Viscum album

Famille : Santalaceae

EUGENIO-2.gif
Texte © Eugenio Zanotti

 

michel.gif
Traduction en français par Michel Olivié

 

Le Viscum album est une espèce eurasiatique épiphyte très ramifiée à l'aspect buissonnant © Giuseppe Mazza

Le Viscum album est une espèce eurasiatique épiphyte très ramifiée à l'aspect buissonnant © Giuseppe Mazza

Le genre Viscum (qui par suite d’une récente révision phylogénétique est à classer dans la famille Santalaceae) comprend, selon divers auteurs, de 70 à 100 espèces originaires des régions tempérées et tropicales de l’Europe, de l’Asie, de l’Afrique et de l’Océanie.

Le gui ou gui blanc (Viscum album L. 1753) a une distribution eurasiatique (de l’Europe au Japon).

Le nom générique vient du grec “ixos” et du latin “viscum” = gui (de viscosus. a. um à cause du liquide gluant contenu dans les baies); “album” est un mot latin qui veut dire blanc.

Espèce pluriannuelle, c’est une petite plante buissonnante, glabre, très ramifiée, épiphyte (elle pousse sur divers arbres et arbustes), hémiparasite (c’est une plante verte dotée de chlorophylle), autotrophe, qui se procure une partie des substances alimentaires grâce à la photosynthèse mais qui absorbe à partir de la sève de la plante hôte l’eau et les sels minéraux. C’est un sous-arbrisseau, dont les tiges et les rameaux sont ligneux, d’aspect sphérique, qui porte de nombreux noms dialectaux (gui des feuillus, bois de Sainte-Croix, glu, verquet, blondeau, vert de pommier, bouchon, etc…). Connu depuis l’Antiquité il a été entouré d’une foule de légendes et de traditions.

Le gui, qui est haut de 20 à 50 cm (moins de 100 cm), a des tiges ligneuses, cylindriques, ramifiées de façon dichotomique, fragiles et tordues; son écorce est d’une couleur vert jaunâtre, charnue et cannelée longitudinalement.

Ce n'est pas un parasite mais une plante verte avec de la chlorophylle assurant la photosynthèse qui prélève dans les vaisseaux de la plante hôte l'eau et les sels © Giuseppe Mazza

Le gui est un sous-arbrisseau haut moins de 100 cm, normalement 20-50 cm, dont les tiges et les rameaux sont ligneux, d’aspect sphérique. C’est un hémiparasite, c’est-à-dire qu’il est doté de chlorophylle et peut donc effectuer seul la photosynthèse, mais il doit subtiliser les sels minéraux et l’eau en les puisant dans les vaisseaux de son hôte © Giuseppe Mazza

Les feuilles sont persistantes, coriaces, charnues, simples, opposées avec une lamina lancéolée-spatulée (1,2 à 1,5 x 4 à 5,5 cm), émoussées à l’apex et en forme de coin à la base avec 3 à 7 (7) nervures nettes parallèles au bord foliaire La floraison a lieu de mars à mai. Les fruits sont unisexués, sessiles, tétramères, de couleur jaune ou jaune verdâtre, très petits (1 à 3 mm), regroupés dans des touffes denses axillaires ou terminales. Les fleurs mâles sont dépourvues de calice et ont des étamines presque complètement soudées aux pétales avec des anthères déhiscentes par des pores. Les fleurs femelles ont un calice quadridenté et 4 pétales.

Des fleurs mâles dépourvues de calice avec des étamines presque complètement soudées aux pétales et des anthères déhiscentes qui libèrent leur pollen par des pores. Des fleurs femelles, à droite, avec un calice à quatre dents et 4 pétales. La fécondation est opérée par les insectes alors que la dissémination est confiée aux oiseaux © Giuseppe Mazza

Des fleurs mâles dépourvues de calice avec des étamines presque complètement soudées aux pétales et des anthères déhiscentes qui libèrent leur pollen par des pores. Des fleurs femelles, à droite, avec un calice à quatre dents et 4 pétales. La fécondation est opérée par les insectes alors que la dissémination est confiée aux oiseaux © G. Mazza

La fécondation est opérée par les insectes (mouches, abeilles, fourmis) alors que la dissémination est confiée aux oiseaux qui sont friands des baies dont ils mangent la partie visqueuse en les frottant sur les branches des plantes hôtes et en les libérant de leurs graines qui restent souvent engluées sur l’écorce, prêtes pour la germination. Diverses espèces sont friandes des baies du gui comme le merle, la grive, la fauvette, la grive litorne, le jaseur boréal et surtout la grive draine et ce n’est pas sans raison qu’elle porte le nom scientifique de Turdus viscivorus, c’est-à-dire grive mangeuse de gui !

Les fruits, présents d'octobre à janvier, sont des baies sphériques de 5 à 8 mm © Giuseppe Mazza

Les fruits, présents d'octobre à janvier, sont des baies sphériques de 5 à 8 mm © Giuseppe Mazza

Les fruits, qui sont présents de d’octobre à juin, sont des baies sphériques (5 à 8 mm) de couleur perle; ils contiennent une seule graine dont l’aspect est semblable à celui d’un pépin de raisin ou d’un petit grain de maïs mais de couleur verte et qui est plongée dans une pulpe gélatineuse et visqueuse (le mésocarpe).

Les braconniers, quand en hiver le gui est bien visible dans la ramure des arbres privés de feuilles, récoltent cette baie visqueuse pour préparer par fermentation puis par traitement à l’huile de lin le “gui ou glu des oiseleurs” qu’ils utilisent pour capturer illégalement les petits oiseaux.

Outre l’espèce nominale qui se distingue par ses graines aplaties sur les côtés et qui pousse sur les feuillus il existe deux autres sous-espèces qui se caractérisent par des graines ovales et qui poussent sur les conifères : subsp. austriacum qui a des fruits jaunâtres de 5 à 6 mm et qui pousse surtout sur les pins et subsp. abietis dont les fruits sont plus grands et blanchâtres et qui croissent sur les sapins.

Le gui blanc (subsp. album) est une plante plutôt rare qui pousse depuis la plaine jusqu’à une altitude de 1.200 m surtout sur les peupliers, les tilleuls, les ormes, les noyers, les frênes, les saules, les sorbiers, les robiniers, les bouleaux, les érables, les pommiers, les poiriers, les aubépines, les pruniers, les amandiers, etc… en enfonçant dans les tissus transportant la sève des branches de ces plantes hôtes des racines particulières, dites suçoirs ou haustorium, conçues pour sucer la sève. Une autre espèce de la même famille connue sous le nom de gui des chênes (Loranthus europaeus) est semblable au gui blanc par son aspect et sa toxicité mais pousse exclusivement sur les chênes à feuilles caduques (rarement sur les hêtres, les châtaigniers et les oliviers) et se différencie par ses feuilles qui ne sont pas persistantes en hiver et qui sont moins coriaces et ont un pétiole court et aussi par ses baies de couleur jaunâtre.

Ils contiennent une graine verte plongée dans une pulpe gélatineuse et visqueuse qui forme le mésocarpe © Giuseppe Mazza

Ils contiennent une graine verte plongée dans une pulpe gélatineuse et visqueuse qui forme le mésocarpe © Giuseppe Mazza

Dans la tradition celte le gui était appelé “oloaiacet”; il symbolisait la force et la puissance du feu, la matérialisation de la foudre (du fait qu’il se développe sur les arbres et n’a pas de racines) et était considéré comme une plante sacrée parce que “tombée du ciel”.Sa récolte prévoyait un rituel précis : il fallait attendre la nuit de pleine lune du mois de mars ou de lune descendante en hiver quand le soleil était dans le signe de feu du Sagittaire et couper le gui à la base avec une faucille spéciale en or tenue de la main gauche. On le faisait macérer dans de l’eau provenant d’une source sacrée pour obtenir une boisson contre les maladies du corps et de l’esprit…

Son culte païen fut absorbé par le christianisme qui vit dans le gui l’image de Jésus (exemple d’ hiérophanie) confirmant ainsi la nature solaire et divine attribuée à ce curieux végétal.

Cultiver le gui est relativement facile : il faut des baies récoltées à la fin de l’automne ou en hiver et un arbre approprié (le mieux étant un arbre fruitier comme le pommier, le poirier ou le cerisier). On doit ensuite rechercher de petites crevasses dans la partie inférieure des branches tournées vers le Nord, extraire les graines avec une pincette et les glisser dans les fissures. On peut aussi faire une greffe en écusson en utilisant une petite branche de gui ayant une paire de feuilles dont on taille la base en biseau et que l’on glisse sous l’écorce de la plante hôte au moyen d’un écusson en forme de T; on recouvre ensuite le tout avec du mastic et on serre avec un lien.

Les oiseaux dispersent les graines, agrandies à gauche, qui tombent en se collant aux troncs et aux branches. Ils émettent des racines dites haustorium suçant la sève © Giuseppe Mazza

Les oiseaux dispersent les graines, agrandies à gauche, qui tombent en se collant aux troncs et aux branches. Ils émettent des racines dites haustorium suçant la sève © Giuseppe Mazza

Du point de vue forestier il faut rappeler qu’une attaque massive de gui sur les arbres peut ralentir la croissance en hauteur et en diamètre du tronc et déprécie la valeur du bois du fait des petites cavités créées par les suçoirs lorsque de jeunes arbres sont parasités. Les branches et les feuilles du gui contiennent un alcaloïde, le viscol (ou viscalbine), le glucoside viscoflavine, le polypeptide viscotoxine, des saponosides triterpénoïdiques, des inosites, de la choline, des lécithines, de la propylicholine, de la quercitine, de la tiratine, des polysaccharides, des mannites, des galacturonants, des arabogalactants, de la vitamine C, etc…

Chaque année une ramification. Les baies sont vénéneuses mais ont des propriétés médicinales © Giuseppe Mazza

Chaque année une ramification. Les baies sont vénéneuses mais ont des propriétés médicinales © Giuseppe Mazza

Il a été prouvé de plus que les lécithines extraites du gui ont un effet antinéoplastique et qu’il est un stimulant des défenses organiques qui fait toujours l’objet de recherches spécifiques et qui avait déjà été recommandé dans le n° 3 de l’année XIII de la “Rivista di Biochimia e Terapia” éditée à Rome en 1943.

Je rappelle que les baies du gui sont toxiques et que l’empoisonnement causé par cette plante provoque des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales, des mydriases (dilatations de la pupille), le ralentissement des battements cardiaques et des spasmes musculaires.

La dose létale est comprise entre 10 et 20 baies.

Dans tous les cas les préparations à base de gui doivent être soumises à un strict contrôle médical et on ne conseille pas leur usage dans les cas de thérapies avec des anticoagulants, des antidépresseurs et des immunodépresseurs.

Préparations :

Infusion calmante pour les toux convulsives et spasmodiques

Mettre à infuser à 80 °C pendant un quart d’heure 40 grammes de feuilles de gui trempées au préalable dans de l’eau froide pendant deux heures. Boire une tasse avant les repas principaux.

Synonymes : Viscum album Walter (1788); Viscum stellatum D. Don. (1825); Viscum album Webb (1838); Viscum laxum Boiss. & Reut. (1842); Viscum album var. laxum (Boiss. & Reut.) Fiek (1881); Viscum austriacum Wiesb. (1883); Viscum album var. abietis Wiesb. (1884); Viscum album var. pini Wiesb. (1884); Viscum album var. platyspermum R.Keller (1890); Viscum album subsp. laxum (Boiss. & Reut.) Gremli (1890); Viscum album var. austriacum (Wiesb.) Beck (1892); Viscum album var. abietis (Wiesb.) Rchb.f. (1903); Viscum album subsp. coloratum (1903) ; Viscum album var. rubroaurantiacum Makino (1904) ; Viscum album var. abietis (Wiesb.) Rouy (1910); Viscum album var. lutescens Makino (1911) ; Viscum album subsp. austriacum (Wiesb.) Vollmann (1914); Viscum alniformosanae Hayata (1916); Viscum album var. mali Tubeuf (1923) ; Viscum album var. pini (Wiesb.) Tubeuf (1923); Viscum album subsp. abietis (Wiesb.) Abrom. (1928); Viscum album var. abietis (Wiesb.) P.Fourn. (1935); Viscum album subsp. mali (Tubeuf) Janch. (1942); Viscum album subsp. abietis Janch. (1942); Viscum album subsp. pini (Wiesb.) Janchen (1942); Viscum album subsp. laxum Stoj. & Stef. (1948); Viscum album subsp. abietis (Wiesb.) O. Schwarz (1949); Viscum album subsp. austriacum (Wiesb.) O. Schwarz (1949); Viscum album var. coloratum (Kom.) Ohwi (1953).

 

→ Pour apprécier la biodiversité au sein de la famille des SANTALACEAE cliquez ici.