Lepisosteus osseus

Famille : Lepisosteidae

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Texte © D. Sc. Giuliano Russini – Biologiste Zoologiste

 

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Traduction en français par Serge Forestier

 

Lepisosteus osseus est un fossile vivant du Permien, avec un squelette remarquablement ossifié et des écailles similaires à celles du cœlacanthe.

Lepisosteus osseus est un fossile vivant du Permien, avec un squelette remarquablement ossifié et des écailles similaires à celles du cœlacanthe © Giuseppe Mazza

Dans le passé, l’ordre des Amiformes (Amiiformes Hay 1929), compre- nait de nombreuses espèces. De nombreux fossiles ont été découverts par les biologistes (plus précisément, par les ichthyo-paléontologistes), datant de la période du Permien, ère Primaire ou Paléozoïque (il y a 299 à 251 millions d’années), aussi bien dans l’Ancien que dans le Nouveau Monde ; le terme “Permien”, dérive des couches de roches rouges qui occupent une vaste zone à l’ouest de l’Oural, dans l’ancien état de Permie en Russie, à cette période, ou, plus précisément, dans sa dernière partie, correspondant à l’une des plus grandes extinctions de masse de l’histoire de la planète Terre, l’extinction du Permien-Trias.

Seules deux familles de ces poissons ont survécu jusqu’à ce jour, sans changement notable, dans les eaux continentales américaines. L’une, celle des Amiidés (Amiidae), ne comprend qu’un seul genre, Amia, l’autre, celle des Lepisosteidés (Lepisosteidae) en comprend deux : Lepisosteus et Atractosteus. Il s’agit de véritables fossiles vivants, comme le cœlacanthe ou les dipneustes. Comme leurs lointains ancêtres, ils possèdent un squelette remarquablement ossifié, des écailles cycloïdes ou ganoïdes, une vessie natatoire bilobée et une soupape rudimentaire en spirale dans l’intestin.

Répandu en Amérique du Nord, on retrouve Lepisosteus osseus dans les eaux du fleuve Saint-Laurent et tous les Grands Lacs, à l'exception du lac Supérieur, jusqu'en Floride et au Mexique.

Répandu en Amérique du Nord, on le retrouve dans les eaux du fleuve Saint-Laurent et tous les Grands Lacs, à l’exception du lac Supérieur, jusqu’en Floride et au Mexique © smmcdonald

Certains biologistes taxonomiques considèrent cet ordre comme suffisamment original pour peut-être former une sous-classe par lui-même, dans l’infraclasse des poissons osseux Holostes (Holostei).

Les familles qui appartiennent à l’ordre des Amiformes (Amiiformes), comme nous le disions, sont deux, celle des Amiidés (Amiidae) avec seulement le genre Amia (Amia) et celle des Lépisostéidés (Lepisosteidae) avec le genre Lépisosté (Lepisosteus), auquel appartient l’espèce Lepisosteus osseus objet de cette fiche, et par le passé, également Lepisosteus spatula, aujourd’hui intégré dans le genre (Atractosteus) avec le nom de Atractosteus spatula.

Le Lépisosté osseux (Lepisosteus osseus – Linnaeus, 1758), est rattaché à la classe des Actinoptérygiens (Actinopterygii,) à l’ordre des Amiformes (Amiiformes , d’autres biologistes ichtyologues le classent parmi les Semionotiformes), à la famille des Lépisostéidés (Lepisosteidae) et au genre Lépisosté (Lepisosteus).

Zoogéographie

Avec son museau long, tubulaire et effilé, plein de dents, Lepisosteus-osseus peut atteindre 150-200 cm, mais la taille normale est d'environ 60-100 cm.

Avec son museau long, tubulaire et effilé, plein de dents, il peut atteindre 150-200 cm, mais la taille normale est d’environ 60-100 cm © Bob Virag

Il vit dans la région des Grands Lacs américains et dans les cours d’eau de l’Est des États-Unis et d’Amérique centrale et le long du Mississippi, en Alabama et au Texas, ainsi que dans les marais de Floride où il atteint des nombres démesurés.

On le trouve également dans les lacs du Québec, au Canada français, et dans la partie la plus méridionale de l’Ontario, au Canada anglais.

Habitat-Ecologie

Ce poisson passe l’hiver en léthargie, au fond du plan d’eau dans lequel il vit, restant immobile et cessant de se nourrir ; l’été, c’est un prédateur vorace, se nourrissant d’autres poissons, de mollusques, de crustacés, misant sur sa capacité à nager très vite et à remonter les courants mêmes impétueux, chassant en embuscade, ouvrant grand la bouche et avec un mouvement latéral rapide de la tête, saisissant sa proie avec ses dents effilées.

Morphophysiologie

Préfère les zones peu profondes. Les jeunes préfèrent se cacher et chasser dans les remous autour de la végétation submergée.

Préfère les zones peu profondes. Les jeunes préfèrent se cacher et chasser dans les remous autour de la végétation submergée © Lois Posey

Il mesure entre un mètre à un mètre cinquante, la partie supérieure de son corps est verdâtre, parsemée de taches sombres plus ou moins arrondies, particulièrement visibles chez les jeunes et le ventre est blanc.

Le museau a une structure tubulaire conique qui lui a valu le surnom, dans certains pays, de poisson bec, avec une mâchoire richement pourvue en dents. La nageoire caudale est hétérocerque, les nageoires anale et dorsale, sont symétriquement opposé et orientées vers l’arrière, les nageoires pelviennes sont situées à mi-corps.

Pendant l’été, en particulier dans les régions méridionales, où la concentration en oxygène dans l’eau diminue considérablement, il remonte souvent à la surface et, se plaçant sur le flanc et ouvrant la bouche, il avale un bon volume d’air, donc d’oxygène atmosphérique, qui sera emmagasiné dans sa vessie natatoire bilobée, laquelle, en liaison avec le pharynx et les branchies, permet les échanges gazeux respiratoires.

D'octobre à avril, Lepisosteus osseus migre vers les eaux profondes pour hiverner. Au printemps, il remonte pour se reproduire, parfois même en eaux saumâtres..

D’octobre à avril, Lepisosteus osseus migre vers les eaux profondes pour hiverner. Au printemps, il remonte pour se reproduire, parfois même en eaux saumâtres © Phil’s 1stPix

Ethologie-Biologie de la reproduction

Les œufs, approximativement de la taille de ceux des saumons, sont déposés parmi les algues au printemps, de fin avril à mai-juin. Dans cette période, la femelle se déplace vers la rive où l’eau est peu profonde, calme et où se trouvent des plantes aquatiques. Là, suivie par plusieurs mâles, interviennent des formes rituelles de lutte pour la femelle. Les œufs, de couleur verdâtre, sont fécondés extérieurement ; les petites larves émergeant après environ 13 jours des œufs fécondés, sont également ancrées aux les plantes aquatiques, au moyen d’une ventouse buccale, se nourrissant du matériel de réserve présent dans le sac vitellin.

À mi-développement, environ sept jours, qui coïncide avec la réduction de moitié du sac vitellin, la colonne vertébrale s’allonge dans l’un des deux lobes (le supérieur) de la nageoire caudale, ce qui la rend “hétérocerque” ; après 14 jours de ce type de vie, les larves sont en mesure de d’entreprendre une vie indépendante et de nager.

Pendant tout ce temps, les parents se sont désintéressés de leur progéniture. Lepisosteus osseus vit en moyenne 18 à 20 ans et depuis 2019, il apparaît comme “LC, Least Concern”, c’est-à-dire comme “Préoccupation mineure“, dans la Liste rouge de l’UICN des espèces menacées.

Les œufs venimeux et verdâtres, aussi gros que ceux du saumon, sont fixés à la végétation et éclosent au bout de quelques semaines. Ce n'est pas une espèce menacée.

Les œufs venimeux et verdâtres, aussi gros que ceux du saumon, sont fixés à la végétation et éclosent au bout de quelques semaines. Ce n’est pas une espèce menacée © Squidpastry

Synonymes

Esox osseus Linnaeus, 1758; Esox viridis Gmelin, 1789; Lepidosteus ayresii Duméril, 1870; Lepidosteus bison DeKay, 1842; Lepidosteus clintonii Duméril, 1870; Lepidosteus copei Duméril, 1870; Lepidosteus crassus Cope, 1865; Lepidosteus elisabeth Duméril, 1870; Lepidosteus harlani Duméril, 1870; Lepidosteus horatii Duméril, 1870; Lepidosteus lamarii Duméril, 1870; Lepidosteus leptorhynchus Girard, 1858; Lepidosteus lesueurii Duméril, 1870; Lepidosteus louisianensis Duméril, 1870; Lepidosteus milberti Duméril, 1870; Lepidosteus otarius Cope, 1865; Lepidosteus piquotianus  Duméril, 1870; Lepidosteus rostratus Cuvier, 1836; Lepidosteus smithii Duméril, 1870; Lepidosteus thompsonii Duméril, 1870; Lepidosteus troostii Duméril, 1870; Lepisosteus gavial Lacepède, 1803; Lepisosteus gracilis Richardson, 1836; Lepisosteus huronensis Richardson, 1836; Lepisosteus lineatus Thompson, 1842; Lepisosteus longirostris Rafinesque, 1820; Lepisosteus oxyurus Rafinesque, 1820; Lepisosteus treculii Duméril, 1870; Macrognathus loricatus Gronow, 1854; Sarchirus vittatus Rafinesque, 1818.

 

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