Chelidonium majus

Famille : Papaveraceae

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Texte © Eugenio Zanotti

 

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Traduction en français par Claude Leray

 

Chelidonium majus, grande chélidoine, Papaveraceae

Chelidonium majus est une plante herbacée apparentée aux coquelicots, à diffusion circumboréale © Giuseppe Mazza

Le genre Chelidonium est un genre monospécifique comprenant uniquement la grande chélidoine (Chelidonium majus L. 1753) appelée en anglais Swallowwort, Nipplewort et Tetterwort. Son aire de diffusion était à l’origine eurasienne, mais avec le temps elle est devenue circumboréale (zones tempérées et froides de l’hémisphère boréal).

Le nom de genre vient du grec «khelidôn» (latin chelidon), hirondelle, parce que les personnes âgées croyaient que cet oiseau soignait et ouvrait les yeux malades de leurs petits avec le jus de ces plantes ; Il est cependant plus probable que, comme l’a écrit Dioscorides, le nom vient du vent appelé Chelidonium qui souffle au printemps lorsque les hirondelles reviennent.

Les Romains ont appelé cette plante Hirundinaria. Plus récemment, le nom viendrait d’après d’autres auteurs du «Coeli donum» médiéval, don du ciel, car elle était considérée comme dotée de pouvoirs surnaturels.

Le nom d’espèce «majus» proviendrait du latin «maius» = mai, en raison de la période où la floraison se concentre, ou, d’après d’autres, de «magnus», qui signifie en latin grand.

La grande chélidoine est une plante herbacée vivace, ou rarement bisannuelle, (10) de 30-50 (90) cm de hauteur, à grosse racine pivotante, à tige orange-brunâtre, prostrée ou ascendante, ramifiée, avec des nœuds élargis et frêles de même que les tiges et les branches, légèrement pubescentes.

Chaque partie de la plante émet, lorsqu’elle est cassée, du latex blanchâtre qui, au contact de l’air, devient orange, rouge foncé et enfin brun.

Ses feuilles sont alternes, tendres, pétiolées, finement divisées avec un contour ovale (5-12 x 7-15 cm), avec 5-7 (11) segments lobés ou séparés, arrondis, vert opaque au-dessus, glauques au-dessous.

Les fleurs apparaissent d’avril à octobre, de 2 à 6 dans de petites ombelles terminales pédonculées; elles ont environ 2 cm de large, avec deux sépales libres, précocement caduques, et 4 pétales égaux, ovales-spatulés, jaune vif, de 5 x 9 mm, également fugaces ; les étamines sont jaunes, élargies sous les anthères, le stigmate est bilobé.

Chelidonium majus, grande chélidoine, Papaveraceae

Habituellement annuelle, la grande chélidoine peut atteindre 50 cm de hauteur, avec des fleurs d’environ 2 cm et de longs fruits pouvant dépasser 3 cm. Les tiges et les branches sont légèrement pubescentes. Elle pousse sur les murs, les ruines, dans les fourrés riverains, dans des sites ombragés, de la plaine jusqu’à environ 1200 m d’altitude © Giuseppe Mazza

Les fruits sont une sorte de capsules qui, lorsqu’elles sont mûres s’ouvrent en raison du détachement et du glissement des couches internes du péricarpe, elles sont siliquiformes, linéaires, glabres, dressées, gibbeuses et souvent sinueuses, elles peuvent dépasser les 3 cm, s’ouvrant par deux valves avec deux rangées intérieures de petites graines ovoïdes-réniformes, avec une surface finement et superficiellement dessinée en alvéoles, lustrées, de couleur brun-foncé ou noirâtre et à excroissance blanche (botaniquement : strophiole ou elaiosome), charnues, riches en huile et recherchées par les fourmis qui assurent leur dissémination (myrmécochorie) en transportant les graines au fond des fissures des murs.

Elles sont en effet gourmandes de ces excroissances d’origine épidermique mais ne touchent pas aux graines qui trouvent le bon endroit pour germer. Lorsqu’elles sont manipulées, toutes les plantes dégagent une odeur désagréable qui peut être définie comme «narcotique-empoisonnée».

La grande chélidoine pousse sur les murs, entre les ruines, dans les fourrés riverains, dans des endroits ombragés, depuis la plaine jusqu’à 1200 (1600) m d’altitude. Le latex contient plusieurs alcaloïdes isoquinoliniques, très actifs et toxiques s’ils sont surdosés : copiticine, protropine et allocryptopine (à action morphinique), stylopine, chélidonine, homochélidonine, berbérine, coptisine, spartéine, fumarine, sanguinarine, chélidoxanthine, chélérythrine, etc. ), acides malique et chélidonique, résines, enzymes protéolytiques, mucilages, une substance colorante (chélidoxanthine), sels minéraux (en particulier phosphates de calcium, d’ammonium et de magnésium), huiles et résines éthérées.

Chelidonium majus, grande chélidoine, Papaveraceae

Les feuilles alternes peuvent avoir 15 cm de long. Elles sont tendres, pétiolées, très divisées avec un contour ovale, avec des segments élégants lobés ou séparés, arrondis. La face supérieure est vert opaque, l’inférieure est glauque © Giuseppe Mazza

Le temps le plus propice pour la récolte de la plante entière se situe à la fin de l’été.

À l’état frais, le latex et son extrait glycériné alcoolique sont utilisés comme kératolytiques pour faire régresser les verrues cutanées, les papillomes, le psoriasis et pour adoucir les callosités et les cors.

Avant d’intervenir pour aider à la mise bas des vaches ou des chevaux, on utilisait comme désinfectant pour les mains une décoction de plantes de plus grande taille et, en cas de maux de dents, on utilisait la plante fraîche hachée dans de l’eau bouillante pour faire des fumigations afin de soulager la douleur.

La grande chélidoine est antispasmodique, narcotique, cathartique, cholagogue, sialagogue, hypotensive, diurétique et vermifuge.

Certains alcaloïdes de la grande chélidoine se sont révélés efficaces contre le staphylocoque doré.

La décoction de la plante ou le jus, très diluée, est utilisée sous contrôle médical dans la blépharite, les ulcères de la paupière, la conjonctivite et l’ophtalmie chronique.

Chelidonium majus, grande chélidoine, Papaveraceae

Les fleurs s’ouvrent d’avril à octobre et les fruits sont des capsules siliquiformes © Giuseppe Mazza

Les préparations pour usage interne sont exclusivement de la compétence des médico-herboristes et doivent donc être exclues des emplois domestiques.

Sur la base de pouvoirs cytotoxiques avérés, la grande chélidoine est encore à l’étude avec d’autres espèces (Colchicum, Vinca, etc.) en tant que sources potentielles de principes actifs dans les thérapies oncologiques.

La chélidonine, alcaloïde chimiquement similaire à la papavérine, est extraite du jus frais, elle a un effet spasmolytique sur les voies biliaires et sur les bronches.

La grande chélidoine est parfois cultivée dans les jardins pour des haies, en particulier sa variété «Laciniata» caractérisée par des pétales crénelés ou incisés et des lobes foliaires profondément incisés.

La grande chélidoine est semblable à d’autres papavéracées comme les coquelicots, par exemple, le coquelicot commun (Papaver rhoeas) qui commence à fleurir à la même époque et à d’autres genres tels que Roemeria et Galucium, Ipecoum, Platycapnos, Fumaria, Corydalis, etc. ., ou à l’Escocholzia californienne, cultivée comme plante ornementale dans les jardins avec ses merveilleux pétales de couleur orange vif, qui contrastent et s’accordent bien avec la couleur bleu glauque de la plante.

Chelidonium majus, grande chélidoine, Papaveraceae

Ils s’ouvrent à maturité. Les graines montrent bien, dans le gros plan à droite, les excroissances charnues appelées strophiole ou elaiosome. Riches en huile, elles sont recherchées par les fourmis qui contribuent à leur dissémination © Giuseppe Mazza

Nous rappelons que Galucium flavum, connu sous le nom de pavot à cornes jaunes en raison des très longues capsules qu’il produit, est une plante côtières et nitrophiles, qui vit dans les pentes sèches, les dunes et les plages, et qui contient dans ses parties vertes le principe actif glaucopicrine. en plus de la chélérythropine, de la protropine, de la sanguinarine, des substances résineuses et mucilagineuses.

En pressant la plante fraîche, on obtient un jus jaunâtre qui est utilisé depuis longtemps en médecine humaine et vétérinaire pour le traitement des surfaces cutanées ulcérées et, dans la tradition populaire, on prépare des infusions et des décoctions pour administrer aux enfants comme sédatif, même si cette pratique est fortement déconseillée en raison de leur teneur en alcaloïdes.

Je rappelle à cet égard que l’emploi de plantes comestibles sauvages et officinales, à l’exception de celles qui ont été prouvées valables depuis longtemps et exemptes de dangers dus à la présence de substances toxiques ou de poisons (camomille, tilleul, mauve, mélisse, thym, etc.), ne doit pas être fait sans les conseils d’un médecin ou d’un herboriste patenté et, dans tous les cas, la récolte doit être faite dans des endroits sains, loin des routes, des zones industrielles, des champs avec une agriculture intensive employant des herbicides, des produits phytosanitaires et des eaux usées.

Chelidonium majus, grande chélidoine, Papaveraceae

Chaque partie de la plante, coupée, émet un latex blanchâtre qui à l’air devient orange, rouge foncé et enfin brun. Encore maintenant, ce produit est utilisé pour enlever les verrues © Giuseppe Mazza

Préparations :

Latex pour éliminer les callosités et les verrues

Casser de petits morceaux de tige et utiliser le latex frais trois fois par jour sur les callosités ou sur les verrues en protégeant la peau saine. Tous les jours jusqu’à régression.

Synonymes: Chelidonium laciniatum Mill. (1768); Chelidonium majus var. plenum Latourr. (1785); Chelidonium majus Lour. (1790) Chelidonium majus var. tenuifolium Lilj. (1792); Chelidonium ruderale Salisb.(1796); Chelidonium murale P. Renault (1804); Chelidonium majus var. laciniatum (Mill.) Lam. & DC. (1805); Chelidonium majus var. laciniatum Roth (1811); Chelidonium umbelliferum Stokes (1812); Chelidonium majus var. grandiflorum DC. (1821); Chelidonium dahuricum DC. (1824); Chelidonium grandiflorum DC. (1824); Chelidonium majus var. fumariifolium (DC.) K.Koch (1833); Celidonium olidum Tarscher. Ex Ott (1851); Chelidonium majus var. hirsutum Trautv. & C.A.Mey. (1856); Chelidonium majus f. laciniatum Schube (1913) pubbl. 1914; Chelidonium cavaleriei H.Lév. (1915); Chelidonium majus subsp. grandiflorum (DC.) Printz (1921); Chelidonium majus L. var. plenum H.R.Wehrh. (1930); Chelidonium majus subsp. laciniatum (Mill.) Domin (1947); Chelidonium majus subsp. asiaticum H.Hara (1949); Chelidonium majus L. f. acutilobum Fast (1953); Chelidonium majus L. f. quercifolium Fast (1953); Chelidonium majus L. f. serratum Fast (1953); Chelidonium majus L. var. pleniflorum Lawalrée (1955).

 

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