Agkistrodon piscivorus

Famille : Viperidae

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Testo © Dr. Gianni Olivo

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Agkistrodon piscivorus, Viperidae, Mocassin d’eau

Originaire de la Floride l’Agkistrodon piscivorus conanti peut dépasser 1,5 m avec un poids de 4 kg © G. Mazza

Le genre Agkistrodon comprend des vipéridés (inscrits autrefois parmi les crotalidés) appelés en langage courant mocassins et relevant de la sous-famille des crotalinés (Crotalinae).

Ce nom semble avoir pour étymologie l’algonquin, la langue des Algonquins, chez qui il désignait un type de chaussure simple et pratique fabriquée à partir d’une seule pièce de peau souple d’animal.

Modifié en “mocassin” ce terme est parvenu jusqu’à nous, Européens, et s’applique à une chaussure sportive habituellement sans lacets.

Il est vraisemblable que les Indiens d’Amérique utilisaient effectivement la peau de certains crotalidés relativement communs (“bouche-de-coton” et “tête cuivrée”) pour confectionner leurs chaussures, ce qui expliquerait le nom vulgaire de ces espèces de serpents venimeux qui se sont donc vus traités comme des…chaussures.

Il faut savoir, après cette entrée en matière, que les mocassins (les serpents) sont divisés en deux groupes : les Highlands mocasins ou Copperheads comme l’Agkistrodon contortrix et les Water moccasins ou Cottonmouth comme l’Agkistrodon piscivorus.

En général les Agkistrodon, tant aquatiques que terricoles, présentent diverses caractéristiques qui les distinguent des véritables crotales, la plus visible étant l’absence de cet organe que l’on appelle la sonnette.

Ces crotalinés ont cependant eux aussi l’habitude, quand ils sont en alerte ou irrités, de faire vibrer rapidement l’extrémité de leur queue mais, comme ils sont dépourvus de …castagnettes, le seul moyen qu’ils ont pour rendre audible leur avertissement est de frapper la végétation de leur queue, ce qui leur permet de produire un certain résultat bien qu’il soit moins folklorique et convaincant que le classique rat-tat-tat des serpents à sonnette.

Ce sont d’autre part aussi des “vipères à fossettes” dotés par conséquent d’organes thermorécepteurs qui leur servent à localiser des proies à sang chaud.

Le Mocassin d’eau (Agkistrodon piscivorus Lacépède, 1789) compte trois sous-espèces : le Mocassin de Floride ou bouche-de-coton de Floride (Agkistrodon piscivorus conanti) connu en anglais sous le nom de Florida water mocasin ou de Florida cottonmouth, le Mocassin de l’Est (Agkistrodon piscivorus piscivorus)appelé en anglais Eastern  water moccasin et le Mocassin de l’Ouest (Agkistrodon piscivorus leucostoma) appelé en anglais Western water mocasin.

Le Mocassin de Floride (Agkistrodon piscivorus conanti), représenté ici, est un gros serpent long en moyenne de 70 à 130 cm (le record étant de 190 cm) au corps robuste recouvert d’écailles légèrement carénées et dont le poids peut atteindre 4 kg et demi.

Sa tête vue de profil se différencie de celle de beaucoup de vrais crotales à la fois par sa fente buccale légèrement plus courte et par le bout de son museau qui est “fuyant” vers le bas ce qui fait que l’extrémité de son nez semble proéminente par rapport à sa bouche et paraît pointue. On peut le distinguer des deux autres sous-espèces par la coloration de sa tête qui présente en général une raie horizontale foncée sur la joue, surmontée et soulignée par deux raies claires derrière les yeux.

La livrée des jeunes et des sous-adultes portent un motif bien apparent constitué de bandes transversales qui tranche sur la couleur de fond du corps qui peut être jaunâtre, marron, grise ou rougeâtre. Les individus adultes ont toutefois tendance à devenir foncés de sorte que les motifs tendent à s’estomper et même disparaissent chez les individus âgés qui sont souvent presque uniformément noirs.

Agkistrodon piscivorus, Viperidae, Mocassin d’eau

Un nez proéminent et des bandes foncées qui tendent à disparaître en vieillissant. La morsure peut être mortelle © Giuseppe Mazza

C’est un serpent aux mœurs semi-aquatiques qui est tout autant à son aise dans l’eau où il nage vite et avec grâce que sur la terre ferme. Il est cependant difficile de le trouver loin de l’élément liquide.

Il aime particulièrement les zones marécageuses, les fondrières, les rives des cours d’eau, des lacs et des étangs et c’est un habitant typique des Everglades. Il se nourrit de poissons, comme le laisse entendre son nom scientifique, mais aussi de batraciens, de mammifères et d’oiseaux, aquatiques ou non.

La femelle, ovovivipare, met au monde de 2 à 15 petits qui mesurent à la naissance de 15 à 18 cm et “accouche” en général seulement une année sur deux.

De tempérament bagarreur il tient en général tête à un intrus. Pour cela il fait vibrer sa queue et produit une sorte de bourdonnement en la tapant contre la végétation pendant qu’il redresse sa tête vers le haut, la bouche grande ouverte, en montrant sa muqueuse blanche en guise d’avertissement.

Si ce stratagème ne fonctionne pas il n’hésite pas à mordre. Son venin, qui est cytotoxique et provoque des hémorragies, peut s’avérer mortel pour l’homme bien qu’il ne semble pas que les cas de décès soient nombreux.

Nombreux sont ceux qui croient qu’il attend les pêcheurs imprudents sur une branche située au -dessus de l’eau pour ensuite se laisser tomber sur son bateau et mordre le malheureux mais c’est une légende et les cas éventuels de mocassins …pleuvant depuis un arbre sur une embarcation sont probablement accidentels, quoique déplaisants.

Distinguer un mocassin de l’un des divers serpents d’eau (Nerodia) qui sont inoffensifs et que l’on rencontre plus fréquemment peut parfois n’être pas facile et il faut donc être prudent quand on cherche à capturer un serpent aquatique dans des zones où sont présentes les différentes espèces de cottonmouth.

Une différence empirique qui peut aider est le comportement à l’approche d’une personne : les serpents aquatiques inoffensifs (du genre Nerodia) plongent dans l’eau instantanément et à toute vitesse avec un splash sonore alors que les mocassins ont tendance à rester là où ils sont en se livrant aux démonstrations d’intimidation évoquées plus haut ou bien alors ils s’étirent très lentement et avec dignité comme il convient à un animal qui sait qu’il possède une arme létale.

Une différence qui efface tous les doutes, si l’on met à part les caractéristiques de la tête, les fossettes et l’œil à la pupille verticale propre aux crotalidés, est la disposition des écailles caudales ventrales qui sont réparties sur deux files chez le genre Nerodia  et sur une seule file chez le genre Agkistrodon mais pour se rendre compte de ces différences il est nécessaire de tenir en main son propriétaire…

L’aire de répartition n’est pas très étendue et comprend non seulement la Floride mais aussi l’extrémité Sud de la Géorgie et les îles au large de la côte de la Floride.

La sous-espèce de l’Est (Agkistrodon piscivorus piscivorus) a des dimensions et une livrée semblable à la précédente mais elle présente souvent des motifs plus nets bien que les adultes tendent à avoir une teinte uniforme et souvent noire. Son aire se superpose en partie à celle de la sous-espèce de Floride mais comprend aussi l’Alabama, la Géorgie et la Virginie.

La sous-espèce de l’Ouest (Agkistrodon piscivorus leucostoma) est celle qui est la plus petite (en moyenne 70 à 100 cm, le record étant de 157cm) et aussi la plus foncée (même chez les individus jeunes). On la trouve dans les zones humides et près de l’eau dans la partie Sud-Ouest des États-Unis.

 

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