Chaetodon ornatissimus

Famille : Chaetodontidae

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Texte © Giuseppe Mazza

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Connu sous le nom de poisson-papillon orné Chaetodon ornatissimus est très répandu dans l'Indo-Pacifique tropical

Connu sous le nom de poisson-papillon orné Chaetodon ornatissimus est très répandu dans l’Indo-Pacifique tropical © Francois Libert

Le Poisson-papillon orné (Chaetodon ornatissimus Cuvier, 1831) appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées, à l’ordre des Perciformes et à la famille des Chaetodontidae qui en 2021 comptait 12 genres et 132 espèces.

Ce sont des animaux bentho-pélagiques de dimensions modestes connus sous le nom de poissons-papillons en raison de leur corps particulièrement plat et foisonnant de couleurs et à cause de leur volètement incessant au-dessus des coraux qui s’effectue tant qu’il y a de la lumière. On les confond parfois avec les poissons-anges qui sont tout autant multicolores et de forme analogue et qui appartiennent à la famille des Pomacanthidae. Ceux-ci, toutefois, sont en général beaucoup plus grands, moins aplatis et surtout munis d’une épine défensive caractéristique à la base de l’opercule.

Le nom du genre Chaetodon vient du grec “χαίτη” (khaite) = poil et “ὀδούς” (odous) = dent, en raison de l’aspect des dents qui ressemblent à des soies alors que le nom de l’espèce “ornatissimus” est le superlatif latin de “ornatus” = orné, décoré par allusion à sa livrée vivement décorée de brillantes bandes  transversales.

Son corps ovale et long de 13 à 18 cm est caractérisé par 6 bandes orange obliques éclatantes qui dans la livrée mimétique de nuit virent au marron et ont un liseré noirâtre

Son corps ovale et long de 13 à 18 cm est caractérisé par 6 bandes orange obliques éclatantes qui dans la livrée mimétique de nuit virent au marron et ont un liseré noirâtre © Francois Libert

Zoogéographie

Chaetodon ornatissimus possède une très vaste aire de répartition dans le bassin Indo-Pacifique tropical. En partant, à titre indicatif, des îles Maldives on le rencontre, en allant vers l’Est, le long des côtes de l’Inde et du Sri Lanka, puis aux îles Andaman, aux îles Cocos, à  l’île Christmas, en Thaïlande, en Indonésie, en Australie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Nouvelle-Calédonie et à l’île Lord Howe. Plus au Nord il est présent dans les eaux des Philippines, du Vietnam, de Taïwan, de la Chine et du Sud du Japon.

À l’Est, après la Micronésie, les îles Marshall et Kiribati il atteint les îles Fidji, les Tonga, les Samoa, Tahiti, les îles Hawaï, les Marquises et Pitcairn.

Voletant rapidement avec adresse Chaetodon ornatissimus se nourrit exclusivement de polypes de madrépores et de leur mucus

Voletant rapidement avec adresse Chaetodon ornatissimus se nourrit exclusivement de polypes de madrépores et de leur mucus © Keoki Stender

Écologie-Habitat

Le Poisson-papillon orné vit dans des eaux limpides, relativement proches de la surface, entre 1 et 36 m de profondeur : des lagons mais surtout les surplombs situés sur le côté extérieur des récifs où abondent les madrépores dont il se nourrit. Les juvéniles, solitaires, grandissent à l’abri des madrépores du genre Acropora qui ont des ramifications acérées qui dissuadent les prédateurs.

Morphophysiologie

Avec son dos élevé et son museau peu allongé Chaetodon ornatissimus a un profil ovale. Il mesure en général de 13 à 18 cm, le maximum étant de 20 cm.

Ici, débarrassé des parasites de la peau par un Labroides phtirophagus, il déploie son élégante nageoire dorsale à 12 ou 13 rayons épineux

Ici, débarrassé des parasites de la peau par un Labroides phtirophagus, il déploie son élégante nageoire dorsale à 12 ou 13 rayons épineux © Keoki Stender

Ses dents, minuscules et disposées telles de petites brosses sur les deux mâchoires, servent à attraper à la volée les polypes et le mucus des madrépores.

Il existe une seule grande nageoire dorsale qui possède 12 ou 13 rayons épineux et 24 à 28 rayons inermes. La nageoire anale, tout aussi brillante mais plus courte, a 3 rayons armés  et 20 à 23 rayons inermes. Les nageoires pectorales qui sont très  importantes pour les tournoiements, les accélérations, les freinages brusques et les rapides marches arrière comportent 15 à 18 rayons mous. La nageoire caudale est arrondie. Les nageoires pelviennes sont pointues.

Sa livrée élégante ne présente pas de dimorphisme sexuel.

La couleur du corps est blanchâtre et comporte six bandes orange obliques. La tête, le front et le ventre sont jaunes de même que les éclatantes nageoires pelviennes et la bordure brillante des nageoires dorsale et anale qui est soulignée par un liseré noir.

Le voici étendu sur le côté avec un labridé nettoyeur. À noter son corps mince, une selle plus ou moins foncée, parfois bleuâtre, placée à cheval entre les yeux, et ses puissantes nageoires pectorales utilisées pour des accélérations soudaines, des freinages brusques, des pirouettes et de rapides marches arrière

Le voici étendu sur le côté avec un labridé nettoyeur. À noter son corps mince, une selle plus ou moins foncée, parfois bleuâtre, placée à cheval entre les yeux, et ses puissantes nageoires pectorales utilisées pour des accélérations soudaines, des freinages brusques, des pirouettes et de rapides marches arrière © Barry Fackler

Deux grandes bandes verticales masquent la tête : une sur la lèvre et l’autre sur l’œil, comme c’est presque toujours le cas chez les poissons-papillons.

Il y a ensuite trois autres bandes noires mimétiques parallèles plus minces. La première, qui est très longue, se prolonge tout au long de la nageoire dorsale. La deuxième traverse l’opercule et la dernière, à peine ébauchée, se situe au bout de celui-ci.

On remarque une selle plus ou moins foncée, parfois bleuâtre, placée à cheval entre les yeux. Les nageoires pectorales sont transparentes. La nageoire caudale qui est blanche et a un liseré noir comporte au centre une bande noire très visible.

La livrée ne présente pas de dimorphisme sexuel mais devient plus foncée la nuit. Les brillantes bandes orange virent alors au marron et sont bordées d’un liseré noirâtre.

La maturité sexuelle survient à deux ans. Les adultes, après s'être choisi un abri, vivent en couple toute leur vie

La maturité sexuelle survient à deux ans. Les adultes, après s’être choisi un abri, vivent en couple toute leur vie © Barry Fackler

Éthologie-Biologie reproductive

Le Poisson-papillon orné se nourrit exclusivement de polypes d’une dizaine d’espèces madréporiques. De préférence à la chair il se contente souvent du mucus qui les recouvre, plus quelques tentacules, et il doit agir rapidement au moyen de manœuvres acrobatiques très rapides avant que ceux-ci ne se rétractent.

Les juvéniles nagent seuls mais à partir de 2 ans quand ils atteignent la maturité sexuelle ils se mettent en ménage et se choisissent un abri où ils vivent en couple pour la vie.

Suivant les endroits la reproduction est liée à la saison des pluies ou au cycle lunaire, des périodes qui l’une comme l’autre favorisent la dispersion des œufs. Pendant les nuits de pleine lune, en effet, la marée est plus haute et les courants plus forts. De nombreux couples montent à la surface pour libérer leurs gamètes et il n’est pas rare dans la confusion qu’un mâle féconde aussi les œufs d’autres femelles.

La fécondation s'effectue en surface, souvent lors de la marée haute de la pleine lune qui renforce les courants ou d'autres cycles aux mêmes effets tels que les moussons

La fécondation s’effectue en surface, souvent lors de la marée haute de la pleine lune qui renforce les courants ou d’autres cycles aux mêmes effets tels que les moussons © Francois Libert

Là où les territoires se superposent il peut en effet apparaître également des hybrides avec Chaetodon meyeri qui est très ressemblant mais a des lignes obliques noires et Chaetodon reticulatus dont le corps est noirâtre et porte une série de points blancs nettement visibles.

Les œufs, entraînés par les courants, éclosent un jour après. Les larves qui sont pélagiques et partent pendant quelques mois à la dérive sont caractérisées par des plaques osseuses qui protègent leur tête et la partie antérieure de leur corps.

Elles se nourrissent de plancton et c’est seulement lors d’un stade ultérieur, quand elles atteignent 12 à 15 mm, qu’elles se rapprochent des fonds dans des récifs souvent très éloignés.

Les juvéniles sons plus arrondis que des adultes. Ils grandissent seuls parmi les madrépores du genre Acropora dont les ramifications acérées dissuadent les prédateurs

Les juvéniles sons plus arrondis que des adultes. Ils grandissent seuls parmi les madrépores du genre Acropora dont les ramifications acérées dissuadent les prédateurs © Keoki Stender

Les juvéniles, qui ont une livrée semblable à celle des adultes, ont proportionnellement une forme plus arrondie.

En raison de sa beauté Chaetodon ornatissimus est parfois vendu sans aucun scrupule comme poisson d’aquarium alors que l’on sait bien qu’il est pratiquement impossible de le nourrir.

Il est vrai qu’en théorie sa résilience est bonne, ses effectifs pouvant doubler en moins de 15 mois, et que son indice de vulnérabilité est actuellement très bas, soit 15 sur une échelle de 100, mais si l’on songe à la mort en masse des coraux due aux changements climatiques et aux activités humaines ces poissons, à terme, n’auront plus de ressources alimentaires ni de “crèches” pour leurs petits. On a déjà observé que là où le récif est moribond cette espèce est en net déclin.

Synonymes

Citharoedus ornatissimus (Cuvier, 1831); Chaetodon ornatus Gray, 1831; Chaetodon ornatissimus kaupi Ahl, 1923; Chaetodon lydiae Curtiss, 1938.

 

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