Galactites tomentosus

Famille : Asteraceae


Texte © Dr. Salvatore Cambria

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Galactites tomentosus

Naturalisé aussi dans d’autres pays européens, Galactites tomentosus est largement répandu dans le bassin méditerranéen. Il pousse dans des friches ou des terrains dégradés souvent associé à des espèces nitrophiles annuelles. C’est une plante au cycle biologique bisannuel caractérisée par une tige droite haute jusqu’à 1 m © Mazza

Galactites tomentosus est une espèce herbacée appartenant aux Asteraceae, la famille de spermatophytes qui compte le plus grand nombre d’espèces au monde. Elle comprend en effet plus de 23.000 espèces et 1.679 genres.

Le genre Galactites appartient à la sous-tribu Carduinae où sa situation phylogénétique est considérée comme “originelle”, ce qui signifie qu’il représente l’un des premiers groupes à s’être séparé du reste de la sous-tribu.

Il présente de grandes affinités avec Carduus, Cirsium, Lamyropsis et Ptilostemon mais s’en différencie sur le plan morphologique surtout par ses feuilles non décurrentes, blanches-tomenteuses, ses fleurs périphériques stériles, ses étamines aux filaments épais, son pappus de poils plumeux et son akène à la couronne hémisphérique.

Le nom du genre Galactites vient du grec ancien “gala” =lait, par allusion à la couleur blanche du duvet épais qui recouvre sa tige et ses feuilles, une caractéristique  que met également  en valeur, également en latin, l’épithète de l’espèce tomentosus c’est-à-dire “recouvert de duvet”.

Galactites tomentosus

Rosette de feuilles basales d’une plante la première année avec ses nervures claires typiques. Les feuilles sont dotées d’épines robustes et pointues situées sur les bords © Giuseppe Mazza

Cette espèce a été décrite par le botaniste allemand Conrad Moench en 1794. En fait elle avait déjà été identifiée en 1785 par un autre chercheur, le botaniste et médecin de Turin Carlo Allioni, et baptisée Centauria elegans All.

En raison du critère de priorité existant dans le code de nomenclature botanique ce dernier nom, étant donné qu’il est antérieur à Galactites tomentosus, serait plus correct et on a donc suggéré le nouveau nom composé Galactites elegans. Cependant, vu que l’espèce était déjà connue depuis très longtemps sous le nom de Galactites tomentosus, la communauté scientifique a proposé et décidé de conserver ce nom au détriment de Galactites elegans.

Le genre Galactites, en l’état de nos connaissances en 2022. ne comprend que trois autres espèces. Il s’agit plus précisément de Galactites duriaei Spach ex Durieu répandu en Espagne, en France, en Grande-Bretagne, à Andorre, en Algérie et au Maroc, de Galactites mutabilis présent uniquement en Algérie et en Tunisie et enfin de Galactites × rigualii Figuerola, Stübing § Peris qui est une espèce endémique de l’Espagne.

Galactites tomentosus

Détail de l’élégante feuille basale avec son limbe de forme pennatifide-pennatiséquée © Giuseppe Mazza

Cette plante est connue sous divers noms locaux et vernaculaires comme par exemple Aprocchiu fimminedda, Cardunazzu, Cacucciulidda sarvaggia, Spina janca (Sicile), Bardu angioninu, Cardu biancu, Cardu santu, Cardu de Signorus (Sardaigne), Batticristi (Ligurie), Scarlina (Italie), purple milk thistle (Grande -Bretagne), galactites cotonneux, chardon laiteux, chardon élégant (France), Milchdistel (Allemagne).

C’est une plante herbacée dont le cycle biologique est bisannuel et qui est caractérisée par une tige droite pouvant atteindre 1 m, recouverte d’une pubescence épaisse de couleur blanche et aux ailes dotées d’épines.

La partie supérieure est souvent ramifiée. Les feuilles sont disposées de façon alterne et ont un limbe de forme pennatifide-pennatiséquée. Leur face supérieure est teintée de blanc alors que leur face inférieure est blanche et tomenteuse.

Les feuilles aussi sont dotées d’épines robustes et pointues situées sur les bords. L’inflorescence est un capitule typique de la famille des Asteraceae.

Galactites tomentosus

Inflorescence en formation sur une plante à la seconde année. Cette partie est comestible. Dans la médecine populaire cette espèce a aussi des vertus médicinales © Giuseppe Mazza

Il est formé par un ensemble de petites fleurs, appelées fleurons, sessiles et épaisses, qui sont implantées à l’extrémité du réceptacle et disposées de manière très compacte et finissent par constituer une inflorescence qui est souvent remplacée superficiellement par une fleur simple comme c’est souvent le cas par exemple pour les marguerites.

Chez les Asteraceae le capitule peut être formé de deux sortes de fleurs ou d’une seule de celles-ci : des fleurs tubuleuses à symétrie radiale et comportant une corolle à 5 lobes, des fleurs ligulées à symétrie bilatérale  et comportant une corolle à 5 lobes fusionnés en formant un prolongement nastriforme appelé la ligule qui est remplacée par un pétale dans les fleurs des marguerites.

Dans le cas de Galactites tomentosus le capitule a une forme discoïdale et est porté par des pédoncules plus ou moins allongés. Les capitules peuvent être solitaires ou multiples, et réunis de façon à constituer des racèmes, des panicules ou des corymbes.

Le capitule est caractérisé par un involucre constitué d’écailles qui contiennent à l’intérieur le réceptacle situé à la base des fleurs.

Galactites tomentosus

Elle a des tiges droites, souvent ramifiées en haut, caractérisées comme les feuilles par un duvet blanc et épais © Giuseppe Mazza

L’involucre a une forme campanulée et est formé de nombreuses écailles imbriquées. Celles-ci sont de forme triangulaire et celles surtout qui sont le plus à l’extérieur possèdent en général un mucron, c’est-à-dire un prolongement apical souvent épineux. Les écailles situées le plus à l’intérieur sont dépourvues d’épines et aplaties.

Le réceptacle est plat ou convexe et dépourvu de paillettes, c’est-à-dire des bractéoles habituellement en forme de petite écaille à la consistance membraneuse qui se trouvent à la base de chaque fleur. Les fleurs, placées en grand nombre dans le réceptacle, sont uniquement de type tubuleux, hermaphrodites ou rarement unisexuées.

Celles qui sont situées au centre sont toutes fertiles alors que celles qui sont placées le plus en périphérie sont stériles, plates, très apparentes et sortent de l’involucre.

Le calice est constitué de sépales très réduits et représentés seulement par de petites écailles. La corolle comporte 5 lobes et a un long tube mince.

La couleur est relativement variable et souvent influencée par la typologie du terrain où pousse la plante. Il existe de fait des teintes qui vont du blanc-lilas au rose-pourpre. Les fleurs périphériques sont plus longues.

En ce qui concerne la partie mâle de la fleur, l’androcée, les étamines sont au nombre de 5 et ont des filaments épais qui présente la particularité d’effectuer des mouvements pour libérer le pollen.

Les anthères ont une courte queue à leur base et des appendices apicaux linéaires-oblongs.

La partie femelle de la fleur, le gynécée, est constituée d’un ovaire infère et d’un style qui se termine par un stigmate bifide qui sort nettement de la corolle.

La période de floraison est relativement longue et s’étend d’avril à juillet suivant les conditions climatiques locales.

La pollinisation est effectuée par des insectes tels que des papillons diurnes et nocturnes, des coléoptères et des abeilles. Il s’agit donc d’une pollinisation entomogame.

Le fruit est un akène, c’est-à-dire un fruit sec indéhiscent qui a souvent une forme obovoïde et parfois plus ou moins comprimé. Dans certains cas il peut par contre être sphérique ou piriforme. Sa surface est normalement lisse et glabre. La partie apicale est surmontée d’un anneau qui contient le nectar.

Comme d’autres membres de la famille des AsteraceaeGalactites tomentosus a aussi un pappus, un appendice plumeux et léger qui a pour rôle de faciliter la dispersion des graines sous l’action du vent, également connue sous le nom de pollinisation anémochore.

L’ensemble formé par l’akène et le pappus constitue la cypsèle, le fruit typique des Asteraceae. En plus du vent et de la gravité la dispersion des graines est aussi effectuée par les fourmis et pour cette raison on peut également parler de dissémination myrméchore.

Galactites tomentosus

L’inflorescence est un capitule discoïdal aux fleurs uniquement tubuleuses. L’involucre campanulé est formé de nombreuses écailles imbriquées © Giuseppe Mazza

Cette espèce est largement répandue dans une bonne partie du bassin méditerranéen et elle est souvent très fréquente. Galactites tomentosus est en effet présent au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en France, en Grèce, dans la péninsule ibérique, en Italie et dans la péninsule balkanique. Il s’est en outre naturalisé dans d’autres pays européens tels que la Grande-Bretagne et l’Allemagne.

Dans son aire de répartition cette espèce est fréquente depuis le niveau de la mer jusqu’à 1.300 m d’altitude. Elle colonise les zones dégradées telles que les friches, les décombres, les pâturages et le bord des routes. Sur le plan phytosociologique elle est considérée comme étant caractéristique de l’alliance Echio plantaginei-Galactition tomentosae O. Bolos § Molinier,1969, qui réunit les communautés annuelles sous-nitrophiles présentes dans les friches, le long du bord des routes et dans les zones laissées à l’abandon.

Elle s’associe souvent à d’autres thérophytes nitrophiles tels que Echium plantagineum, Bromus hordeaceus, Lolium rigidum, Plantago lanceolata, Plantago lagopus, Medicago rigidula, Lotus ornithopodioides, Sherardia arvensis, Melilotus elegans, Silene fuscata, etc. Le nombre chromosomique de Galactites tomentosus est 2n = 22.

Galactites tomentosus

La couleur du capitule est assez variable et souvent influencée par la typologie du sol. Les teintes vont du blanc-lilas au rose-pourpre © Giuseppe Mazza

Elle était déjà considérée comme une plante comestible par des auteurs anciens comme Diodore et Dioscoride. On utilise en particulier son inflorescence quand elle est jeune et le scape floral correspondant qui peuvent être mangés crus après avoir été nettoyés.

Les feuilles et la tige, en plus d’être utilisées en salade, sont également employées pour la production de conserves à l’huile et au vinaigre. D’autre part la médecine populaire attribue à cette espèce des propriétés astringentes, stimulantes, diurétiques, hypertensives et toniques. Dans certaines régions de l’Italie du Sud et en particulier en Calabre, en Sardaigne et en Sicile on produit à partir de cette espèce un miel excellent.

Si dans les régions méditerranéennes cette espèce est souvent considérée comme une herbe invasive encombrante elle est utilisée dans certaines zones au climat tempéré de l’Europe et des États-Unis comme plante d’ornement en raison de son feuillage vert-argenté et de sa floraison abondante. Il existe aussi une variété “alba” caractérisée par des feuilles mouchetées. Quand elle est cultivée cette espèce a besoin de sols bien drainés et d’une exposition très ensoleillée.

Synonymes : Lupsia galactites (L.) Kuntze (1891); Galactites pumilus Porta (1892); Centaurea galactites L. (1753); Galactites elegans (All.) Soldano (1991); Centaurea elegans All. (1785).

 

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