Dendrobium bicaudatum

Famille : Orchidaceae


Texte © Prof. Pietro Pavone

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Dendrobium bicaudatum est un épiphyte, parfois aussi un lithophyte, originaire des Moluques.

Dendrobium bicaudatum est un épiphyte, parfois aussi un lithophyte, originaire des Moluques © Giuseppe Mazza

Dendrobium bicaudatum Reinw. ex Lind. (1858) est une espèce originaire des Moluques (Sula, Seram et Ambon) qui appartient à la famille des Orchidaceae, à la sous-famille des Epidendroideae, à la tribu des Malaxideae et à la sous-tribu des Dendrobiinae.

C’est un épiphyte qui pousse sur les troncs et sur les branches d’arbres de forêts ouvertes mais aussi sur les rochers exposés au soleil, depuis le niveau de la mer jusqu’à 1000 m d’altitude.

Cette espèce a été correctement décrite par John Lindley (1799-1865) dans J. Proc. Linn. Soc., Bot. 3 : 20 (1858) dans la section Spatulata d’après des dessins du botaniste Caspar Georg Carl Reinwardt (1773-1854), fondateur en 1817 du Jardin Botanique de Bogor (Buitenzorg) à Java où il récolta et cultiva diverses espèces de plantes des îles voisines (Moluques, Timor et Sulawesi).

Le nom du genre est la combinaison des substantifs grecs “dendron”, arbre, et “bios”, vie, en raison des nombreuses espèces de ce genre qui vivent sur les arbres en tirant leur nourriture de l’atmosphère humide caractéristique des forêts équatoriales.

L’épithète de l’espèce est la combinaison du latin “bis”, deux fois et “caudatum”, doté d’une queue et fait allusion à ses deux longs pétales qui ressemblent à deux queues.

Elle est connue communément sous le nom de Dendrobium à deux queues.

Dendrobium bicaudatum a de nombreux pseudo-bulbes noueux et rigoureusement fusiformes qui ressemblent à des cannes et sont légèrement plus renflés dans les parties médiane et basale.

Les tiges, de section circulaire, atteignent une longueur de 30 cm et ont un diamètre d’environ 9 mm. Des noeuds de chaque pseudo-bulbe partent 4 à 10 feuilles longues jusqu’à 10 cm, larges de 2,5 cm, dorsoventrales, un peu coriaces, sub-érigées, lancéolées à rigoureusement oblongues-elliptiques et bilobées.

Au départ des noeuds de la partie apicale des tiges il se forme en automne et en hiver 4 à 8 inflorescences longues de 16 à 20 cm, racémeuses, généralement dressées et dont les axes  nettement charnus portent 4 à 5 fleurs (8 au maximum) d’un diamètre d’environ 5 cm.

Ces fleurs sont peu parfumées et durent jusqu’à 30 à 40 jours. Les pétales, qui ressemblent à une corne d’antilope, mettent environ 7 jours pour se déployer totalement.

Inflorescences racémeuses de Dendrobium bicaudatum.

Il a de nombreux pseudo-bulbes noueux ressemblant à des cannes. Les tiges atteignent 30 cm. Les inflorescences racémeuses de 10 à 20 cm portent jusqu’à 8 fleurs © Giuseppe Mazza

Ils sont linéaires, spatulés, longs de 2,8 cm, larges de 3 mm et brunâtres. Les sépales dorsaux et latéraux sont de couleur vert-jaunâtre. Le sépale dorsal est triangulaire à ové, long de 1,6 cm et large de 5,5 mm. Les sépales latéraux sont triangulaires ou falciformes, longs de 1,8 cm et larges de 8 mm. Le labelle, long de 1,8 cm et large de 1,4 cm, est blanc avec des nervures transversales rougeâtres, trilobé, rétréci à l’apex et comporte des lobes latéraux triangulaires et un lobe médian ovale.

Dendrobium bicaudatum se distingue des autres espèces de Dendrobium de la même section spatulata par ses feuilles dorsoventrales, ses gaines tubulaires, le lobe médian du labelle plus large que long et l’éperon (mentum) long de7 à 9 mm et formé du labelle et du pied de la colonne qui est longue jusqu’à 7 mm.

Deux fleurs de Dendrobium bicaudatum aux pétales torsadés semblables à des cornes d'antilope..

Celles-ci sont peu parfumées mais durent 30 à 40 jours. Les pétales spiralés ressemblant à une corne d’antilope sont brunâtres alors que les sépales sont jaunes-verdâtres © Giuseppe Mazza

Les pétales sont en outre enroulés en spirale jusqu’à 2 (voire 3) fois, une caractéristique que l’on rencontre aussi chez Dendrobium antennatum Lindl. ce qui crée parfois une confusion. Cependant, selon certains auteurs, la capacité qu’ont les pétales à se tordre serait liée à l’âge de la fleur et n’aurait pas d’importance au niveau taxonomique.

Dendrobium bicaudatum est une espèce inscrite dans l’Appendice II de la Convention de Washington (CITES) qui s’est donné pour but de protéger les espèces animales et végétales menacées d’extinction en empêchant leur exportation et leur détention. En 2019 elle était placée aussi dans la Liste Rouge de l’International Union for Conservation of Nature (UICN) dans la catégorie “Préoccupation mineure” (LC, Least Concern).

Le labelle trilobé et rétréci à l'apex avec des lobes latéraux triangulaires et un lobe médian ovale est blanc avec des nervures rougeâtres.

Le labelle trilobé et rétréci à l’apex avec des lobes latéraux triangulaires est blanc avec des nervures rougeâtres © Ron Parsons

Dans certaines zones de son habitat toutefois elle est menacée d’extinction parce que les populations locales, ces dernières années, abattent les arbres sur lesquels elle vit pour fabriquer du charbon de bois. Pour lutter contre cela on a actuellement mis en place des mesures de conservation in situ et ex situ afin de réduire le risque d’extinction de cet endémisme spécifique.

Dendrobium bicaudatum est également une espèce assez décorative  et facile à cultiver. C’est une plante qui aime la lumière mais qui ne supporte pas les rayons directs du soleil à midi.

Pour bien la cultiver il faut garder à l’esprit le fait que dans ses régions d’origine la température diurne moyenne le jour est de 25 à 26 °C alors que celle de nuit est de 21 °C, la différence journalière étant de 4 à 6 °C. En hiver la température moyenne le jour est de 27 à 30 °C et celle de la nuit de 16 à 17 °C avec une différence journalière de 3 °C.

Elle a besoin d’une humidité de 80 à 90 % pendant toute la durée de sa croissance alors qu’en hiver l’humidité peut être abaissée à 65 % mais pas davantage car l’air trop sec provoque le jaunissement puis le dessèchement des feuilles. Avec la montée de la température il faut donc augmenter l’humidité mais on doit faire attention aux éventuelles maladies fongiques qui peuvent survenir en l’absence d’une bonne aération.

Dendrobium bicaudatum pousse mieux dans des corbeilles en bois avec un compost fait d’un mélange de deux parts de fougère (Osmunda regalis), de deux de tourbe et d’une de sphaigne fraîche. Il faut toujours placer au fond un gros morceau de charbon de bois qui permet l’aération, évite les rétentions d’eau et empêche la fermentation du compost.

Comme les pseudo-bulbes sont souvent assez minces on peut les attacher à des supports tels que des cannes ou des fils afin d’assurer leur stabilité.

Cette plante n’aime pas le rempotage. Celui-ci ne doit donc être effectué que si c’est nécessaire et après la floraison quand les nouvelles racines commencent à se former.

La plante doit être arrosée tous les quinze jours pendant la saison d’été. Avec l’arrivée de l’automne la quantité d’eau doit être nettement réduite mais pas totalement supprimée car la plante pourrait se dessécher.

Une fleur de Dendrobium bicaudatum qui s'ouvre. Les pétales tordus mettent une semaine à pousser..

Une fleur ouverte. Les pétales repliés mettent une semaine pour grandir © Ron Parsons

Pour les apports d’engrais il est conseillé d’utiliser un fertilisant pour orchidées qui doit être répandu une fois par semaine en employant le quart ou la moitié de la dose par rapport à la quantité recommandée dans la notice.

On peut utiliser un engrais équilibré toute l’année mais du printemps à la mi-été il convient d’augmenter la quantité d’azote alors qu’en automne on peut augmenter celle du phosphore pour stimuler la floraison.

Cette plante se reproduit dans la nature au moyen de ses graines mais quand elle est cultivée le pourcentage de réussite est faible. On a donc recours à la germination asymbiotique (avec des techniques de culture in vitro) qui peut être également une solution alternative pour permettre sa réintroduction dans ses milieux naturels.

On peut aussi reproduire Dendrobium bicaudatum par division de ses touffes lors de la reprise de la végétation, chaque élément devant alors comporter au moins 3 ou 4 pseudo-bulbes.

Il existe divers hybrides comme Dendrobium Batavia City qui a été obtenu à partir de l’hybride Dendrobium Bob Ching x Dendrobium bicaudatum et enregistré dans The International Orchid Register le 24/08/2004 par M. H. Cahyanto.

Dendrobium Ayub Parnata, enregistré dans The International Orchid Register le 2/06/2009, a été obtenu par le croisement de Dendrobium parnatanum × Dendrobium bicaudatum par A. Parnata pour le compte du Ministère indonésien de l’Agriculture (D.G. Hort Indonesia). Un autre hybride élégant est le Dendrobium bicaudatum-leporinum qui a été obtenu en 2018 par le croisement de Dendrobium bicaudatum × Dendrobium leporinum.

Parmi les nombreux cultivars qui ont été primés par The American Orchid Society on peut citer Dendrobium bicaudatum ‘Vera Cruz’ primé en 1998 avec le Certificat de Récompense Botanique (CBR) et Dendrobium bicaudatum ‘Hamlyn’ qui a été primé en 2015 avec le Certificat de Mérite horticole (CHM).

Synonymes : Dendrobium rumphianum Teijsm. & Binn. (1862); Dendrobium burbidgei Rchb.f. (1878); Dendrobium antelope Rchb.f. (1883); Dendrobium minax Rchb.f. (1868); Callista bicaudata (Reinw. ex Lindl.) Kuntze (1891); Dendrobium demmenii J.J.Sm. (1920); Ceratobium bicaudatum (Reinw. ex Lindl.) M.A.Clem. & D.L.Jones (2002); Ceratobium minax (Rchb.f.) M.A.Clem. & D.L.Jones (2002).

 

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