Famille : Sciaenidae
Texte © Giuseppe Mazza
Traduction en français par Catherine Collin
Connu comme Chevalier ponctué, Poisson ruban à pois, Monsieur l’abbé ou Curé, Eques punctatus vit dans les Caraïbes jusqu’au nord du Brésil © Pauline Walsh Jacobson
Eques punctatus (Bloch & Schneider, 1801), également connu sous le nom d’Equetus punctatus, appartient à la classe Actinopterygii, les poissons à nageoires rayonnées, à l’ordre Perciformes et à la famille Sciaenidae.
Le nom de genre, Eques vient du latin “eques” cheval, chevalier, et l’épithète spécifique punctatus, ponctué, fait référence, toujours en latin, à la spectaculaire livrée des adultes, en partie couverte de pointillés blancs.
Les juvéniles ressemblent à des rubans, d’où l’un de ses noms vulgaires, Poisson ruban à pois, qui s’ajoute à celui de Chevalier ponctué pour sa première nageoire dorsale, longue, qui évoque le panache d’un chevalier.
C’est un poisson noir et blanc, à la première nageoire dorsale allongée, qui montre une spectaculaire ponctuation blanche sur la nageoire dorsale, la caudale et l’anale © Allison & Carlos Estape
Zoogéographie
Eques punctatus est principalement un poisson caribéen. On le rencontre des Bermudes, de la Floride, et du Mexique aux Antilles ainsi que sur les côtes du Venezuela et du nord du Brésil.
Ecologie-Habitat
Comme Sciaena umbra de Méditerranée, moins spectaculaire mais avec un profil similaire, il vit en eaux peu profondes, en général entre 4 et 30 mètres de profondeur, dans des cavités et des anfractuosités en surplomb parmi les coraux.
A l’abri durant le jour dans les trous des récifs, il sort la nuit pour chasser de petits crustacés et des vers. Les œufs et les larves sont pélagiques © Allison & Carlos Estape
Morpho-physiologie
Il peut atteindre 27 cm, bien que la longueur habituelle soit aux alentours de 18 cm. De profil, il ressemble à Umbrina cirrosa mais n’a pas de barbillon.
Le dos est très incurvé par rapport au ventre plat. La bouche, presque horizontale sous le museau arrondi, porte sur les deux mâchoires des rangées de dents villiformes alors que le vomer et l’os palatin n’ont pas de dents. L’otolithe, petite structure calcifiée permettant aux poissons de contrôler la vitesse et l’orientation, placée dans le crâne et appelé sagitta, est arrondi et épais.
Voici les premiers stades juvéniles, montrant le corps qui en grandissant prend l’aspect d’un ruban © Allison & Carlos Estape
Il possède de 15 à 18 solides branchiospines. L’opercule est fourchu sur le dessus alors que le préopercule est pratiquement lisse. L’œil est relativement grand et par sa forme ce poisson ressemble beaucoup, livrée mise à part, au caribéen Eques lanceolatus.
Il présente deux nageoires dorsales. La première est allongée et montre de 11 à 13 rayons épineux; la seconde 1 rayon épineux et 45 à 47 rayons mous. La nageoire anale a 2 rayons épineux et de 6 à 8 rayons inermes; les pectorales sont beaucoup plus petites que les pelviennes et chez les adultes la caudale est légèrement arrondie.
Il peut faire vibrer sa vessie natatoire, en forme de carotte et sans ramifications comme c’est souvent le cas pour les autres Sciaenidés, produisant ainsi un son sourd semblable à un roulement de tambour.
Les juvéniles vivent souvent abrités parmi les épines des oursins ou près des murènes qui repoussent les prédateurs © Allison & Carlos Estape
Sa livrée, qui lui a valu ses noms communs de Monsieur l’Abbé et de Curé est essentiellement blanche et noire, montrant tout au plus des tons bruns.
La tête montre deux bandes foncées, une sur l’œil et l’autre, inclinée, qui rejoint les nageoires pelviennes. On voit aussi une large bande qui va de la partie antérieure de la nageoire dorsale jusqu’au pédoncule caudal. Au-dessus il y a 2 bandes parallèles moins larges et dessous 2 plus fines. Chez l’adulte, la seconde nageoire dorsale, l’anale et la caudale montrent les caractéristiques pointillés blancs.
Les jeunes ont un aspect rubaniforme dû à leur corps terminé par une longue nageoire caudale et à l’aspect de la première nageoire dorsale.
Puis le panache se réduit et apparaît très graduellement, à côté d’autres bandes longitudinales, de lumineux pointillés blancs sur la nageoire dorsale et la caudale © Allison & Carlos Estape
Dans les premiers temps il n’y a que 3 bandes noires: sur l’œil, vers les pelviennes et une longue bande foncée allant du côté extérieur de la première nageoire dorsale jusqu’à la queue. Un point noir entre les yeux, sur le museau, le distingue de Eques lanceolatus qui, lui, montre une mince bande verticale.
Éthologie-Biologie Reproductive
Eques punctatus vit en solitaire. Il est surtout actif la nuit quand il quitte sa tanière à la recherche de petits crabes, de crevettes et de vers qu’il aspire en ouvrant brusquement la bouche. Les œufs et les larves sont planctoniques. Les juvéniles grandissent souvent à l’abri parmi les longs piquants des oursins ou en compagnie des murènes qui tiennent à distance les possibles prédateurs.
Chez l’adulte, la nageoire anale est elle aussi ponctuée et le panache, réduit, est pointu. Eques punctatus n’est pas une espèce en danger © Allison & Carlos Estape
Sa chair est bonne et consommée localement, bien que parfois des cas de ciguatera, une grave intoxication alimentaire causée par son régime alimentaire, aient été recensés.
La résilience de l’espèce est très bonne, avec un doublement possible de la population en moins de 15 mois, et l’indice de vulnérabilité à la pêche est bas, marquant à peine 17 sur une échelle de 100. Eques punctatus figure donc sur la Liste Rouge des espèces menacées comme “Least Concern” c’est-à-dire “préoccupation mineure”.
Synonyme
Equetus punctatus (Bloch & Schneider, 1801).