Paphiopedilum delenatii

Famille : Orchidaceae


Texte © Pietro Puccio

 

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Traduction en français par Serge Forestier

 

Paphiopedilum delenatii est une espèce terrestre des pentes et des fissures granitiques des montagnes dans les régions de mousson de sud-est de la Chine et du Vietnam  © G. Mazza

Paphiopedilum delenatii est une espèce terrestre des pentes et des fissures granitiques des montagnes dans les régions de mousson de sud-est de la Chine et du Vietnam © G. Mazza

L’espèce est originaire du sud-est de la Chine (Guangxi et Yunnan) et du Vietnam où elle pousse sur les pentes et les crevasses montagneuses sur les rochers granitiques, souvent à proximité des cours d’eau, entre 700 et 1300 m d’altitude, dans des régions caractérisées par un climat de mousson.

Le nom de genre est la combinaison des termes grecs “Παφια” (Paphia), attribut d’Aphrodite, et “πεδιλον” (pedilon) = sandale, en référence à la forme du labelle ; l’espèce est dédiée à Louis Delénat, conservateur du jardin botanique de Saint-Germain-en-Laye, près de Paris.

Noms communs : pink slipper orchid (anglais) ; de shi dou lan (chinois) ; lan hài hồng (vietnamien).

Paphiopedilum delenatii Guillaumin (1924) est une espèce terrestre à feuilles distiques oblongues-elliptiques, de 8 à 14 cm de longueur et de 3,5 à 4,5 cm de largeur, de couleur vert clair avec des veines et des marbrures vert foncé sur la face supérieure et abondamment ponctuées de brun-pourpre au-dessous.
Inflorescences dressées, sur une hampe velue brun pourpre longue de 15 à 20 cm, avec 1 ou 2 fleurs de 6 à 8,5 cm de diamètre, légèrement parfumées, à sépales et pétales blancs aux légères nuances roses, labelle rose intense et staminode rose, au centre taché de jaune ; dans la nature, il existe même des spécimens dépourvus de pigmentation rouge (photo). Sépale dorsal ovale à l’apex pointu, long de 2,2 à 3,2 cm et large de 1,8 à 2,5 cm, sépales latéraux unis pour former un sépale unique (synsépale) derrière le labelle, de forme et de dimensions similaires au dorsal, pétales ovales-elliptiques, à l’apex obtus, longs de 3 à 4,2 cm, et larges de 2,5 à 3,5 cm, labelle sacciforme, long de 2,5 à 3,5 cm et large de 2 à 3 cm, et staminode ovale-rhomboïdal.

La reproduction se fait par semis, in vitro, et par division, à la reprise végétative, à partir de chaque section pourvue d’au moins 3 ou 4 touffes.

Espèce parmi les plus ornementales du genre, aussi bien pour ses fleurs délicates que pour son feuillage, qui a donné naissance à de nombreux hybrides. De culture relativement facile, elle nécessite une exposition semi-ombragée, des températures moyennes à élevées l’été, de 22 à 30 °C, fraîches en hiver, avec des minimas nocturnes de 12 à 14 °C, avec une amplitude thermique journalière de 5 à 6 °C pour stimuler la floraison, une humidité élevée, de 70 à 85 %, et un mouvement constant de l’air. Arrosages réguliers et abondants en été et en automne, tout en laissant partiellement sécher le substrat avant d’arroser à nouveau, de préférence aux premières heures de la journée en évitant la stagnation à l’aisselle des feuilles qui pourrait provoquer la pourriture, réduits en hiver et au printemps, mais sans laisser sécher complétement le substrat ; dans la nature, en effet, cette période est caractérisée par des pluies rares, mais avec des brumes et des brouillards persistants qui aident à maintenir le sol humide.

Feuilles élégantes et fleurs de 6 à 8,5 cm de diamètre, légèrement parfumées. Espèce pratiquement éteinte dans la nature, mais présente dans les pépinières avec de nombreux hybrides © Giuseppe Mazza

Feuilles élégantes et fleurs de 6 à 8,5 cm de diamètre, légèrement parfumées. Espèce pratiquement éteinte dans la nature, mais présente dans les pépinières avec de nombreux hybrides © Giuseppe Mazza

Pour les arrosages et les nébulisations on utilisera de l’eau de pluie, de l’eau osmosée ou déminéralisée, et pour la fertilisation, pendant la période végétative, un produit équilibré hydrosoluble, contenant des oligoéléments, au quart de la dose conseillée, voire moins. Elle sera cultivée en pot sur un substrat particulièrement drainant et légèrement acide qui peut être constitué de 70 % de fragments d’écorce de calibre moyen, de 20 % de charbon de bois et de 10 % de sphaigne. Les rempotages seront effectués, lorsque le substrat s’est décomposé, à la fin de la floraison.
A cause de sa récolte sans discernement et de l’anthropisation excessive la population s’est réduite considérablement durant les dernières années du XXème siècle, avec de rares spécimens présents en Chine (Guangxi et Yunnan) et au Vietnam, suffisamment pour qu’elle soit incluse dans la liste rouge de l’IUCN (International Union for the Conservation of Nature and Natural Resources) comme “Critically Endangered” (à haut risque d’extinction dans la nature dans un avenir proche).

L’espèce est inscrite à l’annexe I de la CITES (espèce menacée d’extinction dont le commerce n’est autorisé que dans des circonstances exceptionnelles).

Synonymes : Cypripedium delenatii (Guillaumin) C.H.Curtis (1931); Paphiopedilum delenatii f. albinum Braem (1998); Paphiopedilum delenatii f. vinicolor O.Gruss & Roeth (2007); Paphiopedilum delenatii f. lutescens Grell & Gunzenh. (2010).

 

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