Ducula bicolor

Famille : Columbidae

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Texte © Dr. Gianfranco Colombo

 

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Traduction en français par Catherine Collin

 

Ducula bicolor est une espèce sédentaire des forêts côtières et des mangroves qui vont du golfe du Bengale, à travers l'Indonésie, jusqu'aux Philippines et à la Nouvelle-Guinée © Giuseppe Mazza

Ducula bicolor est une espèce sédentaire des forêts côtières et des mangroves qui vont du golfe du Bengale, à travers l'Indonésie, jusqu'aux Philippines et à la Nouvelle-Guinée © Giuseppe Mazza

Le Carpophage Blanc (Ducula bicolor Scopoli, 1786) appartient à l’ordre des Columbiformes et à la famille Columbidae et jusqu’à il y a quelques années il était considéré comme la souche parentale de certaines sous-espèces reconnues depuis comme espèces à part entière.

Aujourd’hui encore, le débat sur ces nouvelles classifications propose des avis discordants à leur sujet vu les notables ressemblances entre les espèces, les tailles, les couleurs etc, et dans certains cas, la superposition des aires habitées, pourtant nous préférons suivre cette nouvelle ligne et retenir Ducula luctuosa, Ducula spilorrhoa et Ducula subflavescens comme étant trois nouvelles espèces, les détachant ainsi de Ducula bicolor.

En conséquence de cette nouvelle subdivision son aire a été partiellement réduite au bénéfice des nouvelles espèces bien qu’il garde la primauté pour la présence et l’entité de ses populations.

Ce pigeon est assez commun et bien présent sur son territoire naturel mais, au cours des années, il est également devenu l’un des oiseaux les plus élevés et les plus présents dans les jardins zoologiques à travers le monde pour son élégance et sa beauté ainsi que pour la facilité avec laquelle on l’élève en captivité. C’est également un pigeon recherché pour son allure qui lui donne l’air fier et en même temps élégant. C’est cette allure altière qui lui a valu l’épithète royale contenue dans son nom scientifique.

Le nom scientifique Ducula a une origine latine et dérive de “dux-ducis” = chef, d’où duce, duca, duke, duc, ducula, qui a mené au nom commun “impérial” qui lui est donné en italien comme dans le monde anglo-saxon.

Le genre bicolor vient aussi du latin pour nous rappeler que sa livrée est composée de deux couleurs, le blanc et le noir.

D’autres noms vulgaires : en anglais Pied Imperial-Pigeon, en allemand Zweifarben-Fruchttaube, en espagnol Dúcula Bicolor, en italien Piccione imperiale et en portugais Pombo-imperial-bicolor.

Zoogéographie

L’aire d’origine de ce pigeon strictement asiatique, inclut les îles du golfe du Bengale, Andaman, et Nicobar, et passe à travers l’Indonésie et la péninsule Indochinoise, jusqu’aux Philippines et la Nouvelle-Guinée. En plus des trois citées plus haut, en ces aires, d’autres sous-espèces ont été classifiées, liées à quelques îles des Moluques mais tout cela reste encore en discussion et on pense que d’autres pourront dans le futur être à leur tour reclassées. Les populations des îles Bismarck, des îles Aru, d’une partie de la Nouvelle-Guinée et l’aire méridionale de l’archipel indonésien incluant les côtes Nord de l’Australie qui concernait précédemment Ducula bicolor, sont désormais considérées territoires assignés à d’autres espèces.

Le Carpophage blanc est considéré comme une espèce sédentaire et ne migre pas, exception faite des mouvements intra-territoriaux liés et conditionnés par les différentes périodes de maturation des fruits dont il se nourrit.

Ce n'est pas un oiseau timide mais seulement réservé, bien qu'on puisse le trouver dans les parcs, gourmand de dattes et fruits. Il atteint 40 cm de long pour un poids de 500 g et une envergure de 45 cm © Giuseppe Mazza

Ce n’est pas un oiseau timide mais seulement réservé, bien qu’on puisse le trouver dans les parcs, gourmand de dattes et fruits. Il atteint 40 cm de long pour un poids de 500 g et une envergure de 45 cm © Giuseppe Mazza

Écologie-Habitat

Ce pigeon habite les forêts denses côtières de persistants, les bois de mangroves, avec de hauts arbres sur lesquels il se réfugie souvent pour ensuite descendre dans les arbres fruitiers, poussé par la nécessité. Il aime rester parmi les frondes où il passe facilement inaperçu bien que le blanc brillant de son manteau et son curieux et rapide mouvement de la tête pour lorgner qui passe en-dessous peuvent parfois révéler sa présence. Ce n’est donc pas un oiseau timide mais il est réservé comme c’est typique des colombidés qui vivent dans les forêts.

Il fréquente aussi souvent les cultures de cocotiers, de palmiers à huile et de diverses essences d’épices parmi lesquelles les noix de muscade sauvages et les baies parfumées dont il est particulièrement friand.

Dans les villes et les parcs on le voit souvent accroché aux pieds de dattiers sauvages ou aux graines d’autres palmiers pendant qu’il cherche méticuleusement les baies mures. Comme c’est souvent le cas pour les oiseaux frugivores son type d’alimentation participe à la dissémination des graines des plantes dont il se nourrit.

Morpho-physiologie

Comme le dit si bien le nom scientifique et certains de ses noms vulgaires, les couleurs de la livrée de ce pigeon sont principalement le blanc et le noir. Le corps est entièrement blanc laiteux avec les rémiges et la partie finale de la queue d’un beau noir vif. En vol ce contraste est bien visible même de loin, mais difficile à distinguer des autres carpophages cités, particulièrement parce que les autres Carpophages montrent une unique rayure noire sous la queue, visible seulement de près. Notre pigeon mesure 40 cm de long, peut peser jusqu’à 500 g et avoir une envergure de plus de 45 cm. Le bec est noir grisâtre à la différence de celui du Carpophage argenté (Ducula spilorrhoa) qui est jaune. Les juvéniles ont une livrée beaucoup moins contrastée et des couleurs plus atténuées.

Éthologie-Biologie reproductive

I Le Carpophage blanc niche habituellement pendant les mois de fin d’année même si on assiste souvent à des nidifications sporadiques en d’autres périodes. Le nid est une plateforme légère et faible de rameaux posés sur les frondes à des hauteurs peu élevées où sont pondus un ou deux œufs blancs. Le nid est tellement fragile que souvent on peut voir son contenu par en-dessous mais il s’avère suffisamment résistant pour remplir son devoir. Il ne niche pas en colonies mais souvent divers couples nichent dans des zones très proches.

Les couples ne nichent pas en colonies. Pas beaucoup d’ennemis exceptés les rapaces et l’homme qui, en plus de détruire les forêts, localement le passe à la casserole © Giuseppe Mazza

Les couples ne nichent pas en colonies. Pas beaucoup d’ennemis exceptés les rapaces et l’homme qui, en plus de détruire les forêts, localement le passe à la casserole © Giuseppe Mazza

A l’inverse, on le retrouve souvent en groupes comprenant de nombreux individus durant la recherche de nourriture, en particulier quand ils se réunissent sur les mêmes arbres durant la maturation des fruits. Les parents sont très attentionnés et les partenaires ne laissent que rarement le nid sans surveillance, qu’il contienne des œufs ou des poussins. L’incubation dure 17-19 jours et est effectuée par les deux parents. Les petits qui naissent sans plumes, restent au nid pendant 5 semaines, soignés par les deux parents, alimentés pour commencer avec le typique lait de pigeon ou lait de jabot, une bouillie prédigérée très nutritive, pour passer après un bref laps de temps directement à des graines et des fruits.

Il n’a pas d’ennemis particuliers sauf les habituels faucons et quelques aigles mais également l’homme qui dans certaines zones rurales le chassent pour sa délicieuse viande. Ce n’est pas une espèce en danger et il n’a pas été relevé d’importantes baisses dans ses populations puisque le territoire qu’il perd dans les forêts il le regagne graduellement en se rapprochant des centres habités.

Synonyme

Columba bicolor Scopoli, 1786.

 

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