Graphosoma italicum

Famille : Pentatomidae


Texte © Prof. Santi Longo

 

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Traduction en français par Catherine Collin

 

La Punaise arlequin ou Graphosome d'Italie (Graphosoma italicum) est présente en Europe de l'ouest jusqu'au Moyen-Orient et de la péninsule ibérique à l'Iran

La Punaise arlequin ou Graphosome d’Italie (Graphosoma italicum) est présente en Europe de l’ouest jusqu’au Moyen-Orient et de la péninsule ibérique à l’Iran © G. Mazza

La Punaise Arlequin, Graphosoma italicum Müller 1766, est une punaise hétéroptère de la famille Pentatomidae qui comprend des espèces caractérisées par un corps de forme arrondie ou subpentagonale, aux livrées vives et aux antennes comportant 5 articles, (antennomères).

La lèvre inférieure dauciforme, ou rostre, est formée de 4 segments. À l’intérieur de ce rostre coulissent les stylets buccaux permettant de piquer et sucer les fluides végétaux et animaux.

La partie dorsale du second segment du thorax, nommée scutellum ou écusson, est particulièrement développée.

Les ailes antérieures sont transformées en hémélytres, dont la moitié proximale est coriace et la distale membraneuse. Les ailes postérieures sont uniformément membraneuses ; au repos elles sont recouvertes par les antérieures auxquelles elles sont reliées durant le vol.

Sur le tégument sont présents diverses sortes de sensilles et d’appareils stridulatoires à friction ; la surface striée du second segment du thorax, ou métathorax, se déplace sur une sorte de peigne qui se trouve à la base inférieure de chacune des ailes antérieures, produisant un son très caractéristique.

La caractéristique livrée aposématique, qui par le vif contraste chromatique signale aux prédateurs une odeur et un goût désagréables, présente aussi une variété jaunâtre

La caractéristique livrée aposématique, qui par le vif contraste chromatique signale aux prédateurs une odeur et un goût désagréables, présente aussi une variété jaunâtre © Dionisio Cobos Barbero

La partie dorsale des segments abdominaux, du second au septième, est séparée et bien visible. Sur le thorax et l’abdomen des adultes d’un grand nombre de ces espèces se trouvent des glandes répulsives dont les sécrétions éloignent les prédateurs, surtout les araignées ainsi que les oiseaux et les reptiles.

Décrite par Müller en 1766, considérée comme sous-espèce ou synonyme de Graphosoma lineatum, cette espèce a été transférée au sein du genre Graphosoma créé par Laporte en 1833. Ce nom scientifique est un terme composé qui dérive du grec ancien “γράϕω” (grafo), écrire, et de “σῶμα” (soma), corps, en référence aux bandes et aux points noirs présents sur le corps. L’épithète spécifique, italicum, fait référence à l’Italie où les individus décrits pour la première fois furent collectés.

Zoogéographie

La Punaise Arlequin est présente en Europe occidentale jusqu’au Moyen-Orient. Elle est commune dans le nord et le centre de la péninsule italienne.

En Europe du Sud, péninsule italienne comprise, on rencontre Graphosoma lineatum (Linnaeus, 1758) répandue à travers l’Afrique du Nord et en Asie mineure.

Des taches sombres, disposées plus ou moins régulièrement, bien visibles sur cet accouplement, sont présentes sur la partie ventrale

Des taches sombres, disposées plus ou moins régulièrement, bien visibles sur cet accouplement, sont présentes sur la partie ventrale © Robert Combes

À l’heure actuelle, sur la base du séquençage du gène mitochondrial COI, les populations présentes en Italie sont partagées entre les deux espèces: Graphosoma italicum et Graphosoma lineatum et les 4 sous-espèces: Graphosoma italicum italicumGraphosoma italicum sardiniensis, présente en Sardaigne, Graphosoma lineatum lineatum et Graphosoma lineatum siciliensis, présente en Sicile et dans l’archipel maltais.

On y rencontre aussi l’espèce Graphosoma semipunctatum (Fabricius, 1775) qui macroscopiquement se différencie de la précédente par les rayures noires interrompues sur le pronotum.

Écologie-Habitat

Les différents stades de Graphosoma italicum vivent dans des milieux chauds et ensoleillés, sur de nombreuses plantes spontanées, surtout des Apiacées, dans des friches, même urbaines et sur des cultures industrielles et maraîchères avec une préférence pour le persil, la carotte et d’autres ombellifères, piquant les graines riches en substances nutritives. Sur les tournesols, en plus des fleurs, ces punaises piquent aussi les graines en formation. Normalement, le nombre d’individus présents sur les plantes n’est pas élevé et on les remarque aisément à cause de leur vive coloration aposématique.

Gros plan d'une ponte. L’aspect clair et diaphane du chorion indique que les œufs sont proches de l'éclosion

Gros plan d’une ponte. L’aspect clair et diaphane du chorion indique que les œufs sont proches de l’éclosion © Simon Robson

Morpho-physiologie

Les adultes présentent un corps arrondi, mesurant de 8 à 12 mm de long. La livrée est rouge-jaunâtre avec de larges bandes longitudinales noires. La partie dorsale du premier segment du thorax montre six bandes noires. Sur la partie ventrale on voit des taches sombres disposées plus ou moins régulièrement.

Les antennes sont noirâtres. Les pattes sont noires avec les tibias postérieurs plutôt rougeâtres. Cette caractéristique est retenue comme valide par les morphologistes pour distinguer l’espèce de sa congénère Graphosoma lineatum chez laquelle ils sont rougeâtres avec des points noirs.

Sa livrée, très vive, signale aux potentiels prédateurs l’odeur et la saveur désagréable qui lui sont données par les glandes répulsives.

Les œufs en forme de petits tonneaux de couleur jaunâtre, mesurent environ 1,5 mm ; ils sont déposés sur la végétation en pontes d’une trentaine environ. Les larves qui viennent de naître, celles du second ou du troisième stades mesurent respectivement 2,4 et 7 mm; elles ont un corps rougeâtre ou jaunâtre avec la tête et le thorax noirâtre et des points sombres sur l’abdomen.

Larve de premier stade à gauche et une nymphe, qui précède le stade adulte à droite

Larve de premier stade à gauche (© Robert Combes) et une nymphe, qui précède le stade adulte à droite (© Jesus Tizon)

Les nymphes, reconnaissables à la présence d’ébauches d’ailes, ont des taches noires sur la tête, le thorax et l’abdomen ; elles mesurent respectivement 9 mm au premier stade et 10 mm au second.

La livrée de la sous-espèce Graphosoma lineatum siciliensis, présente en Sicile, à ses différents stades, est très proche mais plus rougeâtre et les pattes sont noires.

Graphosoma italicum, a été considérée par le passé comme une sous-espèce européenne de Graphosoma lineatum. Des analyses ADN ont démontré qu’il s’agit d’une espèce à part entière proche de Graphosoma rubrolineatum. L’espèce la plus étroitement apparentée à Graphosoma lineatum est l’espèce méditerranéenne Graphosoma semipunctatum dont les pattes sont noires et les bandes rouges et noires interrompues sur le pronotum, où elles forment des points noirs.

Éthologie-Biologie Reproductive

Pendant les mois les plus froids, les adultes de Graphosoma italicum s’installent dans divers abris et reprennent leur activité au printemps, lorsqu’ils volent à nouveau vers les plantes hôtes pour s’y nourrir et où, après l’accouplement, les femelles pondent des grappes d’œufs.

Parfois les pontes sont trouvées par les femelles adultes d'hyménoptères parasitoïdes qui pondent à l'intérieur et leurs larves y grandissent aux dépens de leur hôte

Parfois les pontes sont trouvées par les femelles adultes d’hyménoptères parasitoïdes qui pondent à l’intérieur et leurs larves y grandissent aux dépens de leur hôte © Simon Robson

Ces pontes sont souvent découvertes par les femelles adultes d’hyménoptères parasitoïdes qui pondent à l’intérieur des œufs, où leurs larves accomplissent leur développement aux dépens de celles de la Punaise Arlequin. Les nouveaux adultes de la Punaise Arlequin prennent leur envol en pratiquant des trous caractéristiques dans le chorion. Les espèces parasites les plus fréquentes sont des Eupelmidae du genre Anastatus, Scelionidae du genre Trissolcus et Encyrtidae du genre Ooencyrtus.

Comme chez beaucoup d’espèces de Pentatomidés, lors de l’accouplement ces punaises sont en position tête-bêche ; vu la durée de la copulation, si l’un des partenaires décide de se déplacer, l’autre est obligé de le suivre à reculons.

Les larves qui viennent de naître restent quelques temps proches de la ponte maternelle pour ensuite se disperser sur la végétation lors des stades suivants. Le développement pré-imago est accompli à la fin de l’été lorsque l’unique génération annuelle rejoint en vol les abris pour y passer l’hiver.

Synonyme

Graphosoma lineatum ssp italicum O.F. Müller, 1766.

 

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