Philipomyia aprica

Famille : Tabanidae

 


Texte © Prof. Santi Longo

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Philipomyia aprica est un taon très commun en été sur les fleurs d'Apiacées dans les prés, les tourbières et les alpages de diverses régions de l'Eurasie

Philipomyia aprica est un taon très commun en été sur les fleurs d’Apiacées dans les prés, les tourbières et les alpages de diverses régions de l’Eurasie © Giuseppe Mazza

Le Taon des chevaux, Philipomyia aprica (Meigen, 1820), est un Diptère de la famille des Tabanidae qui compte environ 3.500 espèces de tailles moyennes et grandes, d’une longueur pouvant atteindre 20 mm et réparties dans toutes les régions du monde.

Elles sont caractérisées par de grands yeux composés, souvent iridescents, plus grands chez les mâles dont la tête est souvent holoptique, c’est-à-dire dont les yeux s’étendent sur le dos jusqu’à se rejoindre dans la zone frontale.

L’appareil buccal, de type piqueur-suceur, est plus robuste chez les femelles qui, après la fécondation, ont besoin de protéines et doivent sucer le sang des plaies qu’elles infligent aux mammifères pour faire mûrir leurs œufs.

Deux femelles. Leurs grands yeux composés sont rougeâtres avec souvent des reflets verts et brillants selon l'angle d'incidence de la lumière

Deux femelles. Leurs grands yeux composés sont rougeâtres avec souvent des reflets verts et brillants selon l’angle d’incidence de la lumière © Giuseppe Mazza

Les mâles se nourrissent aussi bien des sérums qui s’écoulent des plaies que de liquides sucrés et de pollen. De nombreuses espèces ont une implication importante sur les plans médical et vétérinaire car elles peuvent transmettre des maladies telles que la filariose, la trypanosomiase et la maladie du charbon.

Le nom du genre Philipomyia est difficile à interpréter. Il se pourrait qu’il soit composé du grec ancien “philos”, ami, et de “myia”, mouche, peut-être parce que c’est une mouche que l’on voit souvent, telle une amie, en compagnie de certains mammifères, en particulier les bovins et les équidés, dont elle suce le sang mais aussi plus simplement et avec une petite erreur de transcription de “Philippomyia“, c’est-à-dire “la mouche qui aime les chevaux”.

Leurs yeux composés sont en effet plus espacés que ceux des mâles et ont une courbure différente. À noter aussi les dents pointues des antennes tournées vers l'avant qui aident à distinguer cette espèce de sa congénère Philipomyia graeca

Leurs yeux composés sont en effet plus espacés que ceux des mâles et ont une courbure différente. À noter les dents pointues des antennes tournées vers l’avant qui aident à distinguer cette espèce de sa congénère Philipomyia graeca © Giuseppe Mazza

Le nom de l’espèce aprica, en latin “bien ensoleillée, exposée au soleil” fait en revanche clairement allusion aux endroits fréquentés par les adultes.

Zoogéographie

Philipomyia aprica est présente de l’Espagne à la France, au Nord et au Sud de l’Italie, à la Belgique et jusqu’au Sud des Carpates, à la Russie d’Europe et au Caucase, au Moyen-Orient et en Asie centrale.

Écologie-Habitat

Pendant la saison d’été c’est un des Taons les plus communs surtout dans les prés, les tourbières et les pâturages de montagne où les adultes visitent les fleurs d’Apiacées et se nourrissent de leur nectar et de leur pollen.

Les femelles, très actives, explorent leur territoire et, une fois fécondées, sont attirées par les odeurs émises par les grands ruminants mais peuvent aussi piquer les humains.

Morphophysiologie

Les adultes ont un corps trapu. Les femelles mesurent environ 18 mm alors que les mâles sont d’environ 15 mm.

Le troisième article des antennes est rouge foncé avec une pointe marron et une petite dent dans la partie supérieure.

Sa forme est plus pointue et tournée vers l’avant que celle de sa congénère Philipomyia graeca (Fabricius, 1794) dont le corps est en général rougeâtre et qui est présente dans le Nord de l’Italie.

Ses yeux composés sont très grands. Ils ont une couleur rouge-marron avec des reflets verts et brillants dont l’intensité varie selon l’angle d’incidence de la lumière. En conséquence, chez les femelles où ils sont légèrement espacés, ils sont généralement verts alors que chez les mâles, où ils sont en contact sur le dos, ils sont rouges.

La partie dorsale du second segment du thorax ou tergite métathoracique est plus ou moins marron et poilue. Les pattes sont jaunes-brunâtres.

Les ailes sont translucides et jaunes-brunâtres. La seconde paire d’ailes est transformée en balanciers de couleur jaune-brunâtre.

Un mâle se nourrissant de pollen et de nectar. À l'occasion il suce aussi le sérum des plaies infligées par les femelles à divers mammifères, surtout des bovins et des équidés

Un mâle se nourrissant de pollen et de nectar. À l’occasion il suce aussi le sérum des plaies infligées par les femelles à divers mammifères, surtout des bovins et des équidés © Giuseppe Mazza

Les segments de l’abdomen sont brunâtres. Leur bord inférieur est de couleur claire. Les œufs sont fusiformes, rayés, de couleur grisâtre.

Les larves, blanchâtres et fusiformes, ont une tête petite et sont de type amphipneustique, c’est-à-dire dotées de stigmates respiratoires au niveau du premier segment du thorax et de stigmates abdominaux qui débouchent sur une structure en forme de siphon.

Éthologie-Biologie reproductive

Les adultes sont floricoles et se nourrissent de pollen et de nectar.

On peut voir chez cette femelle les lames coupantes de l'appareil buccal qui entaillent jusqu'au sang la peau des mammifères. Pour pondre une centaine d'œufs dans des lieux marécageux elles ont en effet besoin d'environ 0,4 g de sang par jour. Les larves pour se transformer en pupes puis en adultes capturent pendant deux ans de petits insectes, des crustacés, des mollusques et des nématodes

Les femelles ont des lames qui entaillent jusqu’au sang la peau des victimes. Pour pondre une centaine d’œufs dans les marais elles ont besoin d’environ 0,4 g de sang par jour. Les larves pour se transformer en pupes puis en adultes mangent pour deux ans de petits insectes, des crustacés, des mollusques et des nématodes © Giuseppe Mazza

Les accouplements ont lieu au cours des heures de la matinée et de la soirée. Les femelles ont besoin de prélever environ 0,4 g de sang par jour pour pondre une centaine d’œufs dans des zones marécageuses où les larves capturent de petits insectes, des crustacés, des mollusques  et des nématodes.

Les larves vivent environ deux ans au cours desquels elles subissent de nombreuses mues avant de se transformer en pupes puis en adultes.

Synonymes

Tabanus apricus Meigen, 1820; Tabanus infuscatus Loew, 1858; Tabanus zizaniae Leclercq, 1957.