Famille : Acanthuridae

Texte © Giuseppe Mazza

Traduction en français par Serge Forestier

Le poisson multicolore Nason à éperons orangés (Naso lituratus) est un représentant atypique du genre Naso en raison de l’absence de corne frontale © Giuseppe Mazza
Le nom de genre Naso dérive du latin “nasus” = nez, en référence à la protubérance frontale caractéristique des Nasinae, parfois similaire à un nez.
Le nom spécifique lituratus, vient du latin “lituro” = effacer, et donc “effacé” en référence probable à l’évanescence des rayures verticales sombres, à peine accentuées sur les côtés, qui semblent presque effacées.
Zoogéographie

La couleur de fond est très variable. Les rayures verticales foncées sur les côtés sont souvent évanescentes, d'où le nom "lituratus", du latin "lituro" qui signifie effacer © Giuseppe Mazza
Écologie-Habitat
Le nason à éperons orange virevolte entre les formations coralliennes et les rochers entre 5 et 30 m de profondeur, où croissent les algues dont il se nourrit, mais il peut aussi descendre jusqu’à environ 90 m.

La nageoire caudale présente, dans la zone translucide, une lumineuse bande verticale caractéristique jaune-orangée qui manque en revanche chez l’analogue Naso elegans © Giuseppe Mazza
Certains spécimens dépassent les 45 cm, bien que généralement la taille soit plus modeste.
Le corps ovale et aplati correspond au script de la famille, mais c’est un Nasinae atypique en raison de l’absence de corne frontale. De plus, le pédoncule caudal ne possède pas la lame rétractile caractéristique des poissons chirurgiens, mais une paire de solides épines acérées des deux côtés.
L’unique grande nageoire dorsale compte six rayons épineux et 28 à 31 rayons mous ; l’anale, symétrique, a 2 épines et 29 à 31 rayons inermes ; les pectorales, avec 17 ou 18 rayons mous, sont plus ou moins rhomboïdales arrondies à l’apex et les ventrales pointues montrent une épine et 3 rayons inermes. La nageoire caudale est en forme de croissant avec d’élégants lobes filamenteux chez les mâles adultes se développant démesurément avec l’âge.
La couleur de fond est très variable, en fonction de la région et de l’habitat, et peut changer instantanément selon l’humeur du poisson. Il est généralement gris, avec parfois des traits verdâtres, tendant au brunâtre ou au bleu.
La bouche est orangée, entourée d’une zone sombre, bordée de jaune, s’élargissant vers les yeux. La nageoire dorsale est marron foncé, tirant sur le noir, avec la partie supérieure blanchâtre et un minuscule contour bleu présent également sur l’anale qui, cependant, est majoritairement orangée. La nageoire caudale est dans l’ensemble foncée, avec la zone postérieure translucide précédée d’une bande verticale caractéristique orangée jaunâtre.
La livrée changeante des juvéniles est brun verdâtre avec une grande zone blanche sur la tête, une autre plus petite entre les yeux et les lèvres et des taches blanches éparpillées sur les flancs. Les doubles lames tranchantes du pédoncule caudal sont séparées entre elles par une bande blanche et mises en valeur par deux zones jaune orangé présentes chez tous les adultes. Clairement visible même à distance en raison du mouvement ondulant de la queue elles rappellent aux agresseurs potentiels qu’il est préférable de chercher d’autres proies car ici, de chaque côté, il y a deux bistouris effilés.
Éthologie-Biologie reproductive
Grand nageur, avec des mouvements qui rappellent parfois ceux des Sgombridés, Naso lituratus vit seul ou en groupes nombreux, parfois mélangé avec d’autres Acanthuridae. Le nason à éperons orange se nourrit de toutes sortes d’algues, en particulier des algues brunes appartenant aux genres Dictyota, Sargassum et Lobophora, mais aussi de zooplancton et de petits invertébrés, comme l’ont confirmé les aliments de substitution qu’il accepte, à contrecœur, en plus des végétaux, dans la vie en aquarium.

Les grands spécimens sont pêchés pour leur excellente chair, malgré le risque de ciguatera. L'espèce n'est pas encore menacée, mais reste à surveiller © Giuseppe Mazza
De nature pacifique Naso lituratus est un hôte fréquent des grands aquariums publics, les seuls capables de lui assurer, compte tenu de son alimentation et de sa taille, une vie décente. Les infortunés spécimens qui arrivent dans les aquariums domestiques meurent en fait de faim la plupart du temps. En plus des aquariophiles, le nason à éperons oranges est menacé par la pêche, car sa chair est excellente, malgré le risque de ciguatera, une intoxication grave provoquée par des algues toxiques qui dans certaines régions ou saisons peuvent devenir son plat principal. La résilience de l’espèce est assez discrète, en fait de 1,4 à 4,4 années suffisent pour régénérer les populations décimées par les événements, mais la dégradation du récif et la pêche le rendent modérément vulnérables avec un indice de 34 sur une échelle de 100.
Sinonimi
Acanthurus lituratus Forster, 1801; Callicanthus lituratus Forster, 1801; Aspisurus carolinarum Quoy & Gaimard, 1825; Prionurus eoume Lesson, 1831; Monoceros garretti Seale, 1901.
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