Papaver rhoeas

Famille : Papaveraceae

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Texte © Eugenio Zanotti

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Papaver rhoeas, pavot commun, coquelicot, Papaveraceae

Les graines de coquelicot germent toutes ensemble quand la terre a été remuée © G. Mazza

Le genre Papaver comprend environ 125 espèces de plantes herbacées pérennes ou annuelles (16 sont présentes dans les pays européens); le lieu d’origine des pavots qui envahissent les cultures en Europe et dans le bassin méditerranéen est situé entre l’Iran et le Pamir (zone d’origine des blés cultivés) et, selon toute probabilité, ils ont été introduits avec les semences de ces céréales (espèce archéophyte) et se sont associés à ces plantes. Le pavot rouge commun ou coquelicot est répandu en Europe, en Asie et en Afrique du Nord.

Le nom du genre viendrait du latin “papa” = bouillie (des jeunes enfants) parce que dans les temps anciens on mettait les pétales, le suc ou les graines de cette plante dans la nourriture pour favoriser le sommeil des tout-petits. Il peut aussi être rapproché de “pap” = éclore, le même vocable qui est à l’origine de “papula” = vésicule.

Le nom spécifique dériverait pour certains auteurs du mot grec “roiàs” (pavot sauvage) qui viendrait à son tour de “roia” = grenade, à cause de la couleur rouge des pétales; pour d’autres, il serait à relier au grec “rhéo” = s’écouler, et de là au verbe latin “ruere” = tomber, à cause de la chute précoce des pétales qui ne tiennent pas plus d’un jour après l’éclosion de la fleur.

Le pavot commun ou coquelicot (Papaver rhoeas L. 1753) est une herbe annuelle, laticifère, qui, lorsqu’elle est froissée, dégage une odeur peu agréable; elle est haute de 20 à 60 cm (moins de 80 cm) avec une tige fine, cylindrique, couverte de soies, simple ou ramifiée, droite ou montante et longuement dépourvue de feuilles sous les fleurs. La racine est pivotante et blanchâtre. Les feuilles basilaires sont variables, dotées de poils souples et soyeux, oblongues-lancéolées ; en général une ou deux sont irrégulièrement pennatipartites ou presque pennatiséquées. Les feuilles caulinaires sont alternes, sessiles et ont un grand segment terminal aigu à obtus.

Les fleurs, au stade du bouton, sont retournées vers le bas (la floraison se concentre pendant la période d’avril-juin mais connaît une reprise plus tardive fin novembre), solitaires, inodores, éphémères et ont deux sépales couverts de soies. La corolle a 4 pétales très grands (diamètre des fleurs : 5 à 8 cm) de couleur rouge écarlate ou rouge minium (très rarement violacée ou blanchâtre) souvent avec une tache noire à leur base en accord avec de nombreuses étamines d’un noir bleuâtre.

Papaver rhoeas, pavot commun, coquelicot, Papaveraceae

De ce fait elles poussaient dans les champs de blé ou de bataille où tombaient les obus © G. Mazza

Le fruit est une capsule sous-sphérique, ovale ou ovale-oblongue glabre, glabre, surmontée d’un stigmate plat à 4 à 12 lobes radiaux et contenant de très nombreuses graines très petites (0,6 à 1 mm), réniformes, finement réticulées, d’une couleur brun-rougeâtre à brun grisâtre, qui, à maturité, s’échappent des ouvertures situées sous le stigmate. Chaque plante produit en moyenne de 10 à 20.000 graines qui restent en vie dans le sol jusqu’à 40 années et qui germent en surface en général dans le courant de l’automne après avoir subi un stimulus lumineux.

La sous-espèce strigosum (Boenn.) Pign. se différencie par l’absence de taches noires à la base des pétales, la partie haute de la tige et les pédoncules floraux aux poils imbriqués et non bien apparents comme chez la sous-espèce nominale et elle est en général plus frêle et limitée dans sa croissance. Il y a de nombreuses autres espèces à l’aspect et à l’habitat similaires : Papaver hybridum, Papaver apulum, Papaver argemone, Papaver dubium, etc.

Le pavot commun ou coquelicot pousse dans les champs de céréales, les prés, les terrains abandonnés, notamment argileux ou calcaires, les terres incultes, les bords des routes, les monticules de terre et les terrains retournés, les décombres et les ruines depuis la plaine jusqu’à 1.800 à 1.900 m d’altitude.

Avant l’emploi généralisé des herbicides dans nos cultures de blé, d’orge, de seigle et d’avoine le coquelicot formait, souvent mêlé aux bleuets et à la camomille, des paysages enchanteurs qui ont été immortalisés surtout par les peintres impressionnistes. Autrefois les petits garçons, qui étaient ingénieux parce que privés de jouets, utilisaient les capsules de coquelicot comme une sorte de tampon pour le front ou les mains alors que les petites filles confectionnaient de gracieuses petites poupées en détachant les gros boutons de fleurs et en laissant un court morceau de pédoncule qu’elles fixaient sur le fond de la capsule, simplement coupée à la base avec les ongles, de façon à obtenir une sorte de petite tête, après quoi elles écartaient les 2 sépales qui faisaient alors fonction de cape en faisant ressortir la “jupe” rouge constituée par les pétales.

Papaver rhoeas, pavot commun, coquelicot, Papaveraceae

La sous-espèce Papaver rhoeas strigosum n’a pas de dessin foncé au centre © Giuseppe Mazza

Il est de tradition dans les pays anglo-saxons de dédier le pavot à la mémoire des première et seconde guerres mondiales. En Angleterre, le jour de l’Armistice , on porte un coquelicot à la boutonnière

Les pétales séchés à l’ombre dans des endroits secs et ventilés ont de légères propriétés narcotiques, qui ont été employées dans la médecine populaire pour des infusions à l’effet sédatif, et aussi béchiques, diaphorétiques et broncho-sédatives. Ils contiennent, en plus de la rhoédine, de la réagénine, de la réarubine, de l’isoréadine, de la protopine, des mucilages, des anthocyanes, des résines, des traces d’acide méconique, des sels de potassium et de l’amidon. Des pétales, riches en anthocyanes, on extrait aussi une teinture rouge utilisée autrefois par les femmes pour le maquillage des lèvres et des joues.

Dans l’économie domestique de nos campagnes les feuilles basilaires du coquelicot ont joué un rôle important parce que, à la fin de l’hiver, elles constituaient, une fois cuites, un très bon légume facile à trouver. Les graines séchées, comme celles plus connues du Papaver somniferum, peuvent être utilisées dans la fabrication de certains types de pains et de gâteaux et on en extrait une huile de très bonne qualité diététique; c’est aussi un bon lénitif et un émollient pour l’usage externe.

Préparations:

Infusion pour favoriser le sommeil

Faire infuser pendant dix minutes dans une tasse à thé remplie d’eau à peine bouillie 2,5 à 3 gr de pétales séchés de coquelicot, filtrer en pressant le résidu, sucrer et ajouter une cuillère de whisky. Boire avant de se coucher. Alterner avec des infusions d’autres plantes calmantes (valériane, camomille, mélisse, tilleul, etc…)

Papaver rhoeas, pavot commun, coquelicot, Papaveraceae

Un Papaver rhoeas rhoeas. Les 2 sous-espèces ont des vertus médicinales © Giuseppe Mazza

Infusion de fleurs “des moissons” pour la peau rougie et irritée et pour détendre les rides du visage

Porter à ébullition environ 200 cl d’eau et les verser dans une tasse, ajouter 10 capitules frais de camomille, 10 pétales de coquelicot, les fleurs (celles de couleur bleue) de 5 capitules de bleuet et laisser refroidir. Confectionner des compresses avec un tampon de coton et les poser pendant une vingtaine de minutes sur les parties à traiter.

Synonymes : Papaver rhoeas L. (1753) subsp. rhoeas, var. strigosum Boenninghausen (1824); var. bipinnatifidum Desportes (1838); var. pallidum Gren. & Goldron (1847) ; var. vestitum Gren. & Godron (1847) ; var. violaceum Bréb. (1879); proles caudatifolium (Timb.-Lagr.) Rouy & Focaud in Rouy (1893); proles insignitum (Jordan) Rouy & Focaud in Rouy (1893); proles intermedium (J. Becker) Rouy & Focaud in Rouy (1893); proles roubiei (Vig.) Rouy & Focaud in Rouy (1893); proles strigosum (Jordan) Rouy & Focaud in Rouy (1893); var. agrivagum (Jordan) Rouy & Focaud in Rouy (1893); var. arvaticum (Jordan) Rouy & Focauld in Rouy (1893); var. conicum Legrand (1873); var. cruciatum (Jordan) Rouy & Focaud in Rouy (1893); var. erraticum (Jordan) Rouy & Focaud in Rouy (1893); var. erucifolium (Timb.-Lagr.) Rouy & Focaud in Rouy (1893); var. segetale (Jordan) Rouy & Focaud in Rouy (1893); var. serratifolium Héribaud ex Rouy & Focaud in Rouy (1893); subsp. umile Holmboe (1914); subsp. caudatifolium (J. Becker) P. Fourn. (1928); subsp. insignitum (Jordan) P. Fourn. (1928); subsp. intermedium (J. Becker) P. Fourn. (1928); subsp. strigosum (Boenninghausen) P. Fourn. (1928).

 

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