Cetonia aurata

Famille : Cetoniidae


Texte © Prof. Santi Longo

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Cetonia aurata est présente dans les zones chaudes et tempérées de l'Europe centrale et méridionale et certains secteurs de l'Afrique du Nord et de l'Asie

Cetonia aurata est présente dans les zones chaudes et tempérées de l’Europe et certains secteurs de l’Afrique du Nord et de l’Asie © Erland Refling Nielsen

La Cétoine dorée ou Hanneton des roses Cetonia aurata (Linnaeus,1758) est un coléoptère appartenant à la famille des Cetoniidae qui rassemble des adultes qui ont un corps de dimensions moyennes, un peu déprimé et comportant des reflets métalliques et qui ne présentent pas de dimorphisme sexuel apparent.

À la différence des autres coléoptères les adultes de cette sous-famille peuvent déplier leurs ailes membraneuses postérieures sans soulever leurs élytres parce qu’il existe le long du bord de ces dernières une échancrure qui le permet.

Le prothorax, d’autre part, est solidaire du bord des élytres. La partie ventrale du second segment du thorax se prolonge vers l’avant sous la forme d’un appendice corniforme.

Détail de la tête. L'iridescence de couleur métallique est le résultat de l'interférence entre les rayons lumineux réfléchis par des micro-lamelles superposées

Détail de la tête. L’iridescence de couleur métallique est le résultat de l’interférence entre les rayons lumineux réfléchis par des micro-lamelles superposées © Güray Dere

Les larves, du type mélolonthoïde ou scarabéiforme, sont semblables à celles du Hanneton (Melolontha melolontha) et ont un corps de couleur blanchâtre, recourbé, trapu et peu mobile. Elles ont de courtes pattes thoraciques. Les derniers segments de l’abdomen, soudés et renflés, sont appelés pygidium. La disposition des soies existant dans cette zone permet d’identifier l’espèce.

Elles vivent dans le sol aux dépens de racines ou de substances organiques en décomposition en gardant leur corps replié en forme de lettre C et sont dites de ce fait cirtosomatiques.

L’étymologie du genre Cetonia créé par Fabricius en 1775 est incertaine. Elle se réfère peut-être au terme grec “chitonia” qui veut dire vêtement ou bien à l’adjectif “chtonios” = souterrain.

La vue de face dévoile les nombreux poils de la zone frontale et les antennes lamellées dont les derniers articles peuvent être écartés ou réunis comme les pages d'un livre

La vue de face dévoile les nombreux poils de la zone frontale et les antennes lamellées dont les derniers articles peuvent être écartés ou réunis comme les pages d’un livre © Kjell Nilsson

L’étymologie de “aurata”, dorée en latin, est plus claire et se réfère aux reflets dorés du tégument. Dans le premier cas la signification serait donc “vêtement doré” et dans le second “doré et souterrain” par allusion à la vie souterraine des larves et à l’émergence des adultes qui ont une couleur dorée.

Dans l’ancienne Égypte les Scarabaeidae constituaient le symbole de la renaissance et de la connaissance et étaient représentés les ailes tantôt ouvertes tantôt fermées avec des significations différentes.

Zoogéographie

Cetonia aurata est répandue dans les zones chaudes et tempérées de l’Europe centrale et de l’Europe méridionale et dans certains secteurs de l’Afrique du Nord et de l’Asie où une quarantaine d’espèces ont été décrites. 

Les adultes se nourrissent de pollen et de pétales de fleurs. L'appareil buccal de type masticatoire n'a pas de mandibules puissantes. Ils ne peuvent pas ronger les feuilles

Les adultes se nourrissent de pollen et de pétales de fleurs. L’appareil buccal de type masticatoire n’a pas de mandibules puissantes. Ils ne peuvent pas ronger les feuilles © Giuseppe Mazza

Écologie-Habitat 

Les adultes sont floricoles et se nourrissent du pollen et des pétales de fleurs.

Avec leur appareil buccal et leurs pattes dotées de crochets et de griffes ils endommagent surtout les roses et les fleurs appartenant aux genres Paeonia, Viburnum et Cotoneaster mais contribuent en échange à la pollinisation croisée.

Les larves vivent dans le sol ou les cavités d’arbres morts où les œufs ont été pondus et se nourrissent de déchets végétaux et du bois pourrissant au moyen de bactéries symbiotiques vivant dans leurs intestins.

La Cetonia aurata vole sans soulever ses élytres. Il n'est pas rare de trouver des rassemblements d'adultes attirés par des fleurs et des partenaires

Cetonia aurata vole sans soulever ses élytres. Il n’est pas rare de trouver des rassemblements d’adultes attirés par des fleurs et des partenaires © Rade Marković

Elles s’installent souvent dans les nids des fourmis (Formica rufa) qui tolèrent la présence de ces grosses larves car elles collaborent au nettoyage du nid en se nourrissant de déchets végétaux.

Morphophysiologie

Les adultes ont un corps d’une longueur d’environ 2 cm et une livrée métallique d’une couleur dorée vert clair accompagnée souvent de teintes bronze, violettes ou cuivrées.

La partie ventrale du corps a une couleur plus foncée, souvent cuivrée. Les antennes sont lamellées. Les derniers articles peuvent être écartés ou réunis comme les pages d’un livre.

Chez ce mâle les derniers articles des antennes sont écartés car il a trouvé et suivi le sillage odorant d'une femelle

Chez ce mâle les derniers articles des antennes sont écartés car il a trouvé et suivi le sillage odorant d’une femelle © Rade Marković

L’appareil buccal, de type masticatoire, n’est pas doté de mandibules puissantes. Ils peuvent donc ronger les pétales mais non les feuilles.

Les élytres, aux reflets métalliques, présentent des nervures transversales, courtes, irrégulières et blanchâtres.

La livrée varie tant au niveau des individus qu’en fonction des populations. Chez certains individus le premier segment du thorax est rougeâtre et les élytres vertes ou bleuâtres, voire bleues ou noires.

Ces couleurs sont de nature physique et qualifiées de structurelles car elles sont le résultat de la présence de rangées de rayures un peu plus éloignées de la longueur d’onde de la lumière.

L'accouplement a lieu à proximité. Les femelles pondent des dizaines d'œufs dans le sol ou les cavités des troncs des vieux arbres

L’accouplement a lieu à proximité. Les femelles pondent des dizaines d’œufs dans le sol ou les cavités des troncs des vieux arbres © Nick Smith

L’iridescence est le résultat de l’interférence entre les rayons réfléchis par les micro-lamelles superposées.

Ces couleurs d’avertissement, dites aposématiques, signalent aux prédateurs le mauvais goût de leur corps.

Les œufs, blanchâtres, ont une forme sphérique et un diamètre d’environ 1 mm.

Les larves ont un corps gros et trapu et des plis dorsaux épais. Leur tête est petite et de couleur marron. À la fin de leur croissance leur corps mesure de 3 à 4 cm, est de couleur blanchâtre, peu arqué et comporte de nombreux poils.

Trois larves blanchâtres exposées au jour remuant un compost où elles se nourrissent de déchets. Elles mesurent 3 à 4 cm. On note sur les côtés les stigmates respiratoires jaunes

Larves blanchâtres exposées au jour remuant un compost où elles se nourrissent de déchets. Elles mesurent 3-4 cm. On note sur les côtés les stigmates respiratoires jaunes © Giuseppe Mazza

Les pattes sont petites. Le long des parties latérales du thorax et de l’abdomen se trouvent les stigmates respiratoires qui sont de couleur jaune.

La disposition des poils présents dans le pygidium permet l’identification de l’espèce.

La larve adulte aménage une chambre nymphale de forme arrondie et d’un diamètre plus grand d’environ 3 cm en cimentant des particules de terre avec des excréments et des sécrétions salivaires. Elle effectue sa métamorphose à l’intérieur et se transforme en une chrysalide de type adectique, presque totalement immobile.

L’adulte, après être resté quelque temps dans la chambre nymphale, ouvre une brèche avec ses pattes robustes et remonte en surface.

Détail de la tête avec ses mandibules puissantes. Les larves sont strictement détritivores et à la différence de celles des Hannetons ne se nourrissent pas de racines

Détail de la tête avec ses fortes mandibules. Les larves sont strictement détritivores et à la différence de celles des hannetons ne se nourrissent pas de racines © Ralf Bauer

Éthologie-Biologie reproductive

Les adultes de Cetonia aurata apparaissent en juin-juillet et s’accouplent après s’être nourris de pollen et d’organes floraux. À l’occasion ils boivent les liquides sucrés qui suintent des blessures des troncs d’arbres.

Les femelles pondent des grappes de quelques dizaines d’œufs dans le sol ou les cavités des troncs de vieux arbres. La croissance larvaire s’achève habituellement au bout de deux ans mais sa durée dépend des conditions du milieu. Les larves sont strictement détritivores et ne se nourrissent pas de racines. Quand elles vivent dans la litière ou le compost elles ont une génération par an et contribuent efficacement à la formation de l’humus.

Le stade nymphal dure peu et s’achève aux mois d’avril-mai.

Les adultes apparaissent en juin-juillet. Leurs fleurs préférées sont les roses, où rongent les tendres pétales et les anthères riches en pollen

Les adultes apparaissent en juin-juillet. Leurs fleurs préférées sont les roses où ils rongent les tendres pétales et les anthères riches en pollen © Giuseppe Mazza

Les adultes sont actifs pendant les heures les plus chaudes de la journée. Aux premières heures de la matinée ils restent presque immobiles sur les plantes. S’ils sont dérangés ils se laissent tomber sur  le sol en état de thanatose et font semblant d’être morts. D’autre part ils produisent de l’acide urique et de l’acide formique qui donnent à leur corps un goût désagréable et nauséabond visant les éventuels prédateurs.

S’ils sont nombreux on doit les récolter à la main pour éviter d’abîmer les fleurs et les fruits mûrs.

Synonymes

Scarabaeus auratus, Linnaeus, 1758.

 

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