Solegnathus spinosissimus

Famille : Solenostomidae

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Texte © Giuseppe Mazza

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Solegnathus spinosissimus vit le plus souvent dans les eaux profondes le long des côtes australiennes de Brisbane au détroit de Bass, en Tasmanie et en Nouvelle-Zélande

Solegnathus spinosissimus vit le plus souvent dans les eaux profondes le long des côtes australiennes de Brisbane au détroit de Bass, en Tasmanie et en Nouvelle-Zélande © Paddy Ryan

Solegnathus spinosissimus (Günther, 1870), connu sous les noms vulgaires de Dragon de mer épineux, d’Hippocampe épineux d’Australie ou de Poisson-aiguille à bandes, a de fait des caractéristiques qui font penser à ces animaux, en particulier le Dragon de mer commun (Phyllopteryx taeniolatus), l’Hippocampe doré (Hippocampus kuda) ou le Poisson-aiguille zébré (Dunckerocampus dactyliophorus).

Tous en effet appartiennent, sans que ce soit dû au hasard, à la famille des  Syngnathidae qui est incluse dans l’ordre des Syngnathiformes avec 4 autres familles : les Aulostomidae connus sous le nom de poissons-trompettes, les Centriscidae appelés poissons-rasoirs, les Solenostomidae dits poissons-fantômes et les Fistulariidae qui constituent les poissons-flûtes.

Tous ces groupes ont pour caractéristique commune le fait que leurs mâchoires sont soudées en formant un tube souvent de grande taille, exception faite des adultes du genre Bulbonaricus qui le perdent, tel Bulbonaricus brauni, lors de leur passage du stade larvaire au stade adulte.

Le nom du genre Solegnathus est issu par référence à cet organe du grec ancien “σωλήν” (sōlḗn), canal, tube et “γνάθος” (gnathos), mâchoire, à cause de la mâchoire en forme de tube alors que le nom de l’espèce spinosissimus, très épineux en latin, fait allusion aux innombrables épines présentes sur le corps.

Semblable aux dragons de mer, aux hippocampes et aux poissons-aiguilles il a le museau allongé typique des Syngnathidae conçu pour aspirer et avaler entières de petites proies

Comme les dragons de mer, les hippocampes et les poissons-aiguilles il a le museau allongé typique des Syngnathidae conçu pour aspirer et avaler entières de petites proies © Paddy Ryan

Zoogéographie

Solegnathus spinosissimus vit dans le Sud-Ouest du Pacifique, en particulier dans les eaux situées au large de la Sunshine Coast au Sud du Queensland, jusqu’au détroit de Bass qui sépare l’État de Victoria de la Tasmanie. Depuis Cape Otway il atteint ensuite cette dernière et enfin la Nouvelle-Zélande.

Écologie-Habitat

Le Dragon de mer épineux a besoin de températures relativement basses comprises entre 9 et 15,5°C et se déplace en général sur les fonds détritiques, sablonneux ou limoneux  entre 30 et 230 m de profondeur.  Il  s’agrippe souvent grâce à sa queue préhensile aux algues, aux coraux et aux éponges comme les hippocampes afin de ne pas être entraîné par les courants ou, pire encore, comme cela arrive parfois, finir misérablement sur les plages emporté par une tempête.

Dans la partie Nord de son domaine il vit le plus souvent dans des eaux profondes alors qu’au Sud il nage souvent dans des eaux plus proches de la surface. Dans les eaux saumâtres de l’estuaire de Derwent près de Kingston en Tasmanie on peut même le trouver à 2 ou 3 m de profondeur.

Il utilise sa queue préhensile, comme les hippocampes, pour se fixer aux fonds, résister aux courants et attraper au passage le zooplancton

Il utilise sa queue préhensile, comme les hippocampes, pour se fixer aux fonds, résister aux courants et attraper au passage le zooplancton © Paddy Ryan

Morphophysiologie

Solegnathus spinosissimus atteint 49 cm de long. Il n’a pas d’écailles mais est protégé par des plaques osseuses épineuses portées par des anneaux au nombre de 24 à 27 pour le tronc et de 51 à 59 pour la queue qui forment des crêtes défensives plus nettement visibles chez les jeunes. 3 d’entre elles se trouvent sur les côtés du corps et 2 sur les côtés de la queue. Sa bouche, oblique et située à l’extrémité de son long museau, est dépourvue de dents. Ses minuscules proies sont avalées entières.

Le revêtement de son opercule est caractéristique de même que l’épine tronquée nettement visible située juste sous la nageoire pectorale qui le différencie, ainsi que le Solegnathus robustus, de ses autres congénères alors qu’il se distingue de ce dernier par son museau plus mince, son dos moins convexe et son côté ventral qui est plat au niveau du premier segment de la queue.

Sa modeste nageoire dorsale, située très en retrait au-dessus de sa microscopique nageoire anale, est pratiquement l’unique moyen de locomotion de ce poisson qui nage comme il peut, de façon désordonnée, grâce aux ondulations de ses 34 à 42 rayons inermes. La petite nageoire pectorale qui est placée à côté de la tête et possède 23 à 26 rayons mous sert essentiellement à maintenir l’équilibre et à changer de direction.

Il n'a pas d'écailles mais est protégé par des plaques osseuses épineuses qui forment de longues crêtes défensives. Sa livrée est en général rouge orangé avec des bandes verticales jaunes

Sans écailles, il est protégé par des plaques épineuses qui forment de longues crêtes défensives. Sa livrée est en général rouge orangé avec des bandes verticales jaunes © Paddy Ryan

La couleur de fond de sa livrée est rouge orangé ou rosée avec parfois sept zones comportant des taches symétriques noires sur le dos. Les flancs sont parcourus de nombreuses bandes verticales étroites de couleur jaune qui se transforment en taches sur la queue. Des séries de points et de petits traits jaunes existent également sur le dos, la tête et le museau. Il y a souvent à côté de l’anus une tache rouge caractéristique.

Éthologie-Biologie reproductive

Ancré grâce à sa queue préhensile Solegnathus spinosissimus se nourrit de zooplancton, surtout de petits crustacés et de larves de poissons qu’il attrape au passage.

À partir de 20 cm de long mais en général vers 30 cm les mâles sont en mesure de procréer.

Sous la première partie de la queue leur tissu devient spongieux, comme c’est le cas pour les poissons-aiguilles et les dragons, et prêt à accueillir et à incuber les 60 à 200 oeufs collés par la femelle.

Détail des œufs en incubation sous la queue du mâle. La modeste nageoire dorsale est tout-à-fait insuffisante pour un poisson qui frôle les 50 cm

Détail des œufs en incubation sous la queue du mâle. La modeste nageoire dorsale est tout-à-fait insuffisante pour un poisson qui frôle les 50 cm © Paddy Ryan

Il semblerait cependant qu’à leur éclosion les petits ne soient pas pélagiques et mènent aussitôt une vie benthique.

Comme les hippocampes le Dragon de mer épineux est aujourd’hui encore recherché par la médecine chinoise qui l’utilise, réduit en poudre, pour des préparations médicinales et des aphrodisiaques. Il est aussi malheureusement pris accidentellement dans les filets des chaluts de fond. Si en 2022 sa résilience était bonne, ses effectifs pouvant doubler en 1,4 à 4,4 ans, son indice de vulnérabilité lié à la pêche s’établissait déjà à 39 sur une échelle de 10.

Dans la Liste Rouge Solegnathus spinosissimus porte la mention “Data Deficient” (données insuffisantes) ce qui signifie qu’il n’y a pas assez d’éléments pour que l’on sache s’il est menacé.

Synonymes

Solenognathus spinosissimus Günther, 1870; Solenognathus fasciatus Günther, 1880; Solegnathus fasciatus Günther, 1880.

 

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