Isurus oxyrinchus

Famille : Lamnidae

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Texte © Giuseppe Mazza

 

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Traduction en français par Catherine Collin

 

Fuselé, facilement reconnaissable à son nez pointu, Isurus oxyrinchus est le requin le plus rapide du monde.

Fuselé, facilement reconnaissable à son nez pointu, Isurus oxyrinchus est le requin le plus rapide du monde © Obra Shalom Campo Grande

Reconnaissable à son nez pointu et à son corps fuselé, le Requin mako à nageroides courtes ou Requin taupe-bleu (Isurus oxyrinchus Rafinesque, 1810) est le requin le plus rapide du monde.

Il se déplace facilement à plus de 70 km/h et comme le Requin-renard commun (Alopias vulpinus), il appartient à l’ordre Lamniformes mais à la famille Lamnidae.

Comme celui-ci, il peut augmenter la température de son corps de 2 à 4 °C par rapport à celle de la mer, grâce à la présence sur ses flancs d’un tissu musculaire strié à respiration aérobie qui se contracte en émettant de la chaleur, auquel s’ajoutent d’autres muscles striés internes, alimentés par ce que l’on appelle le «rete mirabile», formé par des capillaires sanguins veineux entourés d’artères qui les réchauffent avec le flux de sang chaud provenant du cœur.

Une augmentation thermique qui lui permet de grandes accélérations, des sauts spectaculaires hors de l’eau et un fonctionnement parfait de la vue et du cerveau, à tel point qu’il n’a pas besoin des ampoules de Lorenzini, généralement utilisées par les requins et les raies pour repérer les champs électromagnétiques produits par les proies et s’orienter grâce au champ magnétique terrestre, mais chasse en se basant uniquement sur la vue et l’odorat.

Apparenté au Grand Requin Blanc, Isurus oxyrinchus possède une dentition impressionnante et ne craint pas les plongeurs, parfois victimes d’attaques mortelles.

Apparenté au Grand Requin Blanc, il possède une dentition impressionnante et ne craint pas les plongeurs, parfois victimes d’attaques mortelles © dannydog

De plus, il étourdit ses proies avec des coups de queue comme Alopias vulpinus et étant apparenté au Grand Requin Blanc (Carcharodon carcharias), il est agressif, a des dents puissantes et ne craint pas les plongeurs, qui sont parfois victimes d’attaques mortelles injustifiées.

Le nom de genre Isurus, créé par Rafinesque en 1810, qui vient du grec “ísos”, égal et “ourá”, queue, en référence aux lobes de la queue, semblerait être erroné. Peut-être les considérait-il à première vue comme identiques, ou peut-être les comparait-il dans sa pensée à ceux de l’immense Requin-renard commun. En fait, dès le premier coup d’œil on voit que le lobe supérieur du Requin mako à nageroides courtes est clairement plus long que le lobe inférieur.

L’épithèthe spécifique oxyrinchus vient du grec «oxýs», pointu, et «rhýnchos», museau et ne laisse pas le moindre doute sur son origine.

Zoogéographie

Le Requin mako à nageroides courtes vit dans toutes les mers tempérées et tropicales, avec une préférence pour des températures comprises entre 9,7 et 24,4 °C. On peut donc le rencontrer en Méditerranée, mais certainement pas vers les pôles.

Habitant de toutes les mers tempérées chaudes, Isurus oxyrinchus mesure généralement 270 cm et peut augmenter sa température corporelle de 2 à 4 °C par rapport à l’eau de la mer.

Habitant de toutes les mers tempérées chaudes, il mesure généralement 270 cm et peut augmenter sa température corporelle de 2 à 4 °C par rapport à l’eau de la mer © Fernando Olea

En Amérique, on le rencontre de la Californie au Chili côté Pacifique, et du Canada et des Caraïbes à l’Argentine de l’autre côté.

Dans l’Atlantique Est, il circule entre la Norvège et l’Afrique du Sud, puis est ensuite présent dans tout l’océan Indien jusqu’en Australie.

Dans le Pacifique Ouest, on le rencontre du Japon à la Nouvelle-Zélande et dans le Pacifique central, des îles Aléoutiennes à la Polynésie française.

Écologie-Habitat

Isurus oxyrinchus nage de la surface jusqu’à 888 m de profondeur, mais préfère nager entre 100 et 150 m pour ses incroyables déplacements. Une femelle capturée au large des côtes californiennes a été rencontrée à plus de 2700 km de distance dans le Pacifique central et un autre individu a parcouru 2128 km en 37 jours, soit une moyenne de 58 km par jour.

Morphophysiologie

Cette augmentation de la température lui permet de fortes accélérations, des sauts spectaculaires hors de l’eau et aide ses yeux et son cerveau à fonctionner parfaitement.

Cette augmentation de la température lui permet de fortes accélérations, des sauts spectaculaires hors de l’eau et aide ses yeux et son cerveau à fonctionner parfaitement © Elias Freyhof

Le corps, fuselé, bleu métallique sur le dessus et blanc argenté sur le ventre, peut atteindre 445 cm et 505,8 kg, mais la taille habituelle est d’environ 270 cm. La carène caudale est proéminente.

La nageoire dorsale est triangulaire et comme l’anale, est suivie de secondes petites nageoires placées symétriquement.

Les femelles sont plus grandes que les mâles et les juvéniles se distinguent par une tache noirâtre sur la pointe du museau.

Comme tous les Lamniformes, le Requin mako à nageroides courtes présente 5 fentes branchiales et ses yeux noirs caractéristiques attirent immédiatement l’attention. Ceux-ci sont uniquement dépassés en diamètre par ceux du Petit requin-taupe ou Mako à longues nageoires (Isurus paucus) Guitart, 1966, plus rare et un peu plus petit, qui doit son nom vulgaire à ses grandes pectorales, responsables en revanche d’une nage plus lente et moins active.

Isurus oxyrinchus, quant à lui, est continuellement en mouvement et déclenche des attaques éclair par le bas pour déchirer les nageoires et les flancs de ses proies avec ses dents pointues et acérées comme des rasoirs. Elles font saillie de la bouche en forme de U, vers le bas, alignées comme ci-dessus en une rangée continue.

Ici, son inquiétante nageoire dorsale à la surface. Isurus oxyrinchus attaque avec férocité les requins, les espadons et les dauphins par des morsures venues d’en bas.

Ici, son inquiétante nageoire dorsale à la surface. Isurus oxyrinchus attaque avec férocité les requins, les espadons et les dauphins par des morsures venues d’en bas © James Bailey

Les plus grandes, triangulaires et étroites sont crochues, sans cuspides basales ni dentelures et chez les individus âgés, qui dépassent 3 m, les dents intérieures, plus larges et plus plates par rapport à celles d’Isurus paucus, permettent, par leurs puissantes morsures, d’éventrer d’autres requins, des espadons et des dauphins sans négliger les maquereaux, les céphalopodes et même les tortues et les oiseaux marins.

Éthologie-Biologie Reproductive

Isurus oxyrinchus est une espèce ovovivipare qui donne naissance de 4 à 18 petits après une gestation de 15 à 18 mois. La fécondation interne peut également être l’œuvre de plusieurs mâles, et lorsque les petits, ont épuisé le vitellus, ils se nourrissent des œufs non fécondés, respectant, contrairement aux autres requins, les autres fœtus en croissance.

À la naissance, les petits mesurent de 60 à 70 cm avec une espérance de vie de près de 30 ans.

Bien que des données précises ne soient pas disponibles, la résilience de Isurus oxyrinchus est faible, avec un temps minimum de 4,5 à 14 ans pour le doublement des populations, et la vulnérabilité à la pêche, qui est très élevée, marque 79 sur une échelle de 100.

Isurus oxyrinchus se nourrit de maquereaux, de céphalopodes et même de tortues et d’oiseaux marins. Trop pêché, il est au bord de l’extinction, sur la Liste rouge de l’UICN.

Il se nourrit de maquereaux, de céphalopodes et même de tortues et d’oiseaux marins. Trop pêché, il est au bord de l’extinction, sur la Liste rouge de l’UICN © James Bailey

Le Requin mako à nageroides courtes est en effet persécuté par des pêcheurs sportifs qui apprécient sa combativité, sans parler d’obtenir des photos mémorables ou des dents comme souvenirs, et au mépris des interdictions, il est pêché pour son excellente chair et pour l’huile riche en vitamines tirée de son foie.

Il apparaît donc, depuis 2018, comme “ED, Endangered”, c’est-à-dire “En danger”, sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN, à deux pas de l’extinction.

Synonymes

Isurus spallanzani Rafinesque, 1810; Squalus cepedii Lesson, 1831; Isurus cepedii (Lesson, 1831); Lamna oxyrhina Cuvier & Valenciennes, 1835; Oxyrhina gomphodon Müller & Henle, 1839; Oxyrhina glauca Müller & Henle, 1839; Isuropsis glaucus (Müller & Henle, 1839); Lamna glauca (Müller & Henle, 1839); Lamna latro Owen, 1853; Isuropsis dekayi Gill, 1862; Carcharias tigris Atwood, 1869; Isurus tigris (Atwood, 1869); Lamna guentheri Murray, 1884; Isurus guentheri (Murray, 1884); Lamna huidobrii Philippi, 1887; Isurus mako Whitley, 1929; Isuropsis mako (Whitley, 1929); Isurus bideni Phillipps, 1932; Isurus tigris africanus Smith, 1957; Isurus africanus Smith, 1957.

 

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