Opuntia ficus-indica

Famille : Cactaceae


Texte © Pietro Puccio

 

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Traduction en français par Serge Forestier

 

Avec ses cladodes de 20 à 50 cm il peut atteindre 5 m de hauteur © Mazza

Avec ses cladodes de 20 à 50 cm il peut atteindre 5 m de hauteur © Mazza

Opuntia ficus-indica (L.) Mill. (1768), cultivé depuis l’Antiquité et maintenant naturalisé dans de nombreuses régions tropicales, subtropicales et tempérées chaudes, pourrait être indigène du Mexique.

Le nom du genre vient du grec “Opus”, capitale de la Locride, plus tard appelé Opuntia du nom de la ville, nom utilisé par Pline pour indiquer une plante épineuse, non identifiée, originaire de cette région ; le nom de l’espèce résulte de la combinaison des mots latins “ficus” en référence à la forme du fruit qui rappelle celle de la figue commune (Ficus carica) et “indicus” = de l’Inde, en référence à son origine (Indes occidentales).

Noms communs : “barbary-fig”, “indian-fig”, “mission cactus”, “mission prickly-pear”, “prickly-pear”, “prickly-pear cactus”, “smooth mountain prickly-pear”, “smooth prickly-pear”, “spineless cactus”, “tuberous prickly-pear”, “tuna cactus” (anglais) ; “chardon d’Inde”, “figue de Barbarie”, “figue de cactus”, “figuier à maquette”, “figuier d’Inde”, “figuier de Barbarie” (français) ; “fico d’India” (italien) ; “figo de cacto”, “figos da India”, “figo de pitoira”, “figueira da Barbária”, “figueira da India”, “jamaracá”, “jurumbeba”, “orelha-de-onça”, “palma-de-gado”, “palma-gigante”, “palmatoria sem espinhos”, “tabaido” (portugais) ; “cardón de México”, “chumba”, “Chumbera”, “chumbo”, “chumbua”, “fifuera de moro”, “higo chimbo”, “higo chumbo”, “higo de cactus”, “higo de pala”, “higo México”, “higos chumbos”, “higos de la India”, “higuera”, “higuera chumba”, “higuera de pala”, “nopal”, “nopal de Castilla”, “nopal pelón”, “tuna”, “tuna de Castilla”, “tuna de España”, “tuna española”, “tuna mansa”, “tuna real” (espagnol) ; “feigenkaktus”, “indianische feige”, “kaktusfeige”, “kaktusfeigen”, “stachelfeigen” (allemand).

Espèce arbustive aux longues tiges mesurant jusqu’à 5 m, constituées de segments aplatis, les cladodes, communément appelés “raquettes” ; ces cladodes sont des tiges modifiées, à la forme obovale ou elliptique, de 20 à 50 cm de long, de 10 à 25 cm de large et épais de 2 ou 3 cm, à la peau verte ou gris-vert. Ils assurent la fonction chlorophyllienne. La mince couche de cire qui recouvre leur surface a pour fonction de limiter la transpiration, et donc la perte de liquides et de refléter une partie de la lumière. Pendant leur phase de croissance, les cladodes sont munis de feuilles coniques rudimentaires, mesurant 3 à 4 mm de long, disposées en spirale, persistant pendant une courte période.

A la base des feuilles se trouvent les aréoles, structures presque elliptiques de 2 à 4 mm de long qui peuvent être considérées comme des bourgeons axillaires latents modifiés ; ces aréoles portent des glochides, éphémères touffes d’épines fines, longues de quelques millimètres, à l’extrémité crochue, jaune, et éventuellement des épines, au nombre de 1 à 6, blanches, de 0,5 à 3 cm de long. Au fil du temps, les cladodes de la base de la plante se lignifient pour former un tronc robuste pouvant atteindre 35 cm de diamètre.

Les fleurs solitaires, de 5 à 8 cm de diamètre, sont hermaphrodites et apparaissent en mai-juin, généralement à partir des aréoles situées sur l’extrémité supérieure des cladodes d’un an ; elles sont composées de sépales ovales ou obovales, de 20 mm de long, avec une bande jaune centrale verte ou rouge et de pétales obovales ou oblongs de couleur allant du jaune à l’orange, mesurant de 25 à 35 mm de long et de 15 à 20 mm de large, à l’apex arrondi ou tronqué ; les fleurs restent ouvertes pendant un jour ou deux.

Fruits comestibles. Cladodes riches en minéraux, vitamines A, B6, C et K © Giuseppe Mazza

Fruits comestibles. Cladodes riches en minéraux, vitamines A, B6, C et K © Giuseppe Mazza

Le fruit est une baie charnue ovoïde ou oblongue, concave à l’extrémité (ombiliqué), de 5 à 10 cm de long, 4 à 8 cm de diamètre et pesant 100 à 300 g, jaune, orange ou violet à maturité, selon la variété, à la surface couverte de groupes denses de glochides ; la chair est juteuse, de couleur allant du blanchâtre au violette, et contient de nombreuses graines (environ une centaine) de forme pratiquement elliptique, d’environ 4×5 mm, grises ou bronze.

Grâce à sa grande adaptabilité à différentes conditions environnementales et à la facilité avec laquelle elle est disséminée par les animaux, l’espèce s’est répandue et naturalisée dans diverses parties du globe, en particulier dans le bassin méditerranéen, l’Australie et l’Afrique du Sud, étouffant souvent la végétation locale.

Les sols rocheux ou sablonneux, arides ou semi-arides, même pauvres, en plein soleil, constituent l’environnement idéal pour la culture, à condition qu’ils soient parfaitement drainants, dans des régions où les températures annuelles moyennes sont supérieures à 18 °C, conditions environnementales donc difficile à utiliser pour d’autres cultures.

En ce qui concerne la résistance aux basses températures, les jeunes plants peuvent être déjà endommagés au voisinage de -3 °C, les plantes adultes pouvant supporter, sans dommages excessifs, des températures jusqu’à environ -6 °C, tandis que la base, si elle est lignifiée, peut survivre jusqu’à -10 °C pendant une courte période.

Du point de vue ornemental son emplacement idéal se trouve dans de grands jardins “désertiques”, où, dans tous les cas, son emplacement devra être soigneusement choisi, à l’écart des lieux de passage, étant donné la taille qu’il peut être atteindre et la présence des glochides et des épines ; ces caractéristiques en font une excellente plante pour réaliser des barrières défensives. En raison de la large zone et de l’ancienneté de sa culture, l’espèce a donné lieu à de nombreuses variétés, qui différent à la fois par les caractéristiques des fruits et des gladodes et qui sont sélectionnées selon l’usage auquel elles sont destinées.

Les fruits, qui doivent être manipulés avec précaution en raison de la présence de glochides gênants et douloureux, sont consommés frais ou transformés pour la production de boissons alcoolisées, de jus de fruits, de confitures, etc. ; les cladodes, qui en plus de leur valeur nutritionnelle intrinsèque, étant riches en vitamines (A, B6, C, K) et en sels minéraux, contiennent une teneur élevée en eau, sont une ressource importante pour l’alimentation animale, en particulier dans les zones arides et semi-arides. Dans certaines régions, notamment au Mexique, les jeunes cladodes, débarrassées de leur cuticule, bouillis ou frits, sont couramment utilisés pour la consommation humaine ; ils sont riches en fibres et en antioxydants, en particulier la bétanine et l’indicaxanthine, et peuvent être utiles dans le traitement de l’obésité et dans le diabète, en raison de leur faible teneur en glucides.

Produit le colorant

Produit le colorant " carmin de cochenille " (E 120) grâce à l'élevage d'un insecte très prolifique, le Dactylopius coccus © Giuseppe Mazza

Fleurs, fruits et cladodes et leurs extraits, convenablement traités, sont diversement utilisés dans les industries cosmétique, alimentaire et pharmaceutique. Une utilisation très ancienne, datant des Aztèques, est en tant que plante hôte pour l’élevage de Dactylopius coccus, insecte dont nous extrayons le colorant rouge carmin largement utilisé par les industries alimentaire et cosmétique sous le nom de E120.

La reproduction des variétés est faite exclusivement par boutures car, par semis, on ne peut pas être certain d’obtenir des plantes identiques à la plante mère, en raison de la variabilité génétique ; en plein air, la multiplication végétative a lieu au printemps et en été, de préférence à partir de cladodes âgés de 2 ans dont on aura laissé sécher la plaie pendant environ 2 semaines ; les boutures sont partiellement enfouies et simplement posées sur le sol ; la production de fruits commence à partir de la deuxième ou troisième année.

Dans le cas de la reproduction par semis, les graines doivent être scarifiées en raison de la présence d’un tégument dur qui entrave la germination ; une méthode alternative simple consiste à immerger les graines dans de l’eau très chaude, à environ 80 °C, et à les laisser reposer dans l’eau en cours de refroidissement pendant une nuit ; dans la nature la germination est favorisée par le passage à travers le système digestif des animaux qui s’en nourrissent. Les graines doivent être réparties, à peine enterrées, dans un substrat de sable maintenu humide et placé dans un environnement très lumineux à une température supérieure à 20 °C, de préférence entre 25 et 30 °C ; les nouvelles plantes commencent à produire à partir de la septième année environ.

La Sicile, où l’espèce a été introduite au cours de la première moitié du XVIe siècle et où, grâce aux caractéristiques du sol et du climat, elle s’est naturalisée et tellement répandue qu’elle est devenue le symbole de l’île, est le deuxième plus grand producteur mondial de figues de Barbarie derrière le Mexique, mais le premier pour leur qualité, tandis que le Mexique est le premier pour les cladodes qui, comme cela a été indiqué précédemment sont largement utilisés dans l’alimentation.

La production sicilienne est principalement orientée vers les fruits tardifs et de qualité supérieure, obtenus au moyen de la “scozzolatura”, une technique qui consiste à éliminer la floraison printanière normale, qui, grâce à l’aptitude de la plante à refleurir, est suivie d’une seconde floraison, plus clairsemée, produisant alors, l’automne venu, moins de fruits, mais de plus belle taille, plus juteux et plus sucrés ; la technique ainsi que le nom “scozzolatura” se sont propagés depuis la Sicile vers d’autres pays producteurs où ils font partie des techniques de culture.

Synonymes : Cactus ficus-indica L. (1753); Cactus opuntia L. (1753); Opuntia vulgaris Mill. (1768); Cactus chinensis Roxb. (1832); Opuntia megacantha Salm-Dyck (1834); Opuntia chinensis (Roxb.) K. Koch (1853); Opuntia compressa J.F. Macbr. (1922).

 

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