. Mazza

Les fleurs du colchique automnal éclosent à la fin de l'été bien que les fruits se forment au printemps © G. Mazza

Le genre Colchicum comprend environ 60 espèces réparties surtout dans l’Ancien Monde (environ 30 en Europe), dans l’Ouest de l’Asie, en Asie centrale et en Afrique du Nord. Le colchique d’automne, connu aussi sous le nom de safran bâtard, est une espèce dont la distribution est centre-européenne (Europe au climat tempéré de la France à l’Ukraine) mais qui est aussi présente dans le Caucase et en Afrique du Nord. Le nom du genre dérive du grec ancien “Kolkhis” qui désigne la Colchide (ancienne contrée de la Géorgie située dans le Caucase sur les bords de la Mer Noire) qui fut la destination des Argonautes partis à la conquête de la Toison d’or et la patrie de la célèbre Médée, experte en poisons, dont la légende dit qu’elle aurait connu cette plante qui fut citée par la suite dans les traités de médecine du médecin-pharmacologue Dioscoride qui exerçait à Rome à l’époque de Néron.

Le nom de l’espèce “autumnale” se réfère à sa période de floraison.

Le colchique d’automne, désigné également sous les noms de safran bâtard, de safran des prés ou de tue-chien (Colchicum autumnale L. 1753), est une espèce herbacée pérenne, glabre, haute de (5) 10 à 40 cm, dotée d’un bulbe tubéreux, piriforme ou elllipsoïde, de 3 x 4 (7) cm, entouré d’une tunique brunâtre ou rouge noirâtre et enfoui profondément dans le sol.

Il a quatre feuilles radicales(rarement 3-7) , droites, un peu charnues, entières, de couleur vert vif sur les deux faces, largement lancéolées (celle située le plus à l’extérieur mesure de 4 à 7 x 25 à 26 cm), 3 à 5 fois plus longues que larges et effilées à l’apex.

Les fleurs, au nombre de 1 à 3 (7) sont entourées à leur base par une spathe hyaline, mucronée avec d’étroites ailes membraneuses; le périgone comporte un tube incolore long de 10 à 25 (25) cm et six lacinies rosées ou de couleur lilas , celles situées à l’extérieur étant plus étroites; il y a 6 étamines, 3 avec des filaments de 15 mm et les autres de 10 mm, des anthères jaunes de 5 mm, linéaires, des styles dorsifixes droits (20-25 mm) légèrement élargis dans un stigmate de 2 à 2,5 mm, papilleux et recourbé en crochet.. La pollinisation est entomophile et assurée par les mouches et les abeilles.

Le fruit est une capsule triloculaire de 2 à 2,7 x 3,4 à 5,5 cm, ovoïde et allongée, effilée à l’apex , d’abord verte puis brune et contenant de nombreuses graines sphériques, très dures, rouge brun à noirâtre, striées superficiellement et, à l’état frais, un peu poisseuses du fait d’une excroissance charnue qui avec l’humidité devient gélatineuse (ce qui favorise la dissémination zoophile).

La pollinisation, entomophile, est assurée par les diptères, les abeilles et les bourdons © Giuseppe Mazza

La pollinisation, entomophile, est assurée par les diptères, les abeilles et les bourdons © Giuseppe Mazza

Le colchique pousse, souvent de façon grégaire, essentiellement dans les terrains de fertilité moyenne, frais, au pH neutre, aussi bien calcaires que siliceux, dans les prairies naturelles, les prés fauchés, les clairières, les pâturages et autres milieux humides, de la plaine jusqu’à 2.100 m d’altitude.

La floraison du colchique a lieu d’août à septembre, après quoi les fleurs disparaissent rapidement et c’est seulement au printemps suivant que se forme une courte tige qui porte le fruit entouré de feuilles. De ce fait on a l’impression que la fructification survient un mois avant la floraison !

Toute la plante, mais surtout les graines (récoltées en juin et juillet) contiennent de l’amidon, des substances albuminoïdes, des sucres, du tanin, de l’acide gallique, de la phytostérine et une huile; les bulbes tubéreux (récoltés en août) contiennent , outre de l’amidon, de l’inuline, de la gomme, du tanin, des résines et une huile grasse, l’alcaloïde appelée colchicine qui est inodore mais a une saveur très amère

La colchicine agit essentiellement sur la circulation dans les vaisseaux capillaires et a été employée comme anti-arthritique, anti-rhumatismal et diurétique mais surtout comme remède spécifique pour les douleurs causées par les crises de goutte aigüe (elle est par contre inefficace dans le cas des gouttes chroniques), exception faite pour les patients ayant des problèmes rénaux ou souffrant de colites.

La colchicine empêche la phagocytose des cristaux d’acide urique et interrompt ainsi le cercle vicieux du processus inflammatoire. La colchicine a en outre pour effet de bloquer la mitose cellulaire et favorise donc la polyploïdie; elle a de ce fait une importance notable dans le domaine de la cytologie expérimentale ce qui fait qu’elle est utilisée, par exemple, pour permettre l’hybridation entre des espèces végétales différentes.

Elle a aussi été expérimentée dans le traitement des tumeurs mais a été remplacée aujourd’hui, tout comme la podophylline, par des alcaloïdes extraits de la bien connue pervenche de Madagascar (Catharanthus roseus).

Il produit la colchicine utilisée pour les crises de goutte et comme anti-arthritique, anti-rhumatismal et diurétique © Giuseppe Mazza

Il produit la colchicine utilisée pour les crises de goutte et comme anti-arthritique, anti-rhumatismal et diurétique © Giuseppe Mazza

Son usage relève exclusivement de la médecine à cause de sa forte toxicité (la dose mortelle pour un homme se situe aux alentours de 20 à 60 mg). De fortes doses thérapeutiques peuvent causer des nausées, des vomissements, de la diarrhée, des crampes abdominales, des dommages rénaux, des sensations de brûlure au niveau de la gorge et de la peau Les doses supérieures provoquent des collapsus cardiovasculaires, le délire, des convulsions, des prostrations, des paralysies ascendantes et, pour finir, la mort. Son usage prolongé cause des agranulocytoses, l’anémie aplasique, des névrites, etc… Le colchique a provoqué de nombreux empoisonnements, parfois mortels, à cause de confusions avec des espèces similaires ayant des bulbes comestibles et appartenant surtout au genre Crocus qui pourtant se différencient du colchique par leurs feuilles rigoureusement linéaires, larges de quelques mm, présentes lors de la floraison et par des caractères floraux différents comme le stigmate élargi en entonnoir ou en forme d’éventail.

Synonimes : Colchicum commune Necker (1768); Colchicum autumnale L. var. vernum Reichard (1779); Colchicum vernale Hoffm. (1791); Colchicum multiflorum Brot. (1804); Colchicum polyanthon Ker Gawl. (1807); Colchicum autumnale L. var. neapolitanum Ten. (1825); Colchicum praecox Spenn. (1825); Colchicum patens F.W. Schultz (1826); Colchicum cupanii Guss. (1827); Colchicum autumnale L. var. viridiflorum Opiz (1852); Colchicum pannonicum Griseb. & Schenk (1852); Colchicum haynaldii Heuffel (1858); Colchicum transsilvanicum Schur (1866); Colchicum corsicum Baker (1879); Colchicum autumnale L. var. transsilvanicum (Schur) Nyman (1882); Colchicum autumnale L. var. vernale (Hoffm.) Nyman (1882); Colchicum autumnale L. subsp. pannonicum (Griseb. & Schenk) Nyman (1882); Colchicum autumnale L. var. speciosissimum Bubela (1884); Colchicum autumnale L. var. lucanum N.Terrac. (1873); Colchicum autumnale L. var. pannonicum (Griseb. & Schenk) Baker (1879); Colchicum autumnale L. subsp. vernum (Reichard) Nyman (1890); Colchicum autumnale L. var. castrovillarense N.Terrac. (1891); Colchicum autumnale L. var. tenorei (Parl.) Fiori (1894); Colchicum autumnale L. var. todaroi (Parl.) Fiori (1894); Colchicum autumnale L. subsp. algeriense Batt. (1895); Colchicum bulgaricum Velen. (1901); Colchicum autumnale L. var. algeriense (Batt.) Batt. & Trab. (1905); Colchicum autumnale L. var. elatius Simonk. (1906); Colchicum autumnale L. f. transsilvanicum (Schur) Domin (1909); Colchicum autumnale L. f. bulgaricum (Velen.) Domin (1909); Colchicum autumnale L. f. pannonicum (Griseb. & Schenk) Domin (1909); Colchicum autumnale L. proles vernale (Hoffm.) Rouy (1910); Colchicum autumnale L. var. fritillatum Samp. (1910); Colchicum autumnale L. var. bivonae (Guss.) Fiori (1923); Colchicum autumnale L. var. corsicum (Baker) Fiori (1923); Colchicum autumnale L. var. provinciale (H.Loret) Fiori (1923); Colchicum autumnale L. var. variopictum (Janka) Fiori (1923) Colchicum autumnale L. var. kochii (Parl.) Fiori (1923); Colchicum autumnale L. var. bulgaricum (Velen.) Stoj. & Stef. (1925); Colchicum autumnale L. var. gibraltaricum Kelaart (1946); Colchicum autumnale L. var. multiflorum (Brot.) Samp. (1947); Colchicum autumnale L. f. macropetala M.Gajic (1977); Colchicum autumnale L. f. milosi M.Gajic (1977); Colchicum autumnale L. f. radei M.Gajic (1977).

 

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