Malva sylvestris

Famille : Malvaceae

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Texte © Eugenio Zanotti

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Malva sylvestris, Malvaceae, grande mauve

Malgré son nom la Malva sylvestris préfère aux bois les friches et les lieux incultes © Giuseppe Mazza

Le genre Malva comprend, selon divers auteurs, 30 à 40 espèces de plantes herbacées annuelles, bisannuelles ou vivaces répandues dans l’hémisphère boréal dans les régions tempérées, tropicales et subtropicales africaines, asiatiques et européennes. En Europe on compte quinze espèces plus trois sous-espèces hybrides.

Le nom du genre est un mot dérivé du grec “malakos” “malaké” = mou/molle ou plutôt , qui amollit, à cause des propriétés émollientes dues à la richesse en mucilages de nombreuses espèces de ce genre. Le nom spécifique “sylvestris” indique que c’est une plante des forêts et des bois.

La grande mauve ou mauve des bois (Malva sylvestris L. 1753) est une plante herbacée polymorphe dotée d’une grosse racine pivotante, vivace ou rarement annuelle ou bisannuelle, de presque glabre (var. mauritiana), à poilue à des degrés variables ou tomenteuse/hirsute du fait de la présence de poils simples ou étoilés et haute de 30 à 60 cm (moins de 1,50 cm). Ses tiges sont dressées ou penchées/couchées, cespiteuses, rameuses, résistantes, ligneuses à leur base, habituellement couchées/penchées ou montantes, striées et hispides.

Les feuilles sont éparses et longuement pétiolées; celles du bas sont grandes (5 à 10 x 7 à 12 cm jusqu’à 15 x 24 cm) avec 5 à 7 nervures, celles du haut sont plus petites avec 3 à 5 lobes. Le limbe est palmé et a un contour circulaire, réniforme ou pentagonal avec des bords à 5 à 7 lobes crénelés.

Les fleurs sont pédonculées, en bouquets de 2 à 6 à l’aisselle des feuilles ou rarement solitaires avec une corolle aux pétales obcordés, 3 à 4 fois plus longs que les sépales, de couleur rose ou lilas (rarement blanche) et des veines longitudinales de couleur pourpre. La floraison s’étend de mai (ou mars) à août (ou octobre).

À leur base les pétales sont soudés et forment un tube constitué des filaments des nombreuses étamines et parcouru à l’intérieur par les styles eux aussi soudés à la partie inférieure.

Le calice, peu développé, a 5 lobes largement triangulaires qui ne recouvrent pas le fruit à maturité. Celui-ci est sec, polycoque, composé de méricarpes réniformes, brunâtres, glabres ou pubescents, aplatis et réticulés/rugueux sur le dos et contient une seule graine.

Originaire d’Europe, d’Asie occidentale et d’Afrique du Nord, la grande mauve est devenue une plante cosmopolite. En dépit de ce qu’indique son nom spécifique elle habite de préférence les lieux incultes, les haies, les friches, les endroits champêtres, les bords des routes et des fossés, les terrains riches en nutriments (surtout les nitrates) , les potagers, les lieux piétinés et les amas de détritus et d’immondices, en se comportant plus comme une plante rudérale et anthropophile que comme un élément de la flore forestière. Elle croît depuis la plaine jusqu’à 1.400 à 1.600 m d’altitude.

Malva sylvestris, Malvaceae, grande mauve

Du fait de ses nombreuses vertus médicinales on la croyait guérir tous les maux © Giuseppe Mazza

Une grande partie de la mauve destinée à l’usage commercial (aliments, compléments alimentaires, arômes, cosmétiques, fourrage) est produite surtout dans les pays de l’Est de l’Europe (Hongrie, Bulgarie, ex-Tchécoslovaquie, ex-Yougoslavie et Albanie) ainsi qu’au Maroc et en Iran. Quelques variétés ornementales ont été sélectionnées et sont cultivées dans les jardins comme la Blue Fountain et la Zébrina.

C’est une plante officinale et une des quatre espèces béchiques de l’ancienne pharmacopée avec la guimauve, la pariétaire et le bouillon-blanc. Au XVIe siècle en Italie elle était appelée “omnimorbia” c’est-à-dire remède pour tous les maux et elle était aussi déjà largement connue depuis un lointain passé comme plante comestible.

Pour ses utilisations en phytothérapie on récolte les feuilles du haut et les fleurs en juin et juillet. Les feuilles qui présentent sur leur limbe de petite taches de couleur orange ou rouille doivent être éliminées parce qu’elles ont subi l’attaque d’un champignon parasite, le Puccinia malvacearum.

Les constituants principaux des fleurs sont le mucilage (8 à 10 %) qui, par hydrolyse, donne la galactose, l’arabinose, le glucose, la rhamnose et l’acide galacturonique, des tannins, la malvine, la malvidine et la delphinidine. Les feuilles contiennent des mucilages, des polysaccharides, des tannins, des résines, des pectines, des oxalates de calcium et autres sels minéraux, des vitamines A, B1, C et des sulfates flavonoïdes. Elles ont pour principales propriétés d’être émollientes, anti-inflammatoires, béchiques, de protéger la muqueuse intestinale et de l’appareil respiratoire et aussi d’être stomachiques, anti-ulcéreuses, lénitives, vulnéraires, légèrement laxatives et tussifuges,

En décoction et en infusion elles sont utilisées comme sédatif et émollient en cas de catarrhes chroniques intestinaux, comme collutoire en cas d’inflammations des cavités buccales et des voies respiratoires. En usage externe elles peuvent être appliquées sur les furoncles, les varices, les couperoses, les dermatites et les eczémas avec inflammation aiguë, etc…L’infusion à 1 % était utilisée, en cuillerées, comme protection et émollient en cas de gastro-entérite. Dans le même but elle a été employée sous forme de clystère en cas de rectocolite.

En cuisine les feuilles tendres et les pétales fournissent une bonne salade forestière, crue, mêlée à d’autres espèces, ou bien cuites dans les risottos, les soupes et les potages. Cicéron, dans ses ‘Epistulae” cite un fameux pâté de mauve dont il était friand au point d’en faire une indigestion. Au XVIe siècle le célèbre Pier Andrea Mattioli exalte dans son œuvre les vertus anti-inflammatoires et émollientes de la mauve ” les rameaux broyés de la mauve appliqués avec de l’huile soignent les brûlures, sa décoction amollit les duretés des endroits secrets des femmes et on en fait des clystères efficaces pour les inflammations des entrailles. Sa décoction en gargarisme élimine les rugosités de la bouche et de la gorge”.

Malva sylvestris, Malvaceae, grande mauve

Plante herbacée polymorphe à racine pivotante elle pousse de la plaine jusqu’à 1.400-1.600 m. Elle fleurit du printemps au début de l’automne et a une corolle typique, rose ou lilas, rarement blanche, avec des veines pourpre © Giuseppe Mazza

Préparations:

Infusion adoucissante de fleurs

Une cuillère à café par tasse d’eau. Quand l’eau bout, éteindre le feu et ajouter les fleurs séchées. Laisser infuser un quart d’heure, filtrer et ajouter du miel. À boire chaud plusieurs fois dans la journée.

Décoction pour des compresses curatives des gencives

Une poignée de feuilles broyées dans une tasse de lait écrémé. Faire bouillir cinq minutes et appliquer les feuilles tièdes sur les gencives enflammées.

Macération à froid pour des compresses contre les irritations cutanées

Broyer finement des fleurs et des feuilles fraîches de mauve (de 20 à 50 gr) ou passer au mixer. Ajouter 150 cl d’eau et laisser reposer deux heures. Filtrer en pressant bien et utiliser plusieurs fois dans la journée le liquide obtenu comme anti-inflammatoire.

Synonymes:

Malva mauritiana L. (1753); Malva tenuifolia Desr. In Lam. (1792); Malva tenuifolia Savi (1804); Malva erecta C. Presl.(1822); Malva tomentella C. Presl (1826); Malva ambigua Guss. (1828); Malva polymorpha Guss. (1828); Malva thuringiaca (L.) Visiani (1851); Althaea godronii Alef. (1862); Althaea mauritiana Alef. (1862); Malva sylvestris var. mauritiana (L.) Boiss. (1867); Malva sylvestris var. polymorpha (Guss.) Parl. (1873); Malva sylvestris subsp. erecta (C. Presl.) Nyman (1878); Malva sylvestris L. lus. nivea Priszter (1895); Malva ambigua var. microphylla Rouy in Rouy & Focauld (1897); Malva sylvestris proles ambigua (Guss.) Rouy (1897); Malva sylvestris proles martrinii Rouy (1897); Malva viviniana Rouy (1897); Malva sylvestris subsp. mauritiana (L.) Asch. & Graebn. (1899); Malva sylvestris var. ambigua (Guss.) Sampaio (1911); Malva sylvestris subsp. ambigua (Guss.) Thell. (1912); Malva sylvestris subsp. mauritiana (L.) Boess. ex Coutinho (1913); Malva longelobata Sennen (1927); Malva longepedulcolata Sennen (1927); Malva sylvestris subsp. incanescens (Griseb.) Hayek (1927); Malva sylvestris subsp. ambigua (Guss.) P.Fourn. (1936); Malva sylvestris subsp. viviniana (Rouy) P.Fourn. (1936); Malva grossheimii Iljin (1949).

 

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