Ficus macrophylla f. columnaris

Famille : Moraceae


Texte © Pietro Puccio

 

michel.gif
Traduction en français par Michel Olivié

 

Les racines aériennes du Ficus macrophylla f. columnaris fusionnent en troncs porteurs © Giuseppe Mazza

Les racines aériennes du Ficus macrophylla f. columnaris fusionnent en troncs porteurs © Giuseppe Mazza

Cette espèce est originaire de l’île Lord Howe (Australie) où elle pousse dans des forêts humides situées à basse altitude, le long des côtes sud-ouest sur des sols principalement calcaires.

Le nom du genre est le terme latin employé pour le Figuier commun (Ficus carica); le nom de l’espèce est issu de la combinaison des termes grecs “makros” = grand et “phyllon” = feuille et celui de la sous-espèce est le terme latin “columnaris” = en forme de colonne, par référence aux racines adventices colonnaires de cet arbre.

Noms communs : Lord Howe Island banyan (anglais) ficus magnolioide (italien) higuera de Lord Howe (espagnol) grossblättrige Feige (allemand).

Le Ficus macrophylla f. columnaris (C. Moore) D.J. Dixon (2001) est un arbre sempervirent pouvant atteindre environ 20 m de haut. Sa vaste couronne, qui peut s’étendre sur des dizaines de mètres, est supportée par de nombreuses racines aériennes qui rejoignent le sol et qui, en grossissant et en fusionnant, forment des sortes de troncs adventices. De longues racines tabulaires partent de la base du tronc.

Les feuilles, qui sont portées sur un pétiole long de 4 à 6 cm, sont de forme oblongue à ovale. Elles sont longues de 10 à 20 cm et larges de 6 à 12 cm, coriaces, de couleur vert foncé et brillantes en partie supérieure et recouvertes d’un duvet couleur rouille en partie basse. La feuille, pendant sa phase initiale de croissance, est protégée par deux stipules (des appendices à la base de la feuille) superposées, extérieurement de couleur rougeâtre , qui se détachent spontanément lorsque la feuille se déploie.

Les inflorescences sont des sycones, c’est-à-dire des petits sacs aux parois charnues qui enferment entièrement les fleurs, lesquelles ne sont accessibles que par une ouverture apicale délimitée par 3 minuscules écailles (l’exemple typique est fourni par le figuier commun Ficus carica).

Les sycones, qui sont portés sur un court pédoncule, sont axillaires, habituellement en couple et de forme globuleuse ou piriforme. Ils ont environ 2,5 cm de diamètre et sont d’une couleur allant du rouge brun au pourpre avec de petites taches plus claires lorsqu’ils sont à maturité. Les fleurs femelles et les fleurs mâles sont présentes simultanément dans les sycones (espèce monoïque). La fructification nécessite la présence d’un insecte pollinisateur. Comme on le sait, à chaque espèce de Ficus est associé un insecte spécifique de la famille des Agaonidae (dans le cas présent Pleistodontes froggatti Mayr, 1906) qui, à son tour, ne peut se reproduire que si l’espèce de Ficus à laquelle il est associé est présente.Les fruits minuscules (des akènes) contiennent une seule graine.

La forme columnaris se différencie de l’espèce qui vit le long des côtes orientales de l’Australie (Nouvelle-Galles du Sud et Queensland) essentiellement par la présence de racines colonnaires et par le duvet couleur rouille qui recouvre le limbe inférieur de la feuille. On reproduit cette plante en semant ses graines en surface sur un substrat organique sableux maintenu constamment humide, à un emplacement lumineux et à une température de 22 à 24 °C. Dans la nature elle peut croître au début sous forme d’épiphytes sur d’autres arbres en entourant leurs troncs de ses racines qui rejoignent le sol et qui, éventuellement, finissent par les “étrangler” au bout d’un certain nombre d’années. La reproduction s’effectue aussi par bouturage au printemps et par marcottage aérien au début de l’été.

Cette espèce imposante , qui fait un grand effet sur le plan paysager, peut être utilisée dans les zones à climat tropical, subtropical et, à la limite, tempéré chaud où elle peut résister, une fois adulte, à des baisses exceptionnelles de température jusqu’à environ -3 °C pendant une très courte période, mais le feuillage subit alors des dommages. On l’utilise normalement sous forme de spécimen isolé ou en groupes dans des parcs et des jardins de grandes dimensions, loin des voies de circulation et des constructions, étant donné sa taille et son appareil racinaire superficiel envahissant. Il faut absolument déconseiller son emploi dans les petits jardins ou comme arbre d’alignement le long des routes.

Elle n’est pas particulièrement exigeante en matière de sols, même pauvres, et peut résister, une fois adulte, à des périodes de sécheresse. Elle résiste aussi au vent et, dans une moindre mesure, aux embruns. Elle est utilisée, de façon limitée, sous forme de plante en pot pour la décoration des intérieurs. Il lui faut un emplacement très lumineux, un terreau riche en humus avec un ajout de sable grossier ou de perlite agricole à un pourcentage de 30 % et des températures hivernales supérieures à 12 °C. Les arrosages doivent être abondants en été, en évitant néanmoins les stagnations d’eau qui peuvent être nocives et en laissant le terreau sécher presque complètement avant de remettre de l’eau, et modérés en hiver.

Synonymes : Ficus columnaris F.Muell. & C.Moore (1874); Ficus macrophylla subsp. columnaris (C.Moore) P.S.Green (1986).

 

 

→ Pour apprécier la biodiversité au sein de la famille des MORACEAE et trouver d’autres espèces, cliquez ici.