Rosa glauca

Famille : Rosaceae

Classification : Rosier Botanique


Texte © Prof. Franca Bessi

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Rosa glauca

En fleur de juin à août Rosa glauca est un arbuste rustique et très décoratif, haut de 1 à 3 m, aux feuilles teintées de pourpre quand elles sont jeunes © Hornbeam Arts

Une description botanique de Rosa glauca ne parvient pas, malgré la nécessité de l’utilisation  d’adjectifs qualificatifs, à décrire une rose dont l’épithète de l’espèce est glauca et qui a pour synonymes rubrifolia, ferruginea, rubicunda et livida. C’est la façon particulière dont elle se présente qui fait le charme de cette rose et non un aspect morphologique particulier bien que chacune de ses caractéristiques soit en elle-même remarquable.

Sous la couverture des feuilles aux couleurs inhabituelles ses petites fleurs qui durent peu apparaissent grandes ouvertes et comme soutenues par de longs sépales qui jaillissent du bord des pétales. Une rose qu’il n’est pas facile de résumer en une photographie ni de reproduire en peinture. La douceur de l’aquarelle dans le dessin d’une hampe florale ne peut en effet rendre compte du faible éclat général et apparent des couleurs qui contraste avec la vivacité des teintes de chaque organe, le style accrocheur des petites corolles et la texture touffue du feuillage qui varie du vert bleuâtre au rouge amarante.  Plus conformes à la vérité sont les iconographies botaniques où les détails et le dessin général d’une tige sont bien mis en évidence : sont bien réussies celles qui ont été employées par Adriano Fiori (1865-1950) dans l’ Iconographia florae italicae et par Nikolaus Joseph Freiherr von Jacquin (1727-1817) dans Fragmenta botanica, figuris coloratis illustrata.

La première description reconnue de Rosa glauca est celle qui a été fournie par l’abbé Pierre André Pourret (1754-1818) dans Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences, Inscriptions et Belles Lettres de Toulouse (3 : 326, 1788) et qui est très complète. Cette rose se caractérise par son calice hispide, ses pédoncules épineux, sa tige, ses pétioles munis d’aiguillons et ses feuilles composées de 5 à 7 (sur un rameau florifère et 9 sur les tiges) folioles ovées-lancéolées de couleur bleu verdâtre.

Rosa glauca

L’inflorescence est généralement pluriflore. Ici de nombreux pétales sont déjà tombés et les sépales aux longs apex à peine déployés sont encore étalés © Giuseppe Mazza

Il est conseillé également dans le texte de veiller à ne pas confondre cette espèce avec la Rosa alba L. mais rien n’est plus différent entre elles que l’aspect des deux taxons et la forme de leurs feuilles vert bleuâtre.

Adriano Fiori, en l’identifiant dans un premier temps sous le nom de Rosa rubrifolia Vill. puis de Rosa glauca Pourr., fournit davantage de détails sur sa description. Il indique notamment que les sépales sont étroits, qu’ils se terminent par une longue pointe effilée, qu’ils sont plus longs que les pétales qui ont une couleur vive rose fuschia, qu’ils se redressent après l’anthèse et qu’ils subsistent jusqu’à la venue à maturité du réceptacle qui est petit et sphérique. Au sujet des aiguillons il signale qu’ils sont relativement fins et crochus.

Les architectes paysagistes donnent sur cet arbuste rustique haut de 1 à 3 m qui fleurit de juin à août des informations plus fournies et plus détaillées que celles des botanistes mais celle sur la floraison   ou l’appareil floral est en général exhaustive parce que si Rosa glauca a de petites corolles celles-ci sont assez particulières bien qu’elles soient analysées de diverses façons.

Les boutons ont un calice arrondi et sont surmontés par les sépales qui sont serrés au début et s’ouvrent ensuite tout droits en formant une touffe. La fleur, inodore, a  des styles libres et une couronne d’anthères jaunes, en général claires, comme les stigmates. Les corolles ont des pétales bicolores avec un centre blanc et sont portées en forme de corymbes par des pédoncules et des pédicelles brun pourpre  rarement hispido-glanduleux. Les bractées lancéolées et pointues peuvent être larges et égaler ou dépasser en longueur les pédicelles. Les bractéoles sont nettement plus petites.

Rosa glauca

Les cynorrhodons mûrs de Rosa glauca sont lisses, subglobuleux, toujours d’un rouge vif, comme la couleur de la cire à cacheter, et ils peuvent atteindre 1,5 cm de diamètre. Les corymbes ressemblent à des bouquets de petites sphères brillantes. Avec leurs tiges brun rougeâtre ils rendent cette espèce décorative en hiver aussi © Giuseppe Mazza

Les cynorhodons conservent à maturité la forme sous-sphérique des hypanthes, changent de couleur en passant du vert violacé et d’une teinte pruneau à un rouge cire à cacheter brillant et perdent les sépales. Les corymbes ont alors l’aspect de bouquets de petites sphères brillantes et, joints aux tiges brun rougeâtres, ils rendent la plante décorative aussi en hiver.

Rosa glauca, bien qu’elle ait une vaste aire de répartition de l’Europe centrale et méridionale à la Russie d’Europe et qu’elle pousse entre 1400 et 2000 m d’altitude, n’est pas une rose répandue mais elles est relativement ubiquiste (versants rocheux, lisières de prairies, orées des bois et également lieux très humides). On la rencontre seule ou en groupe et supporte une exposition en plein soleil et un ombrage partiel, ce qui fait d’elle une plante précieuse pour les architectes paysagistes.

En plein soleil ses fleurs ont des teintes plus vives et si elle est un peu à l’abri la couleur de son feuillage est meilleure (vert bleuâtre, bleu azur verdâtre ou gris bleu azur, ou même parfois rougeâtre). Mentionnée par Gertrude Jekyll (1843-1932) dans Roses for English Gardens comme étant une rose  nettement différente des autres par son feuillage teinté d’une couleur rouge violacé elle est employée dans les mixed borders, les haies informelles et sous forme de buisson isolé. Elle a été installée pour servir de plante intercalaire dans les jardins du château de Trauttsmandorff à Merano (Italie) et a été agencée à la manière d’un ruché de dentelle sur un cyprès dans le parc de Iford Manor (G.B.) créé par le concepteur édouardien Sir Harold Answorth Peto (1854-1933).

Rosa glauca a  reçu neuf synonymes dont les plus utilisés sont dans l’ordre Rosa ferruginea Vill., Rosa rubrifolia Vill. et Rosa livida Host et est appelée communément Rosa Paonazza en Italie, Red-leaved Dog-rose en anglais et Rosier glauque en français.

 

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