Rhinecanthus assasi

Famille : Balistidae

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Texte © Giuseppe Mazza

 

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Traduction en français par Michel Olivié

 

Rhinecanthus assasi, Balistidae, Baliste Picasso arabe

Le Baliste Picasso arabe, strictement confiné à l’Ouest de l’océan Indien, n’est présent que dans la mer Rouge, le golfe d’Aden avec toute la côte somalienne et l’île de Socotora, le golfe Persique et le golfe d’Oman © G. Mazza

Le Rhinecanthus assasi (Forsskäl, 1775), connu sous le nom de Baliste Picasso arabe afin de le distinguer du Rhinecanthus aculeatus ou Baliste Picasso clair qui est similaire, appartient à la classe des Actinopterygii, les poissons aux nageoires rayonnées et à la famille des Balistidae, appelés balistes ou poissons-gâchettes, qui est classée dans l’ordre des Tetraodontiformes, celui des poissons-globes et des poissons-coffres, des espèces dont les écailles se sont souvent transformées en cuirasses hérissées d’épines et qui ont 4 plaques dentaires caractéristiques formant une sorte de bec servant à briser des carapaces et des coquilles ou à déchiqueter des madrépores.

Ce sont de petites espèces, comme le Canthigaster jactator, qui ne dépassent pas 9 cm ou des espèces gigantesques comme le poisson-lune (Mola mola) qui avec plus de 3 m de long est le plus grand poisson osseux existant.

Le nom du genre Rhinecanthus vient du grec “rhinos” = nez et “akantha” = épine, par allusion à son museau qui est fortement allongé pour un baliste et à sa nageoire dorsale caractéristique   des poissons-gâchettes. Le nom de l’espèce assasi est issu après latinisation du nom arabe “Azzazi” donné localement à cette espèce.

Zoogéographie

Le Baliste Picasso arabe, qui est strictement confiné à l’Ouest de l’océan Indien, est uniquement présent dans la mer Rouge, y compris la côte de la Somalie et l’île de Socotora, le golfe Persique et le golfe d’Oman.

Écologie-Habitat

Il nage en général dans des eaux peu profondes, rarement au-delà de 10 m, au milieu des formations madréporiques ou dans des fonds sableux parmi les débris des récifs : des lieux où se trouvent des abris sûrs où il peut passer la nuit et se réfugier en cas de danger.

Les juvéniles qui au début vivent en bancs le long des plages grandissent souvent par la suite à l’abri de madrépores appartenant aux genres Acropora, Pocillopora ou Stylophora. Il n’est pas rare de les trouver cachés dans les grandes coquilles vides qui gisent sur le fond marin.

Morphophysiologie

Le Rhinecanthus assasi peut atteindre 30 cm. Son corps est plat. Sa tête, massive, occupe presque un tiers de sa longueur. Ses yeux sont disposés en hauteur loin des piquants des oursins dont il est friand. Ils se déplacent indépendamment l’un de l’autre comme ceux des caméléons, ce qui permet une vision large et parfaite du milieu environnant. Ses lèvres sont charnues. Ses mâchoires sont dotées de deux dents robustes, comme c’est typiquement le cas chez les Tetraodontiformes, auxquelles s’ajoutent sur la mâchoire supérieure 6 dents pharyngiennes plates qui ont pour fonction de broyer la nourriture.

Son dos comporte la gâchette érectile caractéristique qui est constituée de trois épines que le poisson peut bloquer en position verticale pour se défendre. La première, robuste et effilée comme un poignard, est de couleur claire et contraste avec la couleur noire de la nageoire. Elle reste  dans cette position même quand le poisson est mort. Elle sert à dissuader les agresseurs qui associent sa brillante livrée caractéristique et son épine à des douloureux ulcères à l’estomac.

Rhinecanthus assasi, Balistidae, Baliste Picasso arabe

Sa temible épine dorsale reste bloquée à la verticale même après sa mort. Il peut grandir de taille en dilatant son ventre et émettre des sons pour désorienter les prédateurs © Gianemilio Rusconi

Ses lèvres sont jaunes. Le tracé noir à la Picasso en forme de “V ” qui part de la base des nageoires pectorales en direction du museau et des yeux comme chez le Rhinecanthus aculeatus et le Rhinecanthus verrucosus est ici nettement très marqué : un élégant coup de pinceau noir qui contourne la tête et se divise en 3 bandes que soulignent, à la façon d’un logo, le bord bleu et les yeux rouge orangé.

Comme chez le Rhinecanthus verrucosus que l’on reconnaît immédiatement par la grande tache foncée située sur la partie inférieure du corps au début de la nageoire caudale la partie finale du corps et le pédoncule caudal comporte 3 bandes épineuses carénées : un avertissement supplémentaire destiné aux importuns et dont il est facile de se souvenir à cause de leurs traits noirs bordés de traits blancs de couleur brillante. À noter enfin une zone de couleur orange à la base de la première nageoire dorsale et une autre, similaire,  qui comporte une tache noire au centre dans la zone anale.

Les nageoires ventrales se réduisent à un éperon épineux qui correspond à l’extrémité inférieure du trapèze et qui augmente les dimensions du corps quand le poisson enfle de façon menaçante, avec sa gâchette, sa zone ventrale pour paraître plus grand. La seconde nageoire dorsale compte 22 à 25 rayons inermes alors que la nageoire anale qui est symétrique a 20 à 22 rayons mous. La nageoire caudale est arrondie chez les juvéniles et presque tronquée chez les adultes. Le corps est protégé, comme chez tous les poissons-balistes, par une armature robuste constituée par un maillage d’écailles osseuses.

Éthologie-Biologie reproductive

Le Rhinecanthus assasi se nourrit pratiquement de tout ce qu’il trouve sur les fonds marins : échinodermes, crabes, crevettes, ascidies, annélides et les oeufs des autres poissons. Il perfore sans difficulté les coquilles des bivalves et des gastéropodes et déchiquette comme un rien les branches des madrépores à la recherches de polypes appétissants. Il s’attaque aux petits poissons et ne dédaigne pas les poissons moribonds, les cadavres, les algues, les foraminifères et les déchets.

Rhinecanthus assasi, Balistidae, Baliste Picasso arabe

Un juvénile alerte. Les petits vivent d’abord en bancs puis seuls en se cachant parmi les crevasses des madrépores et en élisant parfois domicile dans des coquilles vides © Gianemilio Rusconi

Pour dénicher les petits vers il remue le sable au moyen de jets d’eau et pour rendre les oursins inoffensifs il les attrape et les projette à plusieurs reprises sur des rochers.

Avec un tel régime alimentaire il dispose à l’évidence de toutes les cartes nécessaires à la vie en aquarium bien que, vu ses dimensions, il ne convienne que pour les grand bassins des aquariums publics d’autant plus qu’il est territorial  et que, outre ses problèmes d’incompatibilité avec ses congénères, il dévore des crustacés, des coraux et des poissons de petite taille.

La nuit, dans la nature, il choisit des abris dont l’entrée est étroite et où il ne pénètre qu’avec la gâchette abaissée. Après l’avoir armée il s’endort tranquillement, certain de ne pas être entraîné à l’extérieur par les courants. Quand il se sent en danger il peut émettre des sons : des grognements et des cliquetis qui sont obtenus en grinçant des dents ou en les entrechoquant ou encore grâce à des vibrations de sa vessie natatoire. Ils permettent au poisson de désorienter l’importun et de lui laisser le temps de s’enfuir.

Il vit généralement seul. On n’a pas de données précises sur sa reproduction mais il semble qu’il ponde ses oeufs, comme chez les espèces similaires, dans un nid creusé dans le sable et surveillé jusqu’à l’éclosion.

Ses effectifs peuvent doubler au bout de 1,4 à 4,4 ans. En 2020 son indice de vulnérabilité était faible et s’établissait à 30 sur une échelle de 100.

Synonymes

Balistes assasi Forsskål, 1775.

 

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