Ficus religiosa

Famille : Moraceae


Texte © Pietro Puccio

 


Traduction en français par Jean-Marc Linder

 

Ficus religiosa, Moraceae, arbre de Dieu, figuier de pagodes

Imposant Ficus religiosa au Sri Lanka. Cette espèce des pays chauds et humides d’Asie, est d’abord épiphyte. Quand ses racines aériennes touchent le sol, elles deviennent des colonnes et étouffent l’arbre sur lequel elles sont nées © Giuseppe Mazza

L’espèce est originaire du Bangladesh, d’Inde septentrionale, du Laos, du Myanmar, du Népal, du Pakistan, de Thaïlande septentrionale et du Vietnam septentrional, où elle vit en forêt jusqu’à environ 1200 m d’altitude.

Le nom du genre est celui du figuier commun (Ficus carica) ; le nom de l’espèce est l’adjectif latin “religiosus, a, um” = “religieux, vénéré”, et rappelle les valeurs spirituelles et religieuses que l’arbre symbolise pour le bouddhisme et l’hindouisme.

Noms communs : bo tree, bodhi tree, peepal tree, peepul tree, sacred bo, sacred fig (anglais) ; pu ti shu (en Chine) ; arbre de Dieu, figuier de pagodes (français) ; arali, arani, arasu, arayal, ashvatha, asvatha, bodhi, bodhipipal, chaladala, ebhasan, gajapatra, krishnavasa, peepal, pepal, pipal, pipli, pipar, pipul, ravi, shri, vishala (en Inde) ; albero di Buddha, fico delle pagode, fico sacro (italien) ; bawdi nyaung, lagat (au Myanmar) ; bo, pipal, pipli (au Népal) ; figueira-dos-pagodes, figueira-religiosa (portugais du Brésil) ; higuera de agua, higuera de las pagodas (espagnol) ; bobaum, heiliger Feigenbaum (allemand) ; pho see ma haa pho, salee, yong (en Thaïlande) ; câi dê (au Vietnam).

Ficus religiosa L. (1753) est un arbre monoïque sempervirent ou décidu, haut de 10 à 25 m, dont le tronc est revêtu d’une écorce grisâtre d’abord lisse, puis fendillée longitudinalement. L’arbre forme une ample couronne aux branches étendues, généralement sans racines aériennes. D’abord épiphyte, il devient terrestre lorsque ses racines atteignent le sol et forcissent, elles le soutiennent et  souvent “étranglent” la plante hôte, ou la cassent si les racines pénètrent à l’intérieur.

Sur un mince pétiole de 5 à 10 cm de long, les feuilles, alternes, sont simples, ovales-triangulaires à presque cordiformes, à la marge entière ou légèrement ondulée et à l’apex pointu qui se prolonge généralement en un mince appendice long de 2 à 10 cm. Longues de 7 à 16 cm et larges de 5 à 12 cm, ces feuilles sont d’abord de couleur rosâtre, puis vert vif, avec 6 à 9 nervures secondaires.

Ficus religiosa, Moraceae, arbre de Dieu, figuier de pagodes

Plante d’importance culturelle et religieuse pour le bouddhisme et l’hindouisme. Selon la tradition, Siddhārtha Gautama, le Bouddha, a reçu l’illumination assis à son pied et la divinité hindoue Vishnu est née sous sa cime© Giuseppe Mazza

Les stipules (appendices à la base de la feuille ayant une fonction protectrice dans la phase initiale de croissance) sont ovales-triangulaires ; longues de 1 à 1,5 cm, de couleur brun jaunâtre, leur apex est acuminé, et leur longueur de 1 à 1,5 cm.

Les sycones, inflorescence typique des Moraceae qui forment à maturité le faux fruit (la figue), sont des cavités aux parois charnues qui entourent complètement les fleurs, accessibles aux insectes pollinisateurs à partir d’une petite ouverture apicale (ostiole) fermée par trois bractées.

Les sycones naissent deux par deux à l’aisselle des feuilles ; ils sont sessiles, globuleux-déprimés, initialement vert jaunâtre devenant violet foncé à maturité, d’environ 1,5 cm de diamètre.

A chaque espèce de Ficus est associé un insecte pollinisateur spécifique de la famille des Agaonidae (dans le cas présent Platyscapa quadraticeps Mayr, 1885), qui ne peut, pour sa part, se reproduire qu’en présence de l’espèce de Ficus qui lui est associée (mutualisme obligatoire).

Les fleurs mâles, femelles et les galles (fleurs femelles sessiles qui hébergent les larves nées des œufs pondus par la femelle de l’insecte pollinisateur) sont présents dans le même sycone : les fleurs mâles sessiles à une étamine sont placées près de l’ostiole, les fleurs femelles sessiles comportent un ovaire globuleux, et les galles pédicellées.

Les fruits sont consommés par des espèces frugivores variées qui contribuent à disperser les graines, mais peuvent devenir nuisibles en-dehors de l’aire naturelle si l’insecte pollinisateur est présent.

Les graines ont une faible durée germinative (quelques mois) ; on multiplie cette espèce par semis superficiel dans un substrat organique, sableux, humide en permanence, en situation lumineuse et à une température de 24 à 26 °C ; la germination demande 1 à 3 mois. On peut aussi la bouturer au printemps, et la marcotter au début de l’été.

C’est un arbre de grande importance culturelle et religieuse pour le bouddhisme et l’hindouisme ; selon la tradition, Siddhārtha Gautama (IVè – Vè siècle), le Bouddha (l’Illuminé), reçut l’illumination assis au pied de cet arbre, et la divinité hindoue Vishnu est née sous sa frondaison. Aussi l’arbre est-il considéré comme sacré, par conséquent planté près des temples, et joue un rôle important dans de nombreux rites et cérémonies.

Ficus religiosa, Moraceae, arbre de Dieu, figuier de pagodes

Feuilles en forme de cœur terminées par un apex brutalement pointu pouvant atteindre 10 cm. Toutes les parties de la plante ont des vertus médicinales© Giuseppe Mazza

Ses caractéristiques ornementales remarquables, sa croissance rapide et la facilité de sa culture, ont conduit à l’installer dans les pays tropicaux, subtropicaux et, dans une moindre mesure, tempérés-chauds très doux ; il peut supporter des températures à peine négatives si elles sont exceptionnelles et de courte durée. En raison de la taille qu’il peut atteindre et de son système racinaire étendu, il ne convient que dans les parcs, les grands jardins et les larges avenues.

Il pousse en plein soleil ou dans l’ombre très légère, mais sur une grande variété de sols s’ils sont parfaitement drainants, humides presque en permanence même si l’espèce peut supporter des périodes sèches. C’est une des espèces de Ficus les plus appréciées pour la culture en bonsaï.

Il joue un rôle particulier dans la médecine traditionnelle, en particulier en Inde, où toutes les parties de la plante sont considérées comme curatives et rafraîchissantes.

Ficus religiosa, Moraceae, arbre de Dieu, figuier de pagodes

Détail de figues, qui atteignent 1,5 cm de diamètre à maturité. Les fleurs minuscules sont à l’intérieur de cette structure protectrice, appelée sycone, et sont pollinisées exclusivement par un insecte minuscule de la famille des Agaonidae, Platyscapa quadraticeps, qui entre par une petite ouverture spéciale au sommet © Giuseppe Mazza

Les feuilles, les bourgeons et les fruits sont purgatifs ; sous diverses formes, l’écorce est utilisée contre les maladies de la peau, la dysenterie et la goutte, ou pour faire mûrir les furoncles ; les racines sont réputées aphrodisiaques et soigner stomatites et douleurs lombaires.

Des analyses ont montré l’existence dans la plante de substances actives aux propriétés antioxydantes, anticancéreuses, antidiabétiques, antimicrobiennes et anti-ulcéreuses, qui peuvent présenter un intérêt pour la pharmacopée officielle.

Synonymes : Ficus caudata Stokes (1812) ; Ficus superstitiosa Link (1822) ; Ficus rhynchophylla Steud. (1840) ; Urostigma religiosum (L.) Gasp. (1844) ; Ficus peepul Griff. (1854) ; Ficus religiosa var. cordata Miq. (1867) ; Ficus religiosa var. rhynchophylla Miq. (1867).

 

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