Tragopogon porrifolius

Famille : Asteraceae


Texte © Pietro Puccio

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Tragopogon porrifolius, Asteraceae, salsifis à feuilles de poireau, salsifis blanc

Fréquent dans l’aire méditerranéenne le Tragopogon porrifolius est une espèce herbacée bisannuelle à la sève laiteuse, haute de 0,4 à 1,2 m, dotée d’une racine pivotante blanche longue de 20 à 30 cm. Tige peu ramifiée et feuilles sessiles, alternes, dressées, glabres, minces et effilées. Celles du bas, longues de 15 à 30 cm et larges de 2 cm, enveloppent la tige. Son étrange inflorescence pourprée dure plusieurs jours et s’ouvre régulièrement, après s’être réchauffée au soleil du matin, pour se refermer vers midi © Giuseppe Mazza

Cette espèce est originaire d’Afrique (Algérie, Îles Canaries, Libye, Maroc et Tunisie), d’Asie (Turquie) et d’Europe (Bosnie, Bulgarie, Croatie, France, Grèce, Italie, Macédoine, Serbie, Slovénie, Espagne et Roumanie); elle est commune dans les terres en jachère, les bords des routes et les talus jusqu’à 2.000 m d’altitude.

Le nom générique est la combinaison des termes grecs “tragos” = bouc et “pôgon” = barbe, probablement par référence à l’aspect des soies du pappus; le nom spécifique est la combinaison des termes latins “porrum” = poireau et”folium” = feulle, ce qui se justifie de façon évidente.

Tragopogon porrifolius, Asteraceae, salsifis à feuilles de poireau, salsifis blanc

Séquençage de l’ouverture de l’involucre qui porte les fruits en maturation, les akènes caractéristiques des Composées © Giuseppe Mazza

Noms communs : Jerusalem star, John-go-to-bed-at-noon, oyster plant, salsify, vegetable-oyster (anglais), salsifis à feuilles de poireau, salsifis blanc (français), barba di becco violetta, barba di prete, bugia, salsifica, scorzo bianca, scorzonera bianca (italien), barba-de-bode (portugais), barba cabruna, hierba del costado, salsifi blanco (espagnol), Gemüse-Haferwurz, Haferwurzel, Purpur-Bocksbart (allemand).

Le Tragopogon porrifolius L. (1753) est une plante herbacée bisannuelle à la sève laiteuse, haute de 0,4 à 1,20 m, dotée d’une racine pivotante blanche longue de 20 à 30 cm et d’une tige peu ramifiée avec des feuilles sessiles (sans pétiole), alternes, dressées, glabres, minces et effilées; celles du bas sont longues de 15 à 30 cm, larges de 2 cm et enveloppent la tige à sa base.

Tragopogon porrifolius, Asteraceae, salsifis à feuilles de poireau, salsifis blanc

Quand arrive le moment de la dispersion des graines celles-ci qui proviennent de la base arrondie appelée réceptacle forment une grosse boule de 5 à 8 cm de diamètre avec les ombrelles des akènes, appelées pappus, qui les disperseront grâce au vent. La plante s’autodissémine aisément et se naturalise souvent vite là où elle a été introduite © Giuseppe Mazza

L’inflorescence solitaire terminale est un capitule de 5 à 10 cm de diamètre. Elle est constituée d’une base arrondie, le réceptacle, sur laquelle sont implantées en spirale de de 50 à 200 fleurs bisexuées dont la corolle est constituée de cinq pétales soudés ensemble, avec un apex tronqué et denté de couleur pourpre. Le réceptacle, porté par un pédoncule creux, est entouré par un involucre constitué d’une série de 6 à 11 bractées linéaires-lancéolées, pointues, longues de 3 à 6 cm et de couleur verte. Le capitule s’ouvre le matin en plein soleil et se referme aux alentours de midi pour s’ouvrir de nouveau le jour suivant.

Les fruits, qui contiennent une seule graine et sont appelés akènes (ou plus correctement cypsèles) chez les Asteraceae, sont fusiformes, striés et tuberculés, longs de 1,2 à 2 cm, avec un prolongement recourbé, mince, en forme de bec, long d’environ 2,5 cm et surmonté du pappus, le calice modifié de la fleur, qui a pour fonction de faciliter la dispersion des graines.

Tragopogon porrifolius, Asteraceae, salsifis à feuilles de poireau, salsifis blanc

Les racines charnues, ici en botte, sont comestibles comme les jeunes pousses et les capitules en bouton. La racine est riche en minéraux, en vitamines, en particulier C, B1, B2, B5 et B6, en fibres et en sucres comme l’inuline et le mannitol. Aliment goûteux présent aussi dans la médecine populaire pour ses propriétés dépuratives et laxatives © Giuseppe Mazza

Le pappus est constitué de deux séries de soies longues d’environ 2 cm, disposées en forme de coupe ou d’ombrelle retournée et recouvertes de poils minuscules. Une fois la fécondation des fleurs effectuée, l’involucre se referme afin de protéger les fruits en formation pour s’ouvrir de nouveau en formant une grosse boule de 5 à 8 cm de diamètre quand les akènes sont prêts à être dispersés par le vent. L’espèce s’autodissémine facilement au point de s’être naturalisée, en s’échappant des cultures, dans de nombreux endroits où elle a été introduite.

Elle est connue et utilisée depuis des temps reculés comme aliment, en particulier les racines charnues mais aussi les jeunes pousses et les capitules en bouton, si bien qu’elle s’est répandue sur tous les continents mais sa culture au cours des dernières décennies est devenue de plus en plus marginale. La racine est riche en minéraux, en vitamines, en particulier les vitamines C, B1, B2, B5 et B6, en fibres et en sucres comme l’inuline et le mannitol; en plus de son usage culinaire elle a été utilisée dans la médecine populaire pour ses propriétés dépuratives et légèrement laxatives.

Pour produire la racine on sème directement les graines sur place au printemps dans des terrains dégagés, drainants, travaillés en profondeur, avec un ajout de de substances organiques et en plein soleil; la plante, pendant les premiers stades de son développement, a besoin d’humidité et est ensuite assez résistante à la sécheresse. La première année elle forme une rosette de feuilles tendres utilisables en salade ; la racine peut être récoltée 4 à 5 mois après la germination et peut être consommée crue, cuite, bouillie ou frite, suivant des recettes qui varient selon les endroits, après avoir été pelée et plongée dans de l’eau acidifiée avec du vinaigre ou du citron pour éviter le noircissement. Le goût rappelle, selon certains, celui des noix et, selon d’autres, celui des huitres, ce qui est à l’origine de de certains noms communs donnés à la plante.

Si la racine n’est pas récoltée la plante fleurit le printemps et l’été suivants; les capitules en bouton peuvent être consommés comme les asperges; à ce stade la racine est moins tendre et peut être consommée, taillée en dés, seulement après cuisson. Il ne faut pas enfin oublier que cette plante, de par sa floraison, a également en soi une valeur ornementale et pour cette raison elle a été utilisée, surtout dans le passé, dans les jardins du Nord de l’Europe et de l’Amérique du Nord.

Synonymes : Tragopogon sativus Gaterau (1789); Tragopogon sinuatus Avé-Lall. (1829); Tragopogon australis Jord. (1848).

 

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