Melolontha melolontha

Famille : Scarabaeidae

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Texte © Dr Giovanni Luca Scardaci

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

La Melolontha melolontha, présente dans toute l'Europe, a été longtemps un fléau pour l'agriculture. Les larves dévorent en effet les racines des plantes potagères comme les pommes de terre et les adultes les feuilles des arbres et des arbustes © Giuseppe Mazza

La Melolontha melolontha, présente dans toute l'Europe, a été longtemps un fléau pour l'agriculture. Les larves dévorent en effet les racines des plantes potagères comme les pommes de terre et les adultes les feuilles des arbres et des arbustes © Giuseppe Mazza

Le Hanneton commun (Melolontha melolontha Linneaus, 1758); du grec ancien “melolanthé“, c’est-à-dire scarabée, est un coléoptère appartenant à la famille des Scarabaeidae. Cette famille, comme indiqué dans la notice sur les [Coleoptera, comprend plus de 20.000 espèces répandues dans le monde entier.

Le nom commun italien “maggiolino” est dû au fait que les adultes, en général, commencent leur vol zigzagant au mois de mai. En Angleterre on l’appelle cockchafer (ou maybug) et en Allemagne Feldmaikäfer.

Zoogéographie

L’espèce est présente dans toute l’Europe. Ses populations, jusque dans les années 50 du XX e siècle, étaient très abondantes dans toute l’Europe (dans certains cas elles constituaient un véritable fléau, spécialement dans les zones agricoles) puis elles ont régressé considérablement en raison des pesticides qui ont été utilisés parce qu’elles dévastaient les cultures au point de les détruire. Aujourd’hui, grâce à l’usage limité des pesticides destiné à favoriser l’agriculture biologique, elles recommencent lentement à croître.

4 espèces européennes appartiennent au genre Melolontha à savoir, outre Melolontha melolontha : Melolontha hippocastani (Fabricius, 1801), Melolontha pectoralis (Megerle von Mühlfeld, 1812) et Melolontha sardiniensis (Drumont, Muret, Hager & Penner, 1999). La dernière, découverte et décrite par Drumont en 1999, est présente uniquement en Sardaigne (c’est en fait un endémisme).

Écologie-Habitat

C’est une espèce phytophage. Elle se nourrit donc de plantes, en particulier de plantes herbacées (annuelles ou pérennes) mais aussi d’espèces arbustives. La larve se nourrit de racines (par exemple de pommes de terre) alors que l’adulte se nourrit de feuilles (en général de feuillus).

Morphophysiologie

L’adulte peut atteindre une longueur de 30 mm; il a un corps compact et robuste. Les élytres, qui ont des stries longitudinales très marquées, sont de couleur marron roux avec du duvet blanchâtre clairsemé; par contre le pronotum est de couleur noire et porte un duvet épais.

L’adulte, au corps compact et robuste, atteint une longueur de 3 cm. Les élytres , ici levées pendant qu’il déploie ses ailes, présentent des stries longitudinales marquées et un duvet blanchâtre clairsemé. Le pronotum est noir © Giuseppe Mazza

L’adulte, au corps compact et robuste, atteint une longueur de 3 cm. Les élytres , ici levées pendant qu’il déploie ses ailes, présentent des stries longitudinales marquées et un duvet blanchâtre clairsemé. Le pronotum est noir © Giuseppe Mazza

La région ventrale est de couleur noire (surtout les segments abdominaux qui deviennent blancs seulement à proximité des élytres) alors que la région du prosternum (l’équivalent du pronotum en position ventrale) est occupée par un duvet épais de couleur blanchâtre.

Il existe, bien que ce ne soit pas très évident comme dans le cas du Scarabée rhinocéros (Oryctes nasicornis), un dimorphisme sexuel : les mâles ont des antennes qui sont composées de 7 segments ou lamelles au lieu de 6 pour la femelle et sont plus longues que celles de la femelle. Les mâles et les femelles du hanneton sont donc très semblables. La larve peut atteindre 50 mm de long; elle a un corps mou et léger. Elle est de type melolontoïde. Ce terme, emprunté au nom scientifique de l’espèce, est utilisé pour désigner toutes les larves des autres espèces appartenant à la famille des Scarabaeidae qui sont recourbées en forme de C majuscule.

Seules la tête et les mandibules sont sclérifiées; les mandibules, en particulier, permettent à la larve de creuser des galeries et de se nourrir de racines. 3 paires de pattes sont, d’autre part, présentes.

Éthologie-Biologie reproductive

La larve se développe sous terre à proximité des racines dont elle se nourrit. Elle peut vivre jusqu’à 4 ans (elle passe l’hiver en creusant le sol jusqu’à une profondeur de 100 cm). À partir de fin avril et durant tout le mois de mai elle remonte vers la surface où elle passe au stade de pupe, c’est-à-dire qu’elle crée un cocon à l’intérieur duquel elle se métamorphose (se transforme) en adulte. Cette phase peut demander jusqu’à 6 semaines (la durée dépend principalement de la température extérieure et de l’humidité).

L’adulte peut vivre jusqu’à 7 ou 8 semaines ; comme dans le cas du Scarabée rhinocéros cette phase est consacrée principalement à la reproduction. La seule différence est que, dans ce cas, tout comme la larve, l’adulte se nourrit , en particulier de feuilles (herbacées ou arbustives) et aussi de feuilles d’arbres. Une femelle peut pondre, à proximité de racines herbacées ou arbustives, jusqu’à 80 œufs en plusieurs fois.

On observe un léger dimorphisme sexuel au niveau des antennes. Celles des mâles ont en effet 7 segments ou lamelles au lieu de 6 pour les femelles. Les larves passent environ 4 ans sous terre. Les adultes vivent 7 à 8 semaines © Giuseppe Mazza

On observe un léger dimorphisme sexuel au niveau des antennes. Celles des mâles ont en effet 7 segments ou lamelles au lieu de 6 pour les femelles. Les larves passent environ 4 ans sous terre. Les adultes vivent 7 à 8 semaines © Giuseppe Mazza

Lutte biologique et curiosités

Cet insecte, comme déjà mentionné plus haut, a constitué à une époque assez récente mais surtout au cours des temps historiques un vrai problème pour l’agriculture et a souvent été considéré comme un fléau en l’absence des pesticides modernes.

Au Moyen-Âge, aux alentours de 1320, le tribunal d’Avignon déclara le coléoptère hors-la-loi et le condamna à quitter le pays en peu de jours … On raconte même qu’il fut excommunié. À vrai dire nous ne sommes pas si différents puisqu’à Memphis (Tennessee) une loi interdit aux grenouilles de coasser après 23 h !

Pendant la révolution industrielle mais aussi avant, en guise de lutte biologique, le coléoptère était mangé rôti ou en soupe, spécialement en France et en Allemagne.

Depuis, l’introduction des pesticides modernes a efficacement contribué à réduire de façon considérable la présence du coléoptère invasif dans les terres cultivées mais, par la suite, les pesticides se sont avérés nuisibles à la santé humaine (et dans certains cas inutiles parce qu’ils tuaient les insectes “utiles” à la lutte biologique) du fait qu’ils sont absorbés par les plantes et les fruits cultivés.

Actuellement on cherche à limiter la présence du coléoptère dans les terres cultivées au moyen de la lutte biologique en se servant de parasites (bactéries, champignons et nématodes, de très petits vers plats parasites) qui ,en parasitant l’intérieur de la larve, en limitent la croissance et provoquent sa mort dans de nombreux cas.

Enfin ce coléoptère a été une sorte de “jouet” pour de nombreux enfants, depuis la Grèce antique jusqu’aux années 60-70 du siècle précédent en passant par l’ère victorienne. Les enfants attachaient un fil à une des pattes postérieures du coléoptère pour ensuite le libérer mais en tenant le fil pendant que le coléoptère volait en tentant de s’échapper (une sorte de cerf-volant) . Le coléoptère, pendant son vol, “dessinait“ de véritables spirales ce qui a amené Aristophane à écrire dans un vers de la comédie “Les Nuées“ que “la fantaisie est comparable au scarabée que l’enfant fait voler attaché à un fil“.

 

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