Maticora bivirgata flaviceps

Famille : Elapidae

GIANNI-2.gif
Texte © Dr. Gianni Olivo

 

michel.gif
Traduction en français par Michel Olivié

 

Maticora bivirgata flaviceps

Bien qu’il soit peu agressif il est bon de ne pas déranger cet élapidé asiatique potentiellement mortel © Giuseppe Mazza

Le Serpent corail bleu à tête rouge ou Maticora à tête rouge (Maticora bivirgata) est un Élapidé (Elapidae) qui vit en Asie et dont trois sous-espèces sont actuellement connues, à savoir :

Maticora bivirgata bivirgata présente à Java.

Maticora bivirgata tetrataenia particulière à Bornéo.

Maticora bivirgata flaviceps dont l’aire de répartition est plus vaste et qui est présente en Thaïlande, au Cambodge, au Myanmar, à Sumatra, dans l’archipel des Riau, dans l’Ouest de la Malaisie et jusqu’à Singapour.

Ce serpent habite dans des zones recouvertes de forêts, parfois denses. Il a des moeurs nocturnes mais on peut également le rencontrer le jour, période pendant laquelle il a toutefois tendance à être moins actif. La longueur moyenne de l’adulte est de 130 à 150 cm, 180 cm au maximum. Son corps, plutôt mince, a une jolie couleur bleue ou indigo et comporte de fines rayures latérales. Sa tête, sa queue et sa partie ventrale sont rouges. Sa tête est relativement courte. La pointe de son museau est obtuse. Ses yeux sont petits et placés sur les côtés. Les crochets à venin sont fixes et disposés en avant dans le palais (protéroglyphes). Ils ne sont pas longs mais néanmoins efficaces et rendent la morsure de ces serpents potentiellement mortelle.

La couleur rouge vif de la tête et de la queue sont, selon toute probabilité, un exemple de mimétisme aposématique, une combinaison de couleurs brillantes qui a pour but d’indiquer à un agresseur potentiel “C’est moi ! Tu m’as vu ! Je suis dangereux”.

Il est à noter une curieuse particularité : en général ce type de mimétisme (qui semble en apparence être le contraire d’un mimétisme) se manifeste chez les espèces nocturnes par l’étalage d’un contraste entre le blanc et le noir (un exemple typique est celui du ratel du Cap ou Mellivora capensis ou bien de diverses espèces de putois et de mouffettes dotées d'”armes chimiques” ou encore du porc-épic et de ses dangereux piquants) alors que les couleurs brillantes sont des caractéristiques d’animaux diurnes. Sur le fond cependant il ne s’agit que d’une anomalie apparente parce que, selon toute vraisemblance, ces serpents nocturnes sont plus vulnérables pendant la journée, ce qui expliquerait cette caractéristique que l’on retrouve d’ailleurs chez les serpents corail du Nouveau Monde.

Maticora bivirgata flaviceps

Le rouge vif de sa tête et de sa queue veut dire : C’est moi ! Tu m’as vu ! Je suis dangereux © G. Mazza

Parfois les Maticoras cachent leur tête sous leurs replis et mettent par contre leur queue bien en évidence, probablement dans l’espoir qu’on la confonde avec leur tête.

Ces reptiles présentent une certaine ressemblance avec des bongares, par leur aspect surtout avec le Bongare à tête rouge (Bungarus flaviceps). Quant à leurs habitudes, ils se nourrissent eux aussi principalement de serpents, même venimeux, mais ne dédaignent pas cependant diverses proies telles que des oiseaux, de petits mammifères, des lézards et même des batraciens.

Leur venin, essentiellement neurotoxique, est potentiellement mortel. Comme c’est le cas pour les bongares il génère peu de symptômes au niveau local (à la différence de beaucoup de cobras asiatiques dont le venin, quoique neurotoxique, a aussi des effets oedémateux et/ou nécrotisants suivant les espèces). Toutefois on a également isolé dans le venin de ces ophidiens une cytotoxine et une phospholipase.

Le comportement de ce serpent présente la curiosité que l’on retrouve de façon analogue chez certaines espèces de Bungarus de se caractériser par une agressivité qui est relativement faible pendant la journée mais qui semble augmenter la nuit, période où il est plus fréquent que ce reptile morde ceux qui passent trop près de lui.

Les populations locales qui ont souvent l’habitude d’aller et de venir, même la nuit, les pieds nus ou avec des chaussures peu ou pas du tout protégées sont particulièrement exposées au danger. De ce fait, bien que l’ouverture de sa gueule soit relativement petite, des accidents mortels imputables à cette espèce ont été rapportés et dans ces cas le décès semble dû en général à la paralysie des muscles respiratoires.

Noms vulgaires : Blue Malayan Coral Snake (anglais).

Synonymes : Elaps bivirgatus, Bioliophis bivirgatus, Callophis bivirgatus, Adeniophis bivirgatus, Doliophis bivirgatus.

 

→ Pour des notions générales sur les Serpentes voir ici.

→ Pour apprécier la biodiversité au sein des SERPENTS cliquez ici.