Comparettia macroplectron

Famille : Orchidaceae


Texte © Prof. Pietro Pavone

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Comparettia macroplectron est une épiphyte endémique des montagnes colombiennes.

Comparettia macroplectron est un épiphyte endémique des montagnes de Colombie, entre 1500-2500 m, mais son aire est probablement plus vaste © Sebastian Vieira-Uribe

Comparettia macroplectron Rchb.f § Triana (1878) est une espèce de la famille des Orchidaceae, de la sous-famille des Epidendroideae, de la tribu des Cymbidieae et de la sous-tribu des Oncidiinae. C’est une plante endémique des territoires de l’Équateur dépendant des départements de Boyaca, de Meta et de Cundinamarca (Choachi, Fomeque, Ubaque et Caqueza).

Son aire de distribution pourrait même être probablement plus vaste mais on n’en a pas aujourd’hui la confirmation.

On la trouve à proximité de cours d’eau, dans le biome tropical humide, à des altitudes allant de 1500 à 2500 m.

Les pseudo-bulbes portent 2 ou 3 feuilles d’environ 7,5 cm. L’inflorescence, arquée, atteint 35 cm et est parfois ramifiée irrégulièrement avec jusqu’à 8 fleurs par branche.

Les pseudo-bulbes portent 2 ou 3 feuilles d’environ 7,5 cm. L’inflorescence, arquée, atteint 35 cm et est parfois ramifiée irrégulièrement avec jusqu’à 8 fleurs par branche © Giuseppe Mazza

Elle vit sur diverses espèces d’arbustes comme le goyavier (Psidium guajava L. 1753) et le myrthe blanc (Myrcianthes leucoxyla (Ortega) Mc Vaugh) qui, grâce à leur écorce rugueuse et à leur feuillage épais, lui permettent d’avoir une croissance très vigoureuse.

Le genre a été décrit en 1836 dans le grand ouvrage en trois volumes Nova genera ac species plantarum, quas in regno Chilensi Peruviano et in terra Amazonica (Nov. Gen. Sp. Pl vol. 1 p. 42, 1836) du botaniste, zoologue et explorateur allemand Eduard Friedrich Poeppig ( 1798-1868) et du directeur du Jardin Botanique de Vienne Stephan Ladislaus Endlicher ( 1804-1849). Dans ces volumes ils ont  présenté au public toutes les espèces qu’ils ont découvertes au cours de leur voyage au Chili et au Pérou de 1827 à1832.

Détail avec 8 fleurs roses aux taches plus foncées bien disposées dans une ramification élégante dans l'attente des pollinisateurs.

Détail avec 8 fleurs roses aux taches plus foncées bien disposées dans une ramification élégante dans l’attente des pollinisateurs © Giuseppe Mazza

Le genre Comparietta a été récemment agrandi par le transfert, sur la base des données de l’ADN,  d’espèces des genres Diadenium, Chaenanthe, Scelochilus, Neokoehleria, Stigmatorthos, Pfitzeria, Scelochilopsis. À la suite de cela Comparietta comprend aujourd’hui environ 80 espèces réparties au Belize, au Brésil, en Colombie, au Costa Rica, à Cuba, au Guatemala, au Honduras, au Mexique, au Pérou, à Porto Rico et au Venezuela.

Comparietta macroplectron a été découverte en 1878 en Colombie par José Jeronimo Triana Silva (1828-1890), explorateur et médecin colombien qui parcourut pendant sept ans une grande partie de la Colombie et parvint à récolter environ 60.000 spécimens dont beaucoup appartenant à des espèces nouvelles pour la Science.

Les ramifications peuvent former, imbriquées, d'imposants massifs floraux.

Ces ramifications, en se superposant, peuvent surtout en culture former d’imposantes masses florales © Eric Hunt (à gauche) e © Ron Parsons (à droite)

Triana a été l’auteur de divers volumes comme Prodromus Florae Novo-Granatensis (1865) et Mémoire sur la famille des Guttifères (1862).

Il fut membre de la Société Botanique de France (1858), membre du jury de l’Exposition Internationale d’Horticulture d’Amsterdam (1865), vice-président du Congrès International de Botanique tenu à Londres en 1866, membre de la Société d’Agriculture de France (1883) et Consul général de la Colombie à Paris de 1874 à sa mort survenue le 31 octobre 1890.

L’autre créateur de cette espèce fut Heinrich Gustav Reichenbach (1823-1889) qui a été certainement le plus grand orchidologue allemand du XIXe siècle.

Fleur de Comparettia macroplectron vue de côté avec le long éperon.

Deux fleurs vues de côté. On voit le long éperon formé de la fusion des sépales latéraux et ressemblant à un grand fouet comme l’indique le nom scientifique © Eric Hunt

Il légua son immense herbier et sa bibliothèque avec les dessins originaux des plantes qu’il avait étudiées et décrites au” K.k Naturhistorisches Hofmuseum” (Imperial Natural History Museum) de Vienne avec l’obligation que personne ne pourrait y avoir accès au cours des 20 premières années après sa mort. En effet il écrivit dans son testament “…afin d’éviter la destruction inévitable de cette coûteuse collection à cause de la passion actuelle pour les orchidées”. Un tel luxe de précaution semble cependant peu compréhensible vu l’importance et le sérieux du Musée. Cette clause insolite était probablement destinée à empêcher certains jeunes collègues, peut-être Robert Allen Rolfe (1855-1921) du Kew Gardens pour lequel il avait peu d’estime, de s’approprier ses découvertes.

Le nom du genre fut choisi pour rendre hommage à Andrea Comparetti (1745-1801), médecin, botaniste et physiologiste végétal, professeur à  Padoue et auteur de Prodromo di fisica vegetale (Bortolamio, 1791).

Fleur de Comparettia macroplectron vue de face.

De face on peut voir le labelle éclatant soudé à la base de la colonne avec une anthère operculée apicale © Eric Hunt

L’épithète de l’espèce macroplectron vient du grec “makros”, long, grand et du latin “plectrum” (du grec plektron, dérivé de plesso) qui désigne un objet quelconque avec lequel on frappe, par allusion à la présence des”grands éperons” des fleurs qui ressemblent à un fouet.

Le nom commun en anglais est “The Large Spurred Comparettia”.

C’est une espèce épiphyte de petites dimensions, pendante, dont les pseudo-bulbes très courts portent 2 ou 3 feuilles ligulées, oblongues ou oblongues et obtuses et longues d’environ 7,5 cm.

L’inflorescence est basale, arquée, longue jusqu’à 35 cm, parfois ramifiée de façon irrégulière et comporte 4 à 8 fleurs de dimensions moyennes qui éclosent en plein hiver. Les fleurs (de 3,5 sur 2,5 cm) sont rose foncé avec des taches plus sombres, résupinées et ont des sépales de longueur identique, disposés verticalement, bien étalés et ouverts.

Le sépale dorsal est libre. Les sépales latéraux sont soudés et se prolongent sous la forme d’un éperon long d’environ 4 cm et mince. Les pétales sont semblables au sépale dorsal mais plus large. Le labelle, long de 35 mm et large de 25 mm, se situe dans le prolongement de la base de la colonne. Il est trilobé, de couleur rouge cerise et a de nombreuses taches plus foncées et des bords dentés. Les lobes latéraux sont très petits. Celui du milieu est large et dentelé.

La colonne, blanche, est semi-circulaire  et n’a ni ailes ni pied. L’anthère est uniloculaire et operculaire et comporte deux masses polliniques rainurées et attachées à un pédoncule en forme de cône allongé qui se termine en un reticulum ovale.

La floraison commence au mois de novembre et dure de 60 à 80 jours. Le nombre chromosomique est 2n = 56. La photosynthèse est de type CAM (Crassulacean Acid Metabolism). Sa mise en oeuvre correspond à une adaptation à une perte d’eau excessive (adaptation xérophyte). Dans ce système le processus de la photosynthèse s’effectue les stomates fermés, ceux-ci s’ouvrant par contre la nuit pour permettre les échanges gazeux (CO2, O2) avec un minimum de perte de vapeur d’eau.

Comparettia macroplectron est exclue du commerce et a été, comme telle, inscrite dans l’Appendice II de la Convention de Washington (CITES) qui s’est donné pour but de protéger les espèces animales et végétales menacées d’extinction en interdisant leur exportation et leur détention.

Quand elle est cultivée elle pousse bien dans une petite corbeille suspendue, dans un pot en maille ou sur des planches, avec beaucoup d’air autour des racines.

Hybride de Comparettia falcata x Comparettia macroplectron

Cet hybride de Comparettia falcata x Comparettia macroplectron a des fleurs qui changent avec le temps en fonction des caractères des parents © Manuel Lucas García

On cultive cette espèce dans un milieu tempéré-chaud. Il est conseillé de placer la plante légèrement à l’ombre quand le soleil est très fort pendant la belle saison. L’ombrage est à supprimer dès que la serre n’est plus exposée directement à la lumière du soleil ou quand celui-ci a perdu de sa force. Le substrat doit être du type convenant aux orchidées épiphytes (par exemple de l’écorce de pin maritime ou de sapin ou des fibres de fougère arborescente) et complété par de la mousse de sphaigne pour permettre de retenir l’humidité et en même temps d’assurer l’aération.

Il faut arroser cette plante régulièrement (de 2 à 3 fois par semaine) pendant la période de croissance. En hiver toutefois le compost doit être laissé moins humide mais sans jamais devenir totalement sec. L’apport d’engrais est à effectuer avec des produits organiques solubles pour orchidées mais, vu qu’il s’agit de petites plantes, il convient de les utiliser avec modération.

Il existe de nombreux hybrides qui ont été enregistrés auprès de la Royal Horticultural Society et parmi lesquels on peut citer Comparettia Higashiyama, Y.Hattori 1980 (RHS) (Comparettia macroplectron × Comparettia coccinea), un hybride créé au Japon en 1980 par Y. Hattori.

Comparettia Oberhausen, est un hybride primaire bien connu.

Comparettia Oberhausen est un hybride primaire bien connu obtenu par croisement de Comparietta macroplectron x Comparietta speciosa © Manuel Lucas García

Le nom Higashiyama veut dire montagne de l’Est. Cette plante a des feuilles élégantes qui ont une teinte rosâtre et de belles fleurs qui durent longtemps,  sont longues de 3 à 5 cm et ont une couleur qui va de l’orange au rose. Les plants de cet hybride sont robustes et poussent mieux dans la mousse de sphaigne de Nouvelle-Zélande ou bien montées sur des planches.

Comparettia Oberhausen, W.Baumann 1984 (RHS) est un hybride primaire obtenu par W. Baumann par croisement entre Comparettia macroplectron × Comparettia speciosa.

Gomettia Tropical Jujubees, Trop.O.Farm 2008 (RHS) est un hybride de Gomesa echinata × Comparettia macroplectron.

Comparettia Teipels Feuerglut, P.Teipel 2012 (RHS)  est un très bel hybride secondaire de couleur orange obtenu par croisement entre Comparettia Oberhausen × Comparettia speciosa.

La spectaculaire Gomettia Tropical Jujubees est un hybride insolite de Gomesa echinata x Comparettia macroplectron

La spectaculaire Gomettia Tropical Jujubees est un hybride insolite de Gomesa echinata x Comparettia macroplectron © Norbert Dank

Les cultivars récemment primés sont : Comparettia macroplectron ‘Mon Cheri’ (2 premi nel 2016), Comparettia macroplectron ‘La Plata’ (2 premi nel 1977), Comparettia macroplectron ‘Huntington’s Pinke’ (2019), Comparettia macroplectron ‘Bellenberg’ (2018), Comparettia macroplectron ‘Sanyi’ (2016), Comparettia macroplectron ‘Orquifollajes’ (2015), Comparettia macroplectron ‘Windflower’ (2013), Comparettia macroplectron ‘Lee Langland’ (2012), Comparettia macroplectron ‘Seo Ha’ (2010), Comparettia macroplectron ‘Pandora’ (2009), Comparettia macroplectron ‘Susi’ (2007), Comparettia macroplectron ‘Leo’ (2002), Comparettia macroplectron ‘Breathe of Spring’ (1999), Comparettia macroplectron ‘J & L’ (1985), Comparettia macroplectron ‘Ocean Pines Pinky’ (1982), Comparettia macroplectron ‘Pink Butterfly’ (1981), Comparettia macroplectron ‘Lauray’ (1979), Comparettia macroplectron ‘Lucille’ (1973), Comparettia macroplectron ‘Monroe’ (1972), Comparettia macroplectron ‘Rudolf’ (1967).

 

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