Aplysia fasciata

Famille : Aplysiidae

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Texte © D. Sc. Giuliano Russini – Biologiste Zoologiste

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

L'Aplysia fasciata est un gastéropode marin assez commun en Méditerranée © Giuseppe Mazza

L'Aplysia fasciata est un gastéropode marin assez commun en Méditerranée © Giuseppe Mazza

L’Aplysie ou Lièvre de mer (Aplysia fasciata, Poiret, 1789, appelée Aplysia limacina jusqu’au début des années 80 du XXe siècle) est un curieux gastéropode marin commun le long de nos côtes qui est doté d’une coquille longue et mince. Il a, en gros, l’aspect d’une grosse limace terrestre au corps trapu.

Sur le plan de la taxinomie cet étrange invertébré appartient au phylum ou type des Mollusques (Mollusca), à la classe des Gastéropodes (Gastropoda, nom dérivé de gasteros = estomac et de podos = pied, étant donné qu’il s’agit de mollusques dont l’estomac tient lieu de pied), à la sous-classe des Opistobranches (Opistobranchia), à l’ordre des Tectibranches (Tettibranchia), à la famille des Aplysidés (Aplysiidae), et au genre Aplysia.

Le genre Aplysia compte environ 40 espèces qui sont présentes un peu dans toutes les eaux des mers tempérées et chaudes d’Europe et d’Afrique. Elles semblent déserter uniquement les mers boréales. Leur chair n’est pas comestible.

Zoogéographie

Par le terme de lièvre de mer on désigne un peu toutes les espèces du genre Aplysia, et donc aussi l’Aplysia fasciata, qui sont présentes dans nos mers. L’Aplysia fasciata est largement répandue en Méditerranée.

Écologie-Habitat

En général ces mollusques fréquentent les eaux côtières où on peut les observer en pleine eau quand ils nagent en remuant les larges prolongements en forme d’ourlet de leur manteau. Ils passent cependant la majeure partie de leur existence à ramper sur les fonds marins à la recherche des algues qui constituent pratiquement leur seule nourriture.

Morphophysiologie

L’ Aplysia fasciata est la plus connue de nos espèces de Gastéropodes (Gastropoda) incluses dans la sous-classe des Opistobranches (Opistobranchia). Elle a une forme trapue et est dotée d’une coquille allongée et très mince qui est en fait totalement recouverte par le manteau charnu, lequel comporte sur le dos deux larges excroissances en forme d’ourlet. Le pied est très large et prolongé vers l’arrière.

D'ordinaire il broute des algues en rampant sur les fonds marins mais peut aussi nager © Giuseppe Mazza

D’ordinaire il broute des algues en rampant sur les fonds marins mais peut aussi nager © Giuseppe Mazza

La tête est légèrement allongée et munie de deux paires d’appendices ou tentacules. Les deux tentacules situés à l’arrière , qui sont proches l’un de l’autre et relativement allongés , peuvent rappeler par leur forme et leur position les oreilles d’un lièvre, ce qui explique l’origine du nom commun de “lièvre de mer”. Sa couleur est marron foncé et presque uniforme.

Sa bouche, appelée aussi “péristome” ou ouverture, peut avoir des formes très variées : circulaire, semi-circulaire, en forme de demi-lune ou de fente.

Les lièvres de mer respirent au moyen d’un seule branchie placée à l’intérieur de la cavité palléale et en arrière du cœur d’où le nom de la sous-classe : “Opistobranches” qui veut dire “branchie en arrière”.

L’unique branchie est également recouverte. Pour cette raison ce mollusque, comme les autres espèces d’ Aplysia, est rattaché à l’ordre des Tectibranches (Tettibranchia), littéralement “branchies recouvertes”; dans un autre ordre de la même sous-classe, les Nudibranches (Nudibranchia), la respiration est au contraire assurée exclusivement par des papilles situées sur la surface de la peau.

La caractéristique évolutive la plus curieuse des aplysies et plus généralement des Opistobranches au plan de l’anatomie comparée réside cependant dans le fait qu’aux époques archaïques (probablement à la fin de la période du Cambrien de l’ère paléozoïque ou primaire) ces animaux vivaient à l’intérieur d’une coquille complète et beaucoup plus large que celles actuellement existantes. À un certain moment de leur évolution ils ont subi une torsion en forme de “8”, dite “chiastoneurie”. Cette torsion a entraîné la disparition sur un de leurs deux côtés de tous les organes qui y étaient placés. Par la suite, quand se sont formés les types récents, chez qui la coquille n’est plus qu’une survivance vestigiale des formes antérieures, leur corps, recouvert par le manteau, a retrouvé, une fois déplié, sa disposition initiale.

De ce fait, sur le plan anatomique, les Opistobranches , et donc les Aplysies , sont des mollusques symétriques mais sur le côté où ont disparu anciennement divers organes, en particulier les organes pairs, c’est-à-dire en deux exemplaires, comme les reins et les branchies et une partie de ceux qui ont une structure double, comme le cœur, ils n’ont plus ensuite connu de modification. C’est pourquoi ces mollusques ont aujourd’hui une seule branchie, un seul rein et un cœur avec une seule oreillette ou atrium. Chez l’ Aplysia fasciata il n’ y a pas de dimorphisme sexuel : ce sont des animaux hermaphrodites qui sont longs de 25 à 30 cm.

Deux coquilles d'Aplysia fasciata vues des côtés ventral et dorsal © Giuseppe Mazza

Deux coquilles d’Aplysia fasciata vues des côtés ventral et dorsal © Giuseppe Mazza

Éthologie-Biologie reproductive

C’est un organisme hermaphrodite, comme du reste tous les mollusques opistobranches.

Ils se reproduisent par auto-fécondation seulement en l’absence d’un ou d’une partenaire et sont donc dotés tout à la fois d’organes sexuels féminins et masculins.

Il faut par contre  préciser que par “hermaphrodisme” il est question au niveau physiologique d’autonomie fonctionnelle. Cela veut dire que le lièvre de mer, comme tous les organismes hermaphrodites, soit ,par exemple, les limaces terrestres, les lombrics, etc… peut, puisque chaque individu a les organes reproductifs des deux sexes et produit donc du sperme et des ovules, procéder à une auto-fécondation qui, néanmoins, n’assure pas de variabilité génétique et est par conséquent inefficace du point de vue de l’évolution.

Pour cette raison tous les hermaphrodites et donc tous les opisthobranches et tous les lièvres de mer cherchent de préférence à s’accoupler avec un partenaire en se comportant alors soit comme une femelle soit comme un mâle en fonction du sexe choisi par le second individu. C’est seulement en fait de cette façon que se produit une modification du matériel génétique qui est une des formes motrices de l’évolution de l’espèce. Dans le cas où l’absence d’un partenaire est avéré il peut néanmoins par nécessité se produire une forme d’auto-fécondation qui , malgré toutes les barrières évolutives qui en résultent, garantit au moins la reproduction numérique

Chez beaucoup d’invertébrés hermaphrodites la fécondation est externe; chez les aplysies elle est au contraire externe. Les œufs fécondés, riches en vitellus, sont pondus de façon à former de longs cordons conçus pour s’accrocher à une plante aquatique ou à un rocher.

Les œufs donnent naissance à des larves nageuses de type “trochophores” semblables à celle des annélides (ce qui fait que de nombreux biologistes-zoologistes supposent une évolution phylogénique commune) et dont le stade final est le “véliger” planctonique-filtrant, une larve dotée d’un pied , d’un manteau et d’une ébauche de coquille qui, à maturité, deviendra l’adulte.

Pour l’IUCN ces mollusques ont le statut de “communs localement”.

 

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