Xyphosia miliaria

Famille : Tephritidae


Texte © Prof. Santi Longo

 

michel.gif
Traduction en français par Michel Olivié

 

La Mouche des chardons (Xyphosia miliaria) est présente dans une grande partie de l'Europe, l'Est de la zone paléarctique et au Proche-Orient

La Mouche des chardons (Xyphosia miliaria) est présente dans une grande partie de l’Europe, l’Est de la zone paléarctique et au Proche-Orient © Gilles San Martin

La Mouche des chardons ( Xyphosia miliaria Schrank, 1781) est un Diptère de la famille des Tephriditae, du grec “tripe”, tarière ou trépan, en référence à un type particulier d’ovopositeur, dit de substitution, avec lequel les femelles de ces espèces percent les substrats végétaux afin d’y pondre.

Le nom du genre Xyphosia Robineau-Desvoldy, 1830, du grec “xyphos”, épée, fait lui aussi référence à l’ovopositeur alors que l’épithète de l’espèce miliaria, du latin “miliarius”, long d’un mille, fait peut-être allusion aux migrations importantes entreprises par ces insectes.

La famille des Tephriditae comprend plus de 4.500 espèces répandues dans les régions tropicales, subtropicales et tempérées du globe.

Les adultes ont un corps long de 2 à 20 mm. Leurs ailes présentent des taches qui sont utiles pour l’identification des espèces. Le profil de la nervure subcostale est caractéristique. En général interrompue elle prend souvent la forme d’un simple pli et s’efface. La cellule anale est normalement nettement réduite, allongée ou pointue.

Elle mesure 5 à 8 mm. Les femelles dotées d'un type spécial d'ovipositeur dit de substitution parasitent les inflorescences des genres Cirsium et Carduus

Elle mesure 5 à 8 mm. Les femelles dotées d’un type spécial d’ovipositeur dit de substitution parasitent les inflorescences des genres Cirsium et Carduus © Tim Worfolk

Chez les femelles le septième segment de l’abdomen est très développé et concourt à la formation d’une sorte d’étui ou oviscapte, rigide et conique, dans lequel est replié l’ovopositeur pointu qui sert à percer les tissus végétaux.

Le stylet est formé des huitième et neuvième segment de l’abdomen ce qui est à l’origine de l’ancien nom Tripetidae (de “tryps”, perforer en grec).

La morphologie des stades larvaires dépend de leur spécialisation alimentaire : les espèces qui se nourrissent de fruits ou carpophages ont un corps subconique et pointu vers l’avant alors que les espèces qui se nourrissent de graines ou spermophiles et celles qui causent la formation de galles ou galligènes ont une forme ovale.

Les espèces oligophages et monophages des climats tempérés tendent, grâce à de longues diapauses, à former des populations locales relativement stables qui sont synchronisées avec la physiologie des plantes-hôtes. Les espèces polyphages répandues dans les régions tropicales et subtropicales peuvent passer l’hiver au stade adulte et effectuer souvent des déplacements de type dispersif en parcourant en vol plusieurs dizaines de kilomètres avant de se reproduire.

Son corps est de couleur jaune-orange et a des yeux composés de couleur rouge orange nuancée de vert. Les soies et les taches typiques foncées sur les ailes facilitent l'identification

Son corps est jaune-orange et a des yeux composés de couleur rouge orange nuancée de vert. Les soies et les taches typiques foncées sur les ailes facilitent l’identification © Tim Worfolk

Les espèces les plus importantes de Tephriditae ayant un impact sur le plan économique sont incluses dans les genres Anastrepha qui comprennent des espèces de l’Amérique centrale, de l’Amérique du Sud et des Indes orientales qui attaquent les fruits de nombreuses plantes.

Dans le bassin méditerranéen les espèces les plus nuisibles appartiennent à 3 genres :

  • Bactrocera avec Bactrocera oleae Rossi, 1790, la Mouche des olives, Bactrocera dorsalis Hendel, 1914, la Mouche orientale des fruits, originaire de l’Asie tropicale, de l’Australie et du Sud du Pacifique.
  • Ceratitis, originaire de l’Afrique tropicale  avec Ceratitis capitata Wiedermans, 1824, la Mouche méditerranéenne des fruits.
  • Rhagolitis avec Rhagolitis cerasi Linnaeus, 1758, la Mouche des cerises.
Pour pousser la femelle à s'accoupler le mâle lui caresse l'abdomen avec ses pattes antérieures

Pour pousser la femelle à s’accoupler le mâle lui caresse l’abdomen avec ses pattes antérieures © Paul Davis

Zoogéographie

Xyphosia miliaria est présent dans une grande partie de l’Europe, l’Est de la zone paléarctique et au Proche-Orient. Il est commun dans toute la péninsule italienne et en Sicile.

Écologie-Habitat

La Mouche des chardons est relativement fréquente dans les zones humides, les prés, les haies et en bordure des bois où se trouvent les plantes-hôtes des genres Cirsium et Carduus.

Les larves se développent dans les capitules du Cirse champêtre (Cirsium arvense), de Cirsium eriophorum ainsi que dans ceux du Cirse des marais ( Cirsium palustris), du Cirse commun ( Cirsium vulgare) et d’autres espèces du genre Carduuus.

En Australie Xyphosia miliaria a été pris en compte dans le cadre d’un projet de lutte biologique contre les Carduaceae qui envahissent les pâturages.

Morphophysiologie

Les adultes mesurent de 5 à 8 mm. Leur corps est de couleur jaune-orange. Sur la tête se trouvent de grand yeux composés qui ont une couleur rouge à laquelle s’ajoutent des teintes d’un vert vif.

Le thorax présente des soies raides qui sont utiles sur le plan taxonomique.

Les ailes membraneuses ont des teintes de couleur orange et comportent des taches noires caractéristiques.

L’abdomen des mâles est arrondi et plus court que celui des femelles lequel est doté d’un ovipositeur dit de substitution qui est constitué du huitième segment et qui au niveau du dos forme une pièce et deux autres au niveau du ventre.

Les larves vermiformes sont dépourvues de pattes. Leur corps de couleur blanche est long à maturité d’un peu plus de 5 mm.

Les pupes se forment à l’intérieur du tégument de la larve du troisième âge qui durcit en se transformant en un étui protecteur appelé puparium de couleur brunâtre plus ou moins foncée.

Éthologie-Biologie reproductive

Les adultes vivent dans les milieux chauds et humides où il passent l’hiver et sont actifs du printemps à l’automne sur les fleurs de nombreuses plantes nectarifères et pollinifères qui leur procurent leur nourriture.

Le mâle et la femelle se rencontrent grâce à des émissions de phéromones aphrodisiaques et à des stimuli sexuels. Le mâle, pour pousser la femelle à s’accoupler, lui caresse l’abdomen avec ses pattes antérieures.

Les femelles fécondées sont attirées au moment de la ponte par les inflorescences en bouton des Carduaceae.

Ponte sur une inflorescence. Les larves blanches vermiformes longues d'environ 5 mm provoquent des galles. À maturité elles forment l'étui protecteur des pupes

Ponte sur une inflorescence. Les larves blanches vermiformes longues d’environ 5 mm provoquent des galles. À maturité elles forment l’étui protecteur des pupes © H. Nehr

Au cours de leur développement les larves provoquent au moyen des substances auxiniques présentes dans leur salive des hypertrophies des tissus végétaux et la formation d’une galle dans les capitules des chardons infestés.

Les stades larvaires de la Mouche des chardons sont parasités par des Hyménoptères des familles des Ichneumonidés avec Scambus buolianae (Hartig, 1838), des Braconidae avec Bracon erraticus (Wiesmael, 1838) et Bracon minutator (Fabricius, 1798), des Pteromalideae avec Pteromalus elevatus (Walker, 1834) et diverses espèces de Torymidae du genre Torymus.

Les adultes sont la proies d’insectes Mantoptères, Hémiptères et surtout de petites araignées. Ils se défendent de ces derniers ennemis en gardant leurs ailes ouvertes et en les abaissant de façon à ce que grâce à leurs taches ils prennent l’aspect menaçant d’une autre araignée prédatrice ou éloignent d’autres congénères de leur territoire.

Synonymes

Musca miliaria Schrank, 1781; Tripeta meridionalis Costa,1854, Musca arcuata Fabricius, 1782; Trupanca shaerocephali Schrank, 1803; Xyphosia cirsiorum Robineau-Desvoidy, 1843; Oxyphora miilaria Becker,1905; Xyphosia miliaria spp. balcanica Drenskij, 1943.