Chrysolophus pictus

Famille : Phasianidae

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Texte © Dr. Gianfranco Colombo

 

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Traduction en français par Catherine Collin

 

L’aire d'origine de Chrysolophus pictus est la zone boisée de la Mongolie et de l'ouest de la Chine mais il a été introduit sur tous les continents pour sa beauté © G. Mazza

L’aire d'origine de Chrysolophus pictus est la zone boisée de la Mongolie et de l'ouest de la Chine mais il a été introduit sur tous les continents pour sa beauté © G. Mazza

Ce magnifique oiseau est désormais une espèce tellement hybridée que souvent on a du mal à comprendre avec exactitude si l’individu que l’on voit correspond vraiment à l’holotype décrit par celui qui l’a classifié ou s’il s’agit d’un nouveau croisement à peine obtenu. Il n’y a pas de zoo, de jardin botanique, de ferme pédagogique ou d’élevage de passionnés d’oiseaux qui n’ait ce faisan si particulier aux couleurs tellement éclatantes parmi leurs pensionnaires.

Il est certain que le nom vulgaire qui lui a été donné par de nombreuses populations européennes n’a pas été le fruit d’études ou d’élucubrations littéraires ou scientifiques si courantes quand il s’agit d’affubler de noms spectaculaires les oiseaux exotiques.

Il est difficile d’énumérer toutes les couleurs, changeantes à la lumière, présentes dans la livrée de ce faisan long d'environ 1 mètre ; difficile aussi de dire laquelle manque © Giuseppe Mazza

Il est difficile d’énumérer toutes les couleurs, changeantes à la lumière, présentes dans la livrée de ce faisan long d'environ 1 mètre ; difficile aussi de dire laquelle manque © Giuseppe Mazza

Il est facile de comprendre que le nom de faisan doré donné à cet oiseau, n’est rien d’autre que le fruit de cette intuition naturelle que l’on a lorsqu’on le voit pour la première fois. L’or est la couleur la plus éblouissante présente dans sa livrée. En effet, comme nous le verrons, même Linné, bien avant, avait tiré les mêmes conclusions. Introduit au XVIIIème siècle en Europe, au vu de sa fécondité et de sa domestication aisée, il fut immédiatement adopté par les éleveurs de l’époque qui développèrent sa présence sur tout le continent. Avec le même intérêt, il commencèrent à hybrider l’espèce d’origine avec d’autres variétés et espèces affines, jusqu’à obtenir tant de tonalités variées et de couleurs qu’il est devenu difficile d’en certifier les origines.

Le jour il gratte le sol dans le sous-bois, se nourrissant de graines, germes, petits invertébrés et insectes © G. Mazza

Le jour il gratte le sol dans le sous-bois, se nourrissant de graines, germes, petits invertébrés et insectes © G. Mazza

A l’heure actuelle, il n’y a plus aucun endroit au monde, même reculé, où cet oiseau ne soit présent en captivité.

On a assisté sur tous les continents et aux latitudes adaptées, à sa diffusion y compris à l’état sauvage, ce qui fait qu’aujourd’hui on en rencontre des colonies installées dans des endroits où il n’aurait jamais pu arriver par des moyens naturels.

Le Faisan doré (Chrysolophus pictus Linnaeus, 1758) appartient à l’ordre des Galliformes ed et à la famille des Phasianidae, oiseaux présents sur tous les continents et sous toutes les latitudes.

Il fut d’abord classifié dans le genre Phasianus l’origine étymologique du nom provenant de Phasis un fleuve de Colchide, l’actuelle Géorgie, où vivaient les faisans communs auxquels les Argonautes durant leur quête à la recherche de la “Toison d’or”, avaient donné le nom de Phasian.

Le nom de genre actuel Chrysolophus est composé de deux termes du grec ancien, “husos” = or et “lophos” = crête, pour décrire une de leurs caractéristiques particulières et le nom d’espèce vient du latin “pictus” = peint.

En Europe on le nomme d’après les caractères rapportés ci-dessus. En anglais Golden Pheasant, en italien Fagiano dorato, en espagnol Faisán dorado, en allemand Goldfasan et en chinois, son lieu d’origine, ken ki, c’est-à-dire poulet d’or.

Quand il se repose immobile au sol, dans le clair-obscur des sous-bois, il peut même passer inaperçu © Giuseppe Mazza

Quand il se repose immobile au sol, dans le clair-obscur des sous-bois, il peut même passer inaperçu © Giuseppe Mazza

Zoogéographie

L’aire d’origine de ce faisan est la zone boisée de la Mongolie et de l’ouest de la Chine mais désormais il est présent sur tous les continents dans les aires qui présentent les conditions climatiques et environnementales de son territoire d’origine.

Ne connaissant que peu sa vie à l’état sauvage et la réelle consistance de ses populations, on peut avancer l’hypothèse selon laquelle le nombre des oiseaux en captivité est supérieur à celui des oiseaux en liberté.

Écologie-Habitat

Bien que coloré et très voyant, cet oiseau est assez timide et il est très difficile à voir dans son milieu naturel. Les denses forêts, surtout de conifères, avec d’épais sous-bois arbustifs, épaissis d’une couche d’herbe parfois impénétrable, est l’habitat parfait pour camoufler n’importe quel animal de quelque couleur qu’il soit. Étant principalement un oiseau terrestre, il passe toute la journée au sol, plongé dans ces basses broussailles. Il réussit ainsi à mener une vie cachée et échappe souvent à la vue d’observateurs ou d’agresseurs. Il ne s’envole que difficilement sauf poussé par son instinct de survie ou pour rejoindre quelque femelle lors de la période de reproduction. Il préfère courir au sol montrant des capacités motrices et une adresse exceptionnelle pour se frayer un chemin dans le sous-bois épais. La nuit, comme le font souvent les faisans, le voici monté à une bonne hauteur sur un arbre et perché pour la nuit sur de grosses branches feuillues à l’abri des prédateurs terrestres. Il vit à des altitudes n’excédant pas 1 500 mètres et durant l’hiver il aime descendre dans le fond des vallées dans les forêts de feuillus, à la recherche de nourriture et pour trouver de meilleures conditions atmosphériques mais il retourne immédiatement dans son territoire d’origine à peine arrivée la belle saison. À part cette petite migration d’altitude, le Faisan doré est considéré comme étant une espèce sédentaire.

Morpho-physiologie

Il n’est pas facile d’énumérer toutes les couleurs présentes sur la livrée de ce faisan et de les mettre à la bonne place, vu la grande variété de tons et la bizarre disposition de ces couleurs sur son corps. Il est sûrement plus simple d’observer une photo de cet oiseau en habit nuptial et d’admirer en détail cette incroyable palette de couleurs que de chercher à le décrire. L’or est présent sur une capuche-crête qui descend sur la nuque et sur la partie inférieure du dos jusqu’à l’attache de la queue. Le rouge vermillon couvre entièrement la gorge, la poitrine et les flans et crée des “pantalons” qui, partiellement, habillent également la partie supérieure des pattes. Sur la partie inférieure de la nuque est présente une délicate couverture orangé, avec de fines rayures noires transversales, résultat d’un allongement des plumes du cou qui forment un très élégant châle.

La nuit il grimpe à une bonne hauteur sur les arbres à l'abri des prédateurs terrestres © Giuseppe Mazza

La nuit il grimpe à une bonne hauteur sur les arbres à l’abri des prédateurs terrestres © Giuseppe Mazza

Est présente aussi une large tache bleue scapulaire qui contraste avec le jaune doré de la partie inférieure du dos. Des nuances bleues sont bien visibles même sur les couvertures alaires. La queue est très allongée, de couleur blanc-jaunâtre grandement et finement tachetée de noir, avec des plumes mélangées à d’autres légèrement plus courtes d’une vive couleur rouge. Les yeux sont jaunes vif ; le bec, la cire et les pattes sont jaunâtre. C’est un travail difficile de lister toutes ces couleurs avec exactitude. En revanche, la femelle est de couleur marron brunâtre avec une queue notablement moins longue. Chez celle-ci l’iris est, contrairement aux mâles, marron depuis l’enfance, une caractéristique qui facilite grandement le sexage des individus immatures. Le mâle du faisan doré mesure environ un mètre de long sur lequel environ 60/70 cm sont dévolus à la seule queue et peut peser jusqu’à 900 g. Son envergure peut dépasser les 70 cm. Les jeunes revêtent la livrée d’adulte leur seconde année, prenant avec l’avancée de l’âge des couleurs plus vives et brillantes.

En captivité c’est un oiseau élevé dans le seul but ornemental bien qu’ayant une chair excellente et goûteuse. Différentes hybridations ont été obtenues avec son congénère le Faisan de Lady Amherst (Chrysolophus amherstiae) donnant des individus fertiles qui ont à leur tour donné naissance à de nouveaux et toujours plus complexes croisements.

Éthologie-Biologie reproductive

Le faisan doré se nourrit de graines, germes, petits invertébrés et insectes qu’il trouve en fouillant dans le sous-bois, grattant le sol de la même manière que celle adoptée par nos poules et en général par tous les faisans. Il est généralement silencieux sauf durant la période d’accouplement quand il émet un caractéristique et puissant appel. Lorsqu’il s’envole à l’improviste il émet un cri rapide et strident qui, ajouté à ce typique son émis par le battement très rapide de ses ailes, épouvante et détourne pendant un instant l’attention de l’intrus ou de l’éventuel agresseur. Il est polygame mais le nombre de ses femelles est d’habitude très réduit.

La femelle pond de 8 à 12 œufs crème, dans un léger creux du sol recouvert d’herbes sèches et de plumes qu’elle perd durant l’incubation et dont la quantité s’accroît au fur et à mesure de l’opération. La mère est une couveuse assidue et ne laisse que rarement sa couvée, renonçant souvent à manger et boire pendant de longues périodes. Après environ 23/25 jours naissent des petits précoces et bien pourvu de plumes qui quittent le nid dès que la couvée est complète. La poule s’occupe des jeunes pendant environ un mois avant qu’ils ne prennent leur totale indépendance même s’ils sont capables de s’alimenter seuls dès leur premier jour de vie. Les jeunes demeurent avec leur mère en groupes familiaux pendant quelques mois. Le fait qu’ils puissent s’envoler à seulement deux semaines bien qu’étant si petits qu’on dirait de petites cailles est tout bonnement incroyable !

Mutations et hybrides sont fréquents. Facile à élever et à reproduire, il est présent dans presque tous les parcs zoologiques, fermes pédagogiques et collections d'amateurs © Giuseppe Mazza

Mutations et hybrides sont fréquents. Facile à élever et à reproduire, il est présent dans presque tous les parcs zoologiques, fermes pédagogiques et collections d’amateurs © Giuseppe Mazza

Il semble que Pline l’Ancien ait identifié dans le célèbre Phoenix cet oiseau aux couleurs éclatantes. Dans la tradition chinoise et dans les peintures des anciennes dynasties cet oiseau est souvent reproduit ainsi qu’évoqué dans les récits populaires.

Pour finir, durant la période nazie, les hauts fonctionnaires du parti étaient ironiquement affublés du nom “faisans dorés” parce que pompeusement galonnés et médaillés et pourvus d’uniformes colorés les faisant ressembler à cet oiseau.

Synonyme

Phasianus pictus Linnaeus, 1758.

 

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