Wollemia nobilis

Famille : Araucariaceae


Texte © Pietro Puccio

 


Traduction en français par Jean-Marc Linder

 

Wollemia nobilis, Araucariaceae

Wollemia nobilis est un « fossile vivant » découvert en Australie en 1994 par le garde forestier David Noble © Giuseppe Mazza

L’espèce est originaire de Nouvelle-Galles du Sud, en Australie, où un nombre restreint d’individus vivent dans une petite région reculée du parc national Wollemi, au centre-est de l’état. L’arbre pousse sur des parois escarpées au fond de vallées encaissées, sur des sols rocheux et pauvres, recouverts d’une fine couche d’humus, à une altitude d’environ 900 m.

Issu du terme aborigène “wollumi” = « regardez autour de vous », le nom du genre rappelle le lieu d’origine, le parc national Wollemi ; le nom de l’espèce, l’adjectif latin “nobilis, e” = noble, évoque l’allure générale de l’arbre, mais fait aussi délibérément allusion au nom de son découvreur, le garde forestier David Noble.

Noms communs : dinosaur tree, living fossil, wollemi pine (anglais).

Wollemia nobilis W.G.Jones, K.D.Hill & J.M.Allen (1995) est un arbre monoïque, érigé, à feuilles persistantes et au tronc cylindrique, haut de 25 à 40 m et de plus de 1 m de diamètre, à l’écorce ridée qui se défait en fines écailles brun foncé chez les jeunes sujets, et est couverte chez l’adulte de tubercules spongieux d’environ 1,5 cm de long et 1 cm de large.

L’arbre a la capacité insolite de produire de nouveaux pieds près de sa base pour une sorte d’auto-recépage.

Les feuilles sont sessiles. Elles présentent trois formes différentes.

Sur les pousses verticales qui donneront naissance aux branches latérales, elles sont triangulaires, à l’apex aigu, disposées en spirale, longues de 0,5 à 1 cm et larges d’environ 0,4 cm à la base.

Sur les branches juvéniles, elles sont opposées ou sub-opposées, décurrentes (le limbe foliaire se prolonge sur la tige), oblongues-linéaires, à l’apex arrondi ou obtus, rigides et plates. Leur longueur est de 4 à 8 cm, leur largeur d’environ 0,4 cm. La couleur est verte intense sur la face supérieure, recouverte de pruine sur la face inférieure.

Sur les branches des sujets adultes, d’abord ascendantes, puis horizontales et enfin pendantes, les feuilles sont disposées en 4 lignes. Elles sont opposées ou sub-opposés, décurrentes, oblongues-linéaires, à sommet arrondi, vert foncé, et atteignent environ 10 cm de long et 0,8 cm de large.

Les feuilles ne sèchent pas pour tomber individuellement : c’est toute la branche qui sèche et se détache.

Les cônes mâles sont terminaux sur les branches latérales des arbres, jeunes et adultes. Ils sont cylindriques, longs de 6 à 15 cm pour un diamètre de 1 à 2 cm, et composés de plus de 500 écailles qui portent 4 à 9 sacs polliniques à leur face inférieure.

Wollemia nobilis, Araucariaceae

Ses feuilles sessiles caractéristiques étaient connues comme fossiles, mais personne n’aurait imaginé trouver une centaine d’individus vivants dans une vallée isolée de la Nouvelle-Galles du Sud. Les arbres atteignent 40 m de hauteur et 1 m de diamètre. Le tronc est couvert de tubercules spongieux larges de 1 cm et longs de 1,5 cm © Giuseppe Mazza

Les cônes femelles sont terminaux sur les branches latérales des arbres adultes. Ellipsoïdes, ils sont longs de 8 à 12 cm pour un diamètre de 7 à 10 cm, avec 300 écailles fertiles longues de 1,7 cm, larges de 2,2 cm et épaisses de 0,3 à 0,5 cm, avec un ovule sur la face supérieure. Les cônes mûrissent en 18 à 20 mois. Les cônes femelles sont généralement produits dans la partie supérieure de l’arbre.

Les graines mesurent 0,9 à 1,1 cm de long, 0,7 à 0,8 cm de large et environ 0,2 cm d’épaisseur ; elles sont entourées d’une aile de 1 à 2 mm de largeur, de couleur brune.

L’espèce se multiplie par graines, placées superficiellement sur un sol organique très draînant, maintenu humide et à une température de 26 à 28 °C. Elles germent après 3-4 semaines. La première fructification a lieu dès l’âge de 7 ans. L’espèce se multiplie aussi, facilement, par bouturage de pointe ou latéral, et par micropropagation.

Wollemia nobilis, Araucariaceae

Visibles sur les sujets jeunes et adultes, les cônes mâles se développent, suspendus au bout des branches latérales. Ils sont cylindriques, rougeâtres, larges de quelques centimètres et peuvent atteindre 15 cm de long. A maturité, ils comptent plus de 500 écailles qui portent, à la surface inférieure, 4 à 9 sacs polliniques © Giuseppe Mazza

D’une présence ornementale remarquable, de croissance rapide et de culture facile, il préfère les climats tempérés modérément chauds, avec des températures maximales ne dépassant pas 36 à 38 °C et des minimales à peine au-dessous de 0 °C, même si dès les premiers essais, les plants cultivés après sa découverte ont montré qu’il peut survivre jusqu’à des températures voisines de -10 °C. Il supporte le plein soleil, sauf dans les premières années où il a besoin d’ombre partielle. Il ne supporte pas les vents forts. Il demande des sols parfaitement drainants, acides (dans la nature, le pH du sol est d’environ 4), riches en substances organiques pour une croissance optimale, et maintenus humide, mais sans excès.

Connu comme fossile remontant à 200 millions d’années en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Antarctique, sa découverte fortuite dans une région reculée et inaccessible de l’Australie a été l’un des événements remarquables du XXe siècle, qui a suscité un grand intérêt dans le monde scientifique et tout autant de curiosité auprès du grand public, grâce à la large couverture médiatique de cette découverte.

Wollemia nobilis, Araucariaceae

Les cônes femelles poussent aussi à l’extrémité des branches latérales, uniquement sur les sujets adultes. Longs de 8 à 12 cm, ellipsoïdes, ils comptent 300 écailles fertiles avec un ovule à leur face supérieure, et mettent 18 à 20 mois pour mûrir. Wollemia nobilis est menacé dans sa vallée par des agents pathogènes introduits par l’homme © Giuseppe Mazza

Les autorités locales ont pris de multiples mesures pour la préservation de l’espèce : localisation exacte tenue secrète, limitation de l’accès à un nombre restreint de chercheurs, précautions phytosanitaires strictes pour éviter l’introduction de maladies et de plantes exotiques. De plus, après une première distribution de semences aux jardins et aux institutions botaniques, a été entreprise la commercialisation réglementée des graines et des jeunes plants obtenus par voie végétative, pour décourager la collecte illégale et financer des projets de conservation.

En raison du nombre limité d’individus, de leur localisation dans une aire restreinte, et de la présence d’agents pathogènes dangereux (Phytophthora cinnamomi et Phytophthora multivora) introduits par les premiers visiteurs, probablement par la semelle des chaussures, l’espèce a été inscrite sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature et des ressources naturelles), avec le statut « En danger critique d’extinction » (au plus haut niveau du risque d’extinction dans la nature et dans un futur très proche).

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