Rhina ancylostoma

Famille : Rhinidae

PEPPINO.gif
Texte © Giuseppe Mazza

 

michel.gif
Traduction en français par Michel Olivié

 

Rhina ancylostoma

Rhina ancylostoma mâle. À mi-chemin par la forme des raies et des requins c’est une espèce en danger malgré sa vaste aire de répartition dans l’Indo-Pacifique tropical © Giuseppe Mazza

La Rhina ancylostoma Bloch § Schneider, 1801 appartient à la classe des Chondrichthyes, les poissons cartilagineux, à l’ordre des Rhinopristiformes et à la famille des Rhinidae qui regroupe des espèces qui possèdent des caractéristiques intermédiaires entre les raies et les requins et qui sont  réparties en 3 genres : Rhina, Rhynchobatus et Rhynchorhina.

Selon d’autres auteurs ce serait au contraire un Rajiformes qui doit être classé dans la famille des Rhinobatidae, celle des poissons-guitare ou poissons-violon, ou des Rajidae, celle des raies.

Le nom du genre Rhina vient du grec “rhino” = nez, par allusion au profil inaccoutumé de son museau alors que le nom de l’espèce ancylostoma est issu, également du grec, de “ankylos” = recourbé et “stoma” = bouche, à cause de la forme en demi-lune de cette dernière.

Rhina ancylostoma

Vue ventrale d’une femelle. La gueule en demi-lune n’a pas de dents aiguisées comme les requins mais 97 rangées de dents plates et plissées pour broyer les proies © Giuseppe Mazza

Zoogéographie

Bien qu’elle soit rare et menacée d’extinction la Rhina ancylostoma occupe une aire de répartition très vaste dans le bassin Indo-Pacifique. On la trouve depuis la mer Rouge et le golfe Persique jusqu’à l’Afrique du Sud et ensuite, à titre d’exemple, aux Seychelles, à l’île Maurice et aux Maldives. Côté Est elle a colonisé les côtes de l’Inde, du Sri Lanka, de la Thaïlande, de la Malaisie, de l’Indonésie, de la Nouvelle-Guinée-Papouasie, de l’Australie et de la Nouvelle-Calédonie qui marque la limite orientale de l’espèce. Côté Nord elle est présente dans les eaux du Vietnam, des Philippines, de Taïwan, de la Corée et du Sud du Japon.

Écologie-Habitat

C’est un poisson essentiellement nocturne qui se déplace en donnant des coups de queue comme les requins. Il nage, non loin des fonds, même seulement à 3 m de profondeur, le long des côtes sableuses, rocheuses ou madréporiques mais ne descend jamais en général au-dessous de 90 m.

Rhina ancylostoma

Les yeux et le dos sont protégés par de fortes épines. Le nom du genre souligne le profil arrondi du museau © Giuseppe Mazza

Morphophysiologie

Il dépasse rarement 3 m et pèse environ 135 kg.

La partie antérieure de son corps fait aussitôt penser aux raies alors que la seconde partie, qui est allongée, et la nageoire caudale rappellent le profil d’un requin. Mais les deux grandes nageoires dorsales sont ici de taille analogue alors que chez les requins la seconde est très petite et parfois presque réduite à un moignon. La nageoire anale, de plus, est absente et les nageoires pelviennes sont en comparaison beaucoup plus développées.

La tête est courte, large, aplatie et possède un museau arrondi caractéristique. Les yeux, bien détachés du corps, sont protégés par de fortes épines qui sont également présentes sur le dos et les flancs, à côté des nageoires pectorales.

La gueule, recourbée, est située sur le côté ventral, tout de suite après les deux grandes narines.

Les mâchoires qui comportent trois lobes emboîtables ont 47 rangées de dents en partie haute et  50 en partie basse. Elles ne sont pas acérées comme celles des requins mais au contraire plates et plissées afin de broyer les proies : des poissons benthiques, des crustacés et des mollusques que la Rhina ancylostoma immobilise sur le fond en se posant dessus de tout son poids et qu’elle dirige par des mouvements rapides vers sa gueule. Aucune coquille ou carapace ne peut résister à ce mixeur très efficace.

Comme chez les raies les fentes branchiales s’ouvrent sur la face inférieure qui est de couleur blanchâtre. Elles sont au nombre de 5 par côté, à la jointure des nageoires pectorales, et dessinent presque un cercle avec le profil du museau.

La livrée du dos tend vers le marron ou le gris bleuâtre et comporte des taches de couleur claire qui sont également présentes sur les nageoires et des dessins foncés qui sont plus marqués chez les juvéniles. Le motif noir bordé de blanc à la base des nageoires pectorale qui subsiste, bien qu’estompé, chez les adultes, est caractéristique. Les taches claires, quand le poisson grandit, deviennent plus petites.

Éthologie-Biologie reproductive

Du fait de son régime varié la Rhina ancylostoma n’a pas de gros problèmes d’alimentation et de fait c’est un poisson qui s’accommode bien de la vie en captivité dans les énormes bassins des grands aquariums océaniques où il s’est reproduit plusieurs fois.

C’est une espèce ovovivipare avec fécondation interne.

Rhina ancylostoma

La fécondation est interne. Les femelles, ovovivipares, atteignent 3 m de long et 135 kg. Elles donnent naissance à 2 à 15 petits autonomes et longs d’environ 45 cm © Giuseppe Mazza

Les femelles, qui sont plus grandes que les mâles, ne sont mûres sexuellement que quand elles atteignent 180 cm de long. Elles peuvent donner naissance jusqu’à 15 petits mais en général leur    nombre oscille entre 4 et 11 avec un minimum de 2. Ils se nourrissent dans un premier temps du vitellus et grandissent ensuite en absorbant le gras et les protéines du liquide utérin. À la naissance ils mesurent environ 45 cm.

Dans la nature la Rhina ancylostoma est surtout la proie du requin-tigre (Galeocerdo cuvier) mais le principal danger vient de la pêche au chalut qui souvent ne laisse pas aux femelles le temps de grandir et de se reproduire. Pour ne pas endommager leurs filets les pêcheurs libèrent les malheureux en coupant leurs nageoires, qui sont la seule partie commercialisable localement pour la soupe de poissons, ce qui les condamne à une mort certaine.

La résilience est très basse vu qu’il faut plus de 14 ans pour que les effectifs décimés par des catastrophes puissent doubler leur nombre. L’indice de vulnérabilité est par conséquent très élevé et s’établit à 76 sur une échelle de 100.

 

→ Pour des notions générales sur les poissons cliquer ici.

→ Pour des notions générales sur les Chondrichthyes, les POISSONS CARTILAGINEUX cliquer ici.

→ Pour apprécier la biodiversité des POISSONS CARTILAGINEUX et trouver d’autres espèces cliquer ici.

→ Pour apprécier la biodiversité des Osteichthyes, les POISSONS OSSEUX, et trouver d’autres espèces cliquer ici.