Histrio histrio

Famille : Antennariidae

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Texte © Giuseppe Mazza

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

L'Antennaire des sargasses (Histrio histrio) est une espèce presque cosmopolite qui occupe une aire très vaste aux températures comprises entre 21,4 et 29,2 °C.

L’Antennaire des sargasses (Histrio histrio) est une espèce presque cosmopolite qui occupe une aire très vaste aux températures comprises entre 21,4 et 29,2 °C © Viktor Peinemann

Connu sous le nom d’Antennaire des sargasses Histrio histrio (Linnaeus, 1758) appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées, à l’ordre des Lophiiformes et à la famille des Antennariidae qui est celle des poissons-grenouilles.

Ce sont des animaux qui déjà au début du Tertiaire pratiquaient la chasse avec une curieuse ligne  de pêche située sur leur tête et destinée à susciter la curiosité de leurs proies qu’ils avalent ensuite d’une seule bouchée.

Ces poissons sont aujourd’hui présents dans toutes les mers jusqu’à plus de 1.000 m de profondeur. Leurs dimensions varient de 3 cm aux 2 m de la Baudroie (Lophius piscatorius) qui à cause de sa taille et de la qualité de sa chair a donné son nom à l’ordre.

Le premier rayon de la dorsale de Histrio histrio s'est mué en une ligne de pêche dotée d'un leurre, l'illicium, qui sert à intriguer et à attirer les proies.

Le premier rayon de la dorsale s’est mué en une ligne de pêche dotée d’un leurre, l’illicium, qui attire les proies © Jean Marie Gradot

Ce sont des champions du mimétisme comme Antennarius commerson qui imite à la perfection les éponges du milieu dans lequel il vit et notre Antennaire des sargasses qui va à la dérive caché parmi les plantes flottantes et qui mérite pleinement le tautonyme Histrio histrio, du latin “histrionicus”, relatif au comédien, vu qu’on peut le comparer aux acteurs non seulement à cause des mouvements de sa ligne de pêche et de la forme surprenante de son corps mais aussi de sa livrée changeante dont les teintes et les motifs changent instantanément sous l’effet des chromatophores.

Zoogéographie

L’Antennaire des sargasses occupe une aire très vaste dans l’Ouest de l’Atlantique du Canada à l’estuaire du Rio de la Plata en Uruguay.

Dans l’Est de l’Atlantique on le rencontre depuis les Açores jusqu’au large de l’Afrique de l’Ouest où il dérive parfois avec le Gulf Stream jusqu’à la Norvège.

Dans l’océan Indien il est présent de l’Afrique du Sud à la mer Rouge, à Madagascar, à la Réunion et à l’île Maurice jusqu’aux côtes Est de l’Inde et à celle du Sri Lanka.

Sa présence dans l’Est du Pacifique reste à confirmer mais dans l’Ouest du Pacifique il atteint l’Australie, Taïwan, les Philippines, les Moluques, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Guam, les Tonga,  la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Zélande jusqu’aux îles Mariannes en Micronésie.

Écologie-Habitat

Histrio histrio est une espèce océanodrome qui descend jusqu’à 50 m  de profondeur mais on le rencontre en général dans les 2 premiers mètres à des températures comprises entre 21,4 et 29,2 °C . Il survit longtemps même hors de l’eau sur des radeaux flottants où il se réfugie parfois pour  échapper à l’attaque des poissons.

Morphophysiologie

L’Antennaire des sargasses peut atteindre 20 cm de long. Son corps court, sphérique et dépourvu d’écailles est couvert de protubérances ressemblant à des algues.

Ses nageoires pectorales et pelviennes lui servent de membres avec lesquels il s'agrippe à des végétaux flottants. La livrée de Histrio histrio peut changer instantanément de couleur.

Ses nageoires pectorales et pelviennes lui servent de membres avec lesquels il s’agrippe à des végétaux flottants. Sa livrée peut changer instantanément de couleur. Dans le sens des aiguilles d’une montre à partir du haut : © Ryne Rutherford © Jess et © Francisco Herrera

Ses nageoires pectorales dont il se sert comme des mains pour se fixer et se déplacer parmi les plantes flottantes sont pédonculées et possèdent 9 à 11 rayons. Il peut pour s’appuyer compter aussi sur ses grandes nageoires pelviennes. Sa nageoire dorsale a 3 épines dont la première s’est transformée en illicium et a une longueur inférieure à moins de la moitié de la deuxième épine et 11 à 13 rayons mous. La nageoire anale a 7 à 13 rayons inermes. Les rayons centraux de la nageoire caudale sont fourchus.

Sa bouche est grande et armée de nombreuses petites dents villiformes. Elle peut se dilater en une fraction de seconde et aspirer par un bond en avant des proies même de plus grande taille en expulsant violemment l’air par les ouvertures branchiales.

Il est difficile aux malchanceux de passage de comprendre que c'est un poisson quand il les observe immobile camouflé parmi les sargasses. Sa bouche peut s'ouvrir d'un coup avec un saut en avant en expulsant l'eau violemment par les ouvertures branchiales. Même des proies plus grandes peuvent se retrouvent dans son estomac dilatable.

Il est difficile aux malchanceux de passage de comprendre que c’est un poisson quand il les observe immobile camouflé parmi les sargasses. Sa bouche peut s’ouvrir d’un coup avec un saut en avant en expulsant l’eau violemment par les ouvertures branchiales. Même des proies plus grandes peuvent se retrouvent dans son estomac dilatable © Susanne Spindler

On observe à l’extrémité de la queue, surtout chez les juvéniles, une barre submarginale constituée de petites taches noires. Ces taches sont également présentes, plus grandes et espacées, avec différentes teintes ou de couleur blanche sur le reste du corps.

Éthologie-Biologie reproductive

Histrio histrio chasse avec voracité des poissons et des crevettes. C’est un cannibale dénué de scrupules qui n’hésite pas à avaler ses petits. C’est une espèce dioïque ovipare, c’est-à dire dotée de sexes séparés. La reproduction s’effectue durant presque toute l’année.

Les œufs de Histrio histrio sont pondus et fécondés les uns à côté des autres dans un radeau flottant qui se colle à la végétation.

Les œufs sont pondus et fécondés les uns à côté des autres dans un radeau flottant qui se colle à la végétation © Francisco Herrera

Étant donné le peu de mobilité de cette espèce il n’est pas toujours facile pour un mâle de trouver une compagne. Quand cela arrive il la suit et la courtise jusqu’à ce qu’elle soit prête à pondre.

Les œufs, réunis en une masse gélatineuse, forment un étrange radeau flottant où a lieu la fécondation. Ce petit navire finit plus ou moins rapidement par se coller aux plantes avec sa cargaison et les œufs demeurent ainsi réunis jusqu’ à leur éclosion. Les larves, qui mesurent environ 2 mm, se rencontrent même à 600 m de profondeur. Elles sont protégées par une structure sphérique qui entoure leur corps et comporte des ouvertures pour la bouche, l’anus et les nageoires. Quand, aux environs de 9 mm, cet involucre fusionne avec l’épiderme on peut parler de petits poissons.

Les larves de Histrio histrio mesurent environ 2 mm et sont protégées par une structure sphérique qui a des orifices laissant sortir les nageoires, la bouche et l'anus. Quand cet involucre fusionne avec l'épiderme, la taille étant alors d'environ 9 mm, on peut parler de poissons. Ici les juvéniles ont déjà un illicium et ressemblent beaucoup à leurs parents.

Les larves mesurent environ 2 mm et sont protégées par une structure sphérique qui a des orifices laissant sortir les nageoires, la bouche et l’anus. Quand cet involucre fusionne avec l’épiderme, la taille étant alors d’environ 9 mm, on peut parler de poissons. Ici les juvéniles ont déjà un illicium et ressemblent beaucoup à leurs parents © Ben Eddy (gauche) et © lillianclementine (droite)

La résilience de l’Antennaire des sargasses est élevée, la durée minimale nécessaire au doublement de ses effectifs étant inférieure à 15 mois, et même s’il est la proie de poissons plus grands et d’oiseaux de mer qui scrutent la surface de l’eau sa vulnérabilité à la pêche est très faible et s’établit à peine à 10 sur une échelle de 100. À part quelques prélèvements pour les aquariums il n’est pas en effet chassé par l’homme en raison  aussi du fait que sa chair peut être toxique et présenter un risque de ciguatera quand il se nourrit de poissons qui accumulent dans leur régime alimentaire la toxine produite par le dinoflagellé Gambierdiscus toxicus.

Dans certaines zones il est menacé par la pollution mais dans l’ensemble ses effectifs sont stables. Histrio histrio figure de ce fait depuis 2013 en tant que “LC, Least Concern”, c’est-à-dire “Préoccupation mineure” dans la Liste Rouge de l’UICN des espèces menacées.

Certains, en se déplaçant à la surface et se réfugiant même hors de l'eau sur des radeaux flottants pour échapper à la voracité des poissons finissent souvent dans la gueule des mouettes. Ses effectifs sont cependant stables et l'Antennaire des sargasses n'est pas actuellement considéré comme une espèce menacée.

Certains, en se déplaçant à la surface et se réfugiant même hors de l’eau sur des radeaux flottants pour échapper à la voracité des poissons finissent souvent dans la gueule des mouettes. Ses effectifs sont cependant stables et l’Antennaire des sargasses n’est pas actuellement considéré comme une espèce menacée © Stephen John Davies (haut) © Alejandra Flores (bas).

Synonymes

Lophius histrio Linnaeus, 1758; Antennarius histrio (Linnaeus, 1758); Chironectes histrio (Linnaeus, 1758); Pterophrynoides histrio (Linnaeus, 1758); Lophius tumidus Osbeck, 1765; Chironectes tumidus (Osbeck, 1765); Pterophryne tumida (Osbeck, 1765); Lophius histrio marmoratus Bloch & Schneider, 1801; Lophius laevis Latreille, 1804; Lophius raninus Tilesius, 1809; Antennarius raninus (Tilesius, 1809); Cheironectes raninus (Tilesius, 1809); Histrio raninus (Tilesius, 1809); Pterophryne ranina (Tilesius, 1809); Lophius cocinsinensis Shaw, 1812; Chironectes variegatus Rafinesque, 1814; Pterophryne variegatus (Rafinesque, 1814); Lophius gibbus Mitchill, 1815; Antennarius gibbus (Mitchill, 1815).

 

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