Famille : Lamiaceae
Texte © Prof. Pietro Medagli
Traduction en français par Jean-Marc Linder
Ziziphora granatensis (Boiss. & Reut.) Melnikov subsp. alpina (L.) Bräuchler & Gutermann, appelée Ziziphora des Alpes ou Calament des Alpes, est une orophyte d’Europe méridionale : cette espèce est typique des zones montagneuses de cette région, depuis la péninsule ibérique jusqu’aux Alpes, aux Apennins et aux Balkans, où elle est présente dans les prairies herbacées sur sols calcaires et caillouteux. On la trouve en général entre 1000 et 2600 m d’altitude, mais elle peut aussi descendre à des altitudes beaucoup plus basses, jusqu’à 250 m.
Concernant son étymologie, le premier binôme scientifique de la plante a été établi par Linné en 1753, mais le Thymus alpinus linnéen d’origine a été modifié par la suite par divers auteurs pour aboutir au nom actuel, proposé par Bräuchler & Gutermann en 2019.
Le nom du genre Ziziphora dérive du grec “ζιζυφον” (zízyphon), jujube, et “φορέω” (phoréo), apporter ; l’épithète spécifique granatensis rappelle que la première découverte est réputée avoir eu lieu dans la région de Grenade en Andalousie (Espagne).
Cette plante atteint une hauteur moyenne de 40 à 50 cm, avec un minimum de 5 cm. La forme biologique est le chamaephyte suffrutescent (Ch suffr) : il s’agit en effet d’une plante vivace, ligneuse à la base, avec des bourgeons hivernants entre 2 et 30 cm au-dessus du sol ; la partie herbacée se dessèche chaque année et seules les parties ligneuses restent vivantes.
Ziziphora granatensis subsp. alpina est une orophyte du sud de l’Europe qui vit généralement entre 1000 et 2600 m d’altitude © Giuseppe Mazza
La plante est couverte de poils simples ou ramifiés. Le système racinaire est constitué de nombreuses racines secondaires bien développées qui se détachent d’une racine pivotante mince.
La tige a un port plus ou moins prostré, rampant, avec une section transversale présentant une allure tétragonale, à arêtes vives, avec quatre faces concaves pubescentes (couvertes de poils sur toutes les faces).
Les feuilles sont opposées ; elles sont courtes et pétiolées, avec un pétiole de 1,3 mm de long sans stipules. La forme peut être ovoïde à elliptique, elles mesurent 2 à 10 mm de large et 5 à 15 mm de long. Le bord du limbe est denticulé avec des dents plus ou moins aiguës et parfois replié vers l’arrière (révolutées). Des nervures claires sont bien visibles sur la face inférieure.
L’inflorescence est constituée d’un groupe de 3 à 8 fleurs qui se développent simultanément au sommet de la tige. Les fleurs sont généralement plus grandes que les feuilles axillaires, elles sont hermaphrodites. Le calice est gamosépale, d’aspect presque bilabié, à surface externe porteuse d’une dense pilosité avec des poils droits de 6 à 8 mm. Le calice est de forme tubulaire-campanulée et mesure 4 à 6 mm de long ; renflé à la base, il se rétrécit par la suite. Des deux lèvres, la supérieure a des dents longues de 1 à 2 mm, et l’inférieure de 1,5 à 3 mm. La surface du calice est marquée par environ 13 veines longitudinales.
L’inflorescence porte 3 à 8 fleurs qui se développent simultanément au sommet de la tige. Propriétés médicinales © Giuseppe Mazza
La corolle est zygomorphe à symétrie bilatérale et de forme bilabiée ; elle est longue de 15 à 20 mm, avec un tube de 10 à 13 mm, conique et légèrement renflé, et pubescent à l’intérieur. A l’apex se trouvent deux lèvres, la supérieure bilobée et l’inférieure nettement trilobée, de couleur violette. A l’intérieur de la corolle se trouvent 4 étamines aux filaments glabres, disposées en deux paires, et didynames : la paire antérieure, plus longue, dépasse de la lèvre supérieure de la corolle.
L’ovaire est supère, formé de deux carpelles avec quatre ovules. Filiforme, le style est inséré à la base de l’ovaire et porte un stigmate bilobé. La floraison se déroule de mai à septembre, en fonction de l’altitude. La pollinisation est assurée par les insectes, en particulier les abeilles. La dissémination est assurée par le vent et les fourmis.
Selon la médecine populaire, cette plante possède les propriétés médicinales suivantes : diaphorétique (facilite la transpiration) ; fébrifuge (abaisse la température corporelle). D’un point de vue alimentaire, les feuilles sont utilisées comme thé.
Synonymes
Acinos alpinus (L.) Mpench. subsp. alpinus ; Thymus alpinus L., Sp. Pl.: 591 (1753).
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