Euterpe oleracea

Famille : Arecaceae


Texte © Pietro Puccio

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Cespiteuse, aux troncs de 20 m, l'Euterpe oleracea produit des fruits comestibles et les

Cespiteuse, aux troncs de 20 m, l'Euterpe oleracea produit des fruits comestibles et les "coeurs de palmier" © Giuseppe Mazza

Cette espèce est originaire du Brésil (Acre, Alagoas, Amazonas, Amapa, Bahia, Ceara, Fernando de Noronha, Maranhao, Para, Paraiba, Pernambuco, Piaui, Rio Grande do Norte, Rondônia, Roraima, Sergipe et Tocatins), de la Colombie, de l’Équateur, de Guyana, de la Guyane française, du Surinam, de Trinité et du Venezuela) où elle vit dans les forêts marécageuses et dans les forêts pluviales le long des cours d’eau jusqu’à environ 500 m d’altitude.

Le nom du genre est celui de la Muse de la musique dans la mythologie grecque. Il est composé du préfixe “eu” = bien et du verbe “terpo” = charmer, réjouir. Ce nom convient parfaitement à ce genre qui inclut des espèces comptant parmi les plus élégantes de la famille des palmiers. Le nom de l’espèce est l’adjectif latin “oleraceus, a, um” = pareil à un légume, par allusion à ses apex végétatifs (les “coeurs de palmier”).

Noms communs : cabbage palm, açai palm, assai palm (anglais), açai, açai-do-Para, acaizeiro, jaçara, jiçara, piria (Brésil), manaka, pina, prasara, qapoe, qasei (Surinam), manaca (Venezuela).

L’ Euterpe oleracea Mart. (1824) est une espèce monoïque cespiteuse, inerme, aux troncs cylindriques d’une hauteur pouvant atteindre 20 m et de 7 à 18 cm de diamètre, grisâtres, lisses, sur lesquels on peut voir les anneaux constituant la trace de l’implantation des feuilles qui sont tombées, à la base légèrement élargie et comportant souvent une couronne de racines adventives.

Les feuilles, portées sur un pétiole long d’environ 30 cm, sont pennées, longues jusqu’à 3,5 m et ont une base foliaire qui enveloppe entièrement le tronc sur une hauteur de 0,8 à 1,3 m en formant une sorte de chapiteau tubulaire de couleur verte parfois teintée de jaune, de rouge ou de pourpre. Les pinnules, au nombre de 50 à 70 par côté et disposées de façon régulière le long du rachis, sont pendantes, longues jusqu’à environ 1 m et larges de 3 à 4 cm dans la partie médiane, de couleur verte et brillantes.

Les inflorescences, ramifiées, longues d’environ 70 cm, portées sur un pédoncule long de 10 à 15 cm, renfermées lors de leur phase initiale de croissance dans une spathe caduque, verte et longue d’environ 1 m, sont placées sous les feuilles et portent des fleurs des deux sexes disposées en forme de triade caractéristique (une fleur femelle au milieu de deux fleurs mâles), en paires ou uniquement mâles dans la partie terminale. Les fleurs mâles sont de couleur pourpre et les fleurs femelles marron clair.

Les fruits, nombreux et produits durant une grande partie de l’année, sont des drupes sphériques de couleur pourpre noirâtre à maturité, de 1,5 à 2 cm de diamètre, qui contiennent une seule graine. On reproduit cette plante au moyen de ses graines, dont la capacité à germer est de courte durée, en les semant, après les avoir d’abord débarrassées de leur pulpe et plongées dans de l’eau tiède pendant trois jours, dans un substrat aéré et drainant à la température de 24 à 26 °C. La durée de germination est de 1 à 2 mois ou plus. La première feuillaison est pennée et la première floraison, dans des conditions optimales de culture, débute à partir de la 4ème année. C’est une espèce particulièrement répandue dans ses lieux d’origine où elle recouvre souvent de vastes portions de territoire. On la cultive dans les régions aux climats tropical et subtropical à la pluviosité élevée bien répartie tout au long de l’année et aux températures élevées avec des minima rarement inférieurs à 10 °C, même si, une fois adulte, elle peut supporter des températures proches de 0 °C à condition qu’elles soient exceptionnelles et de très courte durée. Elle a besoin de sols acides, riches en substances organiques et constamment humides car elle ne supporte pas des périodes de sécheresse.

Ses fruits constituent depuis longtemps une importante ressource alimentaire et économique des populations indigènes. Le jus (l’açaï), au goût agréable, nourrissant et aux fortes propriétés antioxydantes, est extrait manuellement ou par des moyens mécaniques et consommé seul ou avec d’autres fruits, dilué dans de l’eau à des degrés divers ou utilisé pour des glaces et des desserts ou encore ajouté à du riz et à de la farine de manioc. Ce jus est fortement dégradable ce qui en limite la commercialisation.

Les graines, par ailleurs, sont utilisées comme aliment pour les animaux, comme combustible et pour la fabrication d’objets artisanaux. Outre les fruits on consomme les apex végétatifs et la partie la plus tendre et la plus interne des bases foliaires engainées (les “coeurs de palmier”), ce qui entraîne la mort du tronc mais non celle de la plante entière, étant donné qu’elle est cespiteuse. Pour cette raison l’utilisation de cette espèce, tant pour la consommation locale que pour l’exportation, en remplacement de l’Euterpe edulis, dont le tronc est simple et dont les populations se sont fortement réduites en raison de coupes effectuées inconsidérément, est encouragée par les autorités brésiliennes. Enfin il ne faut pas négliger l’aspect particulièrement attractif et élégant de ce palmier qui en fait un ornement apprécié des jardins tropicaux et subtropicaux.

Synonymes : Euterpe brasiliana Oken (1841); Catis martiana O.F.Cook (1901); Euterpe badiocarpa Barb.Rodr. (1901); Euterpe beardii L.H.Bailey (1947); Euterpe cuatrecasana Dugand (1951).

 

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