Acrochordus javanicus

Famille : Acrochordidae

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Texte © Dr. Gianni Olivo

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

L'acrochordus javanicus est un serpent essentiellement aquatique et massif. Il peut atteindre 2,5 m de long © Giuseppe Mazza

L’acrochordus javanicus est un serpent essentiellement aquatique et massif. Il peut atteindre 2,5 m de long © G. Mazza

Les Acrochordidés (Acrochordidae) sont un genre de serpents qui comprend des espèces dont les dimensions varient de 60 cm à plus de 2,50 m et qui sont répandues en Asie (Inde et Indochine), en Indonésie et en Australie.

Ce sont des reptiles qui ont un aspect souvent curieux en raison de la présence de tubercules cutanés, si bien que cela leur a valu le qualificatif de “serpents lime” (à ne pas confondre toutefois avec certains ophidiens africains appelés également file-snakes)  non pas tant à cause de la rugosité de leur peau que du  profil de leur corps en forme de triangle qui rappelle exactement un type de lime et dans certains cas en raison de leur peau à l’apparence nettement caoutchouteuse.

Le corps de ces reptiles est généralement trapu et recouvert d’une peau qui ne ressemble pas à celle de la plupart des autres serpents mais qui est flasque au point de former des plis nettement  apparents, ce qui fait qu’on leur a donné un autre surnom pittoresque et imagé,  celui de “serpents trompe”. Chez certaines espèces fortement inféodées au milieu aquatique la peau est très fine et souvent délicate. Chez l’espèce Acrochordus granulatus elle se déchire facilement quand  l’animal est contraint de ramper sur la terre ferme, sauf si le terrain est  boueux et souple.

L’accrocordus de Java (Acrochordus javanicus Hornstedt, 1787) est un reptile aquatique très massif qui peut mesurer jusqu’à 2,5 m de long ( une taille atteinte uniquement par les femelles, les mâles ayant de moindres dimensions ) et pèse trois à dix kilos ou plus. Son corps, robuste et musculeux, a un grand diamètre. Sa tête est plate, creuse, large avec un museau retroussé et une extrémité de forme obtuse.

Comme il s’agit d’une espèce aquatique ses narines sont placées sur la surface supérieure du museau. Sa bouche a une grande ouverture et est armée de dents pointues et recourbées un peu vers l’arrière qui sont conçues pour retenir des proies promptes à fuir et de nature glissante, comme des poissons ou des batraciens, qui sont avalées en entier à partir de la tête.

La queue, mince, est souvent utilisée pour attirer les proies. Le corps ressemble à une trompe © Giuseppe Mazza

La queue, mince, est souvent utilisée pour attirer les proies. Le corps ressemble à une trompe © Giuseppe Mazza

Les proies plus grosses peuvent être tuées par constriction. Ce serpent, toutefois, n’est pas doté d’un dispositif venimeux encore que la morsure d’un individu de grande taille ou de taille moyenne puisse être très désagréable et occasionner des blessures douloureuses et longues à guérir.

Les yeux sont assez petits et peu visibles de loin, ce qui fait que de prime abord il donne parfois l’impression d’en être dépourvu. La couleur de la partie dorsale peut être d’une couleur marronne plus ou moins foncé ou tendre vers une teinte verdâtre alors que les flancs sont plus clairs et souvent jaunes. Les individus qui ont un dos de couleur crème ne sont toutefois pas rares et d’autres sont si clairs que l’on pourrait les prendre par erreur pour des albinos. La tête qui le fait un peu ressembler à certains boas se démarque peu du corps alors que la queue est distinguable et très mobile (certains pensent qu’elle pourrait être utilisée comme appât pour attirer les proies à portée de … bouche).

La peau a un aspect flasque et caoutchouteux ce qui fait qu’aux endroits où elle se courbe ou forme des spirales elle se soulève en formant des rides et des plis transversaux (serpent trompe). Les écailles, si on les observe de près, sont juxtaposées les unes aux autres et ne se superposent pas comme chez les autres serpents. Elles ont un aspect rugueux du fait qu’elles présentent chacune une protubérance pointue et triangulaire, d’où le surnom de serpent lime. Une autre caractéristique tout-à-fait particulière à ce serpent consiste en ce que les écailles ventrales, à la différence de ce que l’on constate chez les autres serpents où elles sont larges et bien distinctes, sont les mêmes que les écailles dorsales, ce qui donne au reptile l’allure d’une grosse saucisse ou d’un jouet en forme de serpent difforme comme ceux qui étaient autrefois utilisés pour les farces du Carnaval.

Sa peau, entre autres, est recherchée en maroquinerie. Les objets qu’elle permet de confectionner ont un aspect qui rappelle vaguement celui de la peau de requin mais sont d’une finesse et d’une douceur incroyables. La chair est considérée comme un vrai régal par certaines populations de son aire de diffusion qui comprend L’Inde, le Sri Lanka, les archipels indonésiens ( dont Java ) et une partie de l’Australie.

La bouche a des dents pointues et recourbées vers l'intérieur de façon à retenir des proies souvent glissantes © Giuseppe Mazza

La bouche a des dents pointues et recourbées vers l’intérieur de façon à retenir des proies souvent glissantes © Giuseppe Mazza

Les eaux douces constituent son habitat favori mais il colonise souvent aussi des eaux mixtes là où l’eau saumâtre se mêle à l’eau douce, les lagons et parfois les forêts de mangrove. Il s’aventure aussi en mer et a été aperçu à une certaine distance du rivage, bien que ce ne soit pas certainement la règle vu qu’ il préfère nettement

Il chasse essentiellement des animaux aquatiques, poissons et batraciens, mais il n’est pas exclu que des animaux à sang chaud puissent aussi faire partie de son régime alimentaire quand ils s’aventurent dans l’eau ou ses environs immédiats. Ses dents pointues en forme de crochet lui permettent d’attraper facilement des proies de nature glissante.

Bien qu’il ne soit pas agressif il n’hésite pas à mordre résolument si l’on essaie de le capturer ou s’il est dérangé. Comme cela a été indiqué plus haut, chez les individus les plus gros les conséquences de la morsure peuvent laisser un mauvais souvenir.

Il s’agit d’un serpent aux mœurs principalement nocturnes et crépusculaires qui passe la journée cachée et à l’abri des prédateurs mais qui a cependant été aperçu en train de chasser le jour dans certaines occasions. Il s’aventure rarement sur la terre ferme et préfère en général fréquenter tant que possible les terrains boueux. Sa peau, en effet, n’est pas conçue pour les déplacements sur le sol car elle est relativement sujette à des écorchures et à des blessures surtout quand elle est trop sèche. Il peut rester jusqu’à 30 ou 40 minutes sous l’eau sans respirer.  Quand il a besoin de refaire le plein d’oxygène il lui suffit de laisser affleurer le sommet de sa tête là où s’ouvrent ses narines : 15 à 20 secondes suffisent pour faire la provision d’air nécessaire à une nouvelle et longue plongée.

La reproduction est du type ovovivipare. La femelle qui est, rappelons-le, plus grande que le mâle donne le jour à 15 à 30 petits qui sont autonomes dès leur naissance. Les œufs contiennent un sac amniotique et sont conservés dans l’oviducte où ils sont fécondés.

Les nouveau-nés sont semi-terricoles à la différence des adultes et portent souvent des taches longitudinales sur une livrée de couleur uniforme qui s’estompent et disparaissent en grandissant.

 

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