Vulpes vulpes

Famille : Canidae


Texte © Dr. Lucrezia Callocchia

 

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Traduction en français par Catherine Collin

 

Symbole depuis l'antiquité d'astuce et de ruse, le Renard roux (Vulpes vulpes) couvre une vaste aire de répartition. Il est aujourd'hui présent dans tout l'hémisphère nord à l'exception des déserts des États-Unis, Mexique et Sahara

Symbole depuis l’antiquité d’astuce et de ruse, le Renard roux (Vulpes vulpes) couvre une vaste aire de répartition. Il est aujourd’hui présent dans tout l’hémisphère nord à l’exception des déserts des États-Unis, Mexique et Sahara © Armandas Naudžius

Le Renard roux, Vulpes vulpes (Linnaeus, 1758), est un mammifère de taille moyenne appartenant à l’ordre Carnivora et à la famille Canidae, dont il est le représentant sauvage le plus répandu.

Depuis l’antiquité, cette espèce a toujours entretenu un fort lien avec l’homme, jusqu’à être devenue un symbole d’astuce et de ruse dans nombre de légendes et de dictons.

Le nom de genre Vulpes, répété pour le nom d’espèce aussi, est le nom par lequel les romains appelaient le renard. Ce nom commun a pris aujourd’hui un sens allégorique dans différentes langues: par exemple, en anglais, le nom “fox” est aussi utilisé comme verbe et signifie “duper”.

Du mot grec “alopex” vient le terme alopécie, maladie causant la chute des cheveux, avec une possible référence au fait qu’au printemps le renard effectue une mue qui le voit perdre son doux poil d’hiver.

La présence du renard est souvent considérée comme problématique pour l’homme à cause de l’intérêt qu’il porte aux petits animaux domestiques, surtout la volaille. Pour cette raison, cet animal a souvent été persécuté et chassé par l’homme, le plus souvent à l’aide de pièges cruels.

Le genre Vulpes est constitué de 12 espèces, dont Vulpes vulpes est la seule présente en Italie.

Zoogéographie

En se basant sur la découverte de restes fossiles, il a été établi que le genre Vulpes trouve son origine en Amérique du Nord, au Miocène, il y a environ 9 millions d’années, puis s’étend ensuite vers l’Eurasie, effectuant au passage diverses spéciations, donnant ainsi naissance au Renard roux et au Renard polaire (Vulpes lagopus). Par la suite, au Pléistocène supérieur, ces espèces sont venues s’installer en Amérique du Nord où elles sont toujours présentes aujourd’hui.

À l’heure actuelle, le Renard roux est répandu dans tout l’hémisphère boréal à l’exception des déserts des États-Unis, du Mexique et du Sahara. Le lien qu’elle entretient avec l’homme a conduit cette espèce à étendre son aire en même temps que lui; par exemple, à la fin des années 1700, elle a été introduite en Australie dans le but de promouvoir la chasse au renard, devenant par la suite une espèce invasive, nuisible pour de nombreuses espèces indigènes comme les marsupiaux et les oiseaux.

En Italie, l’aire de répartition du Renard roux couvre tout le territoire, à l’exclusion des plus petites îles.

Le museau est très allongé, les oreilles triangulaires et la denture ne s’éloigne pas beaucoup du type des canidés mais avec des dents proportionnellement plus petites

Le museau est très allongé, les oreilles triangulaires et la denture ne s’éloigne pas beaucoup du type des canidés mais avec des dents proportionnellement plus petites © Paolo Lombardo

Ces derniers temps, nous avons également assisté à une expansion dans les zones de plaines d’agriculture intensive.

Il résulte donc d’une aussi vaste distribution, une grande variabilité morphologique qui a conduit à la reconnaissance d’au moins 45 sous-espèces de Vulpes vulpes.

Celles-ci sont divisées en deux catégories : les renards roux du Nord, grands et aux couleurs vives, et les renards roux méridionaux du désert, qui incluent trois sous-espèces asiatiques, caractérisés par une taille plus petite, des pattes plus longues et des oreilles plus grandes. Les sous-espèces présentes en Italie sont Vulpes vulpes crucigera, dans la péninsule et en Sicile et Vulpes vulpes ichnusae, endémique de la Sardaigne et présente également en Corse.

La longueur du corps varie de 45 à 90 cm. La queue peut mesurer de 35 à 50 cm environ et sert à équilibrer le poids de l'animal lorsqu'il court. Il peut atteindre les 72 Km/h

La longueur du corps varie de 45 à 90 cm. La queue peut mesurer de 35 à 50 cm environ et sert à équilibrer le poids de l’animal lorsqu’il court. Il peut atteindre les 72 Km/h © Fabio Da Dalt

L’UICN évalue le Renard roux comme espèce à préoccupation mineure (LC- Least Concern) en raison de l’étendue de son aire de répartition et pour sa faculté d’adaptation à une grande variété d’habitats.

Bien que la chasse au renard soit autorisée, uniquement et exclusivement selon les modalités prévues par la loi, il est peu probable que cette espèce puisse subir un déclin tel qu’elle en vienne à être considérée comme une espèce menacée.

On ne connaît pas exactement le nombre de renards présents à l’état sauvage, mais on estime que la densité moyenne la plus probable se situe aux alentours de 1 à 2,5 renards par km².

Écologie-Habitat

Son poids varie de 2,5 à 14 kg, les mâles sont généralement un peu plus grands que les femelles. Il se distingue des autres canidés par ses pattes nettement plus courtes

Son poids varie de 2,5 à 14 kg, les mâles sont généralement un peu plus grands que les femelles. Il se distingue des autres canidés par ses pattes nettement plus courtes © Daniele Porro

L’un des caractères principaux de cette espèce est sa capacité à s’adapter à n’importe quel type d’environnement, du niveau de la mer à la haute montagne.

Il apprécie les bois mixtes et caduques, les forêts de conifères, les prairies alpines, le maquis méditerranéen, les vallées fluviales et les plaines cultivées. Cependant, la présence du renard dans les milieux urbanisés, en particulier à la périphérie des villes et dans les espaces verts, est de plus en plus fréquente.

Cette approche des zones urbaines est certainement due à la recherche de nourriture et se trouve grandement favorisée par le naturel opportuniste de ces animaux, qui les pousse à profiter d’une disponibilité toujours plus importante de déchets organiques.

La fourrure présente une grande variabilité chromatique, à la fois saisonnière et géographique. Elle est très épaisse et douce surtout en hiver pour les basses températures

La fourrure présente une grande variabilité chromatique, à la fois saisonnière et géographique. Elle est très épaisse et douce surtout en hiver pour les basses températures © Alessandro Chiezzi

Le renard est principalement un animal nocturne ou crépusculaire, mais s’il n’est pas dérangé, il peut aussi être très actif de jour. Les renards s’abritent dans de grands terriers (qui souvent sont transmis de génération en génération) qu’ils creusent ou qui ont été abandonnés par des blaireaux (Meles meles) ou des porcs épics (Hystrix spp.).

Morpho-physiologie

Le Renard roux est un canidé de taille moyenne: la longueur du corps varie de 45 à 90 cm, alors que la hauteur au garrot va de 35 à 50 cm; la queue touffue peut mesurer de 35 à 50 cm environ et sert à équilibrer le poids de l’animal durant la course et lors des bonds extraordinaires qu’il effectue et qui peuvent atteindre 3 mètres de haut. Son poids varie de 2,5 à 14 kg et les mâles sont en général un peu plus grands que les femelles.

L’un des caractères principaux de l'espèce est sa capacité d'adaptation à n'importe quel type de milieu, du niveau de la mer à la haute montagne

L’un des caractères principaux de l’espèce est sa capacité d’adaptation à n’importe quel type de milieu, du niveau de la mer à la haute montagne © Ron Winkler

Ces mesures, très variables selon les différentes sous-espèces, en font le plus grand parmi les “vrais renards”, c’est-à-dire parmi tous les membres du genre Vulpes. Il se distingue également des autres canidés par ses pattes nettement plus courtes.

D’une manière générale, on peut affirmer que les renards roux des territoires les plus septentrionaux (Canada, Alaska, Scandinavie) sont habituellement plus grands que ceux des zones les plus méridionales de l’aire de répartition (Afrique du Nord, Moyen-Orient).

La denture ne diffère pas beaucoup de la denture type des canidés, où chaque arcade est caractérisée par la présence de six incisives, deux redoutables canines pour capturer et retenir la proie, huit prémolaires et quatre ou six molaires, utilisées pour broyer les os. Cependant, chez le renard, la taille des dents est proportionnellement plus petite que, par exemple, chez le loup ou le chacal.

Le voilà à la chasse dans un marais même si la plupart de ses proies ne vivent pas en milieu aquatique

Le voilà à la chasse dans un marais même si la plupart de ses proies ne vivent pas en milieu aquatique © Gabriele Bartozzi

Sa fourrure est caractérisée par une grande variabilité chromatique, saisonnière ou géographique, et particulièrement en hiver, apparaît très touffue et douce, ce qui lui permet de supporter les rigueurs de l’hiver.

Depuis l’antiquité, ces particularités ont attisé l’intérêt de l’homme pour la création de fourrures en renard, de sorte que l’animal a été élevé en captivité pour augmenter cette production. Ces derniers temps, l’utilisation de ces fourrures est moins fréquente et de plus en plus de pays interdisent l’élevage et la mise à mort d’animaux dans le but d’en obtenir la fourrure.

Comme on peut le déduire de son nom commun, le manteau du Renard roux est principalement roussâtre avec des nuances qui vont du jaune au marron, surtout sur le dos, alors que le ventre, la gorge et les joues sont gris-blanchâtre, comme l’extrémité de la queue.

Le Renard roux montre une agilité extraordinaire dans n'importe quel environnement avec des bonds allant jusqu'à 3m

Le Renard roux montre une agilité extraordinaire dans n’importe quel environnement avec des bonds allant jusqu’à 3m © Valeria Marchioni

Le museau est très allongé et les oreilles sont triangulaires, très mobiles et caractérisées par des poils noirs comme sur les pieds et la partie inférieure du bout de la queue. En Europe et en Amérique du Nord, on a observé la présence de quelques rares individus montrant un manteau presque complètement noir ou gris foncé; il s’agit de la variante mélanistique de cette espèce, le “renard argenté”, désormais presqu’éteinte parce qu’elle a été chassée de manière intensive pour son extraordinaire fourrure si particulière.

Éthologie-Biologie Reproductive

Le Renard roux est classé parmi les carnivores et puisqu’il est un habile prédateur, son régime alimentaire est principalement composé d’animaux de différentes tailles et de diverses catégories.

Celui-ci vient de capturer une grive musicienne qui s'abreuvait. Si le butin est abondant, étant prévoyant, il peut parfois enterrer les restes pour se constituer une réserve

Celui-ci vient de capturer une grive musicienne qui s’abreuvait. Si le butin est abondant, étant prévoyant, il peut parfois enterrer les restes pour se constituer une réserve © Gianfranco Cinelli

Quelques exemples parmi ses proies les plus fréquentes: souris et campagnols (genres MusApodemusArvicolaMicrotus), musaraignes (genres SorexCrocidura), taupes (Talpa spp.), mammifères un peu plus grands comme des loirs (Glis glis), des lapins (Oryctolagus cuniculus), des lièvres (Lepus spp.) et certains mustélidés comme les belettes (Mustela nivalis); diverses espèces d’oiseaux, faisans (Phasianus colchicus), perdrix (Alectoris spp.), cailles (Coturnix coturnix), et un grand nombre de passereaux ainsi que leurs nichées. Enfin, il chasse également de petits reptiles comme des lézards et des orvets, de petits serpents, des amphibiens et un grand nombre d’invertébrés.

Il partage une habitude avec les autres canidés, celle de parcourir en long et en large son territoire dans une “marche de la faim” continuelle, guidée par l’odorat et l’ouïe. Cependant, malgré sa classification, le renard est principalement considéré comme étant une espèce omnivore et même plutôt opportuniste, puisqu’il se nourrit aussi de baies et de fruits sauvages au besoin.

Ici la proie est un Geai des chênes

Ici la proie est un Geai des chênes © Fabiomassimo Turri

Son rôle écologique est fondamental y compris par son activité d’“éboueur” lorsqu’il nettoie l’environnement en mangeant de petites carcasses.

Cette grande adaptabilité à un régime alimentaire aussi riche et varié est sans doute l’un des motifs ayant déterminé le succès écologique de cet animal.

Le Renard roux possède un estomac relativement petit par rapport à sa taille et en proportion, il ingère beaucoup moins de nourriture qu’un chien ou un loup; la quantité de nourriture absorbée journellement varie de 0,5 kg à 1 kg.

Divers comportements du Renard roux sont liés à la nourriture, comme par exemple la tactique de mettre de côté l’excédent de nourriture lors des périodes d’abondance, cachant les restes dans de nombreux petits trous de 5 à 10 cm et non dans un seul endroit pour ne pas risquer de perdre tout en une seule fois.

Il chasse généralement en solitaire et grâce à son ouïe extrêmement fine, il repère les petites proies qu’il capture par de grands bonds rapides, tout en gardant les distances appropriées pour ne pas les faire fuir.

Tout comme la chasse, le mode de vie est principalement solitaire, à l’exception de la période de reproduction pendant laquelle il peut vivre en couple ou en petits groupes. Pendant cette période, les membres d’un même groupe communiquent entre eux par des signaux comportementaux du corps et des vocalisations spécifiques, différentes en fonction des besoins.

Le Renard roux est un animal très territorial et défend son territoire en couple durant l’hiver et en solitaire durant l’été; le mâle marque son territoire par le biais de sécrétions produites par des glandes odoriférantes situées près de la queue, communicant aussi de cette façon sa position sociale aux autres individus.

La saison des amours a lieu en hiver. La parade nuptiale débute entre décembre et janvier, quand dans la nuit on peut entendre des glapissements et des luttes entre mâles, stimulés par la forte odeur émanant des femelles; puis l’accouplement se produit. Après une gestation d’environ 50 jours, au milieu du printemps, la femelle met au monde de trois à cinq petits. Après avoir préparé une moelleuse litière au fond de sa tanière, elle met au monde ses renardeaux qui à la naissance sont sourds, aveugles, gris et à peu près grands comme des taupes; après deux semaines ils commencent à ouvrir les yeux.

En période de reproduction, stimulés par la forte odeur émise par les femelles, les renards sont particulièrement territoriaux et les combats entre mâles sont fréquents

En période de reproduction, stimulés par la forte odeur émise par les femelles, les renards sont particulièrement territoriaux et les combats entre mâles sont fréquents © Maurizio Lanini

L’allaitement dure environ un mois. Durant cette période, la mère ne s’éloigne pratiquement pas de sa portée et c’est le mâle qui apporte la nourriture au terrier. Par la suite, la mère ajoute à l’alimentation des renardeaux une portion de nourriture prédigérée et régurgitée et ce jusqu’au sevrage complet.

A ce stade, les renardeaux sont devenus des boules de fourrure vives et douces, grisâtres avec une bande plus claire sur le front et la pointe de leur queue est blanche.

En juin ils commencent à suivre leurs parents à la recherche de nourriture et vers la fin de l’été les jeunes mâles quittent le noyau familial afin de conquérir leur propre territoire en prévision de la prochaine saison des amours.

Après une gestation d'environ 50 jours, au milieu du printemps, la femelle met au monde de 3 à 5 renardeaux. Vulpes vulpes n’est pas une espèce menacée

Après une gestation d’environ 50 jours, au milieu du printemps, la femelle met au monde de 3 à 5 renardeaux. Vulpes vulpes n’est pas une espèce menacée © Ed Post

Bien qu’ils soient d’un naturel timide et discret, il n’est pas difficile de trouver, surtout dans les zones très touristiques, des renards très confiants envers l’homme, qui s’approchent en échange de restes de nourriture.

Cette situation existe parce que le renard est un animal facilement domesticable au moyen d’aides positives, mais entraine des conséquences négatives pour la sécurité de l’animal et de toute l’espèce. En effet, outre le danger que représente l’approche de l’homme (pas toujours bien intentionné) et des villes, manger des aliments inadaptés peut provoquer chez l’animal un affaiblissement physique qui le rend sensible à des maladies telles que la rage et la gale qui peuvent ensuite se répandre parmi les autres individus.

Synonymes

Canis vulpes Linnaeus, 1758 ; Vulpes palmaria Hay, 1917.