Dendroaspis angusticeps

Famille : Elapidae

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Texte © Dr. Gianni Olivo

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Le Mamba vert de l’Est (Dendroaspis angusticeps Smith, 1849, famille Elapidae), de même que les deux autres Mambas verts (Dendroaspis viridis et Dendroaspis jamesoni), mérite, plus que le Mamba noir, son nom scientifique d’aspic des arbres vu qu’il passe la majeure partie de sa vie parmi les branches des arbres. C’est une serpent de dimensions notables qui atteint 2,5 m de long chez les individus les plus grands alors que la moyenne des adultes se situe entre 1,6 et 2 m. Comparé à sa longueur respectable son diamètre est par contre relativement modeste. Son allure d’ensemble est celle d’un reptile extrêmement gracieux et élégant qui est aidé en cela par sa couleur verte et brillante.

Sa tête est semblable à celle des autres Mambas, c’est-à-dire en forme de cercueil, étroite et allongée , avec des “joues”, pour employer un terme qui n’est pas exact à proprement parler, presque parallèles. Son oeil a une pupille ronde et sa commissure labiale s’étend nettement plus en arrière que l’oeil qui est presque à mi-chemin de l’extrémité du museau et de l’angle labial. Sa couleur, comme déjà dit, est verte et brillante et comporte parfois quelques écailles plus claires qui tendent à créer une série de petits points espacés. La partie ventrale est plus claire alors que les individus immatures sont d’un vert plus pâle qui frôle parfois le jaune. Cette couleur toutefois existe seulement jusqu’à ce que l’animal atteigne 60 cm.

À peine sorti de l’oeuf le petit mesure de 30 à 40 cm et est déjà capable d’inoculer une dose de venin  potentiellement mortelle pour l’homme.

Le nombre des rangées d’écailles à la moitié de la longueur du corps varie de 17 à 19. La queue est longue et fine. La limite entre le corps et la queue n’est pas nette. Les crochets à venin situés à l’avant sur le palais et fixes (protéroglyphes) sont longs de 5 à 7 mm et recouverts en grande partie par une gaine muqueuse qui est repoussée en arrière sous l’effet de la pression lorsque l’animal mord.

Dendroaspis angusticeps, Elapidae, Mamba verde

Le mamba vert (Dendroaspis angusticeps) est l’un des serpents africains les plus redoutés © G. Mazza

Distribution et Habitat

Beaucoup de gens ont tendance à assimiler à des mambas verts tous les serpents qui ont cette couleur et qui sont aperçus sur des plantes. C’est pourquoi les informations souvent ne sont pas fiables au point que parfois des gens m’ont raconté avoir vu un mamba vert dans leur jardin ou lors d’une excursion dans des zones où ce serpent n’est pas présent.

Le fait d’être un mamba, qui est synonyme de serpent mortel, sa couleur verte qui est étrangement associée depuis des siècles chez les serpents à la fourberie et à la venimosité et sa prédilection pour la vie sur les plantes ont alimenté des légendes et des rumeurs infondées : de très nombreuses personnes croient que le mamba vert est plus dangereux que le mamba noir alors que son tempérament moins irritable, son venin moins puissant et sa vie …retirée le rendent beaucoup moins dangereux que son cousin même s’il l’est fortement.

D’autres sont persuadées que ce serpent se laisse bercer par les branches et attend de mordre un passant sans méfiance : il ne fait rien de tel,  pas plus que le mamba noir, ou ce n’est pas en tout cas  dans le but de mordre quelqu’un mais il est certain qu’aller frôler un mamba noir qui se tient sur une branche le long d’un sentier entraîne une réaction violente beaucoup plus facilement qu’avec un mamba vert.

En ce qui concerne l’identification du reptile dont il est question et pour éviter des confusions grossières il faut préciser qu’un serpent arboricole vert dont les écailles sont lisses et non carénées et qui est long de plus de 1,5 m ne peut être qu’un mamba vert même si le Boomslang (un autre serpent très venimeux et également arboricole) peut atteindre 2 m. Ce dernier toutefois a des écailles carénées et un aspect “rugueux”, un oeil très grand et un museau court et obtus. Quand il est en colère il gonfle verticalement sa partie antérieure au niveau du cou. Un caractère commun aux deux espèces est celui d’une certaine réticence à mordre sauf si on les provoque à plusieurs reprises.

En revenant aux observations erronées faites dans des zones où il n’est pas présent, il convient d’indiquer que l’aire de distribution du mamba vert de l’Est est assez réduite : des zones côtières du Kenya (il n’ a pas été signalé plus au Nord ) et quelques enclaves isolées à l’intérieur du Kenya. En Tanzanie il est commun dans une bande le long de la côte qui, dans sa partie Sud, s’élargit vers l’Ouest jusqu’à la partie Nord du lac Nyassa. Il est présent au Zimbabwe, surtout dans certaines plantations de thé, et sur les monts Chimanimani et aussi au Malawi mais il n’a pas été signalé en Zambie. Au Mozambique il est absent de la partie Nord du pays et ce fait est assez curieux parce qu’il semblerait que la frontière avec la Tanzanie marque aussi de façon précise la frontière du mamba vert qui est présent au Nord du Rovuma et absent au Sud.

Il réapparaît ensuite tout au Sud du Mozambique, sur la bande côtière et dans une bande transversale qui va jusqu’aux monts Chimanimani (frontière avec le Zimbabwe). Plus au Sud il est aussi présent dans la région de Maputo et ensuite en Afrique du Sud ( KwaZulu), surtout dans les plantations le long de l’océan Indien. Il existe ensuite des enclaves isolées (par exemple sur les pentes du Kilimandjaro et du mont Kenya), dans les monts Usambaras (Tanzanie) et les îles de Zanzibar, de Mafia et de Pemba. Il est probable qu’ à l’avenir de nouvelles observations fiables pourront être faites même dans des zones inattendues mais, en général, cette espèce est réellement confinée à une étroite bande orientale.

Dendroaspis angusticeps, Elapidae, Mamba verde

Yeux ronds et tête typique des mambas, en forme de cercueil, étroite et allongée ainsi que les joues © Giuseppe Mazza

Son habitat idéal est la brousse dense et pas trop sèche, des zones boisées, des plantations et souvent des jardins. Il n’est pas rare qu’il s’installe à proximité d’une habitation ou d’une ferme et il est assez fréquent de le trouver dans les typiques maisons aux toits de chaume (en paille). Il préfère en définitive des zones moins ouvertes et une brousse plus dense que le mamba noir et dans les zones où les deux espèces sont présentes la répartition des habitats est encore plus visible et souvent  nette.

Éthologie

Ce serpent parfaitement adapté à la vie sur les arbres et dans les broussailles descend toutefois à terre soit pour se déplacer d’une zone boisée à une autre soit plus rarement pour traquer une proie (mais c’est là une éventualité plus théorique que réelle).

Il se déplace aussi bien à terre que sur les branches avec rapidité et agilité et chasse de façon active des oiseaux, des lézards, des caméléons, des grenouilles arboricoles et de petits mammifères. C’est un prédateur opiniâtre de chauves-souris qu’il attrape par surprise le jour quand elles sont inactives. C’est en effet un serpent essentiellement diurne. La nuit il dort sur une branche ou dans le creux d’un arbre.

C’est un reptile ovipare comme tous les mambas. La femelle pond jusqu’à 15 oeufs qu’elle abandonne et qui mettent environ 10 jours pour éclore et sont souvent aidés pour cela par la présence de matière végétale en décomposition qui génère une certaine chaleur.

Comportement dans ses rapports avec l’homme et son venin

À la différence du mamba noir ce n’est pas un serpent agressif. Il menace rarement la gueule grande ouverte et ne déploie pas l’étroit “capuchon” du mamba noir. L’intérieur de sa gueule est clair à la différence du précédent. Son venin a été moins étudié que celui du Dendroaspis polylepis mais on sait qu’il est moins puissant bien qu’il soit largement mortel pour l’homme. La dose létale pour un homme adulte est d’environ 18 à 20 mg au lieu de 12 à 15 mg pour le Dendroaspis polylepis alors que la dose qu’il peut inoculer dans une seule morsure est de 60 à 100 mg. Pour établir des comparaisons et connaître certaines caractéristiques des toxines des mambas verts il convient de se reporter à la fiche relative au mamba noir.

Ses morsures sont rares du fait de sa timidité, de sa tendance à fuir et de son tempérament pacifique  et ne concernent d’ordinaire que les amateurs qui manipulent des serpents ou, très rarement, les travailleurs des plantations au cas où ils posent directement la main sur le reptile. Parmi les cas peu nombreux qui ont été rapportés deux au moins ont fait état de symptômes localisés comme des tuméfactions, des oedèmes, voire des nécroses, des phénomènes qui ne se produisent pas avec le venin du mamba noir.

Après l’administration d’un sérum polyvalent la disparition des symptômes est d’habitude plus rapide qu’après une morsure de Dendrosaspis  polylepis mais souvent une assistance respiratoire est quand même nécessaire et une morsure de mamba vert constitue de toute façon un cas d’urgence.

Noms communs : western green mamba, common green mamba; afrikaans: Groenmamba, Groen mamba; isiZulu: Imamba eluhlaza; xhosa: Imamba.

 

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