Cryptostegia grandiflora

Famille : Apocynaceae


Texte © Pietro Puccio

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Cryptostegia grandiflora, liane de gatope

La Cryptostegia grandiflora est un arbuste semi-dressé ou grimpant dont les tiges peuvent atteindre 20 m de long © Giuseppe Mazza

Cette espèce est originaire du Sud-Ouest de Madagascar où elle pousse dans les forêts d’arbres à feuilles semi-caduques, à proximité de cours d’eau ou de zones inondées périodiquement.

Le nom du genre est issu de la combinaison des termes grecs “kryptos” = caché et “stego” = recouvrir, par référence à la couronne d’écailles qui recouvre les étamines. Le nom de l’espèce est issu de la combinaison des termes latins “grandis” = grand et “flos, -oris” = fleur, l’explication étant évidente.

Noms communs : indian rubbervine, palay rubbervine, pink allamanda, rubberplant, rubbervine (anglais), liane de gatope (français), alamanda-roxa (portugais), alamanda morada falsa, bejuco de cuernos, bejuco de goma, caucho de la India, chirrionera, estrella del norte (espagnol).

La Cryptostegia grandiflora Roxb. Ex R. Br. (1819) est un arbuste semi-dressé ou grimpant, ligneux, sempervirent, fortement agressif envers ses supports et dont les tiges vigoureuses s’étirent sur plus de 20 m au point de recouvrir et d’étouffer même de grands arbres. De ses blessures s’écoule un latex abondant qui est visqueux et irritant. Les feuilles, portées sur un pétiole de couleur rouge rougeâtre, long de 0,8 à 1,2 cm, sont opposées, simples avec un bord entier, oblongues, coriaces et épaisses, de couleur vert foncé et brillantes, longues de 6 à 10 cm et larges de 3 à 5 cm.

Les inflorescences sont des cymes terminales qui se divisent dichotomiquement ou trichotomiquement. Elles portent des fleurs de couleur rose pâle à pourpre vif qui ont un calice comportant cinq lobes pointus et long d’environ 1,3 cm, une corolle campanulée comportant des lobes pointus, de 5 à 6 cm de long et de 4 à 7 cm de diamètre, et 5 étamines.

Les fruits sont des follicules ligneux dont la section est généralement triangulaire, de 10 à 12 cm de long et de 2,5 à 4 cm de large.  Ils sont produits par paires, opposés et contiennent en moyenne 350 gaines oblongues de couleur marron de 0,8 cm de long dont une extrémité est dotée d’une touffe de poils blancs et soyeux, longue d’environ 3,8 cm, qui facilite leur dispersion par le vent et dans l’eau.

Cryptostegia grandiflora, liane de gatope

Les fleurs sont séduisantes mais toutes les parties de la plante sont extrêmement vénéneuses © Giuseppe Mazza

On reproduit facilement cette plante au moyen de ses graines qui germent au bout d’une à deux semaines à la température de 22 à 24°C, la première floraison survenant, sous les tropiques et dans des conditions favorables d’humidité, dans un délai d’un an après la germination. On peut aussi la reproduire par bouturage et par marcottage.

C’est une espèce très décorative, vigoureuse et à la croissance rapide qui s’adapte à divers types de sols, même salins, et qui est capable de supporter des périodes de sécheresse grâce notamment à son vaste appareil racinaire qui peut s’enfoncer de plusieurs mètres dans le sol. Elle se cultive en plein soleil dans les zones aux climats tropical et subtropical mais peut supporter pendant une très courte période des températures légèrement inférieures à 0°C.

Introduite dans de nombreux pays aussi bien comme plante ornementale que pour la production de caoutchouc, laquelle a par la suite été abandonnée parce que s’étant avérée non rentable, elle s’est échappée des plantations et s’est révélée, dans les contextes  particulièrement favorables à son développement, telles que les régions soumises à un régime de mousson, comme étant une espèce très envahissante  qui est capable d’étouffer et de supplanter la végétation préexistante et de recouvrir  de vastes zones d’une végétation impénétrable, comme cela s’est produit dans le Nord de l’Australie où l’on tente de limiter son expansion par des méthodes chimiques, mécaniques et biologiques.

Toutes les parties de cette plante sont de plus extrêmement vénéneuses en raison de la présence de glycosides cardioactifs, en particulier dans les feuilles et les tiges. L’ingestion d’un petit nombre de feuilles peut être mortelle même pour des animaux de grande taille qui, néanmoins, évitent habituellement de les mâcher à cause de leur goût, sauf en cas d’absence de pâturage due à des périodes de forte sécheresse.

Les graines, quand elles sont ingérées, provoquent une forme grave de gastro-entérite qui peut être fatale. Le contact avec la sève cause de graves réactions allergiques. Pour cette raison les éventuelles interventions sur cette plante doivent être effectuées avec des gants. En cas de contact direct il faut laver immédiatement la partie touchée avec de l’eau et du savon. Les morceaux de bois sec peuvent également déclencher des réactions allergiques.

 

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