Zygaena lonicerae

Famille : Zygaenidae

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Texte © Dr. Gianfranco Colombo

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Zygaena Ionicerae est la plus répandue des zygènes d'Europe. Ses couleurs vives signalent la présence de poison © Giuseppe Mazza

Zygaena Ionicerae est la plus répandue des zygènes d’Europe. Ses couleurs vives signalent la présence de poison © Giuseppe Mazza

La Zygaena lonicerae Scheven, 1777 appartient à l’ordre des Lepidoptera et à la famille des Zygaenidae, un groupe qui réunit ce type de phalènes particulières (les Heterocera) au vol diurne.

Dans cette famille (cf Zygaena carniolica) sont incluses environ 800 espèces répandues dans différents continents, en particulier là où se trouve leur habitat idéal : un climat ensoleillé souvent très aride et aux températures élevées.

Pour l’étymologie du genre Zygaena voir également le texte sur la Zygaena carniolica.

Le terme latin “Ionicerae”, de la Ionicera, fait référence au genre de plantes appelé Lonicera (chèvrefeuille des jardins et chèvrefeuille des bois), des essences considérées à tort à l’époque par Scheven comme constituant la nourriture de ces phalènes.

Le nom vulgaire en anglais de cette phalène est Narrow-bordered Five-spot Burnet, ce qui indique par conséquent qu’elle fait partie des zygènes dotées de 5 taches rouges sur les ailes antérieures.

Zoogéographie

La Zygaena lonicerae est très répandue en Europe de la péninsule ibérique à l’Europe centrale jusqu’à l’Oural ainsi qu’en Asie centrale jusqu’à la Chine et de la rive Nord de la Méditerranée jusqu’au Caucase et à l’Asie mineure. Elle est aussi présente dans la péninsule scandinave, en Grande-Bretagne et en Irlande. En Italie elle est largement présente partout, à l’exception des Pouilles et de la partie la plus au Sud de la Sicile où on ne la rencontre que de façon fortuite.

C’est une des zygènes les plus répandues sur le continent européen.

Elle préfère des zones moyennement chaudes, bien ensoleillées et herbeuses et choisit indifféremment des terrains calcaires ou acides et, à la différence de beaucoup de ses congénères, elle préfère des endroits très boisés. Dans l’aire méditerranéenne elle est très commune à des altitudes supérieures à 500/600 m tout en ayant une préférence pour les vallées subalpines exposées au soleil.

Elle est caractérisée, mais elle n'est pas la seule, par 5 taches rouges sur les ailes © Giuseppe Mazza

Elle est caractérisée, mais elle n’est pas la seule, par 5 taches rouges sur les ailes © Giuseppe Mazza

Morphophysiologie

La Zygaena lonicerae est de couleur rouge vif et de toute évidence,comme c’est le cas pour toutes les autres zygènes, ces couleurs très vives, outre qu’elles la rendent bien visible, constituent un avertissement pour ses prédateurs (cf Zygaena transalpina).

Les ailes antérieures ont une couleur noir-bleuâtre très prononcée ou vert-bleuâtre avec d’intenses reflets brillants et se caractérisent par cinq taches rouge carmin dépourvues de contour et nettement séparées les unes des autres.

Les taches 1 et 2 sont de forme allongée et parallèles alors que la troisième est sensiblement plus petite que toutes les autres et n’est pas ronde mais typiquement de forme triangulaire ou oblongue. La quatrième est habituellement de forme carrée tandis que la cinquième est elle aussi en général carrée ou arrondie mais plus grande que les autres. Elle n’a pas de ceinture abdominale.

Les ailes postérieures sont totalement rouges sur les deux faces et entourées par un bord inférieur noir/bleuâtre large et bien délimité. Cette zygène a une envergure alaire moyenne de 4 à 4,5 cm. Il n’y a pas de dimorphisme entre les sexes si ce n’est une légère différence de dimensions en faveur de la femelle qui n’est d’ailleurs pas toujours décelable sur le terrain. La femelle a souvent un corps plus velu et plus grand que celui du mâle . Cette zygène a des antennes robustes, filiformes, de couleur noire avec une massue bien marquée, et pointues à l’extrémité.

Il existe un nombre important de sous-espèces souvent répertoriées ou nommées selon leur lieu de provenance. Dans les seules îles britanniques on a identifié les sous-espèces suivantes : la ssp. latomarginata Tutt,1899, la jocelynae Tremewan, 1962 et la insularis Tremewan, 1960.

La Zygaena lonicerae peut être confondue avec la Zygaena trifolii (elle aussi dotée de cinq taches) ou avec la Zygaena filipendulae et la Zygaena transalpina (dans les formes à cinq taches) même si les dessins, les formes et les positions des taches rouges disposées sur les ailes antérieures présentent des caractéristiques différentes évidentes. De plus la couleur rouge de la lonicerae est sans conteste la plus rosée de toutes les couleurs “rouges” des zygènes similaires.

Ses couleurs dépendent aussi de l'angle de la lumière. À gauche une Zyganea carniolica © Giuseppe Mazza

Ses couleurs dépendent aussi de l’angle de la lumière. À gauche une Zyganea carniolica © Giuseppe Mazza

Biologie reproductive

La Zygaena lonicerae Ionicerae est une espèce univoltine dont la période d’envol s’étend, suivant les latitudes, de mai à septembre. Les plantes-hôtes sont le Trifolium, la Lathyrus, la Vicia e le Lotus où la chenille peut même passer deux saisons en hibernation, en cas de conditions favorables, même au stade larvaire et en terminant sa croissance l’année suivante.

La larve a une couleur vert pâle virant au bleuâtre et trois séries de petites taches noirâtres sur le dos et les côtés intercalées avec d’autres taches plus grandes. Elle est d’autre part dotée d’un très fin duvet blanchâtre. Quand les conditions climatiques sont favorables elle se transforme en chrysalide vingt jours environ après sa naissance. Le cocon est allongé et de forme fuselé, de couleur blanc jaunâtre et de consistance élastique. Il est souvent suspendu à des tiges d’herbe. Comme toutes les zygènes les adultes s’alimentent et se rassemblent régulièrement sur les fleurs de Scabiosa, de Knautia, de Cirsium et de Carduus avec une nette préférence pour les fleurs de couleur bleutée.

Synonymes

Sphinx lonicerae Scheven, 1777; Anthrocera lonicerae Turati, 1923.

 

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